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==== [[Renée Dunan]], ''La Culotte en jersey de soi'', 1923 ====
==== [[Renée Dunan]], ''La Culotte en jersey de soi'', 1923 ====
{{citation|Je me sentais guettée par je ne savais qui ou quoi. Tout était d'un silence massif, au-dehors. De temps à autre, seul, le train passant dans la campagne faisait résonner l'atmosphère et agrémentait son roulement métallique de sifflements enroués et sinistres. Au fond, les soirées promettaient de ne pas être amusantes. De plus, je n'ai jamais su parler à la domesticité. Cette familiarité un peu hautaine qui rehausse le prestige des patrons, ces façons intéressées et négligentes, grâce auxquelles certains arrivent à s'attacher les étrangers les plus méfiants, tout ça me fut constamment impossible. Il faut, pour savoir s'entretenir avec le peuple ancillaire, beaucoup le mépriser, et je ne le méprise pas, avoir une idée très haute de soi-même ; or, je n'ai aucune vanité, enfin savoir ne rien dire en beaucoup de mots et entendre des paroles vides sans étonnement ni attention. Je n'ai encore pas cette vertu. Quant à s'intéresser réellement aux actes et à la vie de personnages incolores et amorphes dont le destin repose sur la mécanisation totale, sur l'habitude devenue l'existence même, cela, je ne le puis. Au demeurant j'ai connu beaucoup de types qui s'affirmaient amis et frères de ce prolétariat domestique. J'ai constaté qu'ils pensaient au fond comme moi, mais ne l'avouaient point. Au contraire, ils étalaient une sympathie loquace et obscure à l'égard de travaux et de destinées fort inconnus.}}{{réf Livre|titre=La Culotte en jersey de soi|auteur=[[Renée Dunan]]|éditeur=Le Cercle Poche|année=2011|année d'origine=1923|page=38|ISBN=978-2-84714-152-8|section=La Culotte en jersey de soie}}
{{citation|Je me sentais guettée par je ne savais qui ou quoi. Tout était d'un silence massif, au-dehors. De temps à autre, seul, le train passant dans la campagne faisait résonner l'atmosphère et agrémentait son roulement métallique de sifflements enroués et sinistres. Au fond, les soirées promettaient de ne pas être amusantes. De plus, je n'ai jamais su parler à la domesticité. Cette familiarité un peu hautaine qui rehausse le prestige des patrons, ces façons intéressées et négligentes, grâce auxquelles certains arrivent à s'attacher les étrangers les plus méfiants, tout ça me fut constamment impossible. Il faut, pour savoir s'entretenir avec le peuple ancillaire, beaucoup le mépriser, et je ne le méprise pas, avoir une idée très haute de soi-même ; or, je n'ai aucune vanité, enfin savoir ne rien dire en beaucoup de mots et entendre des paroles vides sans étonnement ni attention. Je n'ai encore pas cette vertu. Quant à s'intéresser réellement aux actes et à la vie de personnages incolores et amorphes dont le destin repose sur la mécanisation totale, sur l'habitude devenue l'existence même, cela, je ne le puis. Au demeurant j'ai connu beaucoup de types qui s'affirmaient amis et frères de ce prolétariat domestique. J'ai constaté qu'ils pensaient au fond comme moi, mais ne l'avouaient point. Au contraire, ils étalaient une sympathie loquace et obscure à l'égard de travaux et de destinées fort inconnus.}}{{réf Livre|titre=La Culotte en jersey de soi|auteur=[[Renée Dunan]]|éditeur=Le Cercle Poche|année=2011|année d'origine=1923|page=38|ISBN=978-2-84714-152-8|section=La Culotte en jersey de soie}}

==== [[André Breton]], ''[[w:L'Amour fou|L'Amour fou]]'', [[w:1937 en littérature|1937]] ====
{{citation|Je suis intimement persuadé que toute perception enregistrée de la manière la plus involontaire comme, par exemple, celle de paroles prononcées à la cantonade, porte en elle la solution, symbolique ou autre, d'une difficulté où l'on est avec soi-même. Il n'est encore que de savoir s'orienter dans le dédale.}}
{{Réf Livre|page=22|référence=L'Amour fou/Gallimard-Folio}}


==== [[Philippe Alexandre]], ''Plaidoyer impossible pour un vieux président abandonné par les siens'', 1994 ====
==== [[Philippe Alexandre]], ''Plaidoyer impossible pour un vieux président abandonné par les siens'', 1994 ====

Version du 25 mars 2016 à 20:15

La parole est l'expression verbale de la pensée.

Louis Aragon, Le Libertinage, 1924

La parole n’a pas été donnée à l'homme : il l'a prise.
  • Le Libertinage, Louis Aragon, éd. NRF, 1924, p. 20


Albert Bensoussan, Confessions d'un traître, 1995

C'est par le travail et l'échine brisée que se construit la vérité du verbe.
  • Confessions d'un traître, Albert Bensoussan, éd. Presses Universitaires de Rennes, 1995, p. 37


La parole est nomade, aérienne, supérieure, l'écriture la fige, la ramène à terre, l'emprisonne. Ainsi cette historiette arabe :

- Qu'est-ce que la parole ? demande l'un
- Un vent qui passe, dit le sage
- Et qui peut l'enchaîner ? interroge l'autre

- L'écriture.
  • Confessions d'un traître, Albert Bensoussan, éd. Presses Universitaires de Rennes, 1995, p. 25-26


Pierre Bourgault, La Culture. Écrits polémiques, 1996

La parole est vaine pour les imbéciles. C'est pourquoi il ne faut pas leur en laisser le monopole. Il faut que l'intelligence parle mieux et plus haut que la stupidité, que le préjugé, que l'ignorance, que la bêtise. Elle n'est pas que plaisir. C'est aussi une arme dangereuse qu'il faut savoir maîtriser pour ne pas se laisser maîtriser par ceux qui la maîtrisent.
  • La Culture. Écrits polémiques., Pierre Bourgault, éd. PCL, 1996, t. 2, p. 135


J. M. Coetzee

Ce n'est pas la parole qui fait de l'homme un homme, mais la parole des autres.
  • Au cœur de ce pays, J. M. Coetzee (trad. Sophie Mayoux), éd. Le Serpent à Plumes, coll. « Motifs », 1999  (ISBN 2-84261-116-0), p. 203


Denis Diderot

C'est qu'il n'y a du danger que pour ceux qui parlent, et je me tais.


Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857

[…], la parole est un laminoir qui allonge toujours les sentiments.


Ernst Jünger

Parole, esprit et liberté sont sous trois aspects une seule et même chose.
  • Sur les falaises de marbre (1942), Ernst Jünger (trad. Henri Thomas), éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 2005, p. 93


Alphonse de Lamartine, Graziella, 1852

Il semble que la parole soit la seule prédestination de l'homme et qu'il ait été créé pour enfanter des pensées comme l'arbre pour enfanter son fruit.
  • Graziella, Alphonse de Lamartine, éd. Librairie Nouvelle, 1852, p. III, XV


Novalis, Hymne à la nuit, 1800

Mais l’ancien monde touche à sa fin ; ses jardins riants se flétrissent, les dieux s’en vont avec leur suite, et la nature reste déserte et sans vie. Le charme de l’existence tombe dans des paroles obscures, comme on voit la fleur s’en aller en poussière ; la croyance est loin, et avec elle, la vive, la puissante imagination.
  • « Hymne à la nuit », Novalis, Nouvelle revue germanique, nº 14, 1833, p. 238


André Breton, Poisson soluble, 1924

Et toi qui es plus belle qu'une graine de soleil dans le bec du perroquet éblouissant de cette porte, dis-moi tout de suite comment elle se porte. S'il est vrai que le pont-levis des lierres de la parole s'abaisse ici sur un simple appel d'étrier.


Robert Desnos, La liberté ou l'amour !, 1927

Je t’aime et tu feins de m’ignorer. Je veux croire que tu feins de m’ignorer ou plutôt non ta mimique est pleine d’allusions. La phrase la plus banale a des sous-entendus émouvants quand c’est toi qui m’adresses la parole.


René Daumal, Le Contre Ciel, 1954

La Parole essentielle n'est […] pas affectée par les formes verbales qui tendent à l'exprimer. Car elle ne s'exprime pas directement elle-même ; elle est le Mot-de-Passe, la porte libératrice qui permet aux élans du chaos lyrique de trouver, par l'intermédiaire de l'image, les mots qui leur conviennent. La Parole ouvre la bouche du poète ; et c'est le souffle qui parle à sa place, avec autant d'approximation que l'instrument humain le permet.


Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958

Travaux du poète

Je passai une rue puis une autre, grelottant, lorsque tout à coup je sentis — non, je ne la sentis point : elle me croisa, impétueuse : la Parole. Cette rencontre inattendue me paralysa un moment — assez pour lui donner le temps de retourner à la nuit. Remis, je réussis quand même à la saisir par sa chevelure flottante. Et je tirai désespérément ces fibres qui s'allongeaient à l'infini, fils télégraphiques qui s'éloignaient avec le paysage entrevu, note qui monte, s'amenuise, s'étire, s'étire... Et je me retrouvai seul au milieu de la rue, une plume rouge dans mes mains violacées.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — III, p. 48


Personne ne pourra se nourrir de ces restes desséchés, même mes chiens, mes vices. Espoir, aigle affamé, laisse-moi sur ce rocher semblable au silence. Et toi, vent qui souffle du Passé, souffle avec force, disperse ces quelques syllabes, qu'elles soient air et transparence ! Etre enfin une Parole, un peu d'air dans une bouche pure, un peu d'eau dans des lèvres avides ! Mais déjà l'oubli prononce mon nom : regarde-le briller entre ses lèvres comme l'os brille un instant dans la gueule de la nuit au noir pelage.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — XIV, p. 58


Papillon d'obsidienne

Dans la nuit des paroles égorgées, mes soeurs et moi, nous tenant la main, nous sautons et chantons autour du I, seule tour restée debout dans l'alphabet rasé.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Aigle ou Soleil ? — Papillon d'obsidienne, p. 91


Renée Dunan, La Culotte en jersey de soi, 1923

Je me sentais guettée par je ne savais qui ou quoi. Tout était d'un silence massif, au-dehors. De temps à autre, seul, le train passant dans la campagne faisait résonner l'atmosphère et agrémentait son roulement métallique de sifflements enroués et sinistres. Au fond, les soirées promettaient de ne pas être amusantes. De plus, je n'ai jamais su parler à la domesticité. Cette familiarité un peu hautaine qui rehausse le prestige des patrons, ces façons intéressées et négligentes, grâce auxquelles certains arrivent à s'attacher les étrangers les plus méfiants, tout ça me fut constamment impossible. Il faut, pour savoir s'entretenir avec le peuple ancillaire, beaucoup le mépriser, et je ne le méprise pas, avoir une idée très haute de soi-même ; or, je n'ai aucune vanité, enfin savoir ne rien dire en beaucoup de mots et entendre des paroles vides sans étonnement ni attention. Je n'ai encore pas cette vertu. Quant à s'intéresser réellement aux actes et à la vie de personnages incolores et amorphes dont le destin repose sur la mécanisation totale, sur l'habitude devenue l'existence même, cela, je ne le puis. Au demeurant j'ai connu beaucoup de types qui s'affirmaient amis et frères de ce prolétariat domestique. J'ai constaté qu'ils pensaient au fond comme moi, mais ne l'avouaient point. Au contraire, ils étalaient une sympathie loquace et obscure à l'égard de travaux et de destinées fort inconnus.


Philippe Alexandre, Plaidoyer impossible pour un vieux président abandonné par les siens, 1994

A [un] homme de verbe, il suffit de la parole pour exister.
  • À propos de François Mitterrand


Jean-Jacques Rousseau, Essai sur l'origine des langues, 1781


La parole étant la première institution sociale ne doit sa forme qu'à des causes naturelles.


Psychologie

Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, Les Perversions sexuelles et narcissiques, 2005

Caractéristiques des perversions

Sur le plan clinique, le pervers se signale par son absence de conflictualisation apparente, de culpabilité, la faiblesse de l'élaboration psychique (capacité de mettre en mots), la difficulté d'utiliser la parole comme voie de décharge de l'excitation, l'importance de la décharge des pulsions, la mise en acte, le fonctionnement par clivage, le fait que les scénarios de mise en acte sont infiltrés d'éléments de scènes primitives violentes et sadiques où la mère est ressentie comme ayant un rôle actif.


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