« Conscience » : différence entre les versions

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Clelie Mascaret (discussion | contributions)
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{{citation|citation=<poem>[...] je considère qu'une perte d'équilibre peut être quelque chose de salutaire puisque, grâce à elle, le conscient défaillant sera remplacé par l'activité automatique et instructive de l'inconscient ; celui-ci visera à la reconstitution d'un nouvel équilibre, but qu'il est capable d'atteindre... ''pourvu que le conscient soit en état d'assimiler les contenus produits par l'inconscient, c'est-à-dire de les comprendre et de les intégrer.''
{{citation|citation=<poem>[...] je considère qu'une perte d'équilibre peut être quelque chose de salutaire puisque, grâce à elle, le conscient défaillant sera remplacé par l'activité automatique et instructive de l'inconscient ; celui-ci visera à la reconstitution d'un nouvel équilibre, but qu'il est capable d'atteindre... ''pourvu que le conscient soit en état d'assimiler les contenus produits par l'inconscient, c'est-à-dire de les comprendre et de les intégrer.''
Car en effet, à ce carrefour, plusieurs éventualités sont possibles : celle que nous venons d'envisager est la plus heureuse. Il en est une seconde : si l'inconscient engloutit le conscient et saccage les instances conscientes, cela entraîne un état psychotique. La troisième éventualité enfin est la suivante : l'inconscient ne peut pas réaliser entièrement un raz de marée comme dans la seconde éventualité, sans pourtant que se crée la compréhension créatrice de la première éventualité ; alors se produit un conflit qui paralyse toute possibilité de progrès et d'évolution.</poem>}}
Car en effet, à ce carrefour, plusieurs éventualités sont possibles : celle que nous venons d'envisager est la plus heureuse. Il en est une seconde : si l'inconscient engloutit le conscient et saccage les instances conscientes, cela entraîne un état psychotique. La troisième éventualité enfin est la suivante : l'inconscient ne peut pas réaliser entièrement un raz de marée comme dans la seconde éventualité, sans pourtant que se crée la compréhension créatrice de la première éventualité ; alors se produit un conflit qui paralyse toute possibilité de progrès et d'évolution.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Dialectique du Moi et de l'inconscient|auteur=Carl Gustav Jung|traducteur=Docteur Roland Cahen|éditeur=Gallimard|collection=Folio Essais|année=1964|année d'origine=1933|partie=I. Des effets de l'inconscient sur le conscient|chapitre=III. La « persona », élément constitutif de la psyché collective|page=92|section=|ISBN=2-07-032372-2}}
{{Réf Livre|titre=Dialectique du Moi et de l'inconscient|auteur=[[Carl Gustav Jung]]|traducteur=Docteur Roland Cahen|éditeur=Gallimard|collection=Folio Essais|année=1964|année d'origine=1933|partie=I. Des effets de l'inconscient sur le conscient|chapitre=III. La « persona », élément constitutif de la psyché collective|page=92|section=|ISBN=2-07-032372-2}}


{{citation|citation=Ce n'est pas chose insignifiante que de voir s'effondrer, chez un être humain, l'attitude et les structures conscientes. C'est en petit une véritable fin du monde, le sujet a l'impression que tous les éléments qui constituaient sa vie retombent dans une manière de chaos originel. Il se sent abandonné, désorienté, vulnérable à l'extrême, tel un navire sans gouvernail et livré aux fureurs des éléments. C'est du moins ce qui semble être et l'impression qu'il en a. L'expérience montre que la réalité est un peu différente : en fait, l'être, abandonné par son conscient, est retombé dans ses plans inconscients collectifs, auxquels il est livré.}}
{{citation|citation=Ce n'est pas chose insignifiante que de voir s'effondrer, chez un être humain, l'attitude et les structures conscientes. C'est en petit une véritable fin du monde, le sujet a l'impression que tous les éléments qui constituaient sa vie retombent dans une manière de chaos originel. Il se sent abandonné, désorienté, vulnérable à l'extrême, tel un navire sans gouvernail et livré aux fureurs des éléments. C'est du moins ce qui semble être et l'impression qu'il en a. L'expérience montre que la réalité est un peu différente : en fait, l'être, abandonné par son conscient, est retombé dans ses plans inconscients collectifs, auxquels il est livré.}}
{{Réf Livre|titre=Dialectique du Moi et de l'inconscient|auteur=Carl Gustav Jung|traducteur=Docteur Roland Cahen|éditeur=Gallimard|collection=Folio Essais|année=1964|année d'origine=1933|partie=I. Des effets de l'inconscient sur le conscient|chapitre=IV. Tentatives pour extraire et libérer l'individualité de la psyché collective|page=92|section=''La reconstitution régressive de la'' persona|ISBN=2-07-032372-2}}
{{Réf Livre|titre=Dialectique du Moi et de l'inconscient|auteur=[[Carl Gustav Jung]]|traducteur=Docteur Roland Cahen|éditeur=Gallimard|collection=Folio Essais|année=1964|année d'origine=1933|partie=I. Des effets de l'inconscient sur le conscient|chapitre=IV. Tentatives pour extraire et libérer l'individualité de la psyché collective|page=92|section=''La reconstitution régressive de la'' persona|ISBN=2-07-032372-2}}


{{citation|citation=Le secret de [la] philosophie alchimique, et sa clé ignorée pendant des siècles, c'est précisément le fait, l'existence de la fonction transcendante, de la métamorphose de la personnalité, grâce au mélange et à la synthèse de ses facteurs nobles et de ses constituants grossiers, de l'alliage des fonctions différenciées et de celles qui ne le sont pas, en bref, des épousailles, dans l'être, de son conscient et de son inconscient.}}
{{citation|citation=Le secret de [la] philosophie alchimique, et sa clé ignorée pendant des siècles, c'est précisément le fait, l'existence de la fonction transcendante, de la métamorphose de la personnalité, grâce au mélange et à la synthèse de ses facteurs nobles et de ses constituants grossiers, de l'alliage des fonctions différenciées et de celles qui ne le sont pas, en bref, des épousailles, dans l'être, de son conscient et de son inconscient.}}
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{{citation|citation=Quiconque y réfléchit se fera une idée approximative de la manière dont se déroule la métamorphose de la personnalité. Du fait de sa participation active, le sujet se mêle aux processus inconscients et il en devient détenteur en se laissant pénétrer et saisir par eux. Ainsi, il relie en lui les plans conscients et les plans inconscients. Le résultat en est un mouvement ascensionnel dans la flamme, la métamorphose dans la chaleur alchimique et la naissance de l'« esprit subtil ».}}
{{citation|citation=Quiconque y réfléchit se fera une idée approximative de la manière dont se déroule la métamorphose de la personnalité. Du fait de sa participation active, le sujet se mêle aux processus inconscients et il en devient détenteur en se laissant pénétrer et saisir par eux. Ainsi, il relie en lui les plans conscients et les plans inconscients. Le résultat en est un mouvement ascensionnel dans la flamme, la métamorphose dans la chaleur alchimique et la naissance de l'« esprit subtil ».}}
{{Réf Livre|titre=Dialectique du Moi et de l'inconscient|auteur=[[Carl Gustav Jung]]|traducteur=Docteur Roland Cahen|éditeur=Gallimard|collection=Folio Essais|année=1964|année d'origine=1933|partie=II. L'Individuation|chapitre=III. Les techniques de la différenciation entre le Moi et les figures de l'inconscient|page=225|ISBN=2-07-032372-2}}
{{Réf Livre|titre=Dialectique du Moi et de l'inconscient|auteur=[[Carl Gustav Jung]]|traducteur=Docteur Roland Cahen|éditeur=Gallimard|collection=Folio Essais|année=1964|année d'origine=1933|partie=II. L'Individuation|chapitre=III. Les techniques de la différenciation entre le Moi et les figures de l'inconscient|page=225|ISBN=2-07-032372-2}}

=== [[Charles Baudouin]], ''L'Oeuvre de [[Carl Gustav Jung|Jung]] et la psychologie complexe'', 1963 ===
{{citation|citation=<poem>L'inconscient freudien, du moins à l'origine, c'est surtout ce que l'individu a refoulé. C'est donc du conscient rejeté, devenu inconscient par une sorte d'accident. Mieux encore, les refoulements essentiels étant ceux de l'enfance, cet inconscient est bien prêt de coïncider avec l'infantile : c'est, pourrait-on dire, l'enfant qui survit secrètement en nous [...].
[[Sigmund Freud|Freud]] a fort bien admis ensuite l'existence d'éléments inconscients qui ne procèdent pas du refoulement — qui sont inconscients par nature. Mais c'est bien l'inconscient refoulé qui est au centre de ses recherches, qui a pour lui une signification pratique ; car l'analyse a essentiellement à ses yeux pour fonction de défaire des refoulements, de réparer des accidents.
L'attention de [[Carl Gustav Jung|Jung]] va au contraire se porter avec prédilection sur ces autres éléments qui seraient inconscients par nature, et ainsi la perspective s'élargit singulièrement. Il se plaît à dire que ce serait étriquer fort l'inconscient que de le réduire à des miettes tombées de la table du conscient. Il est plus conforme à ce que nous savons d'admettre que la conscience est une acquisition tardive, et qu'elle a lentement émergé d'un inconscient primordial.
Tandis que l'inconscient refoulé de [[Sigmund Freud|Freud]] a un caractère strictement individuel, puisqu'il procède du vécu infantile de chacun, l'inconscient primordial apparaît d'emblée à [[Carl Gustav Jung|Jung]] comme « collectif » dans ses grandes lignes — collectif se définissant essentiellement ici comme : identique chez les divers individus.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=L'Oeuvre de [[Carl Gustav Jung|Jung]] et la psychologie complexe|auteur=[[Charles Baudouin]]|éditeur=Payot & Rivages|collection=Petite Bibliothèque Payot|année=2002|année d'origine=1963|page=73|partie=I. Idées directrices|chapitre=II. Les structures de l'inconscient — L'inconscient collectif|section=Structures de l'inconscient|ISBN=2-228-89570-97}}


=== Ysé Tardan-Masquelier, ''Jung et la question du sacré'', 1992 ===
=== Ysé Tardan-Masquelier, ''Jung et la question du sacré'', 1992 ===

Version du 27 mars 2012 à 19:41

La conscience correspond à la perception, la connaissance plus ou moins claire que chacun peut avoir de son existence et de celle du monde extérieur.

Elle désigne également le sentiment intérieur qui pousse à porter un jugement de valeur sur ses propres actes ; sens du bien et du mal.

Enseignement

Cours de littérature européenne

Vladimir Nabokov, Littératures, 1941-1958

Je me souviens d'un dessin où l'on voyait un ramoneur, qui tombait du toit d'un haut immeuble, remarquer en passant une faute d'orthographe sur une enseigne et se demander, tout en poursuivant sa chute, pourquoi personne n'avait pensé à la corriger. En un sens, nous faisons tous le même plongeon mortel, du haut de l'étage supérieur de notre naissance jusqu'aux dalles plates du cimetière, et en compagnie d'une immortelle Alice au pays des merveilles, nous nous étonnons de ce que nous voyons défiler sur les murs. Cette capacité de s'étonner devant des petites choses en dépit du péril imminent, ces à-côtés de l'esprit, ces notes au bas des pages du livre de la vie, constituent les formes les plus hautes de la conscience, et c'est dans cet état d'esprit naïvement spéculatif, si différent du bon sens et de sa logique, que nous savons que le monde est bon.

  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, L'Art de la littérature et le bon sens, p. 486


Les fous ne sont fous que parce qu'ils ont profondément et imprudemment démantelé un monde familier, mais n'ont pas le pouvoir – ou ont perdu le pouvoir – d'en créer un nouveau aussi harmonieux que l'ancien. L'artiste, lui, désassemble ce qu'il choisit de désassembler, et, ce faisant, a conscience du fait que quelque chose en lui a conscience du résultat final. Lorsqu'il examine son chef-d'oeuvre terminé, il sait que, malgré l'inconsciente opération mentale qui a accompagné le grand saut créateur, ce résultat final est l'achèvement d'un plan défini, qui était contenu dans le choc initial.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, L'Art de la littérature et le bon sens, p. 491


Guide

Christine Harache, Toute la fonction d'assistante, 2008

Une approche de l'interculturel

[En France] Les personnes ont la fierté du travail bien fait. Elles entretiennent une relation très affective au travail, où les seuls comptes à rendre le sont à sa conscience, à son sens de l'honneur. L'important, c'est de remplir ses devoirs. C'est plus important que de respecter un contrat. Il y a une sorte de chevalerie, de noblesse du travail.
  • Toute la fonction d'assistante, Christine Harache, éd. Dunod, 2008  (ISBN 978-10-050545-6[à vérifier : ISBN invalide]), partie 1. Les Savoirs, Une approche de l'interculturel : La France ou la logique de l'honneur, p. 31


Littérature

Prose poétique

André Breton, Poisson soluble, 1924

Je n'ouvre ma porte qu'à la pluie et pourtant on sonne à chaque instant et je suis sur le point de m'évanouir quand on insiste, mais je compte sur la jalousie de la pluie pour me délivrer enfin et, lorsque je tends mes filets aux oiseaux du sommeil, j'espère avant tout capter les merveilleux paradis de la pluie totale, l'oiseau-pluie comme il y a l'oiseau-lyre. Aussi ne me demandez pas si je vais bientôt pénétrer dans la conscience de l'amour comme certains le donnent à entendre, je vous répète que si vous me voyez me diriger vers un château de verre où s'apprêtent à m'accueillir des mesures de volume nickelées, c'est pour y surprendre la Pluie au bois dormant qui doit devenir mon amante.


René Char, Fureur et mystère, 1948

Argument

Sur les arêtes de notre amertume, l'aurore de la conscience s'avance et dépose son limon.
  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie SEULS DEMEURENT (1938-1944), Argument, p. 19


Partage formel

Mourir, ce n'est jamais que contraindre sa conscience, au moment même où elle s'abolit, à prendre congé de quelques quartiers physiques actifs ou somnolents d'un corps qui nous fut passablement étranger puisque sa connaissance ne nous vint qu'au travers d'expédients mesquins et sporadiques. Gros bourg sans grâce au brouhaha duquel s'employaient des habitants modérés... Et au-dessus de cet atroce hermétisme s'élançait une colonne d'ombre à face voûtée, endolorie et à demi aveugle, de loin en loin — ô bonheur — scalpée par la foudre.
  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie SEULS DEMEURENT (1938-1944), Partage formel, p. 71


Roman

Marie d'Agoult, Nélida, 1866

Il était impossible que l'esprit sérieux, l'âme délicate, le caractère invinciblement porté à la droiture de Nélida ne fussent point froissés par ce qu'il y avait de faux dans cette société devenue la sienne. Mais la jeunesse est lente à se rendre compte de ses impressions et à les transformer en jugement. Il faut une force rare pour s'arracher au joug de la coutume. L'opinion établie semble tout naturellement l'opinion respectable, et les intelligences les plus fermes se défient d'elles-mêmes lorsqu'elles se sentent portées à franchir le cercle tracé par des mots aussi solennels que ceux de religion, de famille, d'honneur : mots trois fois saints, à l'abri desquels le monde a su placer les choses les moins dignes de vénération et de sacrifice. Aussi Nélida, surprise, incertaine, cherchait vainement à mettre d'accord ce qu'elle voyait et ce qu'elle entendait avec la voix intime de sa conscience. Tantôt, elle se sentait attirée par des grâces si nobles qu'elles semblaient presque des vertus ; tantôt elle était repoussée par des hypocrisies grossières ou des maximes d'un égoïsme cynique. Les entretiens des jeunes filles avec lesquelles elle s'était liée n'étaient qu'un commentaire plus libre des conversations du couvent, et les fades galanteries des jeunes gens au bal blessaient sa simple fierté qui n'y trouvait rien à répondre. Un ennui insurmontable la gagnait, son coeur attristé se rouvrait au désir de la vie religieuse.


Gabriele D'Annunzio, Le Feu, 1900

Il parlait avec un fluide abandon, car il voyait l’esprit de la femme attentive se faire concave comme un calice pour recevoir cette onde et voulait le remplir jusqu’au bord. Une félicité spirituelle de plus en plus limpide se répandait en lui, jointe à une conscience vague de l’action mystérieuse par où son intelligence se préparait à l’effort prochain. De temps à autre, comme dans un éclair, tandis qu’il se penchait vers cette amie seule et entendait la rame mesurer le silence du large estuaire, il entrevoyait l’image de la foule aux visages innombrables, pressée dans la salle profonde ; et un tremblement rapide lui agitait le cœur.
  • Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 14


Tonino Benacquista, Le serrurier volant, 2009

Une victime, c'est un peu le contraire d'un rebelle. On n'aime pas entendre parler des victimes. Elles sont le miroir d'une mauvaise conscience, leur douleur est gênante, et leur cri insupportable.
  • Le serrurier volant, Tonino Benacquista, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2009, p. 120-121


Psychanalyse

Carl Gustav Jung, Dialectique du Moi et de l'inconscient, 1933

Quiconque progresse sur la route de la réalisation de son Soi, inconscient, rendra nécessairement conscients les contenus de l'inconscients personnel, ce qui élargira considérablement l'étendue, les horizons et la richesse de la personnalité. Soulignons tout de suite que cet « élargissement » concerne au premier chef la conscience morale et la connaissance de soi-même ; car les contenus de l'inconscient que l'analyse libère et qui passent dans le conscient sont, en règle générale, tout d'abord des contenus désagréables, qui comme tels ont été refoulés : souvenirs, désirs, tendances, projets, etc.
  • Dialectique du Moi et de l'inconscient (1933), Carl Gustav Jung (trad. Docteur Roland Cahen), éd. Gallimard, coll. « Folio Essais », 1964  (ISBN 2-07-032372-2), partie I. Des effets de l'inconscient sur le conscient, chap. I. L'inconscient personnel et collectif, p. 43


[...] je considère qu'une perte d'équilibre peut être quelque chose de salutaire puisque, grâce à elle, le conscient défaillant sera remplacé par l'activité automatique et instructive de l'inconscient ; celui-ci visera à la reconstitution d'un nouvel équilibre, but qu'il est capable d'atteindre... pourvu que le conscient soit en état d'assimiler les contenus produits par l'inconscient, c'est-à-dire de les comprendre et de les intégrer.
Car en effet, à ce carrefour, plusieurs éventualités sont possibles : celle que nous venons d'envisager est la plus heureuse. Il en est une seconde : si l'inconscient engloutit le conscient et saccage les instances conscientes, cela entraîne un état psychotique. La troisième éventualité enfin est la suivante : l'inconscient ne peut pas réaliser entièrement un raz de marée comme dans la seconde éventualité, sans pourtant que se crée la compréhension créatrice de la première éventualité ; alors se produit un conflit qui paralyse toute possibilité de progrès et d'évolution.

  • Dialectique du Moi et de l'inconscient (1933), Carl Gustav Jung (trad. Docteur Roland Cahen), éd. Gallimard, coll. « Folio Essais », 1964  (ISBN 2-07-032372-2), partie I. Des effets de l'inconscient sur le conscient, chap. III. La « persona », élément constitutif de la psyché collective, p. 92


Ce n'est pas chose insignifiante que de voir s'effondrer, chez un être humain, l'attitude et les structures conscientes. C'est en petit une véritable fin du monde, le sujet a l'impression que tous les éléments qui constituaient sa vie retombent dans une manière de chaos originel. Il se sent abandonné, désorienté, vulnérable à l'extrême, tel un navire sans gouvernail et livré aux fureurs des éléments. C'est du moins ce qui semble être et l'impression qu'il en a. L'expérience montre que la réalité est un peu différente : en fait, l'être, abandonné par son conscient, est retombé dans ses plans inconscients collectifs, auxquels il est livré.
  • Dialectique du Moi et de l'inconscient (1933), Carl Gustav Jung (trad. Docteur Roland Cahen), éd. Gallimard, coll. « Folio Essais », 1964  (ISBN 2-07-032372-2), partie I. Des effets de l'inconscient sur le conscient, chap. IV. Tentatives pour extraire et libérer l'individualité de la psyché collective, La reconstitution régressive de la persona, p. 92


Le secret de [la] philosophie alchimique, et sa clé ignorée pendant des siècles, c'est précisément le fait, l'existence de la fonction transcendante, de la métamorphose de la personnalité, grâce au mélange et à la synthèse de ses facteurs nobles et de ses constituants grossiers, de l'alliage des fonctions différenciées et de celles qui ne le sont pas, en bref, des épousailles, dans l'être, de son conscient et de son inconscient.
  • Dialectique du Moi et de l'inconscient (1933), Carl Gustav Jung (trad. Docteur Roland Cahen), éd. Gallimard, coll. « Folio Essais », 1964  (ISBN 2-07-032372-2), partie II. L'Individuation, chap. III. Les techniques de la différenciation entre le Moi et les figures de l'inconscient, p. 216


Quiconque y réfléchit se fera une idée approximative de la manière dont se déroule la métamorphose de la personnalité. Du fait de sa participation active, le sujet se mêle aux processus inconscients et il en devient détenteur en se laissant pénétrer et saisir par eux. Ainsi, il relie en lui les plans conscients et les plans inconscients. Le résultat en est un mouvement ascensionnel dans la flamme, la métamorphose dans la chaleur alchimique et la naissance de l'« esprit subtil ».
  • Dialectique du Moi et de l'inconscient (1933), Carl Gustav Jung (trad. Docteur Roland Cahen), éd. Gallimard, coll. « Folio Essais », 1964  (ISBN 2-07-032372-2), partie II. L'Individuation, chap. III. Les techniques de la différenciation entre le Moi et les figures de l'inconscient, p. 225


Charles Baudouin, L'Oeuvre de Jung et la psychologie complexe, 1963

L'inconscient freudien, du moins à l'origine, c'est surtout ce que l'individu a refoulé. C'est donc du conscient rejeté, devenu inconscient par une sorte d'accident. Mieux encore, les refoulements essentiels étant ceux de l'enfance, cet inconscient est bien prêt de coïncider avec l'infantile : c'est, pourrait-on dire, l'enfant qui survit secrètement en nous [...].
Freud a fort bien admis ensuite l'existence d'éléments inconscients qui ne procèdent pas du refoulement — qui sont inconscients par nature. Mais c'est bien l'inconscient refoulé qui est au centre de ses recherches, qui a pour lui une signification pratique ; car l'analyse a essentiellement à ses yeux pour fonction de défaire des refoulements, de réparer des accidents.
L'attention de Jung va au contraire se porter avec prédilection sur ces autres éléments qui seraient inconscients par nature, et ainsi la perspective s'élargit singulièrement. Il se plaît à dire que ce serait étriquer fort l'inconscient que de le réduire à des miettes tombées de la table du conscient. Il est plus conforme à ce que nous savons d'admettre que la conscience est une acquisition tardive, et qu'elle a lentement émergé d'un inconscient primordial.
Tandis que l'inconscient refoulé de Freud a un caractère strictement individuel, puisqu'il procède du vécu infantile de chacun, l'inconscient primordial apparaît d'emblée à Jung comme « collectif » dans ses grandes lignes — collectif se définissant essentiellement ici comme : identique chez les divers individus.

  • L'Oeuvre de Jung et la psychologie complexe (1963), Charles Baudouin, éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2002  (ISBN 2-228-89570-97[à vérifier : ISBN invalide]), partie I. Idées directrices, chap. II. Les structures de l'inconscient — L'inconscient collectif, Structures de l'inconscient, p. 73


Ysé Tardan-Masquelier, Jung et la question du sacré, 1992

L'évolution des rapports entre conscience et inconscient personnel progresse au profit de la conscience : « Plus on prend conscience de soi-même, grâce à la connaissance que l'on en acquiert petit à petit, et grâce aux rectifications de comportement qui en découlent, plus s'amincit et disparaît la couche de l'inconscient personnel déposé, tel un limon, sur l'inconscient collectif. En suivant pas à pas cette évolution, se crée petit à petit un conscient qui n'est plus emprisonné dans le monde mesquin, étroitement personnel et susceptible du moi, mais qui participe de plus en plus au vaste monde des choses. Ce conscient élargi se distanciera peu à peu de cet écheveau égoïste et ombrageux de souhaits personnels, d'apréhensions, d'espoirs et d'ambitions, toutes tendances qui devraient trouver dans l'être des compensations ou même des rectifications, grâce aux tendances personnelles, opposées et inconscientes. Ce conscient renouvelé deviendra un foyer relationnel, une fonction jetant une passerelle vers l'objet et le monde des choses, qui impliquera et intégrera l'individu dans une communauté indissoluble avec le monde, communauté où l'être se sent engagé et responsable. »
  • Ysé Tardan-Masquelier reprend ici les propos de Christine Maillard (Du Plérôme à l'Etoile : Les sept sermons aux morts de C.G.Jung, 1993).
  • Jung et la question du sacré (1992), Ysé Tardan-Masquelier, éd. Albin Michel, coll. « Spiritualités vivantes », 1998  (ISBN 2-226-09581-0), chap. II. Le monde de l'âme, L'inconscient personnel, p. 54


Un symbole meurt lorsque la coopération du conscient et de l'inconscient bascule vers l'un des pôles : si la conscience réfléchie prévaut, il devient une réalité rationnelle entièrement explicable ; si l'inconscient prédomine, il dégénère en symptôme psychotique.
  • Jung et la question du sacré (1992), Ysé Tardan-Masquelier, éd. Albin Michel, coll. « Spiritualités vivantes », 1998  (ISBN 2-226-09581-0), chap. IV. L'épreuve du sens, Symbole, p. 130


Philosophie

Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, 1885

Ils pensent beaucoup à toi en leur âme étroite — tu leur es toujours un motif de suspicion ! Tout ce à quoi on pense beaucoup finit par devenir suspect [...].
Oui, mon ami, tu es la mauvaise conscience de tes prochains : car ils sont indignes de toi. C'est pourquoi ils te haïssent et aimeraient bien te sucer le sang.

  • Ainsi parlait Zarathoustra, Friedrich Nietzsche (trad. Georges-Arthur Goldschmidt), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1972  (ISBN 978-2-253-00675-6), partie I, chap. « Des mouches du marché », p. 72


Friedrich Nietzsche, Par-delà bien et mal, 1886

Quand on veut dresser sa conscience, elle vous embrasse, en vous mordant.

  • Par-delà le bien et le mal, Friedrich Nietzsche (trad. Henri Albert), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1991  (ISBN 978-2-253-05614-0), partie IV, chap. « Maximes et intermèdes », § 98, p. 158


Psychanalyse

Alberto Eiguer, Psychanalyse du libertin, 2010

Libertinage, le plaisir et la joie

Personne d'autre que Spinoza n'a trouvé meilleure solution à l'idée d'un épanouissement de sa personne en accord avec son plaisir et sa quête de bonheur. L'homme qu'il présente est un homme libre et sans crainte de pêcher. Aucune divinité ne le surveille ; seules sa conscience et sa vie intérieure le conduisent.
  • Psychanalyse du libertin, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 2010  (ISBN 978-2-10-054958-0), partie I. Libertinage, le plaisir et la joie, chap. Le libertinage épousant l'histoire, Les libertins érudits du XVIIe siècle, p. 63


Psychologie

Mary Esther Harding, Les Mystères de la femme, 1953

[Le] principe féminin ou Éros se manifeste chez l'homme aussi bien que chez la femme. Mais alors que la personnalité consciente de la femme dépend de ce principe, ce n'est pas dans la conscience mais dans l'inconscient de l'homme que l'Éros se manifeste. Sa personnalité consciente étant masculine dépend de la loi masculine du Logos. Son inconscient, cependant, est porté de « l'autre côté ». Là, son âme, que l'humanité a toujours considérée comme étant féminine, commande. Cette âme féminine de l'homme est l'« anima ». La nature de cette anima et le rôle qu'elle joue à ses yeux déterminent la nature de ses rapports avec les femmes ainsi que ses liens intérieurs avec le domaine spirituel sur lequel règne cet anima.
  • Les Mystères de la femme (1953), Mary Esther Harding (trad. Eveline Mahyère), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2001  (ISBN 2-228-89431-1), chap. II. La lune, dispensatrice de fertilité, p. 56


Quand des instincts, des images et des impulsions chaotiques se précipitent en masse de l'inconscient, ils brisent toute barrière élevée par l'individu ou par l'humanité. Une seule chose peut lui résister : si paradoxal que cela puisse paraître, c'est la puissance de l'individualité. Le mot individualité est utilisé ici au sens que Jung lui a donné. Il désigne les parties inconscientes aussi bien que les parties conscientes de la psyché et n'est pas synonyme de l'ego qui n'est que le centre de la conscience.
  • Les Mystères de la femme (1953), Mary Esther Harding (trad. Eveline Mahyère), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2001  (ISBN 2-228-89431-1), chap. XIV. Renaissance et immortalité, p. 314


Dans les textes tantriques [...] il est dit que l'évolution de la conscience passe, grâce au croissant, de la région humide à la zone enflammée du soleil, et de là, à travers la région de l'air, à la pleine lune. Celui qui atteint la pleine lune « voit les trois périodes et a la vie longue », il est aux portes de la « grande libération ». Ces trois périodes sont le passé, le présent et l'avenir. Elles correspondent aux trois mondes des mythes de la lune : les enfers, la terre et les cieux. [...] en termes de psychologie, celui qui a atteint au royaume de la pleine lune a gagné la connaissance de l'inconscient qui est source, passé, origine ; il possède la puissance dans le monde présent, son regard pénètre l'avenir. En un sens il échappe au temps dont il transcende les limites. Il a acquis l'immortalité.
  • Les Mystères de la femme (1953), Mary Esther Harding (trad. Eveline Mahyère), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2001  (ISBN 2-228-89431-1), chap. XIV. Renaissance et immortalité, p. 317


Cédric Roos, La relation d'emprise dans le soin, 2006

La relation d'emprise (cadre psychanalytique)

La relation d’emprise dans la perversion est « de nature essentiellement spéculaire, duelle donc non médiatisée », elle se développe entièrement dans l’imaginaire ; l’autre est aliéné, rendu étranger à lui même. Il doit être soumis, n’exister que pour être frustré en permanence ; il faut le paralyser, l’empêcher de penser afin qu’il ne prenne pas conscience du processus. Cet assujettissement permet finalement au pervers d’éviter d’entrer en relation avec cet autre dont la différence le terrifie : par ce processus il maintient l’autre à distance, dans les limites qui ne lui paraissent pas dangereuses. S’il ne veut pas être envahi par l’autre, il lui fait subir pourtant ce qu’il ne veut pas subir lui-même en l’étouffant et en le maintenant à disposition (Hirigoyen, 1998).
  • La relation d'emprise dans le soin, 2006, La relation d'emprise (cadre psychanalytique) : Du point de vue de l'instigateur d'une relation d'emprise Le pervers narcissique : conformer l'autre en un identique, dans [1], paru Textes Psy, Cédric Roos.


La victime « emprisée » est « insidieusement saisie d’un sentiment poignant de dangereuse étrangeté ». Il faut l’empêcher de penser afin qu’elle ne prenne pas conscience du processus, la paralyser, la placer en position de flou et d’incertitude. Soumise, elle n’existe plus que pour être frustrée en permanence.
  • La relation d'emprise dans le soin, 2006, La relation d'emprise (cadre psychanalytique) : Du point de vue de la victime d'une relation d'emprise, dans [2], paru Textes Psy, Cédric Roos.


Modèle systémique

La relation d’emprise obéit à des règles communicationnelles singulières qui prédisposent la personne sous emprise en paralysant ses défenses. Elle vit la relation dans une sorte d’état second, de rétrécissement de la conscience. Confuse, elle perd tout sens critique ce qui permet chez elle la coexistence paradoxale d’un non consentement et d’une acceptation. C’est ce que Racamier dénomme le « décervelage ».
  • La relation d'emprise dans le soin, 2006, Modèle systémique : Caractéristiques communicationnelles de la relation d'emprise, dans [3], paru Textes Psy, Cédric Roos.


Évolutions et séquelles d'une relation d'emprise

[...] ne pouvant que faiblement s’appuyer sur l’extérieur, la victime doit d’abord prendre conscience de sa situation d’assujettissement. Il est essentiel pour cela qu’elle anticipe l’inattendu et l’imprévisible : il lui faut accepter que la réalité ne soit pas toujours telle qu’elle semble être, et faire le deuil, parfois douloureux, de ses illusions, avant de pouvoir espérer sortir de cette relation. C’est alors en montrant qu’elle n’a pas peur, que la victime peut briser le cercle vicieux de la relation d’emprise et essayer de désamorcer l’agression.
  • La relation d'emprise dans le soin, 2006, Évolutions et séquelles d'une relation d'emprise : Sortir de la relation d'emprise, dans [4], paru Textes Psy, Cédric Roos.


François Marty, Les grands concepts de la psychologie clinique, 2008

Les mécanismes de défense

Le refoulement correspond au fait d'écarter et de maintenir hors de la conscience une représentation ; c'est un des destins de la pulsion, de son représentant. L'instance refoulante est la partie inconsciente du moi qui obéit aux ordres du surmoi, de l'idéal du moi et même du moi idéal. Le mécanisme du refoulement est dit alors secondaire.


Freud dans son Introduction à la psychanalyse (1916) considère la levée du refoulement comme la raison d'être de la psychanalyse, qui aurait comme but de rendre conscient l'inconscient, en supprimant les refoulements ou en comblant les lacunes amnésiques. Actuellement, le processus analytique ne vise pas tant la recherche du passé et son interprétation, comme le proposait Freud dans un premier temps, que de favoriser la levée du refoulement, à travers l'analyse du transfert, des résistances et des défenses qui en sont à l'origine (Le Guen, 1992).


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