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Alexandre Najjar

Alexandre Najjar (en arabe إسكندر نجّار) est un avocat et écrivain libanais francophone né à Beyrouth le 5 février 1967. Il est avocat spécialisé en droit bancaire et financier, responsable de la rubrique littéraire de plusieurs magazines francophones (dont L’Orient littéraire), et auteur d’essais (De Gaulle et le Liban), de romans – principalement des romans historiques (Le roman de Beyrouth, Phénicia) –, de biographies (Khalil Gibran), de poèmes (À quoi rêvent les statues ?), de récits (Le Silence du Ténor) et de nouvelles..

Citations

Le roman de Beyrouth, 2005

On ne me prendra pas Beyrouth !
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 11


La majeure partie de mon existence, c’est place des Canons que je l’ai passée. Cette place était unique au monde ; elle symbolisait le pays. Les Libanais, toutes confessions ou classes confondues, se retrouvaient là : les chrétiens y côtoyaient les musulmans et les juifs ; les riches, les pauvres. À présent, il n’y a plus rien : la place des Canons a disparu !
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 12


Monsieur Philippe dit vrai. Ce matin, avant de me rendre chez lui, j’ai essayé en vain de reconstituer la place des Canons [...], de retrouver des vestiges, des repères capables de me réconcilier avec le passé de mon pays. [...] Qu’est-elle devenue, cette place que la guerre – et les bulldozers de la reconstruction – ont ravagée ? Rien. Rien n’a survécu : ni les cinémas, ni les cafés, ni le tramway, ni la foule bigarrée... [...] Le bâtiment de la préfecture de police qui abritait autrefois l’hôtel khédivial ? Disparu. Le monument aux Martyrs ? Déplacé. L’immeuble Rivoli ? Dynamité. A-t-on voulu, en transformant la configuration du site, brouiller les mémoires ? A-t-on voulu, en l’effaçant, faire table rase d’une époque ? Trop d’histoires, trop de souvenirs, trop de symboles liés à cet endroit : la place des Canons gênait. Un concours international a, paraît-il, été lancé pour trouver à la place une « nouvelle identité ». Pourquoi changer son identité ?
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 12-13


Je porte le deuil de ces souvenirs qu’on m’a confisqués. Mais que ceux qui œuvrent à la destruction de notre passé se rassurent : quoi qu’ils fassent, et même si je n’ai plus mes yeux pour voir, Beyrouth m’habite. Elle est hors de l’espace et du temps. Elle fait partie de ces lieux que nul ne peut envahir. Comme le paradis.
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 13


Tu sais, jeune homme, remonter aux origines n’est jamais facile : il y a l’oublice grand trou noir –, la nostalgie, la pudeur qui transmuent les souvenirs. Et si raconter ma propre vie suppose que je vide ma mémoire sans crainte de réveiller d’anciennes douleurs, raconter celle des autres exige le secours de l’imagination. Car enfin, comment appréhender la pensée, les sentiments, les secrets d’autrui quand on ne les a pas partagés ? Comment pénétrer, comment violer, le sanctuaire d’une vie ? Comment remplir les blancs que nos semblables ont, sciemment ou non, laissés derrière eux ? Comment cerner tout ce qui a déterminé leur action, comment justifier leurs actes – si tant est qu’il faille toujours « justifier » ?
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 14


« Les révolutionnaires, se dit-il, sont comme ces fous d’amour qui foncent tête baissée vers l’objet de leur convoitise, sans se poser de questions, sans mesurer les conséquences de leur audace, comme si leur désir rendait leur folie légitime, comme si la passion leur donnait tous les droits. »
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 30-31


Pour la première fois, mon père éprouva de la honte à prodiguer des soins médicaux aux Ottomans. Sa conscience lui commandait, certes, de soulager la souffrances des hommes quels qu’ils soient, sans distinction de race ou de couleur, mais l’idée de porter secours à ceux qui occupaient son pays et asservissaient son peuple lui apparut tout à coup intolérable.
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 73


La gloire des Arabes viendra [...]. Les royaumes ne se construisent que sur les crânes des héros. Les nôtres formeront la base de l’indépendance du Liban !
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 83


La justice sous l’occupation est une notion illusoire, une vue de l’esprit. Le jugement est toujours écrit à l’avance ; les officiers dictent leur loi aux magistrats. [...] Critiquer l’occupation n’est pas un délit, c’est un devoir !
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 91


[I]l craignait surtout que dans cette région du monde où les trois religions monothéistes étaient appelées à cohabiter, il n’y eût pas de paix possible.
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 122


Pauvre maman ! [...] Qu’a-t-elle fait au bon Dieu pour mériter des enfants pareils !
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 210


Mon père le prit dans ses bras et le serra longtemps contre sa poitrine, à la fois fier de voir son fils prêt à assumer la mission qu’il lui confiait, et ému à l’idée qu’une telle mission pouvait le perdre.
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 216


La nudité est l’expression la plus pure de la beauté qu’est l’œuvre visible, parfaite et manifeste de Dieu.
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 240


[S]i en prison on est libre et à l’école on ne l’est pas, c’est donc que l’école est pire que la prison !
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 281


La solitude me pesait. Car la solitude n’est ni une tentation ni une amie : la solitude est tragique.
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 323


Tu est tout troublé, tu trembles, tu transpires... ce sont les symptômes de l’amour.
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 345


Comment lui expliquer la folie des hommes ?
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 375


En temps de guerre, la vie est suspendue. On passe des jours dans les abris à ne rien faire, à tourner en rond, à l’écoute des dernières nouvelles du front. On ne sait plus vraiment ce qui se passe dehors, si la radio ment ou pas, si les déflagrations qu’on entend sont des « départs » ou des « arrivées ». En temps de guerre, on bannit le confort : on s’adapte à tout, on fait avec. En cas de pénurie d’essence, on attend des heures devant les stations-service ; quand le pain manque, on prend d’assaut les boulangeries ; et lorsque l’eau tarit dans les réservoirs, on court à la fontaine remplir les bidons. En temps de guerre, plus rien ne compte sauf Dieu, seule planche de salut dans un pays livré à la violence aveugle des hommes. Églises et mosquées ne désemplissent pas ; ceux qui n’ont jamais cru se retrouvent à genoux. En temps de guerre, enfin, les normes n’existent plus : le milicien fait la loi ; le gendarme se planque. Ceux qui ne se battent pas deviennent des lâches ; ceux qui tuent, des héros.
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 382


C’est de la frustration que naît la violence.
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 397


[J]’étais allergique à la censure et encore plus à certains juges qui s’érigeaient en parangons de vertu et en gardiens de l’ordre religieux et moral. Je ne comprenais comment, dans « l’État de droit et des institutions » que prônaient nos dirigeants, dans un pays prétendument démocratique, considéré comme un havre de liberté par les autres pays arabes, pareille mesure pouvait être décrétée.
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 407


Qu’est-ce qui fait qu’on s’attache à sa patrie ? L’habitude, les racines, les parents, les amis ? Je crois qu’on ne naît pas dans un pays par hasard. Si on naît quelque part, c’est pour appartenir à ce lieu, même si les vicissitudes de l’existence nous en éloignent.
  • Le roman de Beyrouth, Alexandre Najjar, éd. Pocket, 2005, p. 434


Kadicha, 2011

Comme la lecture, l’écriture est un voyage.
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 13


Mes journées sont interminables. Chez moi, le temps est continu. Je me lève de bonne heure avec les oiseaux. Je me rase, m’habille et effectue en voiture le trajet qui sépare ma maison de la banque. En conduisant, j’appelle de mon portable clients et collaborateurs. Je distribue les ordres, donne des directives, programme et déprogramme les rendez-vous, de sorte que ma voiture est devenue mon second bureau. Comment faisait-on à l’époque du téléphone fixe ? Combien d’heures perdues dans les embouteillages ? Le portable, nous dit-on, est nocif pour le cerveau. Mais comment me priver de cet outil ? Entre ma santé et la bonne marche du travail, j’ai fait mon choix.
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 18


Je regrette amèrement l’époque où, en compagnie de ma mère, je fréquentais l’église Saint-Jean-Baptiste à Achrafieh. Celui qu’on appelle « le Précurseur » a toujours été mon saint préféré. Je ne sais pas s’il était essénien ou non. Ce que je sais, c’est qu’il eut le courage de tout abandonner pour aller prêcher dans le désert !
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 19


Je suis un enfant de la guerre : j’en ai gardé des traumatismes indélébiles. La guerre, je n’ai pas honte de l’avouer, j’y ai participé par devoir.
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 20


« Raisonnable »... Ce mot me poursuit depuis l’enfance. Est-ce mon éducation religieuse chez les jésuites qui me commande de sacrifier mes désirs sur l’autel de la raison ? Je ne saurais le dire. Tout ce que je sais, c’est que je ressemble à un navire en partance, attiré par le grand large, mais qui reste à quai, incapable de larguer les amarres.
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 37


Le [Liban] est [...] une mosaïque de dix-huit communautés religieuses. Nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone. Nous vivons avec les musulmans, nous ne vivons pas chez eux. Musulmans et chrétiens forment les deux piliers du Liban « définitif » et indépendant. Si l’un de ces piliers s’effondre, le pays tout entier s’écroule ! C’est sans doute en pensant à cette cohabitation que le pape Jean-Paul II a déclaré un jour que « le Liban est plus qu’un pays, c’est un message » ! La présence des chrétiens au Liban est indispensable, elle est d’ailleurs souhaitée par les musulmans modérés qui voient en eux un facteur d’enrichissement, d’ouverture et d’équilibre. Mais ce n’est certainement pas l’avis des intégristes...
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 62


Car ceux qui abandonnent les plaisirs et les richesses du monde trouvent dans le Christ le véritable trésor !
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 76


« Soyez rusés comme des serpents », a dit le Christ à ses apôtres. Je n’ai fait qu’appliquer les consignes du Seigneur !
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 87


Ils étaient riches, oui, car la culture est un trésor. [...] Avec une machine pareille, Kozhaya et la Kadicha allaient s’imposer comme un phare culturel incontournable au Levant, en Asie et en Afrique, et cela, il le savait, n’avait pas de prix.
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 94


Il feuilleta le livre avec dévotion et se dit qu’il y avait quelque chose d’humain dans cet objet : il avait un pied, un dos, une odeur, une peau et, quand on en tournait les pages, une voix.
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 96


Ce que vous appelez entêtement, je l’appelle indépendance !
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 124


Memento mori [...]. C’est pour se rappeler la mort et mieux s’y préparer ! [...] On n’a pas à accomplir des choses extraordinaires pour devenir des saints. La sainteté est dans l’exercice des détails les plus anodins de la vie quotidienne avec amour et en communion avec Dieu ! [...] La Kadicha est le lieu idéal pour la prière et la solitude. Ici, j’ai atteint une paix intérieure à laquelle je ne renoncerais pour rien au monde ! [...] Chacun a une mission dans la vie. Tout être doit écouter Dieu et faire ce qu’Il lui dit. Moi, il m’a demandé de venir ici, je suis venu. C’est ici, dans cette grotte de la Kadicha, que je souhaite mourir !
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 129


Ta beauté est l’exemple le plus éclatant de l’existence de Dieu !
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 135


La mort de Baddoura n’ébranla pas la foi d’Ibrahim ; elle conforta sa piété. La prière devint pour lui le meilleur moyen de communiquer avec la défunte et d’implorer la miséricorde de Dieu qui l’avait rappelée à Lui. Il ne manifesta aucune rancune à l’égard du Créateur, convaincu que le départ de Baddoura était écrit et que la volonté divine devait être respectée, quelque sévère qu’elle fût.
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 137


J’ai perdu goût à la vie depuis la mort de Baddoura. Là-bas, dans la Kadicha, il me sera possible de consacrer tout mon temps à la prière et à la méditation... [...] Ma décision est prise. Saint Jean-Baptiste m’a donné la force de l’imiter, lui qui a tout quitté pour aller prêcher dans le désert et baptiser dans le Jourdain... Son détachement, sa foi, son courage sont si exemplaires que je n’ai pu m’empêcher de suivre ses traces !
Rafqa lâcha un profond soupir.
— Pourvu que tu ne finisses pas comme lui !
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 137-138


À gauche, perchée sur un massif rocheux, Bécharré ; à droite, un paysage qu’on dirait tridimensionnel : une colline baignée de lumière se découpe sur une colline obscure que le soleil couchant n’éclaire plus... Une brume pellucide ajoute à la féerie de cette vision.
— C’est beau, dis-je, émerveillé. Voilà le Liban que j’aime !
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 165


[L]e mot maguen, en hébreu, signifiait à la fois « bouclier » et « protéger, défendre, entourer », terme qui convenait parfaitement aux rois. Dans la Bible, ce terme revenait à plusieurs reprises pour désigner un roi ou le Roi des rois. Dans un passage de la Genèse, par exemple, Dieu dit : « Ne crains rien, c’est moi ton bouclier ! »
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 168


Jésus n’attachait pas une grande importance au jeûne [...]. On le voit festoyer, boire du vin, au lieu de se priver de nourriture !
— Vous oubliez, madame, que c’est par le jeûne que le Christ se prépare à son ministère et à l’accomplissement du mystère pascal [...]. La durée de quarante jours du jeûne de Jésus rappelle celui de Moïse sur le Sinaï. Le Christ est, en quelque sorte, un nouveau Moïse venu apporter la loi nouvelle et la délivrance à son peuple !
— Mais il a raillé le jeûne des disciples de Jean-Baptiste !
— Pour le Christ, madame, il faut jeûner sans se préoccuper du jugement des hommes. N’est-ce pas Lui qui nous enseigne : « Quand vous jeûnez, ne vous donnez pas un air sombre comme font les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour que l’on voie bien qu’ils jeûnent. En vérité je vous le dis, ils ont déjà leur récompense. Pour toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage pour que ton jeûne soit connu non des hommes, mais de ton Père qui est là, dans le secret, et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » ?
À court d’arguments, la femme n’insista plus.
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 173-174


« Un ascète ne pleure pas », se dit-il en serrant les lèvres. Il eut envie de crier, d’extérioriser sa douleur, mais, craignant que l’écho ne le trahît en répercutant sa voix, il se ravisa. Il ouvrit alors les Évangiles et relut la fameuse phrase de Jésus : « Celui qui croit en moi, quand même il serait mort, vivra. » Sa mère n’était donc pas morte.
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 175


Le désespoir n’est pas chrétien.
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 178


Je ne dois pas chercher à diminuer mon supplice quand le Seigneur a embrassé le sien jusqu’à l’extrémité sans en vouloir adoucir la rigueur !
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 182


« Je suis entré pauvre dans la vie monastique, j’en sortirai intérieurement riche ».
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 185


[L]e silence et la solitude ont un sens : elles permettent de s’unir à Dieu. Quant à la souffrance, elle a une valeur rédemptrice : la valeur du salut ! [...] [Le père Nehmetallah al-Hardini] disait : « Le moine dans son monastère est un roi dans son palais : sa congrégation est son royaume ; ses frères constituent son armée ; ses vertus sont sa gloire ; l’amour de Dieu et de son ordre forment sa couronne ; sa pureté et sa chasteté lui servent de spectre ; sa pauvreté, son obéissance et ses prières sont ses armes ; son habit de pourpre est tissé d’humilité et de mansuétude. »
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 186


Souviens-toi avec quelle sérénité M. de Chasteuil a affronté le départ de sa mère. Victor Hugo, qui a perdu sa fille, disait que « les morts sont des invisibles, mais non des absents ! » Ta maman est toujours présente, même si on ne la voit pas. Prête l’oreille au silence, tu l’entendras...
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 188


Avec ses amis, Gibran dévalait les pentes de la Kadicha sans se soucier du danger. Ils grimpaient dans les arbres, bondissaient avec les torrents, gazouillaient avec les oiseaux. Au couchant, ils aimaient regarder le soleil étaler son habit rouge sur les montagnes et les vallées comme s’il répandait son sang au lieu de ses larmes en disant adieu au Liban.
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 197


La mort n’a pas d’âge.
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 207


Depuis des siècles, ce pauvre pays n’a jamais connu la paix. Nous ne sommes que le paillasson des grandes puissances !
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 211


Le but de la vie est de nous rapprocher de ses secrets, et la folie en est le seul moyen ! [...] Et moi, je suis en exil dans un pays lointain où vivre en ermite est considéré comme une folie !
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 213


Avait-il été puni par le destin pour avoir été infidèle à ses racines, à Hala, à sa vallée ?
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 215


La forêt de Cahoonzie ne ressemblait pas tellement à la Kadicha, mais, en y pénétrant, Gibran sentit ses souvenirs d’enfance remonter à la surface comme une épave. Les cascades, les rochers, les conifères, les oiseaux... comment ne pas penser à la Vallée sainte en s’immergeant dans cette oasis de verdure ?
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 217


L’art est le reflet de l’âme ; la poésie, le rythme de la vie. Si l’âme est triste et que la vie est obscurcie par les malheurs, à quoi bon l’image suggestive et le vers réussi ? Mieux vaut se retrancher dans la méditation plutôt que de façonner des œuvres avec nos pulsions négatives... [...] Entre-temps, ne nous taisons pas : l’art reste encore la voie la plus sûre pour arriver à Dieu !
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 218


Je songe sans cesse au Liban. Dès que je ferme les yeux sur l’océan qui me sépare de mon pays, je vois ses vallées pleines de magie et de majesté, ses montagnes que la gloire et la noblesse élèvent vers les cieux. Dès que je me fais sourd au vacarme qui emplit cette société d’exil, j’entends le murmure des ruisseaux et le bruissement des feuillages. Toutes ces beautés dont je te parle, j’aspire à les revoir, tel un nouveau-né qui réclame le sein de sa mère !
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 218


Bibliographie sélective

  • La honte du survivant, Naaman, 1989.
  • À quoi rêvent les statues ?, Anthologie, 1989.
  • Comme un aigle en dérive, Publisud, 1993.
  • Les Exilés du Caucase, Grasset, 1995.
  • L’Astronome, Grasset, 1997.
  • L’école de la guerre, Balland, 1999.
  • Athina, Grasset, 2000.
  • Le Crapaud, 2001.
  • Le Procureur de l’Empire, Ernest Pinard (1822-1909), Balland, 2001.
  • Khalil Gibran, Pygmalion, 2002.
  • Lady Virus, Balland, 2002.
  • De Gaulle et le Liban, deux tomes, Terre du Liban :
  1. Vers l’Orient compliqué (1929-1931), 2002.
  2. De la guerre à l’Indépendance (1941-1943), 2004.
  • Le Mousquetaire, Zo d’Axa (1864-1930), Balland, 2004.
  • La Passion de lire, éd. librairie Antoine, 2005.
  • Saint Jean-Baptiste, biographie, Pygmalion, 2005.
  • Le roman de Beyrouth, Plon, 2005.
  • Le Silence du ténor, Plon, 2006.
  • Phénicia, Plon, 2008.
  • Berlin 36, Plon, 2010.
  • L’enfant terrible, L’Orient-Le Jour, 2010.
  • Sur les traces de Gibran, Dergham, 2011.
  • Anatomie d’un tyran : Mouammar Kadhafi, Actes Sud/L’Orient des livres, 2011.
  • Kadicha, Plon, 2011.
  • L’Homme de la providence, Abouna Yaacoub, L’Orient des Livres, 2012.
  • Les anges de Millesgarden, Gallimard, 2013.
  • Dictionnaire amoureux du Liban, Plon, 2014.

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