« Jacques Attali » : différence entre les versions

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== ''Une brève histoire de l'avenir'', 2006 ==
== ''Une brève histoire de l'avenir'', 2006 ==
{{citation|citation=La situation est simple : les forces du marché prennent en main la planèe. Ultime expression du triomphe de l'individualisme, cette marche triomphante de l'argent explique l'essentiel des plus récents soubresauts de l'Histoire : pour l'accélérer, pour la refuser, pour la maîtriser.}}
{{citation|citation=Vers 2060 (...), de nouvelles forces altruistes et universalistes, déjà à l'œuvre aujourd'hui, prendront le pouvoir sous l'empire d'une nécessité écologique, éthique, économique, culturelle et politique. Une nouvelle économie, dite relationnelle, produisant des services sans chercher à en tirer profit, se développera en concurrence avec le marché.}}
{{Réf Livre
{{Réf Livre|titre=Comment le web change le monde : l'alchimie des multitudes
|référence=Une brève histoire de l'avenir/Fayard
|auteur=Francis Pisani et Dominique Piotet
|page=9
|éditeur=Pearson
|partie=Avant-propos}}
|année=2008
|page=151
|ISBN=978-2-7440-6261-2
|collection=Fayard
|auteur de la contribution=Jacques Attali
|titre de la contribution=''Une brève histoire de l'avenir''
|année de la contribution=2006
|langue=fr}}


{{citation|citation=Si cette évolution va à son terme, l'argent en finira avec tout ce qui peut lui nuire, y compris les États, qu'il détruira peu à peu, même les États-Unis d'Amérique. […] tout sera privé, y compris l'armée, la police et la justice.}}
{{citation|citation=[…] de siècle en siècle, l'humanité impose la primauté de la liberté individuelle sur toute autre valeur.}}
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|référence=Une brève histoire de l'avenir/Fayard
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{{citation|citation=[…] à l'observer sur la très longue durée, l'Histoire s'écoule en effet dans une direction unique, entêtée, très particulière, qu'aucun soubresaut, même prolongé, n'a jusqu'à présent réussi à détourner durablement : ''de siècle en siècle, l'humanité impose la primauté de la liberté individuelle sur toute autre valeur''. Elle le fait par le rejet progressif de la résignation à toute forme de servitude, par des progrès techniques permettant de réduire tout effort, par la libéralisation des mœurs, des systèmes politiques, de l'art et des idéologies. Autrement dit, l'histoire humaine est celle de l'émergence de la personne comme sujet de droit, autorisée à penser et à maîtriser son destin, libre de tout contrainte, si ce n'est le respect du droit de l'autre aux mêmes libertés.}}
{{Réf Livre
{{Réf Livre
|référence=Une brève histoire de l'avenir/Fayard
|référence=Une brève histoire de l'avenir/Fayard
|page=16
|page=16
|partie=Avant-propos}}
|partie=Avant-propos}}

{{citation|citation=Puis, vers 2050, le marché, par nature sans frontières, l'emportera sur la démocratie, institutionnellement circonscrite à un territoire. Les États s'affaibliront ; de nouvelles technologies nanométriques réduiront les consommations d'énergie et transformeront les ultimes services encore collectifs : la santé, l'éducation, la sécurité et la souveraineté […] Chacun n'y sera plus loyal qu'à lui-même ; les entreprises ne se reconnaîtront plus aucune nationalité ; les pauvres constitueront un marché parmi d'autres ; les ois seront remplacées par des contrats, la justice par l'arbitrage, la police par des mercenaires. […] Des compagnies d'assurances, devenues régulateurs du monde, y fixeront les normes auxquelles devront se plier les États, les entreprises et les particuliers. Des organismes privés de gouvernance veilleront, pour le compte de ces assureurs, au respect de ces normes.}}
{{Réf Livre
|référence=Une brève histoire de l'avenir/Fayard
|page=16
|partie=Avant-propos}}

{{citation|citation=On peut alors raconter l'histoire de l'humanité comme la succession de trois grands ordres politiques : l'''Ordre rituel'', où l'autorité est essentiellement religieuse ; l'''Ordre impérial'', où le pouvoir est avant tout militaire ; l'''Ordre marchand'', où le groupe dominant est celui qui contrôle l'économie. L'idéal du premier est théologique ; celui du second, territorial ; celui du troisième, individualiste.}}
{{Réf Livre
|référence=Une brève histoire de l'avenir/Fayard
|page=26
|partie=Une très longue histoire}}


{{citation|citation=Même si les livres d'histoire, aujourd'hui encore, s'intéressent plus au sort des princes qu'à celui des marchands, et s'ils préfèrent raconter la montée et le déclin des empires qui vont continuer à se partager le monde pendant les millénaires suivants, l'essentiel du mouvement de l'histoire se joue, dès ce moment, ailleurs : dans la naissance d'un ordre individualiste, érigeant les droits de l'homme en idéal absolu. Un ordre capable, en violant sans cesse son propre idéal, de produire des richesses mieux qu'aucun autre avant lui. Cet ordre n'est d'abord qu'un minuscule parasite à l'intérieur des sociétés théocratiques ou impériales.}}
{{Réf Livre
|référence=Une brève histoire de l'avenir/Fayard
|page=47-48
|partie=Une brève histoire du capitalisme}}

{{citation|citation=La croissance économique mondiale s'accélère aussi : l'Ordre marchand s'étend à de nouvelles démocraties de marché. […] Quand, en 1988, Mikhaïl Gorbatchev tente d'instaurer la démocratie en maintenant les règles de l'économie planifiée et de la propriété collective, il échoue et il faut moins de trois ans pour passer de la ''glasnost'' à la ''perestroïka'', c'est-à-dire pour comprendre que la démocratie ne peut exister sans une économie de marché.}}
{{Réf Livre
|référence=Une brève histoire de l'avenir/Fayard
|page=144-145
|partie=Une brève histoire du capitalisme}}

{{citation|citation=Les salariés sont aussi de plus en plus endettés, en particulier auprès de deux entreprises publiques (Fannoe Mae, deuxième entreprise des États-Unis, et Freddie Mac, la cinquième), qui possèdent ou garantissent 4 trillions de dollars de prêts hypothécaires, des multipliée par quatre en dix ans.}}
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|référence=Une brève histoire de l'avenir/Fayard
|page=152
|partie=Une brève histoire du capitalisme}}


{{citation|citation=Elle [l'intelligence universelle] créera un rapport tout à fait nouveau à la propriété intellectuelle, qui ne pourra plus être absolue et devra être partagée avec l'ensemble de l'humanité, nécessaire à la créativité de chacun.}}
{{citation|citation=Elle [l'intelligence universelle] créera un rapport tout à fait nouveau à la propriété intellectuelle, qui ne pourra plus être absolue et devra être partagée avec l'ensemble de l'humanité, nécessaire à la créativité de chacun.}}

Version du 8 février 2014 à 11:53

Jacques Attali (1er novembre 1943 à Alger) est un économiste, écrivain et haut fonctionnaire français, qui fut notamment conseiller de François Mitterrand.

Fraternités : Une nouvelle utopie, 1999

Aucune civilisation n'est durable si elle n'est pas capable de donner un sens à l'effort, de justifier l'écoulement du temps. Concentrée sur le court terme, ballotée entre le réversible et le précaire, la démocratie de marché en est de moins en moins capable. Pour le masquer, elle se doit d'offrir à ses membres une façon de penser à l'absence de sens, de vivre par procuration une vie idéale – bref, un divertissement. Marché et Distraction : telle est la devise de la mondialisation. Pour être efficace, elle doit être sans cesse plus sensationnelle, émotionnelle, mélodramatique, manichéenne, consolation contre « l'affreuse mer de l'activité sans but » dont parlait déjà Alfred de Musset, et fondement de l'esthétique car l'art naît souvent de la distraction lorsque celle-ci dérive en recherche de la beauté.


La mondialisation des échanges démontre chaque jour qu'aucune société autre que celle que façonnent les marchés n'est possible, même sur un territoire circonscrit, et qu'il ne sert même à rien d'y penser. Le marché tue donc l'utopie comme sujet de réflexion tout en la récupérant comme objet de consommation et en en faisant le fondement même de la publicité.


Les Juifs, le monde et l'argent, 2002

Voici l’histoire des rapports du peuple juif avec le monde et l’argent. Je sais ce que sujet a de sulfureux. Il a déclenché tant de polémiques, entraîné tant de massacres qu’il est devenu comme un tabou à n’évoquer sous aucun prétexte, de peur de réveiller quelque catastrophe immémoriale. Aujourd’hui, plus personne n’ose écrire sur ce sujet ; comme si des siècles d’études n’avaient servi qu’à nourrir des autodafés. De ce fait, par son existence même, ce livre est menacé d’être source de mille malentendus.
  • Les Juifs, le monde et l’argent, Jacques Attali, éd. Fayard, 2002  (ISBN 2-2136-1044-4), p. 9


Le marché doit utiliser des instruments honnêtes, en particulier un système précis de poids et mesures.
  • Les Juifs, le monde et l’argent, Jacques Attali, éd. Fayard, 2002  (ISBN 2-2136-1044-4), p. 149


Le prêt doit alors être sans intérêt : "il est permis de faire payer par tranches, mais pas si le total des tranches est supérieur au prix payable comptant" (Baba Metsia 70 b). Rabbi Gamliel recommande même de prêter à perte aux pauvres.
  • Les Juifs, le monde et l’argent, Jacques Attali, éd. Fayard, 2002  (ISBN 2-2136-1044-4), p. 163


Il semble même, selon certains chercheurs chinois d'aujourd'hui, qu'en 1154 ce soient des juifs qui, les premiers, aient fabriqué des billets de banques en jute : sur les quatre côtés d'une plaque d'impression retrouvée récemment, on pourrait lire comme des caractères hébraïques.
  • Les Juifs, le monde et l’argent, Jacques Attali, éd. Fayard, 2002  (ISBN 2-2136-1044-4), p. 218


Pour rabbi Judah Loew, le droit de prêter à intérêt vient de ce que la valeur numérique du mot "intérêt" (ribbit) est de 612, ce qui, selon lui, prouve que prêter équivaut à lui seul à obéir aux 613 obligations de la Loi.
  • Les Juifs, le monde et l’argent, Jacques Attali, éd. Fayard, 2002  (ISBN 2-2136-1044-4), p. 325


En avril 1917, craignant que l'Allemagne ne prenne le contrôle de l'Atlantique - peut être aussi redoutant que l'asphyxie de la Grande Bretagne qui s'ensuivrait ne lui interdise de rembourser ses emprunts -, les Etats-Unis entrent enfin en guerre (...)
En juin 1917, c'est à l'état allemand de ne pouvoir faire face à ses dettes de guerre. Et comme - grâce aux pressions d'Otto Kahn, entre autres - personne ne lui accorde de nouveaux prêts, le Kaiser s'adresse à la banque centrale qui actionne la planche à billets ; l'inflation, jusque-là contenue, explose
  • Les Juifs, le monde et l’argent, Jacques Attali, éd. Fayard, 2002  (ISBN 2-2136-1044-4), p. 561 et 562


Hugo Preuss, juriste juif, rédige la Constitution de Weimar. Kurst Eisner dirige le gouvernement révolutionnaire bavarois, à la tête d'une équipe dont la majorité des ministres sont juifs.
  • Les Juifs, le monde et l’argent, Jacques Attali, éd. Fayard, 2002  (ISBN 2-2136-1044-4), p. 575


L'homme nomade, 2003

Le propre de l'homme, c'est d'abord la course d'un bipède.


Les guerres entre groupes - pour des femmes ou des zones de chasse - obéissent à quelques principes simples : faire peur, attaquer par surprise, rompre les lignes de communication de l'ennemi, ne lui laisser aucun répit. Elles ne respectent aucune règle morale : il est recommandé de se faire passer pour un allié de son adversaire, de le trahir, de faire croire à sa propre fuite ; et rien n'interdit d'attaquer dans le dos. Tout est bon pour pousser l'autre à abandonner au plus vite le bien convoité.


Une brève histoire de l'avenir, 2006

La situation est simple : les forces du marché prennent en main la planèe. Ultime expression du triomphe de l'individualisme, cette marche triomphante de l'argent explique l'essentiel des plus récents soubresauts de l'Histoire : pour l'accélérer, pour la refuser, pour la maîtriser.


Si cette évolution va à son terme, l'argent en finira avec tout ce qui peut lui nuire, y compris les États, qu'il détruira peu à peu, même les États-Unis d'Amérique. […] tout sera privé, y compris l'armée, la police et la justice.


[…] à l'observer sur la très longue durée, l'Histoire s'écoule en effet dans une direction unique, entêtée, très particulière, qu'aucun soubresaut, même prolongé, n'a jusqu'à présent réussi à détourner durablement : de siècle en siècle, l'humanité impose la primauté de la liberté individuelle sur toute autre valeur. Elle le fait par le rejet progressif de la résignation à toute forme de servitude, par des progrès techniques permettant de réduire tout effort, par la libéralisation des mœurs, des systèmes politiques, de l'art et des idéologies. Autrement dit, l'histoire humaine est celle de l'émergence de la personne comme sujet de droit, autorisée à penser et à maîtriser son destin, libre de tout contrainte, si ce n'est le respect du droit de l'autre aux mêmes libertés.


Puis, vers 2050, le marché, par nature sans frontières, l'emportera sur la démocratie, institutionnellement circonscrite à un territoire. Les États s'affaibliront ; de nouvelles technologies nanométriques réduiront les consommations d'énergie et transformeront les ultimes services encore collectifs : la santé, l'éducation, la sécurité et la souveraineté […] Chacun n'y sera plus loyal qu'à lui-même ; les entreprises ne se reconnaîtront plus aucune nationalité ; les pauvres constitueront un marché parmi d'autres ; les ois seront remplacées par des contrats, la justice par l'arbitrage, la police par des mercenaires. […] Des compagnies d'assurances, devenues régulateurs du monde, y fixeront les normes auxquelles devront se plier les États, les entreprises et les particuliers. Des organismes privés de gouvernance veilleront, pour le compte de ces assureurs, au respect de ces normes.


On peut alors raconter l'histoire de l'humanité comme la succession de trois grands ordres politiques : l'Ordre rituel, où l'autorité est essentiellement religieuse ; lOrdre impérial, où le pouvoir est avant tout militaire ; lOrdre marchand, où le groupe dominant est celui qui contrôle l'économie. L'idéal du premier est théologique ; celui du second, territorial ; celui du troisième, individualiste.


Même si les livres d'histoire, aujourd'hui encore, s'intéressent plus au sort des princes qu'à celui des marchands, et s'ils préfèrent raconter la montée et le déclin des empires qui vont continuer à se partager le monde pendant les millénaires suivants, l'essentiel du mouvement de l'histoire se joue, dès ce moment, ailleurs : dans la naissance d'un ordre individualiste, érigeant les droits de l'homme en idéal absolu. Un ordre capable, en violant sans cesse son propre idéal, de produire des richesses mieux qu'aucun autre avant lui. Cet ordre n'est d'abord qu'un minuscule parasite à l'intérieur des sociétés théocratiques ou impériales.


La croissance économique mondiale s'accélère aussi : l'Ordre marchand s'étend à de nouvelles démocraties de marché. […] Quand, en 1988, Mikhaïl Gorbatchev tente d'instaurer la démocratie en maintenant les règles de l'économie planifiée et de la propriété collective, il échoue et il faut moins de trois ans pour passer de la glasnost à la perestroïka, c'est-à-dire pour comprendre que la démocratie ne peut exister sans une économie de marché.


Les salariés sont aussi de plus en plus endettés, en particulier auprès de deux entreprises publiques (Fannoe Mae, deuxième entreprise des États-Unis, et Freddie Mac, la cinquième), qui possèdent ou garantissent 4 trillions de dollars de prêts hypothécaires, des multipliée par quatre en dix ans.


Elle [l'intelligence universelle] créera un rapport tout à fait nouveau à la propriété intellectuelle, qui ne pourra plus être absolue et devra être partagée avec l'ensemble de l'humanité, nécessaire à la créativité de chacun.


Divers

Arnaud Robert : Vous décrivez le chef d'orchestre comme "visible et silencieux, donneur d'ordres sans bruit, maître désarmé de la violence". Vous dirigez vous-même régulièrement.
Jacques Attali : J'aime celà profondément. Il y a trois dimensions dans la direction. D'abord l'étude austère de la partition qui se fait dans la solitude. Puis les répétitions avec l'orchestre, l'ouverture d'un dialogue qui nécessite clarté et empathie. Enfin la représentation. Le chef fait des gestes pour ceux qui sont en face de lui, pas pour ceux qui sont dans son dos. Un seul regard, une fraction de seconde suffisent. Il faut être ouvert à cette masse qui vous fait face. Je dirige donc sans partition.

  • « "Stocker de la musique, c'est conjurer la mort" », Jacques Attali, propos recueillis par Arnaud Robert, Le Temps (quotidien suisse) (ISSN 1423-3967), 4 février 2012, p. 29


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