« Roland Barthes » : différence entre les versions

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{{citation|"Suis-je amoureux ? - Oui, puisque j'attends." L'autre, lui, n'attend jamais. Parfois, je veux jouer à celui qui n'attend pas; j'essaye de m'occuper ailleurs, d'arriver en retard; mais, à ce jeu, je perds toujours : quoi que je fasse, je me retrouve désoeuvré, exact, voire en avance. L'identité fatale de l'amoureux n'est rien d'autre que : je suis celui qui attend.}}
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Version du 28 février 2015 à 02:33

Roland Barthes, né le 12 novembre 1915 à Cherbourg et mort le 26 mars 1980, est un écrivain et sémiologue français. Il fut l'un des principaux animateurs de l'aventure structuraliste et sémiotique française.


Michelet par lui-même, 1954

Toute l'histoire repose, en dernière instance, sur le corps humain.
  • Michelet par lui-même, Roland Barthes, éd. Seuil, 1954, p. 80


La Femme commence là où finit l'Histoire.
  • Michelet par lui-même, Roland Barthes, éd. Seuil, 1954, p. 132


Mythologies, 1957

Ce que le public réclame, c'est l'image de la passion, non la passion elle-même.


L'altérité est le concept le plus antipathique au « bon sens ».


La littérature n’est plus soutenue par les classes riches (...) Qui soutient la littérature ? Vous, moi. C’est-à-dire des gens sans revenus. La littérature est soutenue par une clientèle de déclassés. Nous sommes des exilés sociaux et nous emportons la littérature dans nos maigres bagages.


Je crois que l'automobile est aujourd'hui l'équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques : je veux dire une grande création d'époque, conçue passionnément par des artistes inconnus, consommée dans son image, sinon dans son usage, par un peuple entier qui s'approprie en elle un objet parfaitement magique.


Le toucher est le plus démystificateur de tous les sens, au contraire de la vue, qui est le plus magique.


Le petit-bourgeois est un homme impuissant à imaginer l'Autre. Si l'autre se présente à sa vue, le petit-bourgeois s'aveugle, l'ignore et le nie, ou bien il le transforme en lui-même. Dans l'univers petit-bourgeois, tous les faits de confrontation sont des faits réverbérants, tout autre est reduit au même.


S/Z, 1970

La beauté (contrairement à la laideur) ne peut vraiment s’expliquer : elle se dit, s’affirme, se répète en chaque partie du corps mais ne se décrit pas.

Telle un dieu (aussi vide que lui), elle ne peut que dire : je suis celle qui suis.

Il ne reste plus alors au discours qu’à asserter la perfection de chaque détail et à renvoyer « le reste » au code qui fonde toute beauté : l’Art.
  • S/Z, Roland Barthes, éd. Seuil, 1970, p. 40


Autrement dit, la beauté ne peut s’alléguer que sous forme d’une citation.
  • S/Z, Roland Barthes, éd. Seuil, 1970, p. 40


La Chambre claire (notes sur la photographie), 1980

J'observe avec horreur un futur antérieur dont la mort est l'enjeu.
  • La Chambre claire (notes sur la photographie), Roland Barthes, éd. Seuil, 1980, p. 150


L'empire des signes, 1970

Chez nous, une soupe claire est une soupe pauvre; mais ici [au Japon], la légèreté du bouillon, fluide comme de l'eau, la poussière de soja ou de haricots qui s'y déplace, la rareté des deux ou trois solides (brin d'herbe, filament de légume, parcelle de poisson) qui divisent en flottant cette petite quantité d'eau, donnent l'idée d'une densité claire, d'une nutritivité sans graisse, d'un élixir d'autant plus réconfortant qu'il est pur : quelque chose d'aquatique (plus que d'aqueux), de délicatement marin amène une pensée de source, de vitalité profonde.
  • L'empire des signes (1970), Roland Barthes, éd. Flammarion, coll. « Champs », 1980, p. 22


L'écriture est précisément cet acte qui unit dans le même travail ce qui ne pourrait être saisi ensemble dans le seul espace plat de la représentation.
  • L'empire des signes (1970), Roland Barthes, éd. Flammarion, coll. « Champs », 1980, p. 22


Pourquoi, en Occident, la politesse est-elle considérée avec suspicion ? Pourquoi la courtoisie y passe-t-elle pour une distance (sinon même une fuite) ou une hypocrisie ? Pourquoi un rapport « informel » (comme on dit ici avec gourmandise) est-il plus souhaitable qu'un rapport codé ?
  • L'empire des signes (1970), Roland Barthes, éd. Flammarion, coll. « Champs », 1980, p. 83


Le haïku a cette propriété quelque peu fantasmagorique, que l'on s'imagine toujours pouvoir en faire soi-même facilement.
  • L'empire des signes (1970), Roland Barthes, éd. Flammarion, coll. « Champs », 1980, p. 89


Tout en étant intelligible, le haïku ne veut rien dire, et c'est par cette double condition qu'il semble offert au sens, d'une façon particulièrement disponible, serviable, à l'instar d'un hôte poli qui vous permet de vous installer largement chez lui, avec vos manies, vos valeurs, vos symboles.
  • L'empire des signes (1970), Roland Barthes, éd. Flammarion, coll. « Champs », 1980, p. 89


Vous avez le droit, dit le haïku, d'être futile, court, ordinaire; enfermez ce que vous voyez, ce que vous sentez dans un minci horizon de mots, et vous intéresserez; vous avez le droit de fonder vous-même (et à partir de vous-même) votre propre notable; votre phrase, quelle qu'elle soit, énoncera une leçon, libérera un symbole, vous serez profond; à moindre frais, votre écriture sera pleine.
  • L'empire des signes (1970), Roland Barthes, éd. Flammarion, coll. « Champs », 1980, p. 90


La mesure du langage est ce à quoi l'Occidental est le plus impropre; ce n'est pas qu'il fasse trop long ou trop court, mais sa rhétorique lui fait un devoir de disproportionner le signifiant et le signifié, soit en « délayant » le second sous les flots bavards du premier, soit en « approfondissant » la forme vers les régions implicites du contenu.
  • L'empire des signes (1970), Roland Barthes, éd. Flammarion, coll. « Champs », 1980, p. 98-99


La justesse du haïku (qui n'est nullement peinture exacte du réel, mais adéquation du signifiant et du signifié, suppression des marges, bavures et interstices qui d'ordinaire excèdent ou ajourent le rapport sémantique), cette justesse a «évidemment quelque chose de musical (musique de sens, et non forcément de sons; le haïku a la pureté, la sphéricité et le vide même d'une note de musique; c'est peut-être pour cela qu'il se dit deux fois, en écho.
  • L'empire des signes (1970), Roland Barthes, éd. Flammarion, coll. « Champs », 1980, p. 99


Comme une boucle gracieuse, le haïku s'enroule sur lui-même, le sillage du signe qui semble avoir été tracé, s'efface: rien n'a été acquis, la pierre du mot a été jetée pour rien : ni vagues ni coulée du sens.
  • L'empire des signes (1970), Roland Barthes, éd. Flammarion, coll. « Champs », 1980, p. 112


(…) le trait excluant ici la rature ou la reprise (puisque le caractère est tracé alla prima), aucune invention de la gomme ou de ses substituts (la gomme, objet emblématique du signifié que l'on voudrait bien effacer ou dont, tout au moins, on voudrait bien alléger, amincir la plénitude; mais en face de chez nous, du côté de l'Orient, pourquoi des gommes, puisque le miroir est vide ?).
  • L'empire des signes (1970), Roland Barthes, éd. Flammarion, coll. « Champs », 1980, p. 116


Qu'est-ce donc que notre visage, sinon une citation ?
  • L'empire des signes (1970), Roland Barthes, éd. Flammarion, coll. « Champs », 1980, p. 116


Autres projets:

Fragments d'un discours amoureux, 1977

L'ascèse (la velléité d'ascèse) s'adresse à l'autre : retourne-toi, regarde-moi, vois ce que tu as fait de moi. C'est un chantage : je dresse devant l'autre la figure de ma propre disparition, telle qu'elle se produire sûrement, s'il ne cède pas (à quoi ?).
  • Fragments d'un discours amoureux, Roland Barthes, éd. Seuil, 1977, p. 41


"Suis-je amoureux ? - Oui, puisque j'attends." L'autre, lui, n'attend jamais. Parfois, je veux jouer à celui qui n'attend pas; j'essaye de m'occuper ailleurs, d'arriver en retard; mais, à ce jeu, je perds toujours : quoi que je fasse, je me retrouve désœuvré, exact, voire en avance. L'identité fatale de l'amoureux n'est rien d'autre que : je suis celui qui attend.
  • Fragments d'un discours amoureux, Roland Barthes, éd. Seuil, 1977, p. 49


Le système [amoureux] est un ensemble où tout le monde a sa place, même si elle n’est pas bonne… En quoi les « casés » qui m’entourent peuvent-ils me faire envie ? De quoi, en les voyant, suis-je exclu ? Ce ne peut être d’un « rêve », d’une « idylle », d’une « union » : il y a trop de plaintes des « casés » au sujet de leur système.
  • Fragments d'un discours amoureux, Roland Barthes, éd. Seuil, 1977, p. 55