« Inceste » : différence entre les versions

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=== Miguel Benasayag, Dardo Scavino ===
=== Miguel Benasayag, Dardo Scavino ===
{{citation|citation=A cette époque, l'un des motifs les plus facilement admis par l'église pour accorder le divorce était justement l'inceste. C'est ce qui arriva à Louis VII, fils de Philippe Ier, qui s'était marié à 1137 à Aliénor d'Acquitaine, fille de Guillaume X.
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== Philosophie ==
== Philosophie ==

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Politique

François Lebel

Si le tabou immémorial du mariage hétérosexuel vient à sauter, qui et quoi s'opposera désormais à ce que d'autres tabous le concernant, bien moins anciens, bien moins universels, ne tombent à leur tour ? [...] Par exemple : comment s'opposer demain à la polygamie en France, principe qui n'est tabou que dans la civilisation occidentale ? Pourquoi l'âge légal des mariés serait-il maintenu ? Et pourquoi interdire plus avant les mariages consanguins, la pédophilie, l'inceste qui sont encore monnaie courante dans le monde ?
  • extrait du numéro d'octobre du journal d'information municipale du 8ème arrondissement de Paris
  • « L'"inceste" et la "pédophilie" seraient embusqués derrière le mariage gay, selon un maire UMP parisien », Le Monde / AFP, Le Monde, 3 octobre 2012 (lire en ligne)

Collectif féministe contre le viol

Un enfant n'est jamais consentant.
  • VIDÉO. Inceste : "Un enfant n'est jamais consentant", Collectif féministe contre le viol, éd. Payot, 1913, p. .


Najat Vallaud-Belkacem

Si l'inceste figure toujours dans le code pénal, avec un régime particulier qui permet le retrait automatique de l'autorité parentale, l'incrimination d'inceste en tant que telle n'y figure plus.
  • VIDÉO. Inceste : "Un enfant n'est jamais consentant", Najat Vallaud-Belkacem, éd. ., ., p. .


Psychanalyse

Sigmund Freud, Totem et Tabou, 1913

Partout où il y a un totem : « les membres d'un seul et même totem ne doivent pas avoir entre eux de relations sexuelles et, par conséquent, ils ne doivent pas se marier entre eux », ce qui constitue la loi de l'exogamie.


Charles Baudouin, L'Oeuvre de Jung et la psychologie complexe, 1963

[...] il y a une analogie étroite (une analogie d'attitude) entre les diverses manifestations d'une même fonction. Ainsi avons-nous été accoutumés par la clinique freudienne à voir le tabou d'un amour « incestueux » étendre son ombre, peu à peu, sur tout amour et sur la vie entière du sentiment, ou encore l'interdiction frappant de culpabilité les curiosités sexuelles s'étendre bientôt à d'autres curiosités pour bloquer enfin toute l'activité de l'intelligence.
  • L'Oeuvre de Jung et la psychologie complexe (1963), Charles Baudouin, éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2002  (ISBN 2-228-89570-97[à vérifier : ISBN invalide]), partie II. Discriminations, chap. V. Les types et les fonctions, Fonctions et refoulement, p. 154


Jacqueline Schaeffer, Le Mur : la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme, 2011

L’inceste paternel, ça fait pas tellement de dégâts, ça rend des filles un peu débiles, mais l’inceste maternel, ça fait de la psychose, c’est-à-dire, c’est la folie.
  • Le Mur : la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme, Jacqueline Schaeffer, éd. ., 2011, p. .


Jacques Lacan, “L’escroquerie psychanalytique”, 2011

Le rapport sexuel, il n’y en a pas, mais cela ne va pas de soi. Il n’y en a pas, sauf incestueux. C’est très exactement ça qu’a avancé Freud — il n’y en a pas, sauf incestueux, ou meurtrier. Le mythe d’Œdipe désigne ceci, que la seule personne avec laquelle on ait envie de coucher, c’est sa mère, et que pour le père, on le tue.
  • Ornicar? Bulletin périodique du champ freudien,“L’escroquerie psychanalytique”, Jacques Lacan, éd. ., 1979, p. .


Françoise Dolto

*Choisir:Mais enfin il y a bien des cas de viol ?
  • Dolto : Il n’y a pas de viol du tout. Elles sont consentantes.
  • Choisir : Quand une fille vient vous voir et qu’elle vous raconte que, dans son enfance, son père a coïté avec elle et qu’elle a ressenti cela comme un viol, que lui répondez-vous ?
  • Dolto : Elle ne l’a pas ressenti comme un viol. Elle a simplement compris que son père l’aimait et qu’il se consolait avec elle, parce que sa femme ne voulait pas faire l’amour avec lui. »
  • Choisir : D’après vous, il n’y a pas de père vicieux et pervers ?
  • Dolto : Il suffit que la fille refuse de coucher avec lui, en disant que cela ne se fait pas, pour qu’il la laisse tranquille.
  • Choisir : Il peut insister ?
  • Dolto : Pas du tout, parce qu’il sait que l’enfant sait que c’est défendu. Et puis le père incestueux a tout de même peur que sa fille en parle. En général la fille ne dit rien, enfin pas tout de suite.
  • interview, Françoise Dolto, éd. Choisir, 1979, p. .

  • Miguel Benasayag, Dardo Scavino

    A cette époque, l'un des motifs les plus facilement admis par l'église pour accorder le divorce était justement l'inceste. C'est ce qui arriva à Louis VII, fils de Philippe Ier, qui s'était marié à 1137 à Aliénor d'Acquitaine, fille de Guillaume X.
    • Le pari amoureux, Miguel Benasayag, Dardo Scavino, éd. La découverte, 2010, p. .


    Philosophie

    Hésiode, Théogonie, VIIIe siècle avant J.-C.

    • Gaïa, fécondée par son fils Pontos, engendre les divinités marines primordiales : Nérée (qu'Hésiode, dans sa Théogonie, v. 233/234, fait plutôt naitre du seul Pontos), puis Thaumas, Phorcys, Céto et Eurybie.
      • Hésiode, Théogonie, VIIIe siècle avant J.-C.

    Jean-Jacques Rousseau, Essai sur l'origine des langues, 1781

    Ceux qui ne regardent pas la loi qui abolit l'usage d'épouser sa soeur, regardent que par la liaison qu'elle forme entre les familles n'en voient pas le coté le plus important. Dans la familiarité que le commerce domestique établit nécessairement entre les deux sexes du moment qu'une si sainte loi cesserait de parler au coeur et d'en imposer aux sens, il n'y aurait plus d'honneteé parmi les hommes et les plus effroyables moeurs causeraient bientôt la destruction du genre humain.
    • Essai sur l'origine des langues, Jean-Jacques Rousseau, éd. ., 1781, p. 407

    Claude Lévi-Strauss, Les Structures élémentaires de la parenté, 1949

    L'inceste est moins une règle qui interdit d'épouser père, soeur ou fille, qu'une règle qui oblige à donner mère, soeur ou fille à autrui.
    La vie sexuelle […] exprime au plus haut point la nature animale de l'homme, et elle atteste au sein même de l'humanité, la survivance la plus caractéristique des instincts ; en second lieu, ses fins ont, doublement, à nouveau transcendantes : elles visent à satisfaire, soit des désirs individuels dont on sait suffisamment qu'ils sont parmi les moins respectueux des conventions sociales, soit des tendances spécifiques qui dépassent également, bien que dans un autre sens, les fins propres de la société. Notons, cependant, que si la réglementation des rapports entre les sexes constitue un débordement de la culture sur la nature, d'une autre façon la vie sexuelle est, au sein de la nature, une amorce de la vie sociale : car, parmi tous les instincts, l'instinct sexuel est le seul qui, pour se définir, ait besoin de la stimulation d'autrui. Nous devrons revenir sur ce dernier point ; il ne fournit pas un passage, lui-même naturel, entre la nature et la culture, ce qui serait inconcevable, mais il explique une des raisons pour lesquelles c'est sur le terrain de la vie sexuelle, de préférence à tout autre, que le passage entre les deux ordres peut et doit nécessairement s'opérer. Règle qui étreint ce qui, dans la société, lui est le plus étranger ; mais, en même temps, règle sociale qui retient, dans la nature, ce qui est susceptible de la dépasser ; la prohibition de l'inceste est, à la fois, au seuil de la culture, dans la culture, et, en un sens, […] la culture elle-même.
    La prohibition de l'inceste n'est, ni purement d'origine culturelle, ni purement d'origine naturelle ; et elle n'est pas, non plus, un dosage d'éléments composites empruntés partiellement à la nature et partiellement à la culture. Elle constitue la démarche fondamentale grâce à laquelle, par laquelle, mais surtout en laquelle, s'accomplit le passage de la nature à la culture. En un sens, elle appartient à la nature, car elle est une condition générale de la culture, et par conséquent il ne faut pas s'étonner de la voir tenir de la nature son caractère formel, c'est-à-dire l'universalité. Mais en un sens aussi, elle est déjà la culture, agissant et imposant sa règle au sein de phénomènes qui ne dépendent point, d'abord d'elle. Nous avons été amené à poser le problème de l'inceste à propos de la relation entre l'existence biologique et l'existence sociale de l'homme, et nous avons constaté aussitôt que la prohibition ne relève exactement, ni de l'une, ni de l'autre. Nous nous proposons, dans ce travail, de fournir la solution de cette anomalie, en montrant que la prohibition de l'inceste constitue précisément le lien qui les unit l'une à l'autre. Mais cette union n'est ni statique ni arbitraire et, au moment où elle s'établit, la situation totale s'en trouve complètement modifiée. En effet, c'est moins une union qu'une transformation ou un passage : avant elle, la culture n'est pas encore donnée ; avec elle, la nature cesse d'exister, chez l'homme, comme un règne souverain. La prohibition de l'inceste est le processus par lequel la nature se dépasse elle-même ; elle allume l'étincelle sous l'action de laquelle une structure d'un nouveau type, et plus complexe, se forme, et se superpose, en les intégrant, aux structures plus simples de la vie psychique, comme ces dernières se superposent, en les intégrant, aux structures, plus simples qu'elles-mêmes, de la vie animale. Elle opère, et par elle-même constitue, l'avènement d'un ordre nouveau.
    Considérée comme interdiction, la prohibition de l'inceste se borne à affirmer, dans un domaine essentiel à la survie du groupe, la prééminence du social sur le naturel, du collectif sur l'individuel, de l'organisation sur l'arbitraire. Mais même à ce point de l'analyse, la règle en apparence négative a déjà engendré sa converse : car toute interdiction est en même temps, et sous un autre rapport, une prescription. [...] [...] l'aspect négatif n'est que l'aspect fruste de la prohibition. Le groupe au sein duquel le mariage est interdit évoque aussitôt la notion d'un autre groupe, […] au sein duquel le mariage est, selon les cas, simplement possible, ou inévitable ; la prohibition de l'usage sexuel de la fille ou de la soeur contraint à donner en mariage la fille ou la soeur à un autre homme, et, en même temps, elle crée un droit sur la fille ou la soeur de cet autre homme. Ainsi, toutes les stipulations [3] négatives de la prohibition ont-elles une contrepartie positive. La défense équivaut à une obligation ; et la renonciation ouvre la voie à une revendication. [...] La prohibition de l'inceste n'est pas seulement [...] une interdiction : en même temps quelle défend, elle ordonne. La prohibition de l'inceste, comme l'exogamie [4] qui est son expression sociale élargie, est une règle de réciprocité. La femme qu'on se refuse, et qu'on vous refuse, est par cela même offerte. À qui est-elle offerte ? Tantôt à un groupe défini par les institutions, tantôt a une collectivité indéterminée et toujours ouverte, limitée seulement par l'exclusion des proches, comme c'est le cas dans notre société. [...] c'est qu'à partir du moment où je m'interdis l'usage d'une femme, qui devient ainsi disponible pour un autre homme, il y a, quelque part, un homme qui renonce à une femme qui devient, de ce fait, disponible pour moi. Le contenu de la prohibition n'est pas épuisé dans le fait de la prohibition ; celle-ci n'est instaurée que pour garantir et fonder, directement ou indirectement, immédiatement ou médiatement, un échange.
    La prohibition de l'inceste n'est pas seulement [...] une interdiction ; en même temps qu'elle défend, elle ordonne. La prohibition de l'inceste, comme l'exogamie qui est son expression sociale élargie, est une règle de réciprocité. La femme qu'on se refuse, et qu'on vous refuse, est par cela même offerte. À qui est-elle offerte ? Tantôt à un groupe défini par les institutions, tantôt à cette collectivité indéterminée et toujours ouverte, limitée seulement par l'exclusion des proches, comme c'est le cas dans notre société. Mais à cette étape de notre recherche, nous croyons possible de négliger les différences entre la prohibition de l'inceste et l'exogamie : envisagées à la lumière des considérations précédentes, leurs caractères formels sont, en effet, identiques. Il y a plus : que l'on se trouve dans le cas technique du mariage dit« par échange », ou en présence de n'importe quel autre système matrimonial, le phénomène fondamental qui résulte de la prohibition de l'inceste est le même : à partir du moment où je m'interdis l'usage d'une femme, qui devient ainsi disponible pour un autre homme, il y a, quelque part, un homme qui renonce à une femme qui devient, de ce fait, disponible pour moi. Le contenu de la prohibition n'est pas épuisé dans le fait de la prohibition ; celle-ci n'est instaurée que pour garantir et fonder, directement ou indirectement, immédiatement ou médiatement, un échange.
    • Les Structures élémentaires de la parenté, Claude Lévi-Strauss, éd. , 1949, p. 59-60
      Cette source est trop vague : les champs éditeur doivent être renseignés. Si des références précises ne sont pas données, la citation devra être retirée de la page.
    Rien ne serait donc plus faux que de réduire la famille à son fondement naturel. Ni l'instinct de procréation, ni l'instinct maternel, ni les liens affectifs entre mari et femme, et entre père et enfants, ni la combinaison de tous ces facteurs ne l'expliquent. Si importants qu'ils soient, ces éléments ne pourraient à eux seuls donner naissance à une famille, et cela pour une raison très simple : dans toutes les sociétés humaines, la création d'une nouvelle famille a pour condition absolue l'existence préalable de deux autres familles, prêtes à fournir qui un homme, qui une femme, du mariage desquels naîtra une troisième famille, et ainsi de suite indéfiniment. En d'autres termes, ce qui différencie l'homme de l'animal, c'est que, dans l'humanité, une famille ne saurait exister s'il n'y avait d'abord une société : pluralité de familles qui reconnaissent l'existence de liens autres que la consanguinité, et que le procès naturel de la filiation ne peut suivre son cours qu'intégré au procès social de l'alliance. Comment les hommes en sont-ils venus à reconnaître cette dépendance sociale de l'ordre naturel, nous l'ignorerons probablement toujours. Rien ne permet de supposer que l'humanité, quand elle émergea de la condition animale, n'était pas dotée au départ d'une forme d'organisation sociale qui, dans ses lignes fondamentales, ne différait guère de celles qu'elle a connues plus tard. En vérité, on aurait du mal à concevoir ce que put être une organisation sociale élémentaire sans lui donner pour assise la prohibition de l'inceste. Car celle-ci opère seule une refonte des conditions biologiques de l'accouplement et de la procréation. Elle ne permet aux familles de se perpétuer qu'enserrées dans un réseau artificiel d'interdits et d'obligations. C'est là seulement qu'on peut situer le passage de la nature à la culture, de la condition animale à la condition humaine, et c'est par là seulement qu'on peut saisir leur articulation.
    • Les Structures élémentaires de la parenté, Claude Lévi-Strauss, éd. , 1949, p. 83
      Cette source est trop vague : les champs éditeur doivent être renseignés. Si des références précises ne sont pas données, la citation devra être retirée de la page.

    Gilles Deleuze, Vincennes, 1973

    Quand je parlerai d'un inceste schizo, comme faisant partie d'un appareil anti-oedipien, i.e. l'inceste avec la soeur - mais la soeur ça peut être n'importe qui -, l'inceste oedipien c'est l'amour avec quelqu'un assimilé avec la mère d'une manière ou d'une autre. L'inceste schizo, c'est lamour avec quelqu'un assimilé d'une manière ou d'une autre avec la soeur. Le passage de l'inceste oedipien à l'inceste schizo est comme une conversion, une transformation d'appareil oedipien en appareil anti-oedipien, ça veut dire que l'inceste schizo est celui qui ouvre sur une espèce de monde de connections et qui va entraîner, à la lettre, une espèce de défamiliarisation de l'individu. Maintenant, il se peut très bien qu'il y ait des incestes avec la soeur qui soient oedipiens, dans la mesure où la soeur serait traitée comme substitut de la mère.
    • Deleuze-Vincennes, Gilles Deleuze, éd. le-terrier.net, 12 février 1973, p. .

    Michel Foucault, Les Anormaux, 1975

    Le couplage anthropophagie-inceste, les deux grandes consommations interdites, me paraît caractéristique de cette première présentation du monstre sur l'horizon de la pratique, de la pensée et de l'imagination juridique de la fin du XVIIIe siècle. Avec ceci : c'est que dans cette première figure du monstre, Marie-Antoinette, la figure de la débauche, de la débauche sexuelle et, en particulier, de l'inceste, me paraît être le thème dominant. Mais, en face du monstre royal et à la même époque, dans la littérature adverse, c'est-à-dire dans la littérature anti-jacobine, contre-révolutionnaire, vous allez trouver l'autre grande figure du monstre qui rompt le pacte social par la révolte. En tant que révolutionnaire et non plus en tant que roi, le peuple va être précisément l'image inversée du monarque sanguinaire. Il va être la hyène qui s'attaque au corps social. Et vous avez, dans la littérature monarchiste, catholique, etc., anglaise aussi, de l'époque de la Révolution, une sorte d'image inversée de cette Marie-Antoinette que représentaient les pamphlets jacobins et révolutionnaires.
    • Les Anormaux, Michel Foucault, éd. Gallimard Le Seuil, coll. « Hautes Etudes », 1999  (ISBN 2-02-030798-7), Cours du 29 janvier 1975, p. 91
    [...] la grille d'intelligibilité qui a été posée par Freud à la névrose est celle de l'inceste. Inceste : crime des rois, crime du trop de pouvoir, crime d'Oedipe et de sa famille. C'est l'intelligibilité de la névrose. Après a suivi la grille d'intelligibilité de la psychose, avec Melanie Klein. Grille d'intelligibilité qui s'est formée à partir de quoi ? Du problème de la dévoration, de l'introjection des bons et des mauvais objets, du cannibalisme non plus crime des rois, mais crime des affamés.
    • Les Anormaux, Michel Foucault, éd. Gallimard Le Seuil, coll. « Hautes Etudes », 1999  (ISBN 2-02-030798-7), Cours du 29 janvier 1975, p. 96
    Il me semble que le monstre humain, que la nouvelle économie du pouvoir de punir a commencé à dessiner au XVIIIe siècle, est une figure où se combinent fondamentalement ces deux grands thèmes de l'inceste des rois et du cannibalisme des affamés. Ce sont ces deux thèmes, formés à la fin du XVIIIe siècle dans le nouveau régime de l'économie des punitions et dans le contexte particulier de la Révolution française, avec les deux grandes formes de hors-la-loi selon la pensée bourgeoise et la politique bourgeoise, c'est-à-dire le souverain despotique et le peuple révolté ; ce sont ces deux figures-là que vous voyez maintenant parcourir le champ de l'anomalie. Les deux grands monstres qui veillent sur le domaine de l'anomalie et qui ne sont pas encore endormis — l'ethnologie et la psychanalyse en font foi — sont les deux grands sujets de la consommation interdite : le roi incestueux et le peuple cannibale.
    • Les Anormaux, Michel Foucault, éd. Gallimard Le Seuil, coll. « Hautes Etudes », 1999  (ISBN 2-02-030798-7), Cours du 29 janvier 1975, p. 97

    Anne Dufourmantelle, Blind date - sexe et philosophie, 2007

    La honte pose la question de la transgression et de l'interdit. Qu'est-ce qui a fondéla nécessité de poser l'interdit moral ? Est-ce la transgression qui a appelé l'interdit moral ? Est-ce la transgression qui a appelé l'interdit du meurtre ou de l'inceste ou est-ce à partir de la réalité du mal que s'est construit l'interdit moral tel que nous le connaissons en Occident ? Si le mal est premier, comment l'appréhender comme tel au regard d'un interdit qui n'existerait pas encore ?
    • Blind date - sexe et philosophie, Anne Dufourmantelle, éd. Univ of Illinois, 21. Décembre 2007, p. .

    Mehdi Belhaj Kacem, Schürmann empêtré dans l'être-à-la-mort, 2010

    Oedipe revient souvent comme modèle identificatoire pour Schürmann : en psychanalysant un peu, disons qu'un confort amniotique de l'être comme Temps (toujours l'ascendant augustinien, dont Schürmann est par ailleurs très conscient) qui est ce qui restait dans le premier Heidegger de l'homogénéité phénoménologico-hénologique, succède à la découverte aveuglante, atroce, de "l'inceste" avec la Mère comme équation "terrifiante" être= Néants. Nous insistons sur le fait que notre parallèle n'a rien de gratuit : il suffit de lire l'autobiographie de Schürmann (...) On y reconnaît alors, comme une évidence la Mort "singularisante", l'élan "ontologique", comme pro-tension temporelle continue, mis en pèces dans le Néant " derrière" l'être, avéant l'essetielle discontinuité de l'étant-donné.
    • Schürmann empêtré dans l'être-à-la-mort, Mehdi Belhaj Kacem, éd. ., 9 juin 2010, p. .


    Cinéma

    John Frankenheimer, Un crime dans la tête, 1962

    Mme Iselin: Mais maintenant, nous sommes arrivés presque à la fin. Une dernière étape. Et puis, quand je prendrai le pouvoir, ils seront jetés à terre pour ce qu'ils t'ont fait. Et ce qu'ils ont fait dans le but méprisant me sous-estimer. [Elle embrasse son fils Raymond sur le front, la joue, et les lèvres]
    • Un crime dans la tête, John Frankenheimer, éd. ., 1962, p. .


    Frank Herbert, Le messie de Dune, 1969

    Cette antre de mythes renferme Paul Muad'dib, l'empereur de l'esprit, et sa sœur, Alia, il est difficile de voir les vrais personnes derrière ces voiles. Mais il y avait, après tout, un homme né Paul Atréides et une femme née Alia. Leur chair était soumise à l'espace et au temps. Et même si leurs pouvoirs oraculaires les a placés au-delà des limites habituelles du temps et de l'espace, ils sont issus de la chaire humaine. Ils ont connu des événements réels qui ont laissé des traces réelles dans un univers réel. Pour les comprendre, il faut voir que leur catastrophe a été la catastrophe de toute l'humanité. Ce travail est dédié, alors, non pas au Muad'dib ou à sa sœur, mais à leurs héritiers - à nous tous.
    • Le messie de Dune, Frank Herbert, éd. ., 1969, p. .


    David Lynch, Twin Peaks, 1990-1991

    Je n'ai aucune idée où cela nous mènera. Mais j'ai un sentiment précis, il sera un lieu à la fois merveilleux et étrange.

    Voix off La belle chose à propos d'un trésor est qu'il existe. Il existe pour être trouvé. Comme il est beau de trouver le trésor. Où est le trésor, qui lorsqu'on le trouve, laisse éternellement heureux? Je pense que nous savons tous qu'il existe. Certains disent qu'il est en nous - à l'intérieur de nous tous. Ce serait étrange. Il serait si près. Alors pourquoi est-il si difficile à trouver, et si difficile à atteindre?

    Benjamin Horne: Audrey, regardez, je sais que je n'ai pas été un très bon père. Mon dieu, de qui je me fous ? Quand ai-je été autre chose qu'un talon rapace sordide été?

    Audrey Horne: Eh bien papa, peut-être quand j'étais petite, mais ...

    Benjamin Horne: Exactement.
    • Twin Peaks, David Lynch, éd. Episode 25, 1990-1991, p. .


    Thomas Vinterberg, Festen, 1998

    Christian Klingenfeldt: JE lève mon verre à l'homme qui a tué ma soeur... à un assassin.
    • Festen, Thomas Vinterberg, éd. ., 1998, p. .


    Bernardo Bertollucci, Innocents - The dreamers, 2003

    *Théo: C'est quoi toujours?
    • Isabelle: Nous deux. C'est çà ?
    • Théo: Oui. Pourquoi Matthieu a dit cela?
    • Isabelle: Qu'est-ce que Matthieu a dit?
    • Theo: Que nous sommes des monstres, des bêtes de foire.
    • Isabelle: Je veux juste que vous me dites que c'est pour toujours. Pour toujours.
  • Innocents - The Dreamers, Bernardo Bertollucci, éd. ., 2003, p. .

  • Ingmar Bergman, Saraband, 2004

    Je le hais dans toutes les dimensions de la parole. Je le hais tellement que je serais heureux de le regarder mourir d'une maladie horrible. J'aimerais lui rendre visite tous les jours et prendre note de son tourment jusqu'au dernier souffle.
    • Saraband, Ingmar Bergman, éd. ., 2004, p. .


    Pedro Almodovar, Volver, 2006

    • Irene: Don't say that, Raimunda, or I'll start crying. And ghosts don't cry.
      • Pedro Almodovar, Volver', 2006

    Michael Haneke, Le ruban blanc, 2009

    Épargne moi ces détails dégoûtants, mais je vais te rassurer, ça m’a toujours écœuré. Je suis passé outre parce que je voulais m’abrutir après le décès de Julie, ça m’était égal avec qui ça se passait, une vache aurait très bien fait l’affaire. Les putes sont malheureusement très loin d’ici et une fois tous les deux mois ça ne suffit pas, à mon grand regret.
    • Le ruban blanc, Michael Haneke, éd. ., 2009, p. .


    Littérature

    Léon Bloy, Sur la tombe de Huysmans, 1913

    Les Représailles du Sphinx

    Oedipe croyait bien l’avoir vaincu, le monstre immortel ! vaincu à jamais ! et, pour sa victoire, les Thébains stupides l’avaient fait roi et quasi-Dieu, ce divinateur aux pieds gonflés, cet aveugle terrible, parricide et incestueux sans le savoir !
    Depuis près de trente siècles, l’esprit humain tette ce symbole, le plus complet que l’antiquité grecque ait laissé. Dans son irrémédiable déval des plateaux lumineux de l’Éden et dans les successives dégringolades postérieures, l’animal raisonnable a ainsi toujours retenu l’idée d’un central rébus dont l’inespérable solution donnerait l’empire du monde aux cloportes subtils qui la découvriraient.

    • Sur la tombe de Huysmans, Léon Bloy, éd. Paris, coll. « Collection des Curiosités littéraires », 1913, Avant la Conversion : Les Représailles du Sphinx, p. 13


    Saint John-Perse, Correspondance, à Paul Claudel, 1949

    L'art même n'est, à mon sens, qu'inceste entre l'instinct et la volonté.
    • « Correspondance, à Paul Claudel », Saint John-Perse, ., 1er août 1949, p. .


    Vladimir Nabokov, Ada ou l'ardeur, 1955

    Nous nous entrelacions comme des serpents, nous hoquetions comme des pumas. (…) Elle baisait mon krestik (3) pendant que je baisais le sien, et nos têtes s'empiégeaient dans des postures tellement étranges que Brigitte (…) entrant par mégarde (…) crut (…) que nous étions en train d'accoucher simultanément de deux filles.
    • Ada ou l'ardeur, Vladimir Nabokov, éd. ., 1955, p. .


    Joyce Mansour, Dolman le maléfique, 1961

    Comme la spirale noire et glacée qui soupire dans certains escaliers, dans certains cercueils, les médiocres clowns aux pieds fourchus et à l'haleine sulfureuse qui gesticulent, ravis sur leur tremplin brisé au-dessus des abîmes, n'atteignent jamais l'assouvissement dans leurs ébats ; énervés par la brûlure spasmodique de la passion ils persistent allègrement dans leur grimace routinière. Ce sont des personnages de peu d'importance dans la hiérarchie diabolique ; ils n'ont le pouvoir de détraquer le cerveau de personne.
    Tout autres sont les démons de haute lignée qui se nomment les Métastases, codicille d'une race disparue. Magnifiques de malédiction, incestueux et moroses, ils distribuent : fléaux aux pieds de biche, crapauds et chancres, ces fleurs libidineuses. Dédaignant le commun des mortels, ils ne s'occupent que des êtres d'élite, hommes doués de nez busqués, d'infamie à l'état pur et dont la virilité est capable de troubler la quiétude des plus chastes. Dolman était l'un d'eux.

    • « Dolman le maléfique », Joyce Mansour, La Brèche, nº 1, Octobre 1961, p. 46


    Georges Bataille, Ma mère, 1966

    « (…) je ne veux de ton amour que si tu sais que je suis répugnante, et que tu m’aimes en le sachant.(...) Je ferai le pire devant toi et je serai pure à tes yeux. (...) Elle me fit une proposition si obscène que dans l’imbroglio de réactions dont tous trois nous étions malades, je ne pus retenir mon rire de fuser. (...) As-tu compris ? reprit ma mère, le plaisir ne commence qu’au moment où le ver est dans le fruit. C’est seulement si notre bonheur se charge de poison qu’il est délectable. Et le reste est l’enfantillage. (...) Maman, tu sais que tu me fais souffrir. (...) Le seul remède de (sa) souffrance, c’était « de l’augmenter, c’était de lui céder.
    • Ma mère, Georges Bataille, éd. posthume, 1966, p. .


    Barbara, L'Aigle noir, 1970

    De son bec il a touché ma joue, Dans ma main il a glissé son cou, C'est alors que je l'ai reconnu, Surgissant du passé, Il m'était revenu.
    • L'Aigle noir, Barbara, éd. ., 1970, p. .


    Marguerite Duras, Les yeux verts, 1980

    L'amour entre l'homme et l'enfant restera impuni, la mort y a mis fin. JE crois absolument à cet amour.
    • Les yeux verts, Marguerite Duras, éd. Éditions Les Cahiers du cinéma, 1980, p. 97


    Oui, ce livre est l'histoire d'un amour non avoué entre des gens qui sont empêchés de dire qu'ils s'aiment par une force qu'ils ignorent. Et qui s'aiment. Ce n'est pas clair. çà ne peut pas se déclarer. çà fuit tout le temps. C'est impuissant. Et pourtant c'est là. Dans une confusion qu'ils ont en commun qui leur est personnelle et qui est l'identité de leur sentiment.
    • Les yeux verts, Marguerite Duras, éd. Éditions Les Cahiers du cinéma, 1980, p. 97


    Je pense souvent à cette image que je suis seule à voir encore et dont je n'ai jamais parlé. Elle est toujours là dans le même silence, émerveillante. C'est entre toutes celle qui me plaît de moi-m^me, celle où je me reconnais, où je m'enchante.
    • Les yeux verts, Marguerite Duras, éd. Éditions Les Cahiers du cinéma, 1980, p. 8


    Serge Gainsbourg, Lemon Incest, 1984

    Inceste de citron, Lemon incest, Je t'aime t'aime, je t'aime plus que tout, Papapappa
    • Lemon Incest, Serge Gainsbourg, éd. ., 1984, p. .


    Anaïs Nin, Inceste (1932-1934), 1992

    Toutes les femmes autour de lui, ce soir encore, quatre ou cinq […] semblaient vouloir m'éloigner, comme si j'étais une autre rivale pour son affection. […] Je ne pouvais m'approcher davantage […] Il mourait à son millième concert à Paris, du fardeau des regrets, du souvenir, d'une vie si riche, si prestigieuse et brillante qui touchait à son terme. Je ne lui avais fait aucun mal. Je ne lui avais pas dit comme Maruça : Mon amour est mort. […] J'avais donné compréhension et compassion. Mais je ne lui avais pas donné ma vie comme autrefois lorsque j'étais enfant, alors que son départ avait tué quelque chose en moi. Je ne l'avais pas laissé se raccrocher à moi. Très doucement, je lui avais fait comprendre qu'il ne pouvait attendre de moi un amour total. Je lui avais montré la différence entre nos deux vies. […] Il savait que j'avais de multiples liens, attachements, et des êtres chers à protéger. Mais ce qu'il exige toujours, c'est votre vie entière, un esclavage. Ce soir-là, dans sa chambre, la pitié m'écrasait, mais non la culpabilité. Il accomplissait son destin. Le châtiment était grand. Pour lui Cuba signifiait l'exil loin de tout ce qu'il avait aimé. Mais il n'avait recherché que son plaisir et n'avait fait de sacrifices pour personne. C'était une espèce de mort, sur cette scène, seul avec son piano, et aujourd'hui il pleurait sur lui-même, et je pleurais sur lui.
    • « Inceste (1932-1934) », Anaïs Nin, ., 1992, p. .


    Niki de Saint Phalle, Mon secret, 2010

    Ce même été, mon père – il avait 35 ans, glissa sa main dans ma culotte comme ces hommes infâmes dans les cinémas qui guettent les petites filles. J’avais onze ans et j’avais l’air d’en avoir treize. Un après-midi mon père voulut chercher sa canne à pêche qui se trouvait dans une petite hutte de bois où l’on gardait les outils du jardin. Je l’accompagnais… Subitement les mains de mon père commencèrent à explorer mon corps d’une manière tout à fait nouvelle pour moi. Honte, plaisir, angoisse, et peur, me serraient la poitrine. Mon père me dit : « Ne bouge pas ». J’obéis comme une automate. Puis avec violence et coups de pied, je me dégageais de lui et courrus jusqu’à l’épuisement dans le champ d’herbe coupée. Il y eut plusieurs scènes de ce genre ce même été. Mon père avait sur moi le terrible pouvoir de l’adulte sur l’enfant. J’avais beau me débattre il était plus fort que moi… Mon amour pour lui se tourna en mépris. Il avait brisé en moi la confiance en l’être humain. Que cherchait-il ? Là aussi, ce n’est pas simple. Le plaisir, il pouvait le trouver ailleurs. Non ! c’est l’interdit et la tentation du pouvoir absolu sur un autre être qui exerçait une fascination vertigineuse sur lui.
    • Mon secret, Nikki de Saint Phalle, éd. Editions de La Différence, 2010  (ISBN 978-2729119034), p. .


    Christine Angot, Une semaine de vacances, 2012

    Il est assis sur la lunette en bois blanc des toilettes, la porte est restée entrouverte, il bande. Riant à l’intérieur de lui-même, il sort de son papier une tranche de jambon blanc qu’ils ont achetée à la supérette du village, et la place sur son sexe. Elle est dans le couloir, elle sort de la salle de bain, elle marche, elle prend la direction de la chambre pour aller s’habiller, il l’appelle, lui dit de pousser la porte. - Tu as pris ton petit déjeuner ce matin ? Tu n’as pas faim ? Tu ne veux pas un peu de jambon ?
    • Une semaine de vacances, Christine Angot, éd. Flammarion, 1913, p. 13
    Ce livre va être pris comme une merde de témoignage. Le Codec, Le Touquet, la sodomisation, la voiture, le sucer pieds nus dans la voiture, lui manger des clémentines sur la queue, tendue, le voir aux toilettes, l'entendre pousser sa crotter, les pharaons d'Egypte, Champollion, le jour où on n'est pas allés à Carcassonne. Je vais essayer dans cet ordre.
    • L'inceste, Christine Angot, éd. Stock, 1999, p. 13