« Rire » : différence entre les versions

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La fée Didier (discussion | contributions)
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|précisions=Cette maxime est tirée d'Aristote, ''De partibus animalium'', 3, 10. Elle se retrouve aussi dans les œuvres de Guillaume Bouchet, poète et ami de Rabelais.}}
|précisions=Cette maxime est tirée d'Aristote, ''De partibus animalium'', 3, 10. Elle se retrouve aussi dans les œuvres de Guillaume Bouchet, poète et ami de Rabelais.}}
{{Réf Livre|section=Avertissement au lecteur|titre=Gargantua|auteur=François Rabelais|éditeur=Seuil (Points)|année=1995|année d'origine=1534|page=45|s=Gargantua}}
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==== [[Julien Green]], ''Léviathan'', 1929 ====
{{citation|citation=Au milieu du chantier, se dressaient trois tas de charbon, de taille égale, séparés les uns des autres, malgré les éboulements qui brisaient la pointe de leurs sommets et tentaient de rapprocher leurs bases en les élargissant. Tous trois renvoyaient avec force la lumière qui les inondait ; une muraille de plâtre n'eût pas paru plus blanche que le versant qu'ils exposaient à la lune, mais alors que le plâtre est terne, les facettes diamantées du minerai brillaient comme une eau qui s'agite et chatoie. Cette espèce de ruissellement immobile donnait aux masses de houille et d'anthracite un caractère étrange ; elles semblaient palpiter ainsi que des êtres à qui l'astre magique accordait pour quelques heures une vie mystérieuse et terrifiante. L'une d'elles portait au flanc une longue déchirure horizontale qui formait un sillon où la lumière ne parvenait pas, et cette ligne noire faisait songer à un rire silencieux dans une face de métal. Derrière elles, leurs ombres se rejoignaient presque, creusant des abîmes triangulaires d'où elles paraissaient être montées jusqu'à la surface du sol comme d'un enfer. La manière fortuites dont elles étaient posées, telles trois personnes qui s'assemblent pour délibérer, les revêtait d'une grandeur sinistre.}}{{Réf Livre|titre=Léviathan|auteur=[[Julien Green]]|éditeur=Fayard|collection=Le Livre de Poche|année=1993|année d'origine=1929|année d'origine=1897|page=169|chapitre=XIII|ISBN=978-2-253-09940-}}


==== [[André Breton]], ''[[w:L'Amour fou|L'Amour fou]]'', [[w:1937 en littérature|1937]] ====
==== [[André Breton]], ''[[w:L'Amour fou|L'Amour fou]]'', [[w:1937 en littérature|1937]] ====

Version du 18 avril 2012 à 07:27

Rembrandt (1628)

Le rire marque un sentiment de gaieté par un mouvement de la bouche accompagné souvent de bruit et par une expression correspondante des regards et des traits du visage.

Cinéma

Marcel Pagnol, Le Schpountz, 1937-1938

Irénée : Faire rire ! Devenir un roi du rire ! C’est moins effrayant que d’être guillotiné, mais c’est aussi infamant.


Irénée : Celui qui fait rire tout le monde, c’est qu’il se montre inférieur à tous.


Irénée : Mais le rire, le rire… C’est une espèce de convulsion absurde et vulgaire…


Claude Lelouch, L'aventure c'est l'aventure, 1972

Jacques : Souriez, d'autant que le rire est le propre de l'homme, tout de même.
Aldo : C'est pas à toi, cette phrase.
Jacques : Non, mais ça fait plaisir à entendre.


Littérature

Écrit intime

Paul Klee, Journal, 1957

Rire à se pâmer. Et je le dis à nouveau, ce rire élève au-dessus de l'animal.


Prose poétique

André Breton/Philippe Soupault, Les Champs Magnétiques, 1919

Je ris, tu ris, il rit, nous rions aux larmes en élevant le ver que les ouvriers veulent tuer. On a le calembour aux lèvres et des chansons étroites.


Joyce Mansour, Dolman le maléfique, 1961

Il ne laissa rien au hasard car l'imprévu est père du rire et le rire libère, allège et arrache le guidon des pattes démoniaques.
  • « Dolman le maléfique », Joyce Mansour, La Brèche, nº 1, Octobre 1961, p. 50


Roman

François Rabelais, Gargantua, 1534

Le rire est le propre de l'homme.
  • Cette maxime est tirée d'Aristote, De partibus animalium, 3, 10. Elle se retrouve aussi dans les œuvres de Guillaume Bouchet, poète et ami de Rabelais.


André Breton, L'Amour fou, 1937

Dans la mesure même où j'ai pu m'abandonner durant plusieurs jours à l'idée a priori purement séduisante que je puis être en quelque sorte attendu, voire cherché, par un être auquel je prête tant de charmes, le fait que cette idée vient de se découvrir des bases réelles ne peut manquer de me précipiter dans un abîme de négations. De quoi suis-je capable en fin de compte et que ferai-je pour ne pas démériter d'un tel sort ? Je vais devant moi mécaniquement, dans un grand bruit de grilles qu'on ferme. Aimer, retrouver la grâce perdue du premier instant où l'on aime... Toutes sortes de défenses se peignent autour de moi, des rires clairs fusent des années passées pour finir en sanglots, sous les grands battements d'ailes grises d'une nuit peu sûre de printemps. Peu sûre : c'est bien, en effet, toute l'insécurité qui est en moi dès que, cette nuit-là, je me reprends à lire dans l'avenir ce qui pourrait, ce qui devrait être si le coeur disposait. La liberté à l'égard des autres êtres, la liberté à l'égard de celui qu'on a été semble ne se faire alors si tentante que pour mieux m'accabler de ses défis.


Dominique Fernandez, Porporino ou les mystères de Naples, 1974

« — Eh bien ! soyons plus précis. Ces yeux aux reflets verts, ces lèvres de corail, ces cheveux qui bouclent avec tant de grâce sans le secours des fers, votre teint, Feliciano, votre manière de marcher, de vous tenir, n'appartiennent pas, j'en mets ma main au feu, à une petite victime de la cruauté sacerdotale.
« A-t-il entendu dire, me demandai-je, que je passe pour être né de la fornication d'un prêtre ? J'allais éclater de rire à cause de la tournure fadement complimenteuse et bizarrement alambiquée de sa phrase, quand je m'avisai, par je ne sais quel frémissement qui parcourut ma personne, que peut-être le chevalier de Casanova ne songeait nullement à goûter avec moi les douceurs de la paternité.
« — Feliciano, reprit-il, je suis sûr que votre conformation diffère de la mienne.
« J'hésitais encore à comprendre.
« — Vous n'êtes qu'une beauté travestie.
« — Monsieur, répondis-je, je suis Feliciano Marchesi.
« — Ma chère, vous êtes une jolie femme déguisée. Si la longue contemplation que j'ai faite de vos charmes ne m'en avait donné l'assurance, je n'aurais jamais eu l'effronterie de vous attirer derrière ce rideau.

  • Porporino ou les mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974  (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Une méprise plutôt étrange, p. 233


Philosophie

Psychanalyse

Daniel Sibony, Les Sens du rire et de l'humour, 2010

Pour Baudelaire, le rire naît du choc entre deux infinis, celui qui sépare l'homme de Dieu et celui qui le sépare de l'animal. Mais l'homme est lui-même l'entrechoc fugace de ces deux infinis.
  • Les Sens du rire et de l'humour, Daniel Sibony, éd. Odile Jacob, 2010, p. 12