« Cruauté » : différence entre les versions

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Clelie Mascaret (discussion | contributions)
Clelie Mascaret (discussion | contributions)
Ligne 95 : Ligne 95 :
{{Citation|citation=La personnalité ou le caractère pervers ne constitue pas une catégorie nosologique clairement reconnue et définie. Sur le plan clinique, les psychiatres ont décrit, classiquement, des traits de caractère chez les pervers, traits proches de ceux retrouvés chez les psychopathes : impulsivité, cruauté, inaffectivité, amoralité, asociabilité, inéluctabilité. Ces traits ne constituent ni un critère scientifique ni une caractéristique commune. Si, au niveau médicolégal, certains pervers peuvent ressembler aux psychopathes, ils s'en différencient par le fait qu'ils évitent de faire parler d'eux, qu'ils contournent et détournent la loi avec plus de ruse et de sang-froid.}}
{{Citation|citation=La personnalité ou le caractère pervers ne constitue pas une catégorie nosologique clairement reconnue et définie. Sur le plan clinique, les psychiatres ont décrit, classiquement, des traits de caractère chez les pervers, traits proches de ceux retrouvés chez les psychopathes : impulsivité, cruauté, inaffectivité, amoralité, asociabilité, inéluctabilité. Ces traits ne constituent ni un critère scientifique ni une caractéristique commune. Si, au niveau médicolégal, certains pervers peuvent ressembler aux psychopathes, ils s'en différencient par le fait qu'ils évitent de faire parler d'eux, qu'ils contournent et détournent la loi avec plus de ruse et de sang-froid.}}
{{Réf Livre|titre=Les Perversions sexuelles et narcissiques|auteur=[[Gérard Pirlot]]/[[Jean-Louis Pedinielli]]|éditeur=Armand Colin|collection=128 Psychologie|année=2005|page=31|partie=II. Caractéristiques des perversions|chapitre=1. Critères cliniques psychiatriques des pervers|section=1.1 Critères psychiatriques usuels|ISBN=2-200-34042-7}}
{{Réf Livre|titre=Les Perversions sexuelles et narcissiques|auteur=[[Gérard Pirlot]]/[[Jean-Louis Pedinielli]]|éditeur=Armand Colin|collection=128 Psychologie|année=2005|page=31|partie=II. Caractéristiques des perversions|chapitre=1. Critères cliniques psychiatriques des pervers|section=1.1 Critères psychiatriques usuels|ISBN=2-200-34042-7}}

''' Perversions narcissiques '''
{{Citation|citation=Les termes « perversion » et « perversité » portent à confusion. Si la perversion renvoie, en clinique, à des conduites agies, la perversité a trait à un contenu moral, comme la cruauté d'un sujet, son plaisir à faire, ''consciemment'', du mal à autrui. Ainsi la perversité est associée à la perfidie, à la malignité, autant d'attitudes qui impliquent une dimension de profit narcissique et évoquent tant la perversion sexuelle que la perversion narcissique.}}
{{Réf Livre|titre=Les Perversions sexuelles et narcissiques|auteur=[[Gérard Pirlot]]/[[Jean-Louis Pedinielli]]|éditeur=Armand Colin|collection=128 Psychologie|année=2005|page=102|partie=IV. Perversions narcissiques|chapitre=1. Pourquoi l'extension du terme ?|section=1.2 Perversion/perversité ; séduction sexuelle/narcissique|ISBN=2-200-34042-7}}


=== [[Cédric Roos]], ''La relation d'emprise dans le soin'', 2006 ===
=== [[Cédric Roos]], ''La relation d'emprise dans le soin'', 2006 ===

Version du 24 mars 2012 à 21:31

La cruauté est le plaisir que l'on éprouve à faire souffrir ou à voir souffrir.

Littérature

Critique

Philippe Djian, Lent dehors, 2001

Certaines avaient de belles paires de fesses, de jolies poitrines. Elles avaient des cris clairs, des dents blanches, des poses étudiées. Les garçons les observaient comme du bétail et souriaient aux obscénités qu'ils échangeaient. Ils avaient des yeux vifs, des dents blanches, des manières brutales. Ce qu'ils partageaient, les uns et les autres, ce qu'évoquait leur visage, était la cruauté et l'ennui.


Littérature

Manifeste

René Crevel, Note en marge du jeu de la vérité, 1934

Au jeu surréaliste de la vérité, alors que, de part et d’autre, le manque de retenue est la règle que nulle ombre d’exception ne saurait venir confirmer, l’interrogé mettra d’autant moins de réticence à répondre que l’interrogateur aura visé, avec une plus minutieuse et lucide cruauté, le point entre tous sensible, parmi l’enchevêtrement des rapports physiques et des faits concrets aptes à surprendre sinon à choquer l’auditoire. Les premières confidences serviront de tenailles pour taillader les fils de fer barbelés de l’inhibition.
  • « Note en marge du jeu de la vérité », René Crevel, Documents 34, nº 20, Avril 1934, p. 21


Nouvelle

Renée Vivien, La Dame à la Louve, 1904

La Saurienne

« Le roi et la reine des crocodiles sont mes amis intimes [...]. » « Le roi demeure à Denderah. La reine, qui est aussi puissante et plus cruelle encore que lui, a préféré s’en aller quarante lieues plus haut, afin de régner seule. Elle veut la puissance sans partage. Lui aussi aime l’indépendance ; ce qui fait que, tout en restant très bons amis, ils vivent séparés. Ils ne se rejoignent qu’à de rares intervalles, pour l’acte d’amour. »
  • La Dame à la Louve, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemaire, 1904, La Saurienne, p. 123


André Pieyre de Mandiargues, Le Musée noir, 1924

Le sang de l'agneau

Des maisons de style jésuite s'alignaient le long de la rive, badigeonnées de rouge brun ou de jaune rougeâtre, cloutées, grillées de métal ; et Marceline n'en revoyait jamais les façades baroques sans une certaine appréhension, à l'idée de tout ce qu'elle recelaient, probablement, derrière leurs ferrures élégantes comme une calligraphie cruelle.


Prose poétique

Paul Eluard , Capitale de la douleur, 1926

André Masson

La cruauté se noue et la douceur agile se dénoue. L'amant des ailes prend des visages bien clos, les flammes de la terre s'évadent par les seins et le jasmin des mains s'ouvre sur une étoile.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Eluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, André Masson, p. 105


René Char, Fureur et mystère, 1948

Louis Curel de la Sorgue

La création et la risée se dissocient. L'air-roi s'annonce. Sorgue, tes épaules comme un livre ouvert propagent leur lecture. Tu as été, enfant, le fiancé de cette fleur au chemin tracé dans le rocher qui s'évadait par un frelon... Courbé, tu observes aujourd'hui l'agonie du persécuteur qui arracha à l'aimant de la terre la cruauté d'innombrables fourmis pour la jeter en millions de meurtriers contre les tiens et ton espoir. Ecrase donc encore une fois cet oeuf cancéreux qui résiste...
  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie SEULS DEMEURENT (1938-1944), Louis Curel de la Sorgue, p. 41


Roman

Charles Robert Maturin, Melmoth — L'homme errant, 1820

Un être humain nu et couvert de sang passa comme un éclair près de moi en poussant des cris de rage et de douleur ; quatres moines portant des lumières le poursuivaient. J'avais fermé la porte au bout de la galerie et je savais qu'ils devaient revenir sur leurs pas et passer près de moi. Toujours agenouillé, je tremblais de la tête aux pieds. La victime atteignit la porte, la trouva close et s'arrêta hors d'haleine. Je me retournai et vis une scène digne de Murillo. Jamais forme humaine ne fut plus parfaite que celle de cet infortuné jeune homme. Il se tenait là, dans une attitude de désespoir, ruisselant de sang. Les moines avec leurs lumières, leurs fouets et leurs robes sombres ressemblaient à un groupe de démons faisant leur proie d'un ange errant — on eût dit les furies infernales poursuivant un Oreste fou. Et vraiment aucun sculpteur de l'Antiquité ne dessina jamais forme plus parfaitement exquise que celle de cet infortuné si sauvagement mutilé par les moines. Ce spectacle d'horreur et de cruauté éveilla en un instant mon esprit du long engourdissement dans lequel il s'était affaibli. Je me précipitai au secours de la victime ; je luttai avec les moines en proférant certaines paroles dont j'étais à peine conscient mais dont ils se souvinrent et qu'ils exagérèrent avec toute la précision de la méchanceté.


Gabriele D'Annunzio, Le Feu, 1900

Pour arriver à elle, pour jouir d’elle, le désir de l’aimé devait traverser toute cette ombre qu’il croyait faite d’innombrables amours inconnues, et, par cette méprise outrageante, il devait se contaminer, se corrompre, s’aigrir, devenir cruel, se changer peut-être en dégoût. Toujours cette ombre devait exciter en lui l’instinct de férocité bestiale qui se cachait au fond de sa sensualité puissante.
  • Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. II. L'empire du silence, p. 501


André Gide, Les Faux-monnayeurs, 1925

La cruauté, c'est le premier des attributs de Dieu.


Boris Vian, L'écume des jours, 1947

— On devrait les empêcher d'aller si vite, dit Colin.
Puis il fit un signe de croix car le patineur venait de s'écraser contre le mur du restaurant, à l'extrémité opposée de la piste, et restait collé là, comme une méduse de papier mâché écartelée par un enfant cruel.


Dominique Fernandez, Porporino et les mystères de Naples, 1974

Roi Charles avait déclaré : « Je ne veux de chapons que sur ma table. » Ce jeu de mots, de nous parfaitement compris, nous enchantait. Nous tirions une sorte d'âcre plaisir à nous traiter nous-mêmes de chapons. L'esprit castrat, c'était la quintessence de l'esprit napolitain : conscience de sa propre bouffonnerie, autodérision, orgueil de cette conscience, refus de se laisser duper. Nous aurions baisé les genoux de ce monarque à l'ironie si cruelle.
  • Porporino ou les mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974  (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Une cour blanche, un palmier, p. 131


« — Eh bien ! soyons plus précis. Ces yeux aux reflets verts, ces lèvres de corail, ces cheveux qui bouclent avec tant de grâce sans le secours des fers, votre teint, Feliciano, votre manière de marcher, de vous tenir, n'appartiennent pas, j'en mets ma main au feu, à une petite victime de la cruauté sacerdotale.
« A-t-il entendu dire, me demandai-je, que je passe pour être né de la fornication d'un prêtre ? J'allais éclater de rire à cause de la tournure fadement complimenteuse et bizarrement alambiquée de sa phrase, quand je m'avisai, par je ne sais quel frémissement qui parcourut ma personne, que peut-être le chevalier de Casanova ne songeait nullement à goûter avec moi les douceurs de la paternité.
« — Feliciano, reprit-il, je suis sûr que votre conformation diffère de la mienne.
« J'hésitais encore à comprendre.
« — Vous n'êtes qu'une beauté travestie.
« — Monsieur, répondis-je, je suis Feliciano Marchesi.
« — Ma chère, vous êtes une jolie femme déguisée. Si la longue contemplation que j'ai faite de vos charmes ne m'en avait donné l'assurance, je n'aurais jamais eu l'effronterie de vous attirer derrière ce rideau.

  • Porporino ou les mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974  (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Une méprise plutôt étrange, p. 233


Pierre Turgeon, Faire sa mort comme faire l’amour, 1981

La cruauté demande un long apprentissage.
  • Faire sa mort comme faire l’amour, Pierre Turgeon, éd. Quinze, 1981, p. 25


Propos de moralistes

François de La Rochefoucauld, Maximes et Réflexions, 1664

La férocité naturelle fait moins de cruels que l'amour-propre.
  • Maximes et Réflexions, suivies des œuvres mêlées de Saint Evremond, François de La Rochefoucauld, éd. Les Grands Classiques Illustrés, ~1935?, p. 104


Psychanalyse

Alberto Eiguer, Psychanalyse du libertin, 2010

Libertinage et prédation

La question du sadisme est d'autant plus importante que la cruauté trahit l'intention profonde du prédateur : ce n'est pas celle de satisfaire un but pulsionnel sexuel précis comme chez un simple libertin, mais, bien au-delà, de faire le mal pour le mal. Profiter de l'état d'affaiblissement de sa proie, état auquel il aurait contribué par les différents procédés que nous avons détaillés, afin d'obtenir un plaisir complémentaire la voyant souffrir. Le sadisme confirme la stratégie de déstabilisation à laquelle il se livre. Il jubile quand la victime clame son innocence et qu'elle demande « pardon ». Elle serait coupable quand même. Ce « quand même » lui plaît : la victime n'aura pas d'alibi possible.
  • Psychanalyse du libertin, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 2010  (ISBN 978-2-10-054958-0), partie II. Libertinage et prédation, chap. Invitation à la débauche, Cruautés, p. 138


Psychologie

Mary Esther Harding, Les Mystères de la femme, 1953

Dans la nature, le principe féminin, ou comme l'appelait l'homme naïf, la déesse féminine apparaît comme une force aveugle, féconde et cruelle, créatrice et destructrice. C'est la « femelle des espèces plus implacable que le mâle » féroce dans ses amours et dans ses haines. Tel est le principe féminin dans sa forme démoniaque. Les chinois l'appellent Yin, la puissance ténébreuse de la femme.
  • Les Mystères de la femme (1953), Mary Esther Harding (trad. Eveline Mahyère), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2001  (ISBN 2-228-89431-1), chap. II. La lune, dispensatrice de fertilité, p. 62


Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, Les Perversions sexuelles et narcissiques, 2005

Caractéristiques des perversions

La personnalité ou le caractère pervers ne constitue pas une catégorie nosologique clairement reconnue et définie. Sur le plan clinique, les psychiatres ont décrit, classiquement, des traits de caractère chez les pervers, traits proches de ceux retrouvés chez les psychopathes : impulsivité, cruauté, inaffectivité, amoralité, asociabilité, inéluctabilité. Ces traits ne constituent ni un critère scientifique ni une caractéristique commune. Si, au niveau médicolégal, certains pervers peuvent ressembler aux psychopathes, ils s'en différencient par le fait qu'ils évitent de faire parler d'eux, qu'ils contournent et détournent la loi avec plus de ruse et de sang-froid.
  • Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005  (ISBN 2-200-34042-7), partie II. Caractéristiques des perversions, chap. 1. Critères cliniques psychiatriques des pervers, 1.1 Critères psychiatriques usuels, p. 31


Perversions narcissiques

Les termes « perversion » et « perversité » portent à confusion. Si la perversion renvoie, en clinique, à des conduites agies, la perversité a trait à un contenu moral, comme la cruauté d'un sujet, son plaisir à faire, consciemment, du mal à autrui. Ainsi la perversité est associée à la perfidie, à la malignité, autant d'attitudes qui impliquent une dimension de profit narcissique et évoquent tant la perversion sexuelle que la perversion narcissique.
  • Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005  (ISBN 2-200-34042-7), partie IV. Perversions narcissiques, chap. 1. Pourquoi l'extension du terme ?, 1.2 Perversion/perversité ; séduction sexuelle/narcissique, p. 102


Cédric Roos, La relation d'emprise dans le soin, 2006

Conclusion

La pulsion d’emprise pousse le moi à dominer le monde dans un sentiment de toute puissance qui ignore le sort et jusqu’à l’existence même d’un objet encore mal différencié. Cruelle, la pulsion d’emprise poursuit son but égoïste en se protégeant d’un objet pour lequel elle ne connaît aucune pitié. Elle est par la suite pondérée, dans une structure de personnalité équilibrée, par l’intégration dans le surmoi des interdits parentaux qui permettent, en contrôlant les exigences instinctuelles du çà, une adaptation sociale harmonieuse du sujet.
  • La relation d'emprise dans le soin, 2006, Conclusion, dans [1], paru Textes Psy, Cédric Roos.


Autres projets: