« Parole » : différence entre les versions
Ligne 149 : | Ligne 149 : | ||
== Psychologie == |
== Psychologie == |
||
=== [[Gérard Pirlot]]/[[Jean-Louis Pedinielli]], ''Les Perversions sexuelles et narcissiques'', 2005 === |
|||
''' Caractéristiques des perversions ''' |
|||
{{Citation|citation=Sur le plan clinique, le pervers se signale par son absence de conflictualisation apparente, de culpabilité, la faiblesse de l'élaboration psychique (capacité de mettre en mots), la difficulté d'utiliser la parole comme voie de décharge de l'excitation, l'importance de la décharge des pulsions, la mise en acte, le fonctionnement par clivage, le fait que les scénarios de mise en acte sont infiltrés d'éléments de scènes primitives violentes et sadiques où la mère est ressentie comme ayant un rôle actif.}} |
|||
{{Réf Livre|titre=Les Perversions sexuelles et narcissiques|auteur=[[Gérard Pirlot]]/[[Jean-Louis Pedinielli]]|éditeur=Armand Colin|collection=128 Psychologie|année=2005|page=50|partie=II. Caractéristiques des perversions|chapitre=3. Invariants psychopathologiques|section=|ISBN=2-200-34042-7}} |
|||
=== [[Cédric Roos]], ''La relation d'emprise dans le soin'', 2006 === |
=== [[Cédric Roos]], ''La relation d'emprise dans le soin'', 2006 === |
||
''' Modèle cognitivo-comportemental ''' |
''' Modèle cognitivo-comportemental ''' |
Version du 24 mars 2012 à 20:46
La parole est l'expression verbale de la pensée.
Littérature
Écrit intime
Paul Klee, Journal, 1957
Au-dedans de moi, quel changement ! J'ai vu vivre un morceau d'histoire. Le Forum et le Vatican m'ont adressé la parole. L'humanisme me veut prendre à la gorge, il est davantage qu'une torturante invention des professeurs de lycée. Il me faut le suivre, ne serait-ce qu'un bout de chemin. Adieu Elfes, fée de la lune, étoiles filantes.
Ma bonne étoile ne se lève point, ne se lèvera pas avant longtemps. Estime-toi heureux, Barbare ! Pourvu que tu puisses penser ! Ulysse a vu la mer et moi j'ai vu Rome. Exorcisé ! Voici l'Europe néoclassique.
- Journal (1957), Paul Klee, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1959 (ISBN 978-2-246-27913-6), Journal III, p. 145
Essai
Albert Bensoussan, Confessions d'un traître, 1995
- Confessions d'un traître, Albert Bensoussan, éd. Presses Universitaires de Rennes, 1995, p. 37
- Qu'est-ce que la parole ? demande l'un
- Un vent qui passe, dit le sage
- Et qui peut l'enchaîner ? interroge l'autre
- Confessions d'un traître, Albert Bensoussan, éd. Presses Universitaires de Rennes, 1995, p. 25-26
Nouvelle
Gérard de Nerval, Les Filles du feu, 1834
Sylvie
- Les Filles du feu (1834), Gérard de Nerval, éd. Maxi-Livres, coll. « Maxi-Poche Classiques Français », 1997 (ISBN 2-8771-4348-1), partie Sylvie — Souvenir du valois, IX. Ermenonville, p. 131
Renée Vivien, La Dame à la Louve, 1904
La Soif ricane
Polly mâcha un sourd juron… Mes genoux fléchirent sous moi. Elle me toisa de son regard dédaigneux, et, me quittant sans une parole, elle se mit en devoir de gravir la colline.
Je la suivis, par crainte de la solitude, plus odieuse encore que la présence de cette compagne détestée.
- La Dame à la Louve, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemaire, 1904, La Soif ricane, p. 31
La Saurienne
Les Yeux !
Je fus saisi d’une joie de fièvre et de délire, de cette joie que seuls connaissent les naufragés enfin rendus à la terre et les malades qui voient l’aube dissiper leur nuit d’horribles hallucinations. Je dansais, je faisais siffler ma salive. Je balbutiai même à ma redoutable compagne de stupides paroles d’amour.
Je vidai ma gourde d’un trait. La pensée de ma délivrance prochaine coula dans mes veines, avec la bienfaisante chaleur du brandy… J’eus ainsi la force d’accomplir la meurtrière besogne… Et, lorsque la Saurienne, les regards chavirés sous les paupières ivres, attendait la satisfaction charnelle, je pris mon couteau. Je pris mon couteau, et, atteignant le monstre vautré dans l’herbe, je lui crevai les yeux…
Je lui crevai les yeux, vous dis-je. Ah ! c’est que je suis courageux, moi ! On peut clabauder sur mon compte, mais on ne prétendra jamais que je suis un lâche. Beaucoup d’hommes auraient perdu la tête, à ma place.
- La Dame à la Louve, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemaire, 1904, La Saurienne, p. 128
Louis Aragon, Le Libertinage, 1924
- Le Libertinage, Louis Aragon, éd. NRF, 1924, p. 20
- Citation choisie pour le 1 juin 2009.
Prose poétique
Novalis, Hymne à la nuit, 1800
- « Hymne à la nuit », Novalis, Nouvelle revue germanique, nº 14, 1833, p. 238
André Breton, Poisson soluble, 1924
- Poisson soluble (1924), André Breton, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1996 (ISBN 2-07-032917-8), partie 1, p. 29
- Poisson soluble (1924), André Breton, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1996 (ISBN 2-07-032917-8), partie 5, p. 40
Robert Desnos, La liberté ou l'amour !, 1927
- La liberté ou l'amour ! (1927), Robert Desnos, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1962 (ISBN 978-2-07-027695-0), V. La baie de la faim, p. 49
René Char, Fureur et mystère, 1948
L'absent
- Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962 (ISBN 2-07-030065-X), partie SEULS DEMEURENT (1938-1944), L'absent, p. 39
René Daumal, Le Contre Ciel, 1954
- Le Contre Ciel, René Daumal, éd. Gallimard, 1954, p. 35
Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958
Travaux du poète
- Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966 (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — III, p. 48
- Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966 (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — IX, p. 55
- Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966 (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — X, p. 56
- Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966 (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — XIV, p. 58
Papillon d'obsidienne
- Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966 (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Aigle ou Soleil ? — Papillon d'obsidienne, p. 91
Roman
Charles Robert Maturin, Melmoth — L'homme errant, 1820
- Melmoth — L'homme errant (1820), Charles Robert Maturin (trad. Jacqueline Marc-Chadourne), éd. Phébus, coll. « Libretto », 1996 (ISBN 978-2-85-940553-3), Récit de l'Espagnol, p. 146
Alphonse de Lamartine, Graziella, 1852
- Graziella, Alphonse de Lamartine, éd. Librairie Nouvelle, 1852, p. III, XV
Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857
- Madame Bovary (1857), Gustave Flaubert, éd. Editions Garnier Frères, coll. « Classiques Garnier », 1955, partie 3, chap. I, p. 218 (texte intégral sur Wikisource)
Marie d'Agoult, Nélida, 1866
Guermann, irrité par ce calme qui lui semblait presque une insulte, élevait sa voix et lui donnait un accent de plus en plus vibrant. Il en vint à déclamer certains passages avec une puissance d'organe et de geste qui ne pouvait laisser aucun doute sur l'application directe qu'il en faisait à Nélida ; mais en vain. Mme de Kervaëns demeurait immobile, ne l'interrompait pas, ne levait pas les yeux ; pas un pli de sa robe ne froissait la soie du divan. On n'entendait que le bruit régulier et de plus en plus affaibli de son haleine. Indigné, à bout de patience, exalté par le retentissement de sa parole dans l'espace sonore, Guermann, ne se contenant plus, jeta le livre loin de lui et s'approcha, résolu à dire enfin à cette femme hautaine qui ne voulait rien comprendre tout ce qu'il ressentait pour elle d'ardeurs brûlantes et de violents désirs. Mais il s'arrêta tout à coup en la voyant endormie ou évanouie, c'est ce qu'il ne pouvait discerner. Les yeux de Nélida étaient clos, sa bouche était décolorée, son bras alangui avait glissé hors des coussins [...].
— Ô Galatée, s'écria-t-il en la saisissant d'une étreinte passionnée, marbre divin, éveille-toi dans les bras de ton amant ; éveille-toi à la vie, éveille-toi à l'amour...
Nélida rouvrit les yeux, et, recouvrant tout à coup ses esprits, elle s'arracha des bras de Guermann qui n'essaya pas de la retenir, tant le regard qu'elle lui jeta commandait le respect. Elle alla lentement, en silence, à la fenêtre, et, l'ouvrant malgré l'orage, elle s'appuya sur le balcon que commençaient à mouiller de larges gouttes de pluie. Guermann se laissa tomber à la place qu'elle venait de quitter, et fondit en larmes
- Nélida (1866), Marie d'Agoult, éd. Calmann-Lévy, 2010 (ISBN 978-2-7021-4127-4), partie Troisième partie, chap. XIV, p. 183
Gabriele D'Annunzio, Le Feu, 1900
- Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 8
- Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 9
- Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 253
Colette, Le Blé en herbe, 1923
Philippe ne répondit pas. Il tendait le reste de sa lucidité vers son propre épuisement progressif, et s'attendait à entendre tomber sur le tapis, régulières, étouffées, les dernières gouttes d'un sang qui quittait son coeur.
— Vous l'aimez, n'est-ce pas ?
— Qui? dit-il en sursaut.
— Cette côte cancalaise ?
— Oui...
— Monsieur Phil, vous n'êtes pas souffrant ? Non ? Bon. Je suis une très bonne garde-malade, d'ailleurs... Mais par ce temps-là, vous avez mille fois raison : mieux vaut se taire que de parler. Taisons-nous donc.
— Je n'ai pas dit ça...
Elle n'avait pas fait un mouvement depuis leur entrée dans la pièce obscure, ni risqué une parole qui ne fût parfaitement banale. Pourtant le son de sa voix, chaque fois, infligeait à Philippe une sorte inexprimable de traumatisme, et il reçut avec terreur la menace d'un mutuel silence. Sa sortie fut piteuse et désespérée. Il heurta son verre à un fantôme de petite table, proféra quelques mots qu'il n'entendit pas, se mit debout, gagna la porte en fandant des vagues lourdes et des obstacles invisibles, et retrouva la lumière avec une aspiration d'asphyxié.
- Le Blé en herbe (1923), Colette, éd. Flammarion, 2004 (ISBN 2-08-06-8641-1[à vérifier : ISBN invalide]), p. 54
Ernst Jünger, Sur les falaises de marbre, 1939
- Sur les falaises de marbre (1942), Ernst Jünger (trad. Henri Thomas), éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 2005, p. 93
Médias
Politique
Philippe Alexandre, Plaidoyer impossible pour un vieux président abandonné par les siens, 1994
- À propos de François Mitterrand
- Plaidoyer impossible pour un vieux président abandonné par les siens, Philippe Alexandre, éd. Albin Michel, 1994 (ISBN 2-226-07451-1), p. 216
Pierre Bourgault, La Culture. Écrits polémiques, 1996
- La Culture. Écrits polémiques., Pierre Bourgault, éd. PCL, 1996, t. 2, p. 135
- Citation choisie pour le 11 février 2010.
Philosophie
Jean-Jacques Rousseau, Essai sur l'origine des langues, 1781
- « Essai sur l'origine des langues », dans Œuvres, Jean-Jacques Rousseau, éd. Werdet et Lequien, 1826, vol. 13, chap. I, p. 143 (voir la fiche de référence de l'œuvre) (texte intégral sur Wikisource)
Psychologie
Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, Les Perversions sexuelles et narcissiques, 2005
Caractéristiques des perversions
- Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005 (ISBN 2-200-34042-7), partie II. Caractéristiques des perversions, chap. 3. Invariants psychopathologiques, p. 50
Cédric Roos, La relation d'emprise dans le soin, 2006
Modèle cognitivo-comportemental
La parole est le moyen le plus sophistiqué et le plus abstrait des procédés de captation ; elle n’a que l’apparence d’un échange et n’est utilisée que dans un but de « persuasion utilitaire » [...].
La communication se fait, selon Hirigoyen, sur un ton froid et plat, d’une voix monocorde.
- La relation d'emprise dans le soin, 2006, Modèle cognitivo-comportemental : Pratiques relationnelles ou praxis Captation, dans [1], paru Textes Psy, Cédric Roos.
La parole peut être utilisée pour banaliser des situations déviantes ou des actes répréhensibles, pour dépasser l’interdiction d’un tabou. Elle induit volontairement la victime en erreur.
De plus, dans une relation normale, la parole exprime l’état d’esprit de celui qui la prononce : elle fait le lien avec l’autre qui lui exprime sa reconnaissance en retour. Dans la relation d’emprise, l’instigateur parle « au nom de la victime », en nommant ses intentions, en faisant mine de deviner ses pensées cachées, et en l’obligeant à s’y soumettre.
- La relation d'emprise dans le soin, 2006, Modèle cognitivo-comportemental : Pratiques relationnelles ou praxis Captation, dans [2], paru Textes Psy, Cédric Roos.
Autres projets: