« Charles-Augustin Sainte-Beuve » : différence entre les versions
Aucun résumé des modifications |
|||
Ligne 29 : | Ligne 29 : | ||
==== Concernant [[Alfred de Musset|Musset]] ==== |
==== Concernant [[Alfred de Musset|Musset]] ==== |
||
{{citation|citation=A relire ainsi bon nombre des pièces et des personnages d'[[Alfred de Musset]], on arriverait à découvrir en cet enfant de génie le contraire de [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]], de ce Goethe qui se détachait à temps de ses créations, même les plus intimes à l'origine, qui ne pratiquait que jusqu'à un certain point l'oeuvre de ses personnages, qui coupait à temps le lien, les abandonnait au monde, en étant déjà lui-même partout ailleurs. Pour Alfred de Musset, la poésie, c'était lui-même, il s'y précipitait à corps perdu ; c'était son âme juvénile, c'était sa chair et son sang qui s'écoulaient; et quand il avait jeté aux autres ces lambeaux, ces membres éblouissants du poète, il gardait encore son lambeau à lui, son coeur saignant, son coeur brûlant et ennuyé ; il avait hâte de condenser et de dévorer les saisons.}} |
{{citation|citation=A relire ainsi bon nombre des pièces et des personnages d'[[Alfred de Musset]], on arriverait à découvrir en cet enfant de génie le contraire de [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]], de ce [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]] qui se détachait à temps de ses créations, même les plus intimes à l'origine, qui ne pratiquait que jusqu'à un certain point l'oeuvre de ses personnages, qui coupait à temps le lien, les abandonnait au monde, en étant déjà lui-même partout ailleurs. Pour [[Alfred de Musset]], la poésie, c'était lui-même, il s'y précipitait à corps perdu ; c'était son âme juvénile, c'était sa chair et son sang qui s'écoulaient ; et quand il avait jeté aux autres ces lambeaux, ces membres éblouissants du poète, il gardait encore son lambeau à lui, son coeur saignant, son coeur brûlant et ennuyé ; il avait hâte de condenser et de dévorer les saisons.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=108|partie=[[Alfred de Musset]]|section=11 mai 1857. ''Causeries du lundi'', t. XIII|ISBN=2-7056-6179-4}} |
{{Réf Livre|titre=Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=108|partie=[[Alfred de Musset]]|section=11 mai 1857. ''Causeries du lundi'', t. XIII|ISBN=2-7056-6179-4}} |
||
Ligne 45 : | Ligne 45 : | ||
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=120|partie=[[Montesquieu]]|section=18 et 25 octobre. ''Causeries du lundi'', t. VII|ISBN=2-7056-6178-6}} |
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=120|partie=[[Montesquieu]]|section=18 et 25 octobre. ''Causeries du lundi'', t. VII|ISBN=2-7056-6178-6}} |
||
{{citation|citation=De retour en France, [[Montesquieu]] se retira à son château de la Brède, loin des soupers de Paris, pour y recueillir et y ordonner ses pensées ; il y resta deux ans, ne voyant que ses livres et ses arbres. Il donna ses ''Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence'' (1734), qui sont restées le plus classique et le plus parfait de ses ouvrages, le seul même qui nous paraisse aujourd'hui sorti tout d'un jet comme une statue. Montesquieu s'avance d'un pied ferme, par une suite de réflexions serrées et vives et dont l'ensemble a l'air grand ; il a le trait prompt, court et qui porte haut. Cette façon de voir et de dire était faite pour s'appliquer merveilleusement aux Romains. Pour la forme, on aurait à rapprocher du discours historique de Montesquieu le discours même de [[Jacques-Bénigne Bossuet|Bossuet]].}} |
{{citation|citation=De retour en France, [[Montesquieu]] se retira à son château de la Brède, loin des soupers de Paris, pour y recueillir et y ordonner ses pensées ; il y resta deux ans, ne voyant que ses livres et ses arbres. Il donna ses ''Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence'' (1734), qui sont restées le plus classique et le plus parfait de ses ouvrages, le seul même qui nous paraisse aujourd'hui sorti tout d'un jet comme une statue. [[Montesquieu]] s'avance d'un pied ferme, par une suite de réflexions serrées et vives et dont l'ensemble a l'air grand ; il a le trait prompt, court et qui porte haut. Cette façon de voir et de dire était faite pour s'appliquer merveilleusement aux Romains. Pour la forme, on aurait à rapprocher du discours historique de [[Montesquieu]] le discours même de [[Jacques-Bénigne Bossuet|Bossuet]].}} |
||
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=121|partie=[[Montesquieu]]|section=18 et 25 octobre. ''Causeries du lundi'', t. VII|ISBN=2-7056-6178-6}} |
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=121|partie=[[Montesquieu]]|section=18 et 25 octobre. ''Causeries du lundi'', t. VII|ISBN=2-7056-6178-6}} |
||
Ligne 51 : | Ligne 51 : | ||
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=122|partie=[[Montesquieu]]|section=18 et 25 octobre. ''Causeries du lundi'', t. VII|ISBN=2-7056-6178-6}} |
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=122|partie=[[Montesquieu]]|section=18 et 25 octobre. ''Causeries du lundi'', t. VII|ISBN=2-7056-6178-6}} |
||
{{citation|citation=Au début de ''L'Esprit des lois'', [Montesquieu] va jusqu'à dire que les premiers hommes supposés sauvages et purement naturels sont avant tout timides et ont besoin de la paix : comme si la cupidité physique, le besoin et la faim, ce sentiment aveugle que toute jeunesse a de sa force, et aussi cette rage de domination qui est innée au coeur humain ne devaient pas engendrer dès l'abord les rixes et les guerres. Cette critique est fondamentale et porte sur tout ''L'Esprit des lois''. [[Montesquieu]] accorde trop non seulement en-dehors, mais en secret et dans sa propre pensée, au décorum de la nature humaine [...]. Né sous un gouvernement doux, vivant dans une société éclairée où le souvenir des factions était lointain et où le despotisme qui les avait réprimées n'était plus présent ou du moins sensible, il accommoda légèrement l'humanité à son désir.}} |
{{citation|citation=Au début de ''L'Esprit des lois'', [ [[Montesquieu]] ] va jusqu'à dire que les premiers hommes supposés sauvages et purement naturels sont avant tout timides et ont besoin de la paix : comme si la cupidité physique, le besoin et la faim, ce sentiment aveugle que toute jeunesse a de sa force, et aussi cette rage de domination qui est innée au coeur humain ne devaient pas engendrer dès l'abord les rixes et les guerres. Cette critique est fondamentale et porte sur tout ''L'Esprit des lois''. [[Montesquieu]] accorde trop non seulement en-dehors, mais en secret et dans sa propre pensée, au décorum de la nature humaine [...]. Né sous un gouvernement doux, vivant dans une société éclairée où le souvenir des factions était lointain et où le despotisme qui les avait réprimées n'était plus présent ou du moins sensible, il accommoda légèrement l'humanité à son désir.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=123|partie=[[Montesquieu]]|section=18 et 25 octobre. ''Causeries du lundi'', t. VII|ISBN=2-7056-6178-6}} |
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=123|partie=[[Montesquieu]]|section=18 et 25 octobre. ''Causeries du lundi'', t. VII|ISBN=2-7056-6178-6}} |
||
Ligne 65 : | Ligne 65 : | ||
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=146|partie=[[Jean-Jacques Rousseau]]|section=4 novembre 1850. ''Causeries du lundi'', t. III|ISBN=2-7056-6178-6}} |
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=146|partie=[[Jean-Jacques Rousseau]]|section=4 novembre 1850. ''Causeries du lundi'', t. III|ISBN=2-7056-6178-6}} |
||
{{citation|citation=Le premier livre des ''Confessions'' n'est pas le plus remarquable, mais [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]] s'y trouve déjà renfermé tout entier, avec son orgueil, ses vices en germe, ses humeurs bizarres et grotesques, ses bassesses et ses saletés ; avec sa fierté aussi et ce ressort d'indépendance et de fermeté qui le relève ; avec son enfance heureuse et saine, son adolescence souffrante et martyrisée et ce qu'elle lui inspirera plus tard (on le pressent) d'apostrophes à la société et de représailles vengeresses; avec son sentiment attendri du bonheur domestique et de famille qu'il goûta si peu, et encore avec les premières bouffées de printemps et des premières haleines, signal du réveil naturel qui éclatera dans la littérature du dix-neuvième siècle. Nous oublions combien ces premiers paysages parurent frais et nouveaux alors, et quel évènement c'était au milieu de cette société spirituelle, très fine, mais sèche, aussi dénuée d'imagination que de sensibilité vraie, dépourvue en elle-même de cette sève qui circule et qui, à chaque saison, refleurit. C'est Rousseau qui, le premier, ramena et infusa cette sève végétale puissante dans l'arbre délicat qui s'épuisait. Les lecteurs français, habitués à l'air factice d'une atmosphère de salon, ces lecteurs ''urbains'', comme il les appelle, s'étonnèrent, tout ravis de sentir arriver du côté des Alpes ces bonnes et fraîches haleines des montagnes qui venaient raviver une littérature aussi distinguée que desséchée. Il était temps, et c'est en cela que Rousseau n'est pas un corrupteur de la langue, mais, somme toute, un régénérateur.}} |
{{citation|citation=Le premier livre des ''Confessions'' n'est pas le plus remarquable, mais [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]] s'y trouve déjà renfermé tout entier, avec son orgueil, ses vices en germe, ses humeurs bizarres et grotesques, ses bassesses et ses saletés ; avec sa fierté aussi et ce ressort d'indépendance et de fermeté qui le relève ; avec son enfance heureuse et saine, son adolescence souffrante et martyrisée et ce qu'elle lui inspirera plus tard (on le pressent) d'apostrophes à la société et de représailles vengeresses; avec son sentiment attendri du bonheur domestique et de famille qu'il goûta si peu, et encore avec les premières bouffées de printemps et des premières haleines, signal du réveil naturel qui éclatera dans la littérature du dix-neuvième siècle. Nous oublions combien ces premiers paysages parurent frais et nouveaux alors, et quel évènement c'était au milieu de cette société spirituelle, très fine, mais sèche, aussi dénuée d'imagination que de sensibilité vraie, dépourvue en elle-même de cette sève qui circule et qui, à chaque saison, refleurit. C'est [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]] qui, le premier, ramena et infusa cette sève végétale puissante dans l'arbre délicat qui s'épuisait. Les lecteurs français, habitués à l'air factice d'une atmosphère de salon, ces lecteurs ''urbains'', comme il les appelle, s'étonnèrent, tout ravis de sentir arriver du côté des Alpes ces bonnes et fraîches haleines des montagnes qui venaient raviver une littérature aussi distinguée que desséchée. Il était temps, et c'est en cela que [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]] n'est pas un corrupteur de la langue, mais, somme toute, un régénérateur.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=150|partie=[[Jean-Jacques Rousseau]]|section=4 novembre 1850. ''Causeries du lundi'', t. III|ISBN=2-7056-6178-6}} |
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=150|partie=[[Jean-Jacques Rousseau]]|section=4 novembre 1850. ''Causeries du lundi'', t. III|ISBN=2-7056-6178-6}} |
||
Ligne 93 : | Ligne 93 : | ||
{{citation|citation=<poem>En parlant de [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], [[Voltaire]] s'abandonne à toute son antipathie contre cet émule et ce puissant collaborateur, en qui il s'obstine à ne voir qu'un fou et qu'il injurie sans pitié : |
{{citation|citation=<poem>En parlant de [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], [[Voltaire]] s'abandonne à toute son antipathie contre cet émule et ce puissant collaborateur, en qui il s'obstine à ne voir qu'un fou et qu'il injurie sans pitié : |
||
''Ah, monsieur!'' écrivait-il à M. Bordes [mars 1765], ''vous voyez bien que Jean-Jacques ressemble à un philosophe comme un singe ressemble à l'homme... On est revenu de ses sophismes et sa personne est en horreur à tous les honnêtes gens qui ont approfondi son caractère. Quel philosophe qu'un brouillon et qu'un délateur. Abandonnons ce malheureux à son opprobre. Les philosophes ne le comptent point parmi leurs frères'' [...]. |
''Ah, monsieur!'' écrivait-il à M. Bordes [mars 1765], ''vous voyez bien que [[Jean-Jacques Rousseau|Jean-Jacques]] ressemble à un philosophe comme un singe ressemble à l'homme... On est revenu de ses sophismes et sa personne est en horreur à tous les honnêtes gens qui ont approfondi son caractère. Quel philosophe qu'un brouillon et qu'un délateur. Abandonnons ce malheureux à son opprobre. Les philosophes ne le comptent point parmi leurs frères'' [...]. |
||
Il y a un endroit qui donne tristement à réfléchir sur la faiblesse du coeur humain chez les plus grands esprits. Voltaire vient d'écrire à la duchesse de Saxe-Gotha au sujet de l'exécution du chevalier de La Barre ; il en est révolté, et avec raison ; il trouve horrible que, pour un indigne méfait et qui certes méritait (ce n'est plus lui qui parle) une correction sévère, le chevalier ait été torturé, décapité, livré aux flammes, comme on l'eût fait au douxième siècle; et tout à côté, voilà qu'il plaisante lui-même sur l'idée qu'on pourrait bien pendre Jean-Jacques Rousseau.</poem>}} |
Il y a un endroit qui donne tristement à réfléchir sur la faiblesse du coeur humain chez les plus grands esprits. [[Voltaire]] vient d'écrire à la duchesse de Saxe-Gotha au sujet de l'exécution du chevalier de La Barre ; il en est révolté, et avec raison ; il trouve horrible que, pour un indigne méfait et qui certes méritait (ce n'est plus lui qui parle) une correction sévère, le chevalier ait été torturé, décapité, livré aux flammes, comme on l'eût fait au douxième siècle ; et tout à côté, voilà qu'il plaisante lui-même sur l'idée qu'on pourrait bien pendre [[Jean-Jacques Rousseau]].</poem>}} |
||
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=175|partie=[[Voltaire]]|section=20 et 27 octobre 1856. ''Causeries du lundi'', t. XIII|ISBN=2-7056-6178-6}} |
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=175|partie=[[Voltaire]]|section=20 et 27 octobre 1856. ''Causeries du lundi'', t. XIII|ISBN=2-7056-6178-6}} |
||
Ligne 103 : | Ligne 103 : | ||
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=180|partie=[[Voltaire]]|section=20 et 27 octobre 1856. ''Causeries du lundi'', t. XIII|ISBN=2-7056-6178-6}} |
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=180|partie=[[Voltaire]]|section=20 et 27 octobre 1856. ''Causeries du lundi'', t. XIII|ISBN=2-7056-6178-6}} |
||
==== De la tradition littéraire ==== |
==== ''De la tradition littéraire'' ==== |
||
{{citation|citation=Descendants des Romains, ou du moins enfants d'adoption de la race latine, cette race initiée elle-même au culte du Beau par les Grecs, nous avons à embrasser, à comprendre, à ne jamais déserter l'héritage de ces maîtres et de ces pères illustres, héritage qui, depuis [[Homère]] jusqu'au dernier des classiques d'hier (s'il y a eu hier un classique), forme le plus clair et le plus solide de notre fonds intellectuel.}} |
{{citation|citation=Descendants des Romains, ou du moins enfants d'adoption de la race latine, cette race initiée elle-même au culte du Beau par les Grecs, nous avons à embrasser, à comprendre, à ne jamais déserter l'héritage de ces maîtres et de ces pères illustres, héritage qui, depuis [[Homère]] jusqu'au dernier des classiques d'hier (s'il y a eu hier un classique), forme le plus clair et le plus solide de notre fonds intellectuel.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=1|partie=De la tradition en littérature|section=12 avril 1858. ''Causeries du lundi'', t. XV|ISBN=2-7056-6179-4}} |
{{Réf Livre|titre=Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=1|partie=De la tradition en littérature|section=12 avril 1858. ''Causeries du lundi'', t. XV|ISBN=2-7056-6179-4}} |
||
Ligne 170 : | Ligne 170 : | ||
==== Concernant [[Honoré de Balzac|Balzac]] ==== |
==== Concernant [[Honoré de Balzac|Balzac]] ==== |
||
{{citation|citation=Henri IV a conquis son royaume ville à ville. M. de [[Honoré de Balzac|Balzac]] a conquis son public maladif infirmités par infirmités (aujourd'hui les femmes de trente ans, demain celles de cinquante, après-demain les chlorotiques, dans ''Claës'' les contrefaits). Nulle part il est question de santé.}} |
{{citation|citation=[[Henri IV]] a conquis son royaume ville à ville. M. de [[Honoré de Balzac|Balzac]] a conquis son public maladif infirmités par infirmités (aujourd'hui les femmes de trente ans, demain celles de cinquante, après-demain les chlorotiques, dans ''Claës'' les contrefaits). Nulle part il est question de santé.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=117|chapitre=XVI. Sur [[Honoré de Balzac|Balzac]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=117|chapitre=XVI. Sur [[Honoré de Balzac|Balzac]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
||
Ligne 188 : | Ligne 188 : | ||
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=48|chapitre=IV. Sur [[Victor Hugo]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=48|chapitre=IV. Sur [[Victor Hugo]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
||
{{citation|citation=[[Victor Hugo|Hugo]] enfin veut être de l'Académie ; il s'en occupe, il vous en entretient gravement, il s'y appesantit durant des heures, il vous reconduit par distraction du boulevard Saint-Antoine à la Madeleine, à minuit, tout en vous en parlant. Dès que Hugo tient une idée, toutes ses forces s'y portent en masse et s'y concentrent ; et l'on entend arriver du plus loin sa grosse cavalerie d'esprit, artillerie et train, et métaphores.}} |
{{citation|citation=[[Victor Hugo|Hugo]] enfin veut être de l'Académie ; il s'en occupe, il vous en entretient gravement, il s'y appesantit durant des heures, il vous reconduit par distraction du boulevard Saint-Antoine à la Madeleine, à minuit, tout en vous en parlant. Dès que [[Victor Hugo|Hugo]] tient une idée, toutes ses forces s'y portent en masse et s'y concentrent ; et l'on entend arriver du plus loin sa grosse cavalerie d'esprit, artillerie et train, et métaphores.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=50|chapitre=IV. Sur [[Victor Hugo]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=50|chapitre=IV. Sur [[Victor Hugo]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
||
Ligne 194 : | Ligne 194 : | ||
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=51|chapitre=IV. Sur [[Victor Hugo]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=51|chapitre=IV. Sur [[Victor Hugo]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
||
{{citation|citation=Hugo a du grossier et du naïf (je l'ai dit souvent, et je le redis ici d'après une personne qui le connaît encore mieux que moi). Juliette [Drouet] vieillie le garde par ses flatteries basses auxquelles il est pris. L'acteur Frédérick l'avait dit dès le premier jour : « Elle le prendra en lui disant : ''Tu es grand!'' Et elle le gardera en lui disant: ''Tu es beau!'' Il y va chaque jour parce qu'il a besoin de s'entendre dire : ''Tu rayonnes'', et elle le lui dit. Elle le lui écrit jusque dans ses comptes de cuisine qu'elle lui soumet (car avec cela il est ladre), » et elle prend note ainsi : « Reçu de mon ''trop'' chéri..., reçu de mon ''roi''..., de mon ''ange'', de mon ''beau Victor'', etc. tant pour le marché, — tant pour le blanchissage — quinze sous qui ont passé par ses ''belles mains'', etc. »}} |
{{citation|citation=[[Victor Hugo|Hugo]] a du grossier et du naïf (je l'ai dit souvent, et je le redis ici d'après une personne qui le connaît encore mieux que moi). Juliette [Drouet] vieillie le garde par ses flatteries basses auxquelles il est pris. L'acteur Frédérick l'avait dit dès le premier jour : « Elle le prendra en lui disant : ''Tu es grand!'' Et elle le gardera en lui disant: ''Tu es beau!'' Il y va chaque jour parce qu'il a besoin de s'entendre dire : ''Tu rayonnes'', et elle le lui dit. Elle le lui écrit jusque dans ses comptes de cuisine qu'elle lui soumet (car avec cela il est ladre), » et elle prend note ainsi : « Reçu de mon ''trop'' chéri..., reçu de mon ''roi''..., de mon ''ange'', de mon ''beau [[Victor Hugo|Victor]]'', etc. tant pour le marché, — tant pour le blanchissage — quinze sous qui ont passé par ses ''belles mains'', etc. »}} |
||
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=55|chapitre=IV. Sur [[Victor Hugo]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=55|chapitre=IV. Sur [[Victor Hugo]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
||
Ligne 200 : | Ligne 200 : | ||
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=58|chapitre=IV. Sur [[Victor Hugo]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=58|chapitre=IV. Sur [[Victor Hugo]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
||
{{citation|citation=Sur les brûlots que lance [[Victor Hugo|Hugo]] de l'île de Jersey. Hugo est dans son île du Cyclope : il nous lance des quartiers de rocher qui ne nous atteignent pas.}} |
{{citation|citation=Sur les brûlots que lance [[Victor Hugo|Hugo]] de l'île de Jersey. [[Victor Hugo|Hugo]] est dans son île du Cyclope : il nous lance des quartiers de rocher qui ne nous atteignent pas.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=60|chapitre=IV. Sur [[Victor Hugo]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=60|chapitre=IV. Sur [[Victor Hugo]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
||
{{citation|citation=Mme Victor Hugo est morte à Bruxelles, le jeudi 27 août 1868.}} |
{{citation|citation=Mme [[Victor Hugo]] est morte à Bruxelles, le jeudi 27 août 1868.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=63|chapitre=IV. Sur [[Victor Hugo]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=63|chapitre=IV. Sur [[Victor Hugo]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
||
Ligne 224 : | Ligne 224 : | ||
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=112|chapitre=XV. Sur [[George Sand]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=112|chapitre=XV. Sur [[George Sand]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
||
{{citation|citation=Mme d' |
{{citation|citation=Mme d'Agoult avait livré au public son ancien amant [[Franz Liszt|Liszt]] dans ''Nélida'' ; voilà Mme [[George Sand|Sand]] qui, à ce qu'on dit, fait la même chose pour Chopin dans ''Lucrezia'' ; elle achève d'immoler les pianistes avec des détails ignobles de cuisine et de lit. Ces dames ne se contentent pas de détruire leurs amants et de les dessécher ; elles les dissèquent.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=114|chapitre=XV. Sur [[George Sand]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=114|chapitre=XV. Sur [[George Sand]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
||
{{citation|citation=Mme Dudevant commet des infamies, et elle écrit des sublimités. Elle se flatte qu'on ne croira jamais ce qui est, et que la phrase, en définitive, prévaudra. Elle se juge assez vaisseau de haut bord pour avoir la sentine profonde. |
{{citation|citation=Mme [[George Sand|Dudevant]] commet des infamies, et elle écrit des sublimités. Elle se flatte qu'on ne croira jamais ce qui est, et que la phrase, en définitive, prévaudra. Elle se juge assez vaisseau de haut bord pour avoir la sentine profonde. |
||
Une Christine de Suède à l'estaminet.}} |
Une Christine de Suède à l'estaminet.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=114|chapitre=XV. Sur [[George Sand]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
{{Réf Livre|titre=Mes Poisons|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=La Table Ronde|année=2006|page=114|chapitre=XV. Sur [[George Sand]]|ISBN=2-7103-2862-3}} |
||
Ligne 280 : | Ligne 280 : | ||
{{Réf Livre|titre=Portraits de Femmes|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=Gallimard|collection=Folio Classique|année=1998|page=125|section=[[Germaine de Staël|Madame de Staël]]|ISBN=2-07-039493-X}} |
{{Réf Livre|titre=Portraits de Femmes|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=Gallimard|collection=Folio Classique|année=1998|page=125|section=[[Germaine de Staël|Madame de Staël]]|ISBN=2-07-039493-X}} |
||
{{citation|citation=[...] l'existence de [[Germaine de Staël|Mme de Staël]] est dans son entier comme un grand empire qu'elle est sans cesse occupée, non moins que cet autre conquérant, son contemporain et son oppresseur, à compléter et à augmenter. Mais ce n'est pas dans un sens matériel qu'elle s'agite ; ce n'est pas une province après une province, un royaume après un autre, que son activité infatigable convoite et entasse : c'est dans l'ordre de l'esprit qu'elle s'épand sans cesse ; c'est la multiplicité des idées élevées, des sentiments profonds, des relations enviables, qu'elle cherche à organiser en elle, autour d'elle. Oui, en ses années de vie entière et puissante, instinctivement et par l'effet d'une sympathie, d'une curiosité impétueuse, elle aspirait à une vaste cour, à un empire croissant d'intelligence et d'affection, où rien d'important ou de gracieux ne fût omis, où toutes les distinctions de talent, de naissance, de patriotisme, de beauté, eussent leur trône sous ses regards : comme une impératrice de la pensée, elle aimait à enserrer dans ses libres domaines tous les apanages. Quand Bonaparte la frappa, il en voulait confusément à cette rivalité qu'elle affectait sans s'en rendre compte elle-même. [Mai 1835]}} |
{{citation|citation=[...] l'existence de [[Germaine de Staël|Mme de Staël]] est dans son entier comme un grand empire qu'elle est sans cesse occupée, non moins que cet autre conquérant, son contemporain et son oppresseur, à compléter et à augmenter. Mais ce n'est pas dans un sens matériel qu'elle s'agite ; ce n'est pas une province après une province, un royaume après un autre, que son activité infatigable convoite et entasse : c'est dans l'ordre de l'esprit qu'elle s'épand sans cesse ; c'est la multiplicité des idées élevées, des sentiments profonds, des relations enviables, qu'elle cherche à organiser en elle, autour d'elle. Oui, en ses années de vie entière et puissante, instinctivement et par l'effet d'une sympathie, d'une curiosité impétueuse, elle aspirait à une vaste cour, à un empire croissant d'intelligence et d'affection, où rien d'important ou de gracieux ne fût omis, où toutes les distinctions de talent, de naissance, de patriotisme, de beauté, eussent leur trône sous ses regards : comme une impératrice de la pensée, elle aimait à enserrer dans ses libres domaines tous les apanages. Quand [[Napoléon Bonaparte|Bonaparte]] la frappa, il en voulait confusément à cette rivalité qu'elle affectait sans s'en rendre compte elle-même. [Mai 1835]}} |
||
{{Réf Livre|titre=Portraits de Femmes|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=Gallimard|collection=Folio Classique|année=1998|page=129|section=[[Germaine de Staël|Madame de Staël]]|ISBN=2-07-039493-X}} |
{{Réf Livre|titre=Portraits de Femmes|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=Gallimard|collection=Folio Classique|année=1998|page=129|section=[[Germaine de Staël|Madame de Staël]]|ISBN=2-07-039493-X}} |
||
Ligne 295 : | Ligne 295 : | ||
{{Réf Livre|titre=Portraits de Femmes|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=Gallimard|collection=Folio Classique|année=1998|page=143|section=[[Germaine de Staël|Madame de Staël]]|ISBN=2-07-039493-X}} |
{{Réf Livre|titre=Portraits de Femmes|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=Gallimard|collection=Folio Classique|année=1998|page=143|section=[[Germaine de Staël|Madame de Staël]]|ISBN=2-07-039493-X}} |
||
{{citation|citation=Un ordre de police la rejetait à quarante lieues de Paris: instinctivement, opiniâtrement, comme le noble coursier au piquet, qui tend en tous sens son attache, comme la mouche abusée qui se brise sans cesse à tous les points de la vitre en bourdonnant, elle arrivait à cette fatale limite, à Auxerre, à Châlons, à Blois, à Saumur. Sur cette circonférence qu'elle décrit et qu'elle essaye d'entamer, sa marche inégale avec ses amis devient une stratégie savante ; c'est comme une partie d'échecs qu'elle joue contre Bonaparte et Fouché représentés par quelque préfet plus ou moins rigoriste. Quand elle peut s'établir à Rouen, la voilà, dans le premier instant, qui triomphe, car elle a gagné quelques lieues sur le rayon géométrique. Mais ces villes de province offraient peu de ressources à un esprit si actif, si jaloux de l'accent et des paroles de la pure Athènes. Le mépris des petitesses et du médiocre en tout genre la prenait à la gorge, la suffoquait ; elle vérifiait et commentait à satiété la jolie pièce de Picard [...]. Enfin, grâce à la tolérance de Fouché, qui avait pour principe de faire le moins de mal possible quand c'était inutile, il y eut moyen de s'établir à dix-huit lieues de Paris (quelle conquête !), à Acosta, terre de Mme de Castellane ; elle surveillait de là l'impression de ''Corinne''. En renvoyant les ''épreuves'' du livre, elle devait répéter souvent, comme Ovide : « Va, mon livre, heureux livre, qui iras à la ville sans moi ! » — « Oh ! le ruisseau de la rue du Bac ! » s'écriait-elle quand on lui montrait le miroir du Léman. A Acosta, comme à Coppet, elle disait ainsi ; elle tendait plus que jamais les mains vers cette rive si prochaine. L'année 1806 lui sembla trop longue pour que son imagination tint à un pareil supplice, et elle arriva à Paris un soir, n'amenant ou ne prévenant qu'un très-petit nombre d'amis. Elle se promenait chaque soir et une partie de la nuit à la clarté de la lune, n'osant sortir le jour. Mais il lui prit, durant cette aventureuse incursion, une envie violente qui la caractérise, un caprice, par souvenir, de voir une grande dame, ancienne amie de son père Mme de Tessé, celle même qui disait : « |
{{citation|citation=Un ordre de police la rejetait à quarante lieues de Paris : instinctivement, opiniâtrement, comme le noble coursier au piquet, qui tend en tous sens son attache, comme la mouche abusée qui se brise sans cesse à tous les points de la vitre en bourdonnant, elle arrivait à cette fatale limite, à Auxerre, à Châlons, à Blois, à Saumur. Sur cette circonférence qu'elle décrit et qu'elle essaye d'entamer, sa marche inégale avec ses amis devient une stratégie savante ; c'est comme une partie d'échecs qu'elle joue contre [[Napoléon Bonaparte|Bonaparte]] et Fouché représentés par quelque préfet plus ou moins rigoriste. Quand elle peut s'établir à Rouen, la voilà, dans le premier instant, qui triomphe, car elle a gagné quelques lieues sur le rayon géométrique. Mais ces villes de province offraient peu de ressources à un esprit si actif, si jaloux de l'accent et des paroles de la pure Athènes. Le mépris des petitesses et du médiocre en tout genre la prenait à la gorge, la suffoquait ; elle vérifiait et commentait à satiété la jolie pièce de Picard [...]. Enfin, grâce à la tolérance de Fouché, qui avait pour principe de faire le moins de mal possible quand c'était inutile, il y eut moyen de s'établir à dix-huit lieues de Paris (quelle conquête !), à Acosta, terre de Mme de Castellane ; elle surveillait de là l'impression de ''Corinne''. En renvoyant les ''épreuves'' du livre, elle devait répéter souvent, comme Ovide : « Va, mon livre, heureux livre, qui iras à la ville sans moi ! » — « Oh ! le ruisseau de la rue du Bac ! » s'écriait-elle quand on lui montrait le miroir du Léman. A Acosta, comme à Coppet, elle disait ainsi ; elle tendait plus que jamais les mains vers cette rive si prochaine. L'année 1806 lui sembla trop longue pour que son imagination tint à un pareil supplice, et elle arriva à Paris un soir, n'amenant ou ne prévenant qu'un très-petit nombre d'amis. Elle se promenait chaque soir et une partie de la nuit à la clarté de la lune, n'osant sortir le jour. Mais il lui prit, durant cette aventureuse incursion, une envie violente qui la caractérise, un caprice, par souvenir, de voir une grande dame, ancienne amie de son père Mme de Tessé, celle même qui disait : « Si j'étais reine, j'ordonnerais à [[Germaine de Staël|Mme de Staël]] de me parler toujours. » Cette dame pourtant, alors fort âgée, s'effraya à l'idée de recevoir [[Germaine de Staël|Mme de Staël]] proscrite, et il résulta de la démarche une série d'indiscrétions qui firent que Fouché fut averti. Il fallut vite partir, et ne plus se risquer désormais à ces promenades au clair de lune, le long des quais, du ruisseau favori et autour de cette place Louis XV si familière à Delphine. [Mai 1835]}} |
||
{{Réf Livre|titre=Portraits de Femmes|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=Gallimard|collection=Folio Classique|année=1998|page=193|section=[[Germaine de Staël|Madame de Staël]]|ISBN=2-07-039493-X}} |
{{Réf Livre|titre=Portraits de Femmes|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=Gallimard|collection=Folio Classique|année=1998|page=193|section=[[Germaine de Staël|Madame de Staël]]|ISBN=2-07-039493-X}} |
||
Ligne 329 : | Ligne 329 : | ||
{{Réf Livre|titre=Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=174|partie=Alfred de Vigny|section=1835. ''Portraits contemporains'', t. II|ISBN=2-7056-6179-4}} |
{{Réf Livre|titre=Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=174|partie=Alfred de Vigny|section=1835. ''Portraits contemporains'', t. II|ISBN=2-7056-6179-4}} |
||
==== De la littérature industrielle ==== |
==== ''De la littérature industrielle'' ==== |
||
{{citation|citation=En province, à Paris même, si l'on n'y est pas plus ou moins mêlé, on ignore ce que c'est au fond que la presse, ce bruyant rendez-vous, ce poudreux boulevard de la littérature du jour, mais qui a, dans chaque allée, ses passages secrets.}} |
{{citation|citation=En province, à Paris même, si l'on n'y est pas plus ou moins mêlé, on ignore ce que c'est au fond que la presse, ce bruyant rendez-vous, ce poudreux boulevard de la littérature du jour, mais qui a, dans chaque allée, ses passages secrets.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=185|partie=De la littérature industrielle|section=1er septembre 1839. ''Portraits contemporains'', t. II|ISBN=2-7056-6179-4}} |
{{Réf Livre|titre=Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=185|partie=De la littérature industrielle|section=1er septembre 1839. ''Portraits contemporains'', t. II|ISBN=2-7056-6179-4}} |
||
Ligne 360 : | Ligne 360 : | ||
==== Concernant [[Denis Diderot|Diderot]] ==== |
==== Concernant [[Denis Diderot|Diderot]] ==== |
||
{{citation|citation=<poem>[[Denis Diderot|Diderot]] fut cet homme, moule vaste et bouillonnant où tout se fond, où tout se broie, où tout fermente ; capacité la plus encyclopédique qui fût alors, mais capacité active, dévorante à la fois et vivifiante, animant, embrasant tout ce qui y tombe et le renvoyant au dehors dans des torrents de flamme et aussi de fumée ; Diderot passant d'une machine à bas qu'il démonte et décrit aux creusets de d'[[Paul Henri Thiry d'Holbach|Holbach]] et de Rouelle, aux considérations de Bordeu ; disséquant, s'il le veut, l'homme et ses sens aussi dextrement que Condillac, dédoublant le fil de cheveu le plus ténu sans qu'il se brise, puis tout d'un coup rentrant au sein de l'être, de l'espace, de la nature et taillant en plein dans la grande géométrie métaphysique quelques larges lambeaux, quelques pages sublimes et lumineuses que Malebranche ou Leibniz auraient pu signer avec orgueil s'ils n'eussent été chrétiens ; esprit d'intelligence, de hardiesse et de conjecture, alternant du fait à la rêverie, flottant de la majesté au cynisme, bon jusque dans son désordre, un peu mystique dans son incrédulité et auquel il n'a manqué, comme à son siècle, pour avoir l'harmonie, qu'un rayon divin, un ''fiat lux'', une idée régulatrice, un Dieu. |
{{citation|citation=<poem>[[Denis Diderot|Diderot]] fut cet homme, moule vaste et bouillonnant où tout se fond, où tout se broie, où tout fermente ; capacité la plus encyclopédique qui fût alors, mais capacité active, dévorante à la fois et vivifiante, animant, embrasant tout ce qui y tombe et le renvoyant au dehors dans des torrents de flamme et aussi de fumée ; Diderot passant d'une machine à bas qu'il démonte et décrit aux creusets de d'[[Paul Henri Thiry d'Holbach|Holbach]] et de Rouelle, aux considérations de Bordeu ; disséquant, s'il le veut, l'homme et ses sens aussi dextrement que Condillac, dédoublant le fil de cheveu le plus ténu sans qu'il se brise, puis tout d'un coup rentrant au sein de l'être, de l'espace, de la nature et taillant en plein dans la grande géométrie métaphysique quelques larges lambeaux, quelques pages sublimes et lumineuses que Malebranche ou Leibniz auraient pu signer avec orgueil s'ils n'eussent été chrétiens ; esprit d'intelligence, de hardiesse et de conjecture, alternant du fait à la rêverie, flottant de la majesté au cynisme, bon jusque dans son désordre, un peu mystique dans son incrédulité et auquel il n'a manqué, comme à son siècle, pour avoir l'harmonie, qu'un rayon divin, un ''fiat lux'', une idée régulatrice, un Dieu. |
||
Entre [[Voltaire]], [[Georges-Louis Leclerc de Buffon|Buffon]], [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]] et d'Holbach, entre les chimistes et les beaux esprits, entre les géomètres, les mécaniciens et les littérateurs, entre ces derniers et les artistes, sculpteurs ou peintres, entre les défenseurs du goût ancien et les novateurs comme Sedaine, Diderot fut un lien. Il était bien propre à être le centre mobile, le pivot du tourbillon ; à mener la ligue à l'attaque avec concert, inspiration et quelque chose de tumultueux et de grandiose dans l'allure.</poem>}} |
Entre [[Voltaire]], [[Georges-Louis Leclerc de Buffon|Buffon]], [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]] et d'[[Paul Henri Thiry d'Holbach|Holbach]], entre les chimistes et les beaux esprits, entre les géomètres, les mécaniciens et les littérateurs, entre ces derniers et les artistes, sculpteurs ou peintres, entre les défenseurs du goût ancien et les novateurs comme Sedaine, [[Denis Diderot|Diderot]] fut un lien. Il était bien propre à être le centre mobile, le pivot du tourbillon ; à mener la ligue à l'attaque avec concert, inspiration et quelque chose de tumultueux et de grandiose dans l'allure.</poem>}} |
||
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=54|partie=[[Denis Diderot|Diderot]]|section=Juin 1831. ''Portraits littéraires'', t. I|ISBN=2-7056-6178-6}} |
{{Réf Livre|titre=Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès|auteur=Charles-Augustin Sainte-Beuve|éditeur=Hermann (éditeurs des sciences et des arts)|collection=Collection savoir : lettres|année=1992|année d'origine=|page=54|partie=[[Denis Diderot|Diderot]]|section=Juin 1831. ''Portraits littéraires'', t. I|ISBN=2-7056-6178-6}} |
||
== Propos rapportés de Sainte-Beuve et commentaires à ce même sujet == |
== Propos rapportés de Sainte-Beuve et commentaires à ce même sujet == |
||
=== Citations concernant [[Juliette Récamier]] === |
=== Citations concernant [[Juliette Récamier]] === |
||
{{citation|citation=<poem>C'est acquérir des forces que de simplifier sa vie. [[Juliette Récamier|Mme Récamier]] fut plus puissante dans sa cellule de l'Abbaye-aux-Bois qu'elle ne l'avait été dans son bel hôtel. « C'est là, dit Sainte-Beuve, que son doux génie, dégagé des complications trop vives, se fit de plus en plus sentir avec bienveillance... L'esprit de parti était alors dans sa violence. Elle désarmait les colères ; elle adoucissait les aspérités ; elle vous ôtait la rudesse et vous inoculait l'indulgence. » Une femme, si elle est belle, un peu coquette et sait écouter, peut beaucoup sur les passions des hommes. Elle obtient tout parce qu'elle n'exige rien. « Être protégé par Mme Récamier fut, pendant plus de trente ans, la plus infaillible des recommandations. » Elle régna sur l'Académie, sur les Facultés, sur les ministères, « et il n'y avait pas jusqu'aux bâtards de son apothicaire et de son portier que cette femme essentiellement bonne et obligeante ne trouvât moyen de convenablement caser dans les bureaux des ministres ». |
{{citation|citation=<poem>C'est acquérir des forces que de simplifier sa vie. [[Juliette Récamier|Mme Récamier]] fut plus puissante dans sa cellule de l'Abbaye-aux-Bois qu'elle ne l'avait été dans son bel hôtel. « C'est là, dit Sainte-Beuve, que son doux génie, dégagé des complications trop vives, se fit de plus en plus sentir avec bienveillance... L'esprit de parti était alors dans sa violence. Elle désarmait les colères ; elle adoucissait les aspérités ; elle vous ôtait la rudesse et vous inoculait l'indulgence. » Une femme, si elle est belle, un peu coquette et sait écouter, peut beaucoup sur les passions des hommes. Elle obtient tout parce qu'elle n'exige rien. « Être protégé par [[Juliette Récamier|Mme Récamier]] fut, pendant plus de trente ans, la plus infaillible des recommandations. » Elle régna sur l'Académie, sur les Facultés, sur les ministères, « et il n'y avait pas jusqu'aux bâtards de son apothicaire et de son portier que cette femme essentiellement bonne et obligeante ne trouvât moyen de convenablement caser dans les bureaux des ministres ». |
||
A l'Abbaye-aux-Bois, les amours de [[François-René de Chateaubriand|Chateaubriand]] et de Mme Récamier prirent un caractère cérémonieux et public qui rappelle les journées du grand roi.</poem>|précisions=Sainte-Beuve cité par le biographe André Maurois en 1938}} |
A l'Abbaye-aux-Bois, les amours de [[François-René de Chateaubriand|Chateaubriand]] et de [[Juliette Récamier|Mme Récamier]] prirent un caractère cérémonieux et public qui rappelle les journées du grand roi.</poem>|précisions=Sainte-Beuve cité par le biographe André Maurois en 1938}} |
||
{{Réf Livre|titre=René ou la vie de Chateaubriand|auteur=[[André Maurois]]|éditeur=Grasset|collection=Les Cahiers Rouges|année=1956|page=276|section=V ''Un instant de bonheur'|chapitre=VII « Le partisan » |
{{Réf Livre|titre=René ou la vie de Chateaubriand|auteur=[[André Maurois]]|éditeur=Grasset|collection=Les Cahiers Rouges|année=1956|page=276|section=V ''Un instant de bonheur'|chapitre=VII « Le partisan » |
||
|ISBN=2-246-18904-7}} |
|ISBN=2-246-18904-7}} |
||
Ligne 376 : | Ligne 376 : | ||
=== Gérald Antoine, Préface de ''Portraits de Femmes'', 1998 === |
=== Gérald Antoine, Préface de ''Portraits de Femmes'', 1998 === |
||
{{citation|citation=La grâce peut épouser la force : Sainte-Beuve ne s'y risquera point. Elle peut épouser la délicatesse : c'est son alliance de prédilection.|précisions=Citation extraite |
{{citation|citation=La grâce peut épouser la force : Sainte-Beuve ne s'y risquera point. Elle peut épouser la délicatesse : c'est son alliance de prédilection.|précisions=Citation extraite de la préface proposée par Gérald Antoine en 1998.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Portraits de Femmes|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=Gallimard|collection=Folio Classique|année=1998|page=13|section=Un peintre qui « se mire » en ses modèles|chapitre=Préface conçue par Gérald Antoine|ISBN=2-07-039493-X}} |
{{Réf Livre|titre=Portraits de Femmes|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=Gallimard|collection=Folio Classique|année=1998|page=13|section=Un peintre qui « se mire » en ses modèles|chapitre=Préface conçue par Gérald Antoine|ISBN=2-07-039493-X}} |
||
{{citation|citation=Sainte-Beuve n'aime rien tant que peindre des visages en demi-teinte, des femmes écrivains de peu d'éclat, moins auteurs que femmes et qui d'ailleurs ne cherchent nullement à se faire voir de loin.|précisions=Citation extraite |
{{citation|citation=Sainte-Beuve n'aime rien tant que peindre des visages en demi-teinte, des femmes écrivains de peu d'éclat, moins auteurs que femmes et qui d'ailleurs ne cherchent nullement à se faire voir de loin.|précisions=Citation extraite de la préface proposée par Gérald Antoine en 1998.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Portraits de Femmes|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=Gallimard|collection=Folio Classique|année=1998|page=15|section=Femmes et oeuvres : lesquelles choisir ?|chapitre=Préface conçue par Gérald Antoine|ISBN=2-07-039493-X}} |
{{Réf Livre|titre=Portraits de Femmes|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=Gallimard|collection=Folio Classique|année=1998|page=15|section=Femmes et oeuvres : lesquelles choisir ?|chapitre=Préface conçue par Gérald Antoine|ISBN=2-07-039493-X}} |
||
{{citation|citation=Si l'on nous demandait [...] les impressions les plus insistantes qui se dégagent des ''Portraits de Femmes'', nous mettrions en avant d'abord une constante et soyeuse bigarrure, ensuite un invincible goût de l'en-deçà. En-deçà de la critique comme du portrait, car selon l'auteur ni l'une ni l'autre n'ont de fin. En-deçà de la biographie, car elle sent trop l'érudition. En-deçà de la poésie, fût-elle en prose, car sauf exception il n'ose y prétendre. Au bout du compte, les ''Portaits de Femmes'' sont un subtil assortiment de tout cela, et la somme est un fruit dont les saveurs composites flattent la gourmandise, sans toujours l'apaiser.|précisions=Citation extraite |
{{citation|citation=Si l'on nous demandait [...] les impressions les plus insistantes qui se dégagent des ''Portraits de Femmes'', nous mettrions en avant d'abord une constante et soyeuse bigarrure, ensuite un invincible goût de l'en-deçà. En-deçà de la critique comme du portrait, car selon l'auteur ni l'une ni l'autre n'ont de fin. En-deçà de la biographie, car elle sent trop l'érudition. En-deçà de la poésie, fût-elle en prose, car sauf exception il n'ose y prétendre. Au bout du compte, les ''Portaits de Femmes'' sont un subtil assortiment de tout cela, et la somme est un fruit dont les saveurs composites flattent la gourmandise, sans toujours l'apaiser.|précisions=Citation extraite de la préface proposée par Gérald Antoine en 1998.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Portraits de Femmes|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=Gallimard|collection=Folio Classique|année=1998|page=32|section=Du peintre à son public|chapitre=Préface conçue par Gérald Antoine|ISBN=2-07-039493-X}} |
{{Réf Livre|titre=Portraits de Femmes|auteur=Sainte-Beuve|éditeur=Gallimard|collection=Folio Classique|année=1998|page=32|section=Du peintre à son public|chapitre=Préface conçue par Gérald Antoine|ISBN=2-07-039493-X}} |
||
Version du 1 mars 2012 à 11:21
Charles-Augustin Sainte-Beuve est un critique littéraire et écrivain français, né le 23 décembre 1804 à Boulogne-sur-Mer et mort le 13 octobre 1869 à Paris.
Citations
Interventions dans Causeries du lundi
Concernant Balzac
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie Balzac, 2 septembre 1850. Causeries du lundi, t. II, p. 33
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie Balzac, 2 septembre 1850. Causeries du lundi, t. II, p. 35
Concernant Beaumarchais
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, 14 juin 1852. Causeries du lundi, t. VI, p. 13
Concernant André Chénier
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie André Chénier, 19 mai 1851. Causeries du lundi, t. IV, p. 38
Concernant Diderot
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Diderot, 20 janvier 1851. Causeries du lundi, t. III, p. 54
Concernant Marivaux
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Marivaux, 16 et 23 janvier 1854. Causeries du lundi, t. IX, p. 104
Concernant Musset
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie Alfred de Musset, 11 mai 1857. Causeries du lundi, t. XIII, p. 108
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie Alfred de Musset, 11 mai 1857. Causeries du lundi, t. XIII, p. 108
Concernant Montesquieu
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Montesquieu, 18 et 25 octobre. Causeries du lundi, t. VII, p. 118
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Montesquieu, 18 et 25 octobre. Causeries du lundi, t. VII, p. 119
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Montesquieu, 18 et 25 octobre. Causeries du lundi, t. VII, p. 120
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Montesquieu, 18 et 25 octobre. Causeries du lundi, t. VII, p. 121
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Montesquieu, 18 et 25 octobre. Causeries du lundi, t. VII, p. 122
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Montesquieu, 18 et 25 octobre. Causeries du lundi, t. VII, p. 123
- Concernant L'Esprit des lois.
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Montesquieu, 18 et 25 octobre. Causeries du lundi, t. VII, p. 124
Concernant Rousseau
C'est de lui que date chez nous, au dix-huitième siècle, le sentiment de la nature.
C'est de lui aussi que date dans notre littérature le sentiment de la vie domestique, de cette vie bourgeoise, pauvre, recueillie, intime, où s'accumulent tant de trésors vertueux et doux.
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Jean-Jacques Rousseau, 4 novembre 1850. Causeries du lundi, t. III, p. 145
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Jean-Jacques Rousseau, 4 novembre 1850. Causeries du lundi, t. III, p. 146
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Jean-Jacques Rousseau, 4 novembre 1850. Causeries du lundi, t. III, p. 150
Concernant Stendhal
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie Stendhal, 9 janvier 1854. Causeries du lundi, t. IX, p. 153
Concernant Vauvenargues
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Vauvenargues, 4 novembre 1850. Causeries du lundi, t. III, p. 163
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Vauvenargues, 4 novembre 1850. Causeries du lundi, t. III, p. 164
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Vauvenargues, 4 novembre 1850. Causeries du lundi, t. III, p. 164
Concernant Voltaire
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Voltaire, 20 et 27 octobre 1856. Causeries du lundi, t. XIII, p. 168
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Voltaire, 20 et 27 octobre 1856. Causeries du lundi, t. XIII, p. 169
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Voltaire, 20 et 27 octobre 1856. Causeries du lundi, t. XIII, p. 169
En parlant de Rousseau, Voltaire s'abandonne à toute son antipathie contre cet émule et ce puissant collaborateur, en qui il s'obstine à ne voir qu'un fou et qu'il injurie sans pitié :
Ah, monsieur! écrivait-il à M. Bordes [mars 1765], vous voyez bien que Jean-Jacques ressemble à un philosophe comme un singe ressemble à l'homme... On est revenu de ses sophismes et sa personne est en horreur à tous les honnêtes gens qui ont approfondi son caractère. Quel philosophe qu'un brouillon et qu'un délateur. Abandonnons ce malheureux à son opprobre. Les philosophes ne le comptent point parmi leurs frères [...].
Il y a un endroit qui donne tristement à réfléchir sur la faiblesse du coeur humain chez les plus grands esprits. Voltaire vient d'écrire à la duchesse de Saxe-Gotha au sujet de l'exécution du chevalier de La Barre ; il en est révolté, et avec raison ; il trouve horrible que, pour un indigne méfait et qui certes méritait (ce n'est plus lui qui parle) une correction sévère, le chevalier ait été torturé, décapité, livré aux flammes, comme on l'eût fait au douxième siècle ; et tout à côté, voilà qu'il plaisante lui-même sur l'idée qu'on pourrait bien pendre Jean-Jacques Rousseau.
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Voltaire, 20 et 27 octobre 1856. Causeries du lundi, t. XIII, p. 175
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Voltaire, 20 et 27 octobre 1856. Causeries du lundi, t. XIII, p. 178
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Voltaire, 20 et 27 octobre 1856. Causeries du lundi, t. XIII, p. 180
De la tradition littéraire
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la tradition en littérature, 12 avril 1858. Causeries du lundi, t. XV, p. 1
Je me suis [souvent] demandé ce qu'il en aurait été de la destinée moderne littéraire (pour n'envisager que celle-là) si la bataille de Marathon avait été perdue et la Grèce assujettie, asservie, écrasée avant le siècle de Périclès.
N'oublions jamais que Rome était déjà arrivée, par son énergie et son habileté, au pouvoir politique le plus étendu et à la maturité d'un grand Etat, après la seconde guerre punique, sans posséder encore rien qui ressemblât à une littérature proprement dite digne de ce nom; il lui fallut conquérir la Grèce pour être touchée de ce beau feu qui devait doubler et perpétuer sa gloire.
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la tradition en littérature, 12 avril 1858. Causeries du lundi, t. XV, p. 2
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la tradition en littérature, 12 avril 1858. Causeries du lundi, t. XV, p. 3
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la tradition en littérature, 12 avril 1858. Causeries du lundi, t. XV, p. 3
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la tradition en littérature, 12 avril 1858. Causeries du lundi, t. XV, p. 7
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la tradition en littérature, 12 avril 1858. Causeries du lundi, t. XV, p. 8
- Il est ici question de Goethe.
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la tradition en littérature, 12 avril 1858. Causeries du lundi, t. XV, p. 8
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la tradition en littérature, 12 avril 1858. Causeries du lundi, t. XV, p. 8
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la tradition en littérature, 12 avril 1858. Causeries du lundi, t. XV, p. 9
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la tradition en littérature, 12 avril 1858. Causeries du lundi, t. XV, p. 9
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la tradition en littérature, 12 avril 1858. Causeries du lundi, t. XV, p. 9
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la tradition en littérature, 12 avril 1858. Causeries du lundi, t. XV, p. 10
Interventions dans Nouveaux lundis
Concernant de Vigny
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie Alfred de Vigny, 15 avril 1864. Nouveaux lundis, t. VI, p. 176
Interventions dans Premiers lundis
Concernant Casanova
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Giacomo Casanova, 18 novembre 1850. Causeries du lundi, t. III, p. 20
Mes Poisons
Préface
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. I. En guise de préface, p. 9
Concernant l'amour et les femmes
1864.
Le plaisir crée une franc-maçonnerie charmante. Ceux qui y sont profès se reconnaissent d'un clin d'oeil, s'entendent sans avoir besoin de paroles, et il se passe là de ces choses imprévues, sans prélude et sans suites, de ces hasards de rencontre et de mystère qui échappent au récit, mais qui remplissent l'imagination et qui sont un des enchantements de la vie. Ceux qui y ont goûté n'en veulent plus d'autres.
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. VIII. Sur l'amour et les femmes, p. 78
Si j'avais un jeune ami à instruire de mon expérience, je lui dirais : — Aimez une coquette, une dévote, une sotte, une grisette, une duchesse. Vous pourrez réussir, et la dompter, la réduire. Mais si vous cherchez quelque bonheur dans l'amour, n'aimez jamais une muse. Là où vous croirez trouver son coeur, vous ne rencontrerez que son talent.
N'aimez pas Corinne — et surtout si Corinne n'est point encore montée au Capitole ; car le Capitole alors est au dedans, et à tout propos, sur tout sujet (et même les plus doux sujets), elle y monte.
Tout amant préfère le sentier, mais Corinne aime la voie romaine.
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. VIII. Sur l'amour et les femmes, p. 80
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. VIII. Sur l'amour et les femmes, p. 82
Concernant Balzac
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. XVI. Sur Balzac, p. 117
Concernant Victor Cousin
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. IV. Sur Victor Cousin, p. 66
Concernant Victor Hugo
Dans ce recueil des Ombres et Rayons, il y a des choses aussi belles que jamais, mais aussi il y en a de plus détestables et d'insupportables vraiment. Conçoit-on par exemple que, parlant de l'amour, et après une longue et assez poétique énumération,
« Aimer, c'est comprendre les cieux,
C'est mettre (qu'on dorme ou qu'on veille)
Une lumière dans ses yeux,
Une musique en son oreille, »
il ajoute comme chose toute simple :
« C'est se chauffer à ce qui bout ! »
N'est-ce pas exactement comme si, au plus beau milieu du plus beau salon, on apportait tout d'un coup une marmite ? Il y a désormais force de ces incongruités-là chez Hugo ; ce ne sont plus des taches, ce sont des immondices.
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. IV. Sur Victor Hugo, p. 48
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. IV. Sur Victor Hugo, p. 50
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. IV. Sur Victor Hugo, p. 51
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. IV. Sur Victor Hugo, p. 55
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. IV. Sur Victor Hugo, p. 58
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. IV. Sur Victor Hugo, p. 60
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. IV. Sur Victor Hugo, p. 63
Concernant lui-même
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. II. Sur lui-même, p. 21
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. II. Sur lui-même, p. 25
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. II. Sur lui-même, p. 25
Concernant George Sand
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. XV. Sur George Sand, p. 112
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. XV. Sur George Sand, p. 112
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. XV. Sur George Sand, p. 114
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. XV. Sur George Sand, p. 114
Jugements divers
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. III. Jugements divers, p. 30
Anecdotes sur Chateaubriand et ses deux Floridiennes, sur Byron et ses deux Albanais.
Oserai-je jamais moi-même imprimer cela ? Quand on arrive à une certaine note de vérité, on offense les gens jusqu'à les faire crier : ils vous lapideraient, s'ils pouvaient.
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. III. Jugements divers, p. 30
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. III. Jugements divers, p. 32
La prose de Musset est charmante, au rebours de celle de Victor Hugo qui ne peut se relire.
— Essayez, si vous pouvez, de relire Notre-Dame de Paris.
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. III. Jugements divers, p. 32
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. III. Jugements divers, p. 40
- Mes Poisons, Sainte-Beuve, éd. La Table Ronde, 2006 (ISBN 2-7103-2862-3), chap. III. Jugements divers, p. 41
Portraits de Femmes
Avertissement
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Avertissement, p. 37
Concernant le livre de M. Delécluse
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Du Roman intime ou mademoiselle de Liron, p. 60
Concernant Claire de Duras
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Duras, p. 105
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Duras, p. 112
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Duras, p. 116
Concernant Horace
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Charrière, p. 490
Concernant Germaine de Staël
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Staël, p. 125
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Staël, p. 129
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Staël, p. 131
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Staël, p. 132
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Staël, p. 143
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Staël, p. 143
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Staël, p. 193
- A propos de Coppet
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Staël, p. 203
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Staël, p. 205
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Staël, p. 206
Concernant Adélaïde de Souza
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Souza, p. 82
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Souza, p. 85
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), Madame de Souza, p. 87
Portraits Contemporains
Concernant Musset
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie Alfred de Musset, Février 1835. Portraits contemporains, t. II, p. 102
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie Alfred de Musset, Février 1835. Portraits contemporains, t. II, p. 103
Concernant de Vigny
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie Alfred de Vigny, 1835. Portraits contemporains, t. II, p. 174
De la littérature industrielle
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la littérature industrielle, 1er septembre 1839. Portraits contemporains, t. II, p. 185
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la littérature industrielle, 1er septembre 1839. Portraits contemporains, t. II, p. 186
L'annonce constitue, après l'impression, un redoublement de frais qu'il faut prélever sur la première vente, avant d'atteindre aucun profit : mille francs d'annonces pour un ouvrage nouveau ; aussi, à partir de là, les libraires ont-ils impitoyablement exigé des auteurs deux volumes au lieu d'un, et des volumes in-octavo au lieu d'un format moindre ; car cela ne coûte pas plus à annoncer et, les frais d'annonce restant les mêmes, la vente du moins est double et répare.
[...] Il y a des auteurs qui n'écrivent plus leurs romans de feuilletons qu'en dialogue, parce qu'à chaque phrase, et quelquefois à chaque mot, il y a du blanc et que l'on gagne une ligne [...]. Ainsi chacun est allé tout droit dans son égoïsme, coupant l'arbre par la racine. Chacun, en y passant, a effondré le terrain sous ses pas : qu'importe les survenants ? après nous, le déluge !
- Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6179-4), partie De la littérature industrielle, 1er septembre 1839. Portraits contemporains, t. II, p. 187
Portraits Littéraires
Concernant André Chénier
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie André Chénier, 1829. Portraits littéraires, t.I, p. 33
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie André Chénier, 1829. Portraits littéraires, t.I, p. 21
André Chénier nous a dit le secret de son âme : sa vie ne fut pas une vie de plaisir, mais d'art, et tendait à se purifier de plus en plus.
[...] il rêvait, aux bords de la Marne, quelque retraite indépendante et pure, quelque saint loisir, où les beaux-arts, la poésie, la peinture (car il peignait volontiers), le consoleraient des voluptés perdues, et où l'entoureraient un petit nombre d'amis de son choix.
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie André Chénier, 1829. Portraits littéraires, t.I, p. 34
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie André Chénier, 1829. Portraits littéraires, t.I, p. 34
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie André Chénier, 1829. Portraits littéraires, t.I, p. 35
Concernant Diderot
Diderot fut cet homme, moule vaste et bouillonnant où tout se fond, où tout se broie, où tout fermente ; capacité la plus encyclopédique qui fût alors, mais capacité active, dévorante à la fois et vivifiante, animant, embrasant tout ce qui y tombe et le renvoyant au dehors dans des torrents de flamme et aussi de fumée ; Diderot passant d'une machine à bas qu'il démonte et décrit aux creusets de d'Holbach et de Rouelle, aux considérations de Bordeu ; disséquant, s'il le veut, l'homme et ses sens aussi dextrement que Condillac, dédoublant le fil de cheveu le plus ténu sans qu'il se brise, puis tout d'un coup rentrant au sein de l'être, de l'espace, de la nature et taillant en plein dans la grande géométrie métaphysique quelques larges lambeaux, quelques pages sublimes et lumineuses que Malebranche ou Leibniz auraient pu signer avec orgueil s'ils n'eussent été chrétiens ; esprit d'intelligence, de hardiesse et de conjecture, alternant du fait à la rêverie, flottant de la majesté au cynisme, bon jusque dans son désordre, un peu mystique dans son incrédulité et auquel il n'a manqué, comme à son siècle, pour avoir l'harmonie, qu'un rayon divin, un fiat lux, une idée régulatrice, un Dieu.
Entre Voltaire, Buffon, Rousseau et d'Holbach, entre les chimistes et les beaux esprits, entre les géomètres, les mécaniciens et les littérateurs, entre ces derniers et les artistes, sculpteurs ou peintres, entre les défenseurs du goût ancien et les novateurs comme Sedaine, Diderot fut un lien. Il était bien propre à être le centre mobile, le pivot du tourbillon ; à mener la ligue à l'attaque avec concert, inspiration et quelque chose de tumultueux et de grandiose dans l'allure.
- Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992 (ISBN 2-7056-6178-6), partie Diderot, Juin 1831. Portraits littéraires, t. I, p. 54
Propos rapportés de Sainte-Beuve et commentaires à ce même sujet
Citations concernant Juliette Récamier
C'est acquérir des forces que de simplifier sa vie. Mme Récamier fut plus puissante dans sa cellule de l'Abbaye-aux-Bois qu'elle ne l'avait été dans son bel hôtel. « C'est là, dit Sainte-Beuve, que son doux génie, dégagé des complications trop vives, se fit de plus en plus sentir avec bienveillance... L'esprit de parti était alors dans sa violence. Elle désarmait les colères ; elle adoucissait les aspérités ; elle vous ôtait la rudesse et vous inoculait l'indulgence. » Une femme, si elle est belle, un peu coquette et sait écouter, peut beaucoup sur les passions des hommes. Elle obtient tout parce qu'elle n'exige rien. « Être protégé par Mme Récamier fut, pendant plus de trente ans, la plus infaillible des recommandations. » Elle régna sur l'Académie, sur les Facultés, sur les ministères, « et il n'y avait pas jusqu'aux bâtards de son apothicaire et de son portier que cette femme essentiellement bonne et obligeante ne trouvât moyen de convenablement caser dans les bureaux des ministres ».
A l'Abbaye-aux-Bois, les amours de Chateaubriand et de Mme Récamier prirent un caractère cérémonieux et public qui rappelle les journées du grand roi.
- Sainte-Beuve cité par le biographe André Maurois en 1938
- René ou la vie de Chateaubriand, André Maurois, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1956 (ISBN 2-246-18904-7), chap. VII « Le partisan », V Un instant de bonheur', p. 276
L'oeuvre de Sainte-Beuve appréhendée à son tour par la critique
Giovanni Macchia, Chateaubriand — Europe n°775-776, 1993
- « L'homme de la mort — Mythification de l'écrivain », Giovanni Macchia, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 10
Gérald Antoine, Préface de Portraits de Femmes, 1998
- Citation extraite de la préface proposée par Gérald Antoine en 1998.
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), chap. Préface conçue par Gérald Antoine, Un peintre qui « se mire » en ses modèles, p. 13
- Citation extraite de la préface proposée par Gérald Antoine en 1998.
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), chap. Préface conçue par Gérald Antoine, Femmes et oeuvres : lesquelles choisir ?, p. 15
- Citation extraite de la préface proposée par Gérald Antoine en 1998.
- Portraits de Femmes, Sainte-Beuve, éd. Gallimard, coll. « Folio Classique », 1998 (ISBN 2-07-039493-X), chap. Préface conçue par Gérald Antoine, Du peintre à son public, p. 32
Autres projets: