« Printemps » : différence entre les versions

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=== Prose poétique ===
=== Prose poétique ===
==== [[Anne Calife]], [[Paul et le Chat]], 2004 ====
==== [[Anne Calife]], ''Paul et le Chat'', 2004 ====


« Aux extrémités des branches, luisaient des bourgeons à carapaces vertes comme les chars.
{{citation|Aux extrémités des branches, luisaient des bourgeons à carapaces vertes comme les chars.
Pour le mois de mars, la météo annonçait un « beau fixe, un Printemps splendide » mais « du vent à Bagdad, un vent transportant le sable du désert ». Il commença à faire très chaud. Même divisés, les continents se rapprochaient peu à peu du soleil.
Pour le mois de mars, la météo annonçait un « beau fixe, un Printemps splendide » mais « du vent à Bagdad, un vent transportant le sable du désert ». Il commença à faire très chaud. Même divisés, les continents se rapprochaient peu à peu du soleil.
En silence.
En silence.


Quelque chose allait nous tomber dessus. Quelque part entre les branches noires de l’hiver, la mort nous fixait.
Quelque chose allait nous tomber dessus. Quelque part entre les branches noires de l’hiver, la mort nous fixait.


Le Printemps allait pouvoir commencer. »
Le Printemps allait pouvoir commencer.}}
{{Réf Livre|titre=Paul et le Chat |auteur= Anne Calife|éditeur=Mercure de France, réedition Menthol House|année=2004|page=9|ISBN=978-2-7152-2482-6}}
{{Réf Livre|titre=Paul et le Chat |auteur= Anne Calife|éditeur=Mercure de France, réedition Menthol House|année=2004|page=9|ISBN=978-2-7152-2482-6}}


{{citation|Paul, neuf mois. Son premier Printemps. Des yeux, je suis l'arc énorme de sa joue rose que surmonte celui plus petit de la cornée, puis au-dessus, un cil noir incurvé en aile d'oiseau. Et ses joues… si tendues qu'elles en allument des reflets. Entre la mer et le ciel, les soldats avancent lentement, leurs costumes gris volent sur le sable comme des poissons perdus.}}
==== [[Anne Calife]], [[Paul et le Chat]], 2004 ====

Paul, neuf mois. Son premier Printemps. Des yeux, je suis l'arc énorme de sa joue rose que surmonte celui plus petit de la cornée, puis au-dessus, un cil noir incurvé en aile d'oiseau. Et ses joues… si tendues qu'elles en allument des reflets. Entre la mer et le ciel, les soldats avancent lentement, leurs costumes gris volent sur le sable comme des poissons perdus. {{Réf Livre|titre=Paul et le Chat |auteur= Anne Calife|éditeur=Mercure de France, réedition Menthol House|année=2004|page=12|ISBN=978-2-7152-2482-6}}
{{Réf Livre|titre=Paul et le Chat |auteur= Anne Calife|éditeur=Mercure de France, réedition Menthol House|année=2004|page=12|ISBN=978-2-7152-2482-6}}


==== [[André Breton]]/[[Philippe Soupault]], [[Les Champs magnétiques|Les Champs Magnétiques]], 1919 ====
==== [[André Breton]]/[[Philippe Soupault]], [[Les Champs magnétiques|Les Champs Magnétiques]], 1919 ====

Version du 17 janvier 2014 à 15:45

Fichier:Cartes postales poissons d'avril - 1.jpg

Le printemps (du latin primus, premier, et tempus, temps, cette saison marquant traditionnellement le renouveau dans la nature) est l'une des quatre saisons des zones tempérées, suivant l'hiver et précédant l'été. Cette demi-saison correspond aux mois de mars, avril, mai et juin dans l'hémisphère nord.

Littérature

Poésie

Jules Laforgue, Les Complaintes, 1885

Permettez, ô sirène,
Voici que votre haleine
Embaume la verveine ;
C'est l'printemps qui s'amène !

- Ce système, en effet, ramène le printemps,
Avec son impudent cortège d'excitants.

  • « Complainte des printemps », dans Les Complaintes et les premiers poèmes (1885), Jules Laforgue, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1979, p. 72


Paul Eluard , Capitale de la douleur, 1926

Les Gertrude Hoffmann girls

Vous échangez un regard clair pour un printemps,

Le tour de votre taille pour un tour de fleur,
L'audace et le danger pour votre chair sans ombre,
Vous échangez l'amour pour des frissons d'épées
Et le rire inconscient pour des promesses d'aube.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Eluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Les Gertrude Hoffmann girls, p. 107


André Breton, Clair de Terre, 1931

L'Union Libre

Ma femme aux fesses de grès et d'amiante
Ma femme aux fesses de dos de cygne
Ma femme aux fesses de printemps
Au sexe de glaïeul.

  • Les surréalistes — Une génération entre le rêve et l'action (1991), Jean-Luc Rispail, éd. Gallimard, coll. « Découverte Gallimard Littérature », 2000  (ISBN 2-07-053140-6), chap. Témoignages et documents, André Breton, « L'Union Libre », 1931, in Clair de Terre, p. 148


Prose poétique

Anne Calife, Paul et le Chat, 2004

Aux extrémités des branches, luisaient des bourgeons à carapaces vertes comme les chars.

Pour le mois de mars, la météo annonçait un « beau fixe, un Printemps splendide » mais « du vent à Bagdad, un vent transportant le sable du désert ». Il commença à faire très chaud. Même divisés, les continents se rapprochaient peu à peu du soleil. En silence.

Quelque chose allait nous tomber dessus. Quelque part entre les branches noires de l’hiver, la mort nous fixait.

Le Printemps allait pouvoir commencer.
  • Paul et le Chat, Anne Calife, éd. Mercure de France, réedition Menthol House, 2004  (ISBN 978-2-7152-2482-6[à vérifier : ISBN invalide]), p. 9


Paul, neuf mois. Son premier Printemps. Des yeux, je suis l'arc énorme de sa joue rose que surmonte celui plus petit de la cornée, puis au-dessus, un cil noir incurvé en aile d'oiseau. Et ses joues… si tendues qu'elles en allument des reflets. Entre la mer et le ciel, les soldats avancent lentement, leurs costumes gris volent sur le sable comme des poissons perdus.
  • Paul et le Chat, Anne Calife, éd. Mercure de France, réedition Menthol House, 2004  (ISBN 978-2-7152-2482-6[à vérifier : ISBN invalide]), p. 12


André Breton/Philippe Soupault, Les Champs Magnétiques, 1919

Ce sont des plantes de toute beauté plutôt mâles que femelles et souvent les deux à la fois. Elles ont tendance à s'enrouler bien des fois avant de s'éteindre fougères. Les plus charmantes se donnent la peine de nous calmer avec des mains de sucre et le printemps arrive.
  • Cette citation provient d'une revue dirigée par André Breton.


André Breton, Poisson soluble, 1924

Le paysage de Paris rossignol du monde variait de minute en minute et parmi les cires de ses coiffeurs élançait ses jolis arbres printaniers, pareils à l'inclinaison de l'âme sur l'horizon.


Le réverbère : « Sonia et Michelle feront bien de se méfier du rameau de fièvre qui garde les portes de Paris ; l'évidence est qu'on ne fendra plus le bois de l'amour avant cette nuit. Si bien... si bien que je ne les vois pas blanches par ce printemps nocturne, pour peu que leur cheval prenne peur. Mieux vaudrait pour elles éviter la curiosité des lèvres, si elles succombent à la tentation des ponts jetés sur les regards. (Je vais les tracer.) ».


Plus tard, quand la bouteille de rosée sautera, et que vous entrerez silencieusement dans les feuilles, et que l'absolu printemps qui se prépare ouvrira son écluse, vous songerez à l'amant de la Porte Albinos qui reposera sur les claies du plaisir, ne demandant qu'à reprendre à Dieu ce que Dieu lui a pris.


Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958

Travaux du poète

[...] après m'être jugé et m'être condamné à l'attente perpétuelle et à la perpétuelle solitude, j'ai écouté contre les pierres de mon cachot de syllogismes l'attaque humide, tendre et insistante du printemps.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — XI, p. 57


Le figuier

Les jours de calme, le figuier était une caravelle de jade pétrifiée, qui se balançait imperceptiblement, attachée à un mur noir qu'éclaboussait de vert la marée du printemps. Mais lorsque soufflait le vent de mars, elle se frayait, ses vertes voiles gonflées, un passage à travers la lumière et les nuages. Je grimpais à la cime, et ma tête émergeait d'entre les grandes feuilles, picorée par les oiseaux, couronnée de prophéties.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Aigle ou Soleil ? — Le figuier, p. 94


Roman

Gabriele D'Annunzio, Le Feu, 1900

À cette heure, édifié par les subtils génies du Feu, un temple nouveau s’élevait là même où, dans le crépuscule, on avait cru voir un neptunien palais d’argent dont l’architecture imitait les torsions des conques marines. C’était, agrandi, un de ces labyrinthes construits sur le fer des landiers, demeures aux cent portes habitées par les présages ambigus ; un de ces fragiles châteaux vermeils aux mille fenêtres, où se montrent un moment les princesses salamandres qui rient voluptueusement au poète charmé. Rose comme une lune naissante rayonnait sur la triple loggia la sphère de la Fortune, supportée par les épaules des Atlantes ; et ses reflets engendraient un cycle de satellites. Du quai des Esclavons, de la Giudecca, de San Giorgio, avec un crépitement continu, des faisceaux de tiges enflammées convergeaient au zénith et s’y épanouissaient en roses, en lis, en palmes, formant un jardin aérien qui se détruisait et se renouvelait sans cesse par des floraisons de plus en plus riches et étranges. C’était une rapide succession de printemps et d’automnes à travers l’empyrée. Une immense pluie scintillante de pétales et de feuillages tombait des dissolutions célestes et enveloppait toutes choses d’un tremblement d’or. Au loin, vers la lagune, par les déchirures ouvertes dans cet or mobile, on voyait s’avancer une flotte pavoisée : une escadre de galères semblables peut-être à celles qui naviguent dans le rêve du luxurieux dormant son dernier sommeil sur un lit imprégné de parfums mortels. Comme celles-là peut-être, elles avaient des cordages composés avec les chevelures tordues des esclaves capturées dans les villes conquises, ruisselants encore d’une huile suave ; comme celles-là, elles avaient leurs cales chargées de myrrhe, de nard, de benjoin, d’éléomiel, de cinnamome, de tous les aromates, et de santal, de cèdre, de térébinthe, de tous les bois odoriférants accumulés en plusieurs couches. Les indescriptibles couleurs des flammes dont elles apparaissaient pavoisées évoquaient les parfums et les épices. Bleues, vertes, glauques, safranées, violacées, de nuances indistinctes, ces flammes semblaient jaillir d’un incendie intérieur et se colorer de volatilisations inconnues. Ainsi sans doute flamboyèrent, dans les antiques fureurs du saccage, les profonds réservoirs d’essences qui servaient à macérer les épouses des princes syriens. Telle maintenant, sur l’eau parsemée des matières en fusion qui gémissaient le long des carènes, la flotte magnifique et perdue s’avançait vers le bassin, lentement, comme si des rêves ivres eussent été ses pilotes et qu’ils l’eussent conduite se consumer en face du Lion stylite, gigantesque bûcher votif dont l’âme de Venise resterait parfumée et stupéfiée pour l’éternité.
  • Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 241


Colette, La Maison de Claudine, 1922

Il n’est qu’un jeune chat, fruit des amours — et de la mésalliance — de Moune, chatte persane bleue, avec n’importe quel rayé anonyme. Dieu sait si le rayé abonde, dans les jardins d’Auteuil ! Par les jours de printemps précoce, aux heures du jour où la terre, dégelée, fume sous le soleil et embaume, certains massifs, certaines plates-bandes ameublies qui attendent les semis et les repiquages, semblent jonchés de couleuvres : les seigneurs rayés, ivres d’encens végétal, tordent leurs reins, rampent sur le ventre, fouettent de la queue et râpent délicatement sur le sol leur joue droite, leur joue gauche, pour l’imprégner de l’odeur prometteuse de printemps — ainsi une femme touche, de son doigt mouillé de parfum, ce coin secret, sous l’oreille.
  • La Maison de Claudine (1922), Colette, éd. Imprimerie Moderne de Nantes, coll. « Super-Bibliothèque », 1976  (ISBN 2-261-00093-6), Les Deux Chattes, p. 215


André Breton, L'Amour fou, 1937

Dans la mesure même où j'ai pu m'abandonner durant plusieurs jours à l'idée a priori purement séduisante que je puis être en quelque sorte attendu, voire cherché, par un être auquel je prête tant de charmes, le fait que cette idée vient de se découvrir des bases réelles ne peut manquer de me précipiter dans un abîme de négations. De quoi suis-je capable en fin de compte et que ferai-je pour ne pas démériter d'un tel sort ? Je vais devant moi mécaniquement, dans un grand bruit de grilles qu'on ferme. Aimer, retrouver la grâce perdue du premier instant où l'on aime... Toutes sortes de défenses se peignent autour de moi, des rires clairs fusent des années passées pour finir en sanglots, sous les grands battements d'ailes grises d'une nuit peu sûre de printemps. Peu sûre : c'est bien, en effet, toute l'insécurité qui est en moi dès que, cette nuit-là, je me reprends à lire dans l'avenir ce qui pourrait, ce qui devrait être si le coeur disposait. La liberté à l'égard des autres êtres, la liberté à l'égard de celui qu'on a été semble ne se faire alors si tentante que pour mieux m'accabler de ses défis.


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