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{{Réf Livre|titre=L'inceste et l'incestuel|auteur=Paul-Claude Racamier|éditeur=College de Psychanalys|collection=|année=1995|année d'origine=|page=.|partie=|chapitre=|section=|ISBN=2911474007}}
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=== Caroline Eliacheff, ''Libération'', 2004 ===
=== Caroline Eliacheff, ''Inceste maternel: l'amour en plus'', 2004 ===
{{citation|citation=L’inceste du premier type exclut la mère ; l’inceste platonique, le père. L’inceste du deuxième type n’exclut pas une personne mais une place : si la fille couche avec l’amant de sa mère, elle n’est plus en tiers mais impliquée dans une relation à trois ; si la mère couche avec le fiancé de sa fille, elle n’est plus en tiers dans la formation du jeune couple, mais devient partie prenante d’une relation dont elle devrait s’exclure pour ne pas être en rivalité avec sa fille. Dans tous les cas, l’inceste par exclusion du tiers fabrique du binaire à partir du ternaire.}}
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{{citation|citation=Statistiquement, 90 % des actes pédophiles sont commis par des hommes et 10 % seulement par des femmes. Pourtant, faits divers, publicité, livres à succès débordent d’incestes maternels, au pluriel et sans explication. L’inceste mère-fils est rarement sanctionné et l’inceste mère-fille avec passage à l’acte reste exceptionnel. Or, deux femmes viennent d’être condamnées pour actes pédophiles sur leurs propres enfants et ceux de leurs voisins sans que le caractère exceptionnel de ces faits ait été remarqué. Plus extraordinaire encore : les deux mères, Myriam Delay et Aurélie Grenon agissaient en groupe avec leurs compagnons et tous leurs enfants réunis. A la lecture des comptes rendus d’audition, il est quasi impossible de savoir si c’est un enfant ou une adulte qui parle. Myriam Delay - la principale accusée - ne parle pas comme une enfant trop bavarde, elle est une enfant. Elle n’a ni grandi et ni enfanté : elle a crû et s’est reproduite. Il n’y a aucune différence générationnelle perceptible entre parents et enfants dans ces familles. Rien ne les sépare, mais rien ne paraît non plus les unir. En violant l’interdit de l’inceste après avoir elle-même été violée, Myriam Delay accède à la forme de toute-puissance particulière aux enfants de moins de trois ans, qui justement n’ont pas encore intégré l’interdit de l’inceste. Elle accuse, elle absout, elle dicte capricieusement sa loi sans que rien ne l’arrête. Et dire que la France entière s’interroge sur la crédibilité de la parole des enfants...}}
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=== Elisabeth Roudinesco, ''Dictionnaire de la psychanalyse'', 2006 ===
=== Elisabeth Roudinesco, ''Dictionnaire de la psychanalyse'', 2006 ===

Version du 22 février 2014 à 17:59

L'Inceste est le fait d'avoir des rapports sexuels au sein de la famille.

Philosophie

Hésiode, Théogonie, VIIIe siècle avant J.-C.

  • Gaïa, fécondée par son fils Pontos, engendre les divinités marines primordiales : Nérée (qu'Hésiode, dans sa Théogonie, v. 233/234, fait plutôt naitre du seul Pontos), puis Thaumas, Phorcys, Céto et Eurybie.
    • Hésiode, Théogonie, VIIIe siècle avant J.-C.

Jean-Jacques Rousseau, Essai sur l'origine des langues, 1781

Ceux qui ne regardent pas la loi qui abolit l'usage d'épouser sa soeur, regardent que par la liaison qu'elle forme entre les familles n'en voient pas le coté le plus important. Dans la familiarité que le commerce domestique établit nécessairement entre les deux sexes du moment qu'une si sainte loi cesserait de parler au coeur et d'en imposer aux sens, il n'y aurait plus d'honneteé parmi les hommes et les plus effroyables moeurs causeraient bientôt la destruction du genre humain.
  • Essai sur l'origine des langues, Jean-Jacques Rousseau, éd. ., 1781, p. 407

Claude Lévi-Strauss, Les Structures élémentaires de la parenté, 1949

L'inceste est moins une règle qui interdit d'épouser père, soeur ou fille, qu'une règle qui oblige à donner mère, soeur ou fille à autrui.
La vie sexuelle […] exprime au plus haut point la nature animale de l'homme, et elle atteste au sein même de l'humanité, la survivance la plus caractéristique des instincts ; en second lieu, ses fins ont, doublement, à nouveau transcendantes : elles visent à satisfaire, soit des désirs individuels dont on sait suffisamment qu'ils sont parmi les moins respectueux des conventions sociales, soit des tendances spécifiques qui dépassent également, bien que dans un autre sens, les fins propres de la société. Notons, cependant, que si la réglementation des rapports entre les sexes constitue un débordement de la culture sur la nature, d'une autre façon la vie sexuelle est, au sein de la nature, une amorce de la vie sociale : car, parmi tous les instincts, l'instinct sexuel est le seul qui, pour se définir, ait besoin de la stimulation d'autrui. Nous devrons revenir sur ce dernier point ; il ne fournit pas un passage, lui-même naturel, entre la nature et la culture, ce qui serait inconcevable, mais il explique une des raisons pour lesquelles c'est sur le terrain de la vie sexuelle, de préférence à tout autre, que le passage entre les deux ordres peut et doit nécessairement s'opérer. Règle qui étreint ce qui, dans la société, lui est le plus étranger ; mais, en même temps, règle sociale qui retient, dans la nature, ce qui est susceptible de la dépasser ; la prohibition de l'inceste est, à la fois, au seuil de la culture, dans la culture, et, en un sens, […] la culture elle-même.
La prohibition de l'inceste n'est, ni purement d'origine culturelle, ni purement d'origine naturelle ; et elle n'est pas, non plus, un dosage d'éléments composites empruntés partiellement à la nature et partiellement à la culture. Elle constitue la démarche fondamentale grâce à laquelle, par laquelle, mais surtout en laquelle, s'accomplit le passage de la nature à la culture. En un sens, elle appartient à la nature, car elle est une condition générale de la culture, et par conséquent il ne faut pas s'étonner de la voir tenir de la nature son caractère formel, c'est-à-dire l'universalité. Mais en un sens aussi, elle est déjà la culture, agissant et imposant sa règle au sein de phénomènes qui ne dépendent point, d'abord d'elle. Nous avons été amené à poser le problème de l'inceste à propos de la relation entre l'existence biologique et l'existence sociale de l'homme, et nous avons constaté aussitôt que la prohibition ne relève exactement, ni de l'une, ni de l'autre. Nous nous proposons, dans ce travail, de fournir la solution de cette anomalie, en montrant que la prohibition de l'inceste constitue précisément le lien qui les unit l'une à l'autre. Mais cette union n'est ni statique ni arbitraire et, au moment où elle s'établit, la situation totale s'en trouve complètement modifiée. En effet, c'est moins une union qu'une transformation ou un passage : avant elle, la culture n'est pas encore donnée ; avec elle, la nature cesse d'exister, chez l'homme, comme un règne souverain. La prohibition de l'inceste est le processus par lequel la nature se dépasse elle-même ; elle allume l'étincelle sous l'action de laquelle une structure d'un nouveau type, et plus complexe, se forme, et se superpose, en les intégrant, aux structures plus simples de la vie psychique, comme ces dernières se superposent, en les intégrant, aux structures, plus simples qu'elles-mêmes, de la vie animale. Elle opère, et par elle-même constitue, l'avènement d'un ordre nouveau.
Considérée comme interdiction, la prohibition de l'inceste se borne à affirmer, dans un domaine essentiel à la survie du groupe, la prééminence du social sur le naturel, du collectif sur l'individuel, de l'organisation sur l'arbitraire. Mais même à ce point de l'analyse, la règle en apparence négative a déjà engendré sa converse : car toute interdiction est en même temps, et sous un autre rapport, une prescription. [...] [...] l'aspect négatif n'est que l'aspect fruste de la prohibition. Le groupe au sein duquel le mariage est interdit évoque aussitôt la notion d'un autre groupe, […] au sein duquel le mariage est, selon les cas, simplement possible, ou inévitable ; la prohibition de l'usage sexuel de la fille ou de la soeur contraint à donner en mariage la fille ou la soeur à un autre homme, et, en même temps, elle crée un droit sur la fille ou la soeur de cet autre homme. Ainsi, toutes les stipulations [3] négatives de la prohibition ont-elles une contrepartie positive. La défense équivaut à une obligation ; et la renonciation ouvre la voie à une revendication. [...] La prohibition de l'inceste n'est pas seulement [...] une interdiction : en même temps quelle défend, elle ordonne. La prohibition de l'inceste, comme l'exogamie [4] qui est son expression sociale élargie, est une règle de réciprocité. La femme qu'on se refuse, et qu'on vous refuse, est par cela même offerte. À qui est-elle offerte ? Tantôt à un groupe défini par les institutions, tantôt a une collectivité indéterminée et toujours ouverte, limitée seulement par l'exclusion des proches, comme c'est le cas dans notre société. [...] c'est qu'à partir du moment où je m'interdis l'usage d'une femme, qui devient ainsi disponible pour un autre homme, il y a, quelque part, un homme qui renonce à une femme qui devient, de ce fait, disponible pour moi. Le contenu de la prohibition n'est pas épuisé dans le fait de la prohibition ; celle-ci n'est instaurée que pour garantir et fonder, directement ou indirectement, immédiatement ou médiatement, un échange.
La prohibition de l'inceste n'est pas seulement [...] une interdiction ; en même temps qu'elle défend, elle ordonne. La prohibition de l'inceste, comme l'exogamie qui est son expression sociale élargie, est une règle de réciprocité. La femme qu'on se refuse, et qu'on vous refuse, est par cela même offerte. À qui est-elle offerte ? Tantôt à un groupe défini par les institutions, tantôt à cette collectivité indéterminée et toujours ouverte, limitée seulement par l'exclusion des proches, comme c'est le cas dans notre société. Mais à cette étape de notre recherche, nous croyons possible de négliger les différences entre la prohibition de l'inceste et l'exogamie : envisagées à la lumière des considérations précédentes, leurs caractères formels sont, en effet, identiques. Il y a plus : que l'on se trouve dans le cas technique du mariage dit« par échange », ou en présence de n'importe quel autre système matrimonial, le phénomène fondamental qui résulte de la prohibition de l'inceste est le même : à partir du moment où je m'interdis l'usage d'une femme, qui devient ainsi disponible pour un autre homme, il y a, quelque part, un homme qui renonce à une femme qui devient, de ce fait, disponible pour moi. Le contenu de la prohibition n'est pas épuisé dans le fait de la prohibition ; celle-ci n'est instaurée que pour garantir et fonder, directement ou indirectement, immédiatement ou médiatement, un échange.
Rien ne serait donc plus faux que de réduire la famille à son fondement naturel. Ni l'instinct de procréation, ni l'instinct maternel, ni les liens affectifs entre mari et femme, et entre père et enfants, ni la combinaison de tous ces facteurs ne l'expliquent. Si importants qu'ils soient, ces éléments ne pourraient à eux seuls donner naissance à une famille, et cela pour une raison très simple : dans toutes les sociétés humaines, la création d'une nouvelle famille a pour condition absolue l'existence préalable de deux autres familles, prêtes à fournir qui un homme, qui une femme, du mariage desquels naîtra une troisième famille, et ainsi de suite indéfiniment. En d'autres termes, ce qui différencie l'homme de l'animal, c'est que, dans l'humanité, une famille ne saurait exister s'il n'y avait d'abord une société : pluralité de familles qui reconnaissent l'existence de liens autres que la consanguinité, et que le procès naturel de la filiation ne peut suivre son cours qu'intégré au procès social de l'alliance. Comment les hommes en sont-ils venus à reconnaître cette dépendance sociale de l'ordre naturel, nous l'ignorerons probablement toujours. Rien ne permet de supposer que l'humanité, quand elle émergea de la condition animale, n'était pas dotée au départ d'une forme d'organisation sociale qui, dans ses lignes fondamentales, ne différait guère de celles qu'elle a connues plus tard. En vérité, on aurait du mal à concevoir ce que put être une organisation sociale élémentaire sans lui donner pour assise la prohibition de l'inceste. Car celle-ci opère seule une refonte des conditions biologiques de l'accouplement et de la procréation. Elle ne permet aux familles de se perpétuer qu'enserrées dans un réseau artificiel d'interdits et d'obligations. C'est là seulement qu'on peut situer le passage de la nature à la culture, de la condition animale à la condition humaine, et c'est par là seulement qu'on peut saisir leur articulation.

Gilles Deleuze, Vincennes, 1973

Quand je parlerai d'un inceste schizo, comme faisant partie d'un appareil anti-oedipien, i.e. l'inceste avec la soeur - mais la soeur ça peut être n'importe qui -, l'inceste oedipien c'est l'amour avec quelqu'un assimilé avec la mère d'une manière ou d'une autre. L'inceste schizo, c'est lamour avec quelqu'un assimilé d'une manière ou d'une autre avec la soeur. Le passage de l'inceste oedipien à l'inceste schizo est comme une conversion, une transformation d'appareil oedipien en appareil anti-oedipien, ça veut dire que l'inceste schizo est celui qui ouvre sur une espèce de monde de connections et qui va entraîner, à la lettre, une espèce de défamiliarisation de l'individu. Maintenant, il se peut très bien qu'il y ait des incestes avec la soeur qui soient oedipiens, dans la mesure où la soeur serait traitée comme substitut de la mère.
  • Deleuze-Vincennes, Gilles Deleuze, éd. le-terrier.net, 12 février 1973, p. .

Michel Foucault, Les Anormaux, 1975

Le couplage anthropophagie-inceste, les deux grandes consommations interdites, me paraît caractéristique de cette première présentation du monstre sur l'horizon de la pratique, de la pensée et de l'imagination juridique de la fin du XVIIIe siècle. Avec ceci : c'est que dans cette première figure du monstre, Marie-Antoinette, la figure de la débauche, de la débauche sexuelle et, en particulier, de l'inceste, me paraît être le thème dominant. Mais, en face du monstre royal et à la même époque, dans la littérature adverse, c'est-à-dire dans la littérature anti-jacobine, contre-révolutionnaire, vous allez trouver l'autre grande figure du monstre qui rompt le pacte social par la révolte. En tant que révolutionnaire et non plus en tant que roi, le peuple va être précisément l'image inversée du monarque sanguinaire. Il va être la hyène qui s'attaque au corps social. Et vous avez, dans la littérature monarchiste, catholique, etc., anglaise aussi, de l'époque de la Révolution, une sorte d'image inversée de cette Marie-Antoinette que représentaient les pamphlets jacobins et révolutionnaires.
  • Les Anormaux, Michel Foucault, éd. Gallimard Le Seuil, coll. « Hautes Etudes », 1999  (ISBN 2-02-030798-7), Cours du 29 janvier 1975, p. 91
[...] la grille d'intelligibilité qui a été posée par Freud à la névrose est celle de l'inceste. Inceste : crime des rois, crime du trop de pouvoir, crime d'Oedipe et de sa famille. C'est l'intelligibilité de la névrose. Après a suivi la grille d'intelligibilité de la psychose, avec Melanie Klein. Grille d'intelligibilité qui s'est formée à partir de quoi ? Du problème de la dévoration, de l'introjection des bons et des mauvais objets, du cannibalisme non plus crime des rois, mais crime des affamés.
  • Les Anormaux, Michel Foucault, éd. Gallimard Le Seuil, coll. « Hautes Etudes », 1999  (ISBN 2-02-030798-7), Cours du 29 janvier 1975, p. 96
Il me semble que le monstre humain, que la nouvelle économie du pouvoir de punir a commencé à dessiner au XVIIIe siècle, est une figure où se combinent fondamentalement ces deux grands thèmes de l'inceste des rois et du cannibalisme des affamés. Ce sont ces deux thèmes, formés à la fin du XVIIIe siècle dans le nouveau régime de l'économie des punitions et dans le contexte particulier de la Révolution française, avec les deux grandes formes de hors-la-loi selon la pensée bourgeoise et la politique bourgeoise, c'est-à-dire le souverain despotique et le peuple révolté ; ce sont ces deux figures-là que vous voyez maintenant parcourir le champ de l'anomalie. Les deux grands monstres qui veillent sur le domaine de l'anomalie et qui ne sont pas encore endormis — l'ethnologie et la psychanalyse en font foi — sont les deux grands sujets de la consommation interdite : le roi incestueux et le peuple cannibale.
  • Les Anormaux, Michel Foucault, éd. Gallimard Le Seuil, coll. « Hautes Etudes », 1999  (ISBN 2-02-030798-7), Cours du 29 janvier 1975, p. 97

Anne Dufourmantelle, Blind date - sexe et philosophie, 2007

La honte pose la question de la transgression et de l'interdit. Qu'est-ce qui a fondéla nécessité de poser l'interdit moral ? Est-ce la transgression qui a appelé l'interdit moral ? Est-ce la transgression qui a appelé l'interdit du meurtre ou de l'inceste ou est-ce à partir de la réalité du mal que s'est construit l'interdit moral tel que nous le connaissons en Occident ? Si le mal est premier, comment l'appréhender comme tel au regard d'un interdit qui n'existerait pas encore ?
  • Blind date - sexe et philosophie, Anne Dufourmantelle, éd. Univ of Illinois, 21. Décembre 2007, p. .

Mehdi Belhaj Kacem, Schürmann empêtré dans l'être-à-la-mort, 2010

Oedipe revient souvent comme modèle identificatoire pour Schürmann : en psychanalysant un peu, disons qu'un confort amniotique de l'être comme Temps (toujours l'ascendant augustinien, dont Schürmann est par ailleurs très conscient) qui est ce qui restait dans le premier Heidegger de l'homogénéité phénoménologico-hénologique, succède à la découverte aveuglante, atroce, de "l'inceste" avec la Mère comme équation "terrifiante" être= Néants. Nous insistons sur le fait que notre parallèle n'a rien de gratuit : il suffit de lire l'autobiographie de Schürmann (...) On y reconnaît alors, comme une évidence la Mort "singularisante", l'élan "ontologique", comme pro-tension temporelle continue, mis en pèces dans le Néant " derrière" l'être, avéant l'essetielle discontinuité de l'étant-donné.
  • Schürmann empêtré dans l'être-à-la-mort, Mehdi Belhaj Kacem, éd. ., 9 juin 2010, p. .


Psychanalyse

Charles Baudouin, L'Oeuvre de Jung et la psychologie complexe, 1963

[...] il y a une analogie étroite (une analogie d'attitude) entre les diverses manifestations d'une même fonction. Ainsi avons-nous été accoutumés par la clinique freudienne à voir le tabou d'un amour « incestueux » étendre son ombre, peu à peu, sur tout amour et sur la vie entière du sentiment, ou encore l'interdiction frappant de culpabilité les curiosités sexuelles s'étendre bientôt à d'autres curiosités pour bloquer enfin toute l'activité de l'intelligence.
  • L'Oeuvre de Jung et la psychologie complexe (1963), Charles Baudouin, éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2002  (ISBN 2-228-89570-97[à vérifier : ISBN invalide]), partie II. Discriminations, chap. V. Les types et les fonctions, Fonctions et refoulement, p. 154

Françoise Dolto, Choisir, 1979

*Choisir:Mais enfin il y a bien des cas de viol ?
  • Dolto : Il n’y a pas de viol du tout. Elles sont consentantes.
  • Choisir : Quand une fille vient vous voir et qu’elle vous raconte que, dans son enfance, son père a coïté avec elle et qu’elle a ressenti cela comme un viol, que lui répondez-vous ?
  • Dolto : Elle ne l’a pas ressenti comme un viol. Elle a simplement compris que son père l’aimait et qu’il se consolait avec elle, parce que sa femme ne voulait pas faire l’amour avec lui. »
  • Choisir : D’après vous, il n’y a pas de père vicieux et pervers ?
  • Dolto : Il suffit que la fille refuse de coucher avec lui, en disant que cela ne se fait pas, pour qu’il la laisse tranquille.
  • Choisir : Il peut insister ?
  • Dolto : Pas du tout, parce qu’il sait que l’enfant sait que c’est défendu. Et puis le père incestueux a tout de même peur que sa fille en parle. En général la fille ne dit rien, enfin pas tout de suite.
  • interview, Françoise Dolto, éd. Choisir, 1979, p. .

  • Jacques Lacan, “L’escroquerie psychanalytique”, 1979

    Le rapport sexuel, il n’y en a pas, mais cela ne va pas de soi. Il n’y en a pas, sauf incestueux. C’est très exactement ça qu’a avancé Freud — il n’y en a pas, sauf incestueux, ou meurtrier. Le mythe d’Œdipe désigne ceci, que la seule personne avec laquelle on ait envie de coucher, c’est sa mère, et que pour le père, on le tue.
    • Ornicar? Bulletin périodique du champ freudien,“L’escroquerie psychanalytique”, Jacques Lacan, éd. ., 1979, p. .


    Paul-Claude Racamier, L'inceste et l'incestuel, 1995

    L’objet incestuel ne sera pas entier : il sera partiel ; il ne sera pas intérieur : il sera un bouche-trou, obligatoirement présent. Mais, pour commencer, il sera adulé.
    • L'inceste et l'incestuel, Paul-Claude Racamier, éd. College de Psychanalys, 1995  (ISBN 2911474007), p. .


    Caroline Eliacheff, Inceste maternel: l'amour en plus, 2004

    L’inceste du premier type exclut la mère ; l’inceste platonique, le père. L’inceste du deuxième type n’exclut pas une personne mais une place : si la fille couche avec l’amant de sa mère, elle n’est plus en tiers mais impliquée dans une relation à trois ; si la mère couche avec le fiancé de sa fille, elle n’est plus en tiers dans la formation du jeune couple, mais devient partie prenante d’une relation dont elle devrait s’exclure pour ne pas être en rivalité avec sa fille. Dans tous les cas, l’inceste par exclusion du tiers fabrique du binaire à partir du ternaire.
    Statistiquement, 90 % des actes pédophiles sont commis par des hommes et 10 % seulement par des femmes. Pourtant, faits divers, publicité, livres à succès débordent d’incestes maternels, au pluriel et sans explication. L’inceste mère-fils est rarement sanctionné et l’inceste mère-fille avec passage à l’acte reste exceptionnel. Or, deux femmes viennent d’être condamnées pour actes pédophiles sur leurs propres enfants et ceux de leurs voisins sans que le caractère exceptionnel de ces faits ait été remarqué. Plus extraordinaire encore : les deux mères, Myriam Delay et Aurélie Grenon agissaient en groupe avec leurs compagnons et tous leurs enfants réunis. A la lecture des comptes rendus d’audition, il est quasi impossible de savoir si c’est un enfant ou une adulte qui parle. Myriam Delay - la principale accusée - ne parle pas comme une enfant trop bavarde, elle est une enfant. Elle n’a ni grandi et ni enfanté : elle a crû et s’est reproduite. Il n’y a aucune différence générationnelle perceptible entre parents et enfants dans ces familles. Rien ne les sépare, mais rien ne paraît non plus les unir. En violant l’interdit de l’inceste après avoir elle-même été violée, Myriam Delay accède à la forme de toute-puissance particulière aux enfants de moins de trois ans, qui justement n’ont pas encore intégré l’interdit de l’inceste. Elle accuse, elle absout, elle dicte capricieusement sa loi sans que rien ne l’arrête. Et dire que la France entière s’interroge sur la crédibilité de la parole des enfants...


    Elisabeth Roudinesco, Dictionnaire de la psychanalyse, 2006

    Freud commençait par souligner que l'habituelle raison du "tabou" était insuffisante à justifier l'interdit. Puis il comparait l'inceste au cannibalisme en soulignant que si rien n'interdit à un sujet de manger de la chaire humaine, aucune société moderne n'autorise un homme à tuer son voisin pour le dévorer. Enfin, il soulignait que l'inceste est un acte antisocial comme le serait l'abrogation des restrictions sexuelles nécessaires au maintien de la civilisation. En fait, il donnait à Marie Bonaparte une interprétation qui justifiait l'interdit sans interdire l'acte lui-même
    • Dictionnaire de la psychanalyse (1957), Elisabeth Roudinesco, éd. Fayard, coll. « Littérature générale », 2006  (ISBN 978-2213630472), partie ., Lettre de Sigmund Freud à Marie Bonaparte publiée par Ernest Jones, p. .


    Miguel Benasayag, Dardo Scavino, 2010

    A cette époque, l'un des motifs les plus facilement admis par l'église pour accorder le divorce était justement l'inceste. C'est ce qui arriva à Louis VII, fils de Philippe Ier, qui s'était marié à 1137 à Aliénor d'Acquitaine, fille de Guillaume X.
    • Le pari amoureux, Miguel Benasayag, Dardo Scavino, éd. La découverte, 2010, p. .


    Dominique Klopfert, Inceste maternel, inceste meurtrier: à corps et sans cris, 2010

    Selon G. Bonnet, la pédophilie perverse n'est pas rare chez les femmes, qu'elle soit active ou complice de celle d'un homme. (...) P. Van Meerbeck constate en effet que bien souvent les femmes et les mères sont souvent supposées "forcement bonnes" et hors d'atteinte quand à d'éventuelles remises en questions ou accusations. Or la mère de famille est dit-il, en citant Tony Duvert, "profondément pédophile", abusant de l'attachement de l'enfant dans des gestes dits tendres, caressants et attentionnés, mais bien trop. (...) Caroline Eliacheff parle aussi de "pédophilie féminine, beaucoup moins visible", que celle de l'homme et pour P.Denis "la pédophilie maternelle est un fait". Les témoignages rapportés par A.Poiret et le développement de sites internet où des femmes "défendent leur droit à leur préférence sexuelle pour des enfants impubères" semblent en témoigner.
    • Inceste maternel, inceste meurtrier: à corps et sans cris, Dominique Klopfert, éd. L'Harmattan, 2010  (ISBN 978-2-296-11865-2), p. 367


    Jacqueline Schaeffer, Le Mur : la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme, 2011

    L’inceste paternel, ça fait pas tellement de dégâts, ça rend des filles un peu débiles, mais l’inceste maternel, ça fait de la psychose, c’est-à-dire, c’est la folie.
    • Le Mur : la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme, Jacqueline Schaeffer, éd. ., 2011, p. .


    Jean-Pierre Winter, Auditions sur le mariage pour les couples de même sexe, 2013

    L'Oedipe raconte l'histoire d'un sujet de droit qui s'adresse à quelqu'un qui n'est pas un sujet de droit, l'enfant. Le législateur à cru bon d'introduire récemment l'interdit de l'inceste dans la loi. Je m'y étais d'ailleurs opposé car s'il devient une loi de droit positif, une autre loi pourrait le défaire. La loi l'obligerait à renoncer à un désir qui est par l'humanités partagée, et l'empêcherait d'être un objet désirant et d'être quelqu'un tourné vers l'avenir.
    • Auditions sur le mariage pour les couples de même sexe”, Jean-Pierre Winter, éd. ., 2013, p. .