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L''''{{w|ennui}}''' est un sentiment de fatigue morale, de lassitude, de découragement, lié au manque d'intérêt pour quelque chose ou quelqu'un, ou à une impression de vide, d'inutilité.
L''''{{w|ennui}}''' est un sentiment de fatigue morale, de lassitude, de découragement, lié au manque d'intérêt pour quelque chose ou quelqu'un, ou à une impression de vide, d'inutilité.


== Poètes ==
== Cinéma ==
=== Critique ===
==== Paolo Mereghetti, ''Les grands cinéastes : Orson Welles'', 2007 ====
{{citation|Selon les jeunes critiques américains, l'une des grands découvertes de notre époque est la valeur de l'ennui en tant que thème artistique. Si cela est vrai, alors Antonioni mérite de figurer parmi les pionniers de cette tendance en tant que père fondateur.
|précisions=De Orson Welles, cité dans :}}
{{Réf Livre|titre=Les grands cinéastes : Orson Welles|auteur=Paolo Mereghetti|éditeur=Cahiers du cinéma|année=2007|page=71}}


== Littérature ==
{{citation|<poem>Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
=== Correspondance ===
(…)
==== Arrigo Boito, ''Verdi. Autobiographie à travers la correspondance'', 1894 ====
Dans la ménagerie infâme de nos vices,
{{citation|L'ennui est une opinion.}}
{{Réf Livre|titre de la contribution=À propos de l'opéra ''Fior d'Alpe'', de Franchetti (réponse à Verdi)|auteur de la contribution=Arrigo Boito|titre=Verdi. Autobiographie à travers la correspondance|auteur=Aldo Oberdorfer (éd.)|éditeur=J. C. Lattès|année=1984|année d'origine=1894|page=371}}


=== Écrit intime ===
Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
==== Alfred de Vigny, ''Journal d'un poète'', 1867 ====
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
{{citation|L'ennui est la grande maladie de la vie ; on ne cesse de maudire sa brièveté, et toujours elle est trop longue, puisqu'on n'en sait que faire.}}
Il ferait volontiers de la terre un débris,
{{Réf Livre|titre=Journal d'un poète |auteur=Alfred de Vigny|éditeur=Librairire Delagrave|année=1921|année d'origine=1867|page=86}}
Et dans un bâillement avalerait le monde;


==== [[Pierre Pachet]], ''Autobiographie de mon père'', 1994 ====
C'est l'Ennui !
{{citation|citation=Sans doute est-il nécessaire que je m’explique, moi Pierre Pachet, sur le texte étrange qu’on va lire et pour lequel j’ai tenu la plume. Quel est le sens de ce projet, et comment l’ai-je réalisé ? Dans l’enfance, je m’ennuyais beaucoup (…) Seule ma mère avait la sympathie et la finesse nécessaires pour me comprendre et m’aider(…) Mon père, lui, n’émergeait de son travail que pour rechercher le repos, en « s’allongeant » ou en partant se promener. Mais l’ennui, chez moi, ne voulait pas des promenades. }}
</poem>}}
{{Réf Livre|titre= Autobiographie de mon père|auteur= [[Pierre Pachet]]|éditeur=Autrement |année=1994|page=5|ISBN=2-86260-491-7}}
{{réf Livre|titre=Les Fleurs du mal
|titre de la contribution=Au Lecteur
|auteur=Charles Baudelaire
|éditeur=Lemerre
|année=1900?|page=10
|année d'origine=1857
|partie=Spleen et idéal
|s=Les Fleurs du mal}}


=== Essai ===
{{citation|Vengeance est fille de l'ennui.}}
==== [[Charles Dantzig]], ''Dictionnaire égoïste de la littérature française'', 2005 ====
{{Réf Livre|titre=Dernière gerbe
{{Citation|citation= On peut aimer l’ennui. C’est même une façon d’aimer la société dans laquelle on vit. Dan les années 1960, les habitants de l’Europe de l’Ouest raffolaient de l’élégant ennui des films d’Antonioni, ceux de l’Europe de l’Est vénéraient le brutal ennui des pièces de Bertolt Brecht.}}
|auteur=Victor Hugo
{{réf Livre|auteur=[[Charles Dantzig]]|titre=Dictionnaire égoïste de la littérature française|éditeur=Grasset|année=2005|page=280}}
|éditeur=Société d'éditions littéraires et artistiques
|année=1906?
|page=52
}}


{{Citation|citation=Quantité de gens se marient pour la même raison qu’ils lisent : ils s’ennuient. Aussitôt s’anéantit le romanesque de l’amour, car, marié, on se rend compte qu’on est le même avec du poids en plus. Les membres du couple s’ennuient. Ils se remettent à lire. La facilité du divorce a réduit le nombre de lecteurs de romans. }}
{{réf Livre|auteur=[[Charles Dantzig]]|titre=Dictionnaire égoïste de la littérature française|éditeur=Grasset|année=2005|page=280-281}}


=== Essai poétique ===
{{citation|L'ennui est la grande maladie de la vie ; on ne cesse de maudire sa brièveté, et toujours elle est trop longue, puisqu'on n'en sait que faire.}}
==== [[Jean Cocteau]], ''Le Coq et l'Arlequin — Notes autour de la musique'', 1918 ====
{{Réf Livre
{{citation|citation=Il y a des œuvres longues qui sont courtes. L’œuvre de Wagner est une œuvre longue qui est longue, une œuvre en étendue, parce que l’ennui semble à ce vieux dieu une drogue utile pour obtenir l'hébétement des fidèles.}}
|titre=Journal d'un poète
{{Réf Livre|titre= Le Coq et l'Arlequin|auteur=[[Jean Cocteau]]|éditeur= Ed. De la Sirène|année=1918|page=22}}
|auteur=Alfred de Vigny
|éditeur=Librairire Delagrave
|année=1921
|année d'origine=1867
|page=86}}


=== Prose poétique ===
{{citation|L'ennui est une opinion.}}
==== [[André Breton]], ''Poisson soluble'', 1924 ====
{{Réf Livre
{{Citation|citation=Pourvu que je ne manque pas la correspondance avec l'ennui ! Nous y sommes : l'ennui, les belles parallèles, ah ! que les parallèles sont belles sous la perpendiculaire de Dieu.}}
|titre de la contribution=à propos de l'opéra ''Fior d'Alpe'', de Franchetti (réponse à Verdi)
{{Réf Livre|titre=Poisson soluble|auteur=[[André Breton]]|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1996|année d'origine=1924|page=34|partie=2|ISBN=2-07-032917-8}}
|auteur de la contribution=Arrigo Boito
|titre=Verdi. Autobiographie à travers la correspondance
|auteur=Aldo Oberdorfer (éd.)
|éditeur=J. C. Lattès
|année=1984
|année d'origine=1894
|page=371}}


=== Poésie ===
==== [[Charles Baudelaire]], ''Les Fleurs du mal'', 1857 ====
{{citation|<poem>Mais parmi les chacals, les panthères, les lices [...],
Dans la ménagerie infâme de nos vices,

Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris,
Et dans un bâillement avalerait le monde ;


C'est l'Ennui !</poem>}}
{{réf Livre|titre=Les Fleurs du mal|titre de la contribution=Au Lecteur|auteur=[[Charles Baudelaire]]|éditeur=Lemerre|année=1900?|page=10|année d'origine=1857|partie=Spleen et idéal|s=Les Fleurs du mal}}

==== [[Henri de Régnier]], ''Les jeux rustiques et divins'', 1897 ====
{{citation|<poem>Je t’entendais jadis du fond des soirs d’ennui
{{citation|<poem>Je t’entendais jadis du fond des soirs d’ennui
Gémir avec le câble et la mâture
Gémir avec le câble et la mâture
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Pleurer dans l’ombre où l’Heure a fui
Pleurer dans l’ombre où l’Heure a fui
Avec les ailes du Silence. </poem>}}
Avec les ailes du Silence. </poem>}}
{{Réf Livre|titre de la contribution= Refrain |titre= Les jeux rustiques et divins|auteur= [[Henri de Régnier]]|éditeur= Mercure de France|année= 1897|page= 231}}
{{Réf Livre
|titre de la contribution= Refrain 
|titre= Les jeux rustiques et divins
|auteur= Henri de Régnier
|éditeur= Mercure de France
|année= 1897
|page= 231
}}


==== [[Victor Hugo]], ''Dernière gerbe'', 1902 ====
{{citation|Vengeance est fille de l'ennui.}}
{{Réf Livre|titre=Dernière gerbe|auteur=[[Victor Hugo]]|éditeur=Société d'éditions littéraires et artistiques|année=1906?|page=52}}


=== Roman ===
{{citation|citation=Il y a des œuvres longues qui sont courtes. L’œuvre de Wagner est une œuvre longue qui est longue, une œuvre en étendue, parce que l’ennui semble à ce vieux dieu une drogue utile pour obtenir l'hébétement des fidèles.
==== [[Daniel Boulanger]], ''Table d’hôtes'', 1982 ====
}}
{{Réf Livre|titre= Le Coq et l'Arlequin
|auteur=Jean Cocteau
|éditeur= Ed. De la Sirène
|année=1918
|page=22
}}

== Romanciers ==

{{citation|<poem>Vous ne savez pas ce que c’est que l’ennui, docteur. Imaginez que vous soyez cette boîte à thé. Elle a six faces.
{{citation|<poem>Vous ne savez pas ce que c’est que l’ennui, docteur. Imaginez que vous soyez cette boîte à thé. Elle a six faces.
- Oui, dit Aubineau en regardant le cube de bois blanc marqué au fer en lettres cyrilliques, que prenait la fille du prince de Novgorod.
- Oui, dit Aubineau en regardant le cube de bois blanc marqué au fer en lettres cyrilliques, que prenait la fille du prince de Novgorod.
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- Juste le souvenir, reprit-elle, de ce qui était et l’idée de ce qui pourrait redevenir une boîte, mais la boîte n’a aucun désir et je n’ai aucun goût pour elle. Voilà mon existence, voilà l’ennui. J’ajoute que ce qui est écrit sur cette boîte n’est pas le mot thé, mais le mot pâte de fruit. Autrement dit, elle ne sert pas à ses fins premières.
- Juste le souvenir, reprit-elle, de ce qui était et l’idée de ce qui pourrait redevenir une boîte, mais la boîte n’a aucun désir et je n’ai aucun goût pour elle. Voilà mon existence, voilà l’ennui. J’ajoute que ce qui est écrit sur cette boîte n’est pas le mot thé, mais le mot pâte de fruit. Autrement dit, elle ne sert pas à ses fins premières.
- Un ennui double alors, dit le docteur, un ennui de luxe. Ce qui n’est déjà plus l’ennui pur.</poem>}}
- Un ennui double alors, dit le docteur, un ennui de luxe. Ce qui n’est déjà plus l’ennui pur.</poem>}}
{{Réf Livre|titre de la contribution=Le prince ouvrier|titre=Table d’hôtes|auteur=[[Daniel Boulanger]]|éditeur=Gallimard|année=1982|page=118-119}}
{{Réf Livre
|titre de la contribution=Le prince ouvrier
|titre=Table d’hôtes
|auteur=Daniel Boulanger
|éditeur=Gallimard
|année=1982
|page=118-119}}


{{citation|Macha est ma meilleure amie, mais elle n’est pas à mon service. L’ennui est pareil à la lampe que la police vous dirige dans l’oeil et qui suit chacun de vos mouvements. Il arrive qu’une amie passer entre elle et nous. Cela soulage, mais un si court instant ! L’amie est toujours de hasard, avez-vous remarqué ?}}
{{citation|Macha est ma meilleure amie, mais elle n’est pas à mon service. L’ennui est pareil à la lampe que la police vous dirige dans l’oeil et qui suit chacun de vos mouvements. Il arrive qu’une amie passer entre elle et nous. Cela soulage, mais un si court instant ! L’amie est toujours de hasard, avez-vous remarqué ?}}
{{Réf Livre|titre de la contribution=Le prince ouvrier|titre=Table d’hôtes|auteur=[[Daniel Boulanger]]|éditeur=Gallimard|année=1982|page=121}}
{{Réf Livre
|titre de la contribution=Le prince ouvrier
|titre=Table d’hôtes
|auteur=Daniel Boulanger
|éditeur=Gallimard
|année=1982
|page=121}}


==== [[Philippe Djian]], ''Lent dehors'', 1991 ====
{{citation|Ma classe ressemblait à une cité engloutie, peuplée de fantômes et de carcasses piquant du nez dans un courant d'eau tiède.}}
{{Réf Livre|titre= Lent dehors|auteur= [[Philippe Djian]]|éditeur= Folio|année= 1993|page= 22|année d'origine=1991}}


{{citation|Certaines avaient de belles paires de fesses, de jolies poitrines. Elles avaient des cris clairs, des dents blanches, des poses étudiées. Les garçons les observaient comme du bétail et souriaient aux obscénités qu'ils échangeaient. Ils avaient des yeux vifs, des dents blanches, des manières brutales. Ce qu'ils partageaient, les uns et les autres, ce qu'évoquait leur visage, était la cruauté et l'ennui.}}
{{citation|Ma classe ressemblait à une cité engloutie, peuplée de fantômes et de carcasses piquant du nez dans un courant d'eau tiède.
{{Réf Livre|titre= Lent dehors|auteur= [[Philippe Djian]]|éditeur= Folio|année= 199|page= 192
}}
|année d'origine=1991}}
{{Réf Livre
|titre= Lent dehors
|auteur= Philippe Djian
|éditeur= Folio
|année= 1993
|page= 22
|année d'origine=1991
}}

{{citation|
Certaines avaient de belles paires de fesses, de jolies poitrines. Elles avaient des cris clairs, des dents blanches, des poses étudiées. Les garçons les observaient comme du bétail et souriaient aux obscénités qu'ils échangeaient. Ils avaient des yeux vifs, des dents blanches, des manières brutales. Ce qu'ils partageaient, les uns et les autres, ce qu'évoquait leur visage, était la cruauté et l'ennui.
}}
{{Réf Livre
|titre= Lent dehors
|auteur= Philippe Djian
|éditeur= Folio
|année= 1993
|page= 192
|année d'origine=1991
}}

{{citation|citation=Sans doute est-il nécessaire que je m’explique, moi Pierre Pachet, sur le texte étrange qu’on va lire et pour lequel j’ai tenu la plume. Quel est le sens de ce projet, et comment l’ai-je réalisé ? Dans l’enfance, je m’ennuyais beaucoup (…) Seule ma mère avait la sympathie et la finesse nécessaires pour me comprendre et m’aider(…) Mon père, lui, n’émergeait de son travail que pour rechercher le repos, en « s’allongeant » ou en partant se promener. Mais l’ennui, chez moi, ne voulait pas des promenades. }}

{{Réf Livre|titre= Autobiographie de mon père
|auteur= Pierre Pachet
|éditeur=Autrement
|année=1994
|page=5
|ISBN=2-86260-491-7}}


==== [[Fred Vargas]], ''L'armée Furieuse'', 2011 ====
{{citation|Ici, c'est comme partout, il y a beaucoup de têtes creuses qui ont vite fait de se remplir de n'importe quoi, si possible du pire. C'est ce que tout le monde préfère, le pire. On s'ennuie tellement.}}
{{citation|Ici, c'est comme partout, il y a beaucoup de têtes creuses qui ont vite fait de se remplir de n'importe quoi, si possible du pire. C'est ce que tout le monde préfère, le pire. On s'ennuie tellement.}}
{{Réf Livre|titre=L'armée Furieuse|auteur=[[Fred Vargas]]|éditeur=Viviane Hamy|année=2011|page=76}}
{{Réf Livre
|titre=L'armée Furieuse
|auteur=Fred Vargas
|éditeur=Viviane Hamy
|année=2011
|page=76
}}

== Essayistes et philosophes ==


== Philosophie ==
=== [[Marcel Conche]], ''Confessions d’un philosophe. Réponses à André Comte-Sponville'', 2003 ===
{{citation|citation=Le grand bonheur est toujours extraordinaire et impréparé ; on ne peut ni le choisir ni l’organiser. Quant au petit bonheur courant, je n’y vois qu’ennui et promesse d’ennui.}}
{{citation|citation=Le grand bonheur est toujours extraordinaire et impréparé ; on ne peut ni le choisir ni l’organiser. Quant au petit bonheur courant, je n’y vois qu’ennui et promesse d’ennui.}}
{{Réf Livre|titre=Confessions d’un philosophe. Réponses à André Comte-Sponville|auteur=[[Marcel Conche]]|éditeur=Albin Michel|collection=Biblio Essais|année=2003|ISBN=2-253-13100-8|page=154}}
{{Réf Livre
|titre=Confessions d’un philosophe. Réponses à André Comte-Sponville
|auteur=Marcel Conche
|éditeur=Albin Michel
|collection=Biblio Essais
|année=2003
|ISBN=2-253-13100-8
|page=154}}


=== Alain Jay, ''Quel ennui !'', 2007 ===
{{Citation|citation= On peut aimer l’ennui. C’est même une façon d’aimer la société dans laquelle on vit. Dan les années 1960, les habitants de l’Europe de l’Ouest raffolaient de l’élégant ennui des films d’Antonioni, ceux de l’Europe de l’Est vénéraient le brutal ennui des pièces de Bertolt Brecht.}}
{{citation|Dans la perspective chrétienne, l'ennui est un passe-temps de reptile.}}
{{réf Livre|auteur=Charles Dantzig|titre=Dictionnaire égoïste de la littérature française|éditeur=Grasset|année=2005|page=280}}
{{Réf Livre|titre= Quel ennui !|auteur= Alain Jay|éditeur= L'Harmattan|année= 2007|page= 54}}


{{citation|L'analogie entre l'ennui et le sommeil, qui culmine dans la sieste, ne vaut précisément qu'à titre d'analogie. () De fait ils diffèrent, et par un point essentiel : dormir suppose de s'abandonner, alors que l'ennui est une résistance. Passive, certes, mais résistance tout de même.}}
{{Citation|citation=Quantité de gens se marient pour la même raison qu’ils lisent : ils s’ennuient. Aussitôt s’anéantit le romanesque de l’amour, car, marié, on se rend compte qu’on est le même avec du poids en plus. Les membres du couple s’ennuient. Ils se remettent à lire. La facilité du divorce a réduit le nombre de lecteurs de romans. }}
{{réf Livre|auteur=Charles Dantzig|titre=Dictionnaire égoïste de la littérature française|éditeur=Grasset|année=2005|page=280-281}}
{{Réf Livre|titre= Quel ennui !|auteur= Alain Jay|éditeur= L'Harmattan|année= 2007|page= 90}}


{{citation|L'ennui est la veille d'une conscience solitaire.}}
{{Réf Livre|titre= Quel ennui !|auteur= Alain Jay|éditeur= L'Harmattan|année= 2007|page= 91}}


{{citation|Qu'est-ce que l'insomnie en effet sinon un ennui agacé de petites lanières en cuir pour autant d'ennuis diurnes particuliers remontant à la surface des draps ?}}
{{citation|
{{Réf Livre|titre= Quel ennui !|auteur= Alain Jay|éditeur= L'Harmattan|année= 2007|page= 91}}
Dans la perspective chrétienne, l'ennui est un passe-temps de reptile.
}}
{{Réf Livre
|titre= Quel ennui !
|auteur= Alain Jay
|éditeur= L'Harmattan
|année= 2007
|page= 54
}}

{{citation|L'analogie entre l'ennui et le sommeil, qui culmine dans la sieste, ne vaut précisément qu'à titre d'analogie. () De fait ils diffèrent, et par un point essentiel : dormir suppose de s'abandonner, alors que l'ennui est une résistance. Passive, certes, mais résistance tout de même.
}}
{{Réf Livre
|titre= Quel ennui !
|auteur= Alain Jay
|éditeur= L'Harmattan
|année= 2007
|page= 90
}}

{{citation|
L'ennui est la veille d'une conscience solitaire.
}}
{{Réf Livre
|titre= Quel ennui !
|auteur= Alain Jay
|éditeur= L'Harmattan
|année= 2007
|page= 91
}}

{{citation|Qu'est-ce que l'insomnie en effet sinon un ennui agacé de petites lanières en cuir pour autant d'ennuis diurnes particuliers remontant à la surface des draps ?
}}
{{Réf Livre
|titre= Quel ennui !
|auteur= Alain Jay
|éditeur= L'Harmattan
|année= 2007
|page= 91
}}


== Autres ==

{{citation|Selon les jeunes critiques américains, l'une des grands découvertes de notre époque est la valeur de l'ennui en tant que thème artistique. Si cela est vrai, alors Antonioni mérite de figurer parmi les pionniers de cette tendance en tant que père fondateur.
|précisions=De Orson Welles, cité dans :}}
{{Réf Livre
|titre=Les grands cinéastes: Orson Welles
|auteur=Paolo Mereghetti
|éditeur=Cahiers du cinéma
|année=2007
|page=71}}





Version du 15 janvier 2012 à 20:55

L'ennui est un sentiment de fatigue morale, de lassitude, de découragement, lié au manque d'intérêt pour quelque chose ou quelqu'un, ou à une impression de vide, d'inutilité.

Cinéma

Critique

Paolo Mereghetti, Les grands cinéastes : Orson Welles, 2007

Selon les jeunes critiques américains, l'une des grands découvertes de notre époque est la valeur de l'ennui en tant que thème artistique. Si cela est vrai, alors Antonioni mérite de figurer parmi les pionniers de cette tendance en tant que père fondateur.
  • De Orson Welles, cité dans :
  • Les grands cinéastes : Orson Welles, Paolo Mereghetti, éd. Cahiers du cinéma, 2007, p. 71


Littérature

Correspondance

Arrigo Boito, Verdi. Autobiographie à travers la correspondance, 1894

L'ennui est une opinion.
  • « À propos de l'opéra Fior d'Alpe, de Franchetti (réponse à Verdi) », Arrigo Boito, dans Verdi. Autobiographie à travers la correspondance (1894), Aldo Oberdorfer (éd.), éd. J. C. Lattès, 1984, p. 371


Écrit intime

Alfred de Vigny, Journal d'un poète, 1867

L'ennui est la grande maladie de la vie ; on ne cesse de maudire sa brièveté, et toujours elle est trop longue, puisqu'on n'en sait que faire.
  • Journal d'un poète (1867), Alfred de Vigny, éd. Librairire Delagrave, 1921, p. 86


Pierre Pachet, Autobiographie de mon père, 1994

Sans doute est-il nécessaire que je m’explique, moi Pierre Pachet, sur le texte étrange qu’on va lire et pour lequel j’ai tenu la plume. Quel est le sens de ce projet, et comment l’ai-je réalisé ? Dans l’enfance, je m’ennuyais beaucoup (…) Seule ma mère avait la sympathie et la finesse nécessaires pour me comprendre et m’aider(…) Mon père, lui, n’émergeait de son travail que pour rechercher le repos, en « s’allongeant » ou en partant se promener. Mais l’ennui, chez moi, ne voulait pas des promenades.


Essai

Charles Dantzig, Dictionnaire égoïste de la littérature française, 2005

On peut aimer l’ennui. C’est même une façon d’aimer la société dans laquelle on vit. Dan les années 1960, les habitants de l’Europe de l’Ouest raffolaient de l’élégant ennui des films d’Antonioni, ceux de l’Europe de l’Est vénéraient le brutal ennui des pièces de Bertolt Brecht.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 280


Quantité de gens se marient pour la même raison qu’ils lisent : ils s’ennuient. Aussitôt s’anéantit le romanesque de l’amour, car, marié, on se rend compte qu’on est le même avec du poids en plus. Les membres du couple s’ennuient. Ils se remettent à lire. La facilité du divorce a réduit le nombre de lecteurs de romans.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 280-281


Essai poétique

Jean Cocteau, Le Coq et l'Arlequin — Notes autour de la musique, 1918

Il y a des œuvres longues qui sont courtes. L’œuvre de Wagner est une œuvre longue qui est longue, une œuvre en étendue, parce que l’ennui semble à ce vieux dieu une drogue utile pour obtenir l'hébétement des fidèles.
  • Le Coq et l'Arlequin, Jean Cocteau, éd. Ed. De la Sirène, 1918, p. 22


Prose poétique

André Breton, Poisson soluble, 1924

Pourvu que je ne manque pas la correspondance avec l'ennui ! Nous y sommes : l'ennui, les belles parallèles, ah ! que les parallèles sont belles sous la perpendiculaire de Dieu.


Poésie

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857

Mais parmi les chacals, les panthères, les lices [...],
Dans la ménagerie infâme de nos vices,

Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris,
Et dans un bâillement avalerait le monde ;

C'est l'Ennui !


Henri de Régnier, Les jeux rustiques et divins, 1897

Je t’entendais jadis du fond des soirs d’ennui
Gémir avec le câble et la mâture
Et les grands et calmes oiseaux
Dont l’aile frôle le silence,
Je t’entends au fond des soirs d’ennui
Pleurer dans l’ombre où l’Heure a fui
Avec les ailes du Silence.

  • « Refrain », dans Les jeux rustiques et divins, Henri de Régnier, éd. Mercure de France, 1897, p. 231


Victor Hugo, Dernière gerbe, 1902

Vengeance est fille de l'ennui.
  • Dernière gerbe, Victor Hugo, éd. Société d'éditions littéraires et artistiques, 1906?, p. 52


Roman

Daniel Boulanger, Table d’hôtes, 1982

Vous ne savez pas ce que c’est que l’ennui, docteur. Imaginez que vous soyez cette boîte à thé. Elle a six faces.
- Oui, dit Aubineau en regardant le cube de bois blanc marqué au fer en lettres cyrilliques, que prenait la fille du prince de Novgorod.
- Eh bien, j’ôte le couvercle, je la retourne...
- Mais vous faites tomber le thé !
- Nous le ramasserons, dit-elle. Voici donc une boîte vide et sans couvercle. Il lui reste quatre faces et un fond. Ôtez-les un à un.
- Mais il n’y aura plus rien ! dit le docteur.
- Juste le souvenir, reprit-elle, de ce qui était et l’idée de ce qui pourrait redevenir une boîte, mais la boîte n’a aucun désir et je n’ai aucun goût pour elle. Voilà mon existence, voilà l’ennui. J’ajoute que ce qui est écrit sur cette boîte n’est pas le mot thé, mais le mot pâte de fruit. Autrement dit, elle ne sert pas à ses fins premières.
- Un ennui double alors, dit le docteur, un ennui de luxe. Ce qui n’est déjà plus l’ennui pur.

  • « Le prince ouvrier », dans Table d’hôtes, Daniel Boulanger, éd. Gallimard, 1982, p. 118-119


Macha est ma meilleure amie, mais elle n’est pas à mon service. L’ennui est pareil à la lampe que la police vous dirige dans l’oeil et qui suit chacun de vos mouvements. Il arrive qu’une amie passer entre elle et nous. Cela soulage, mais un si court instant ! L’amie est toujours de hasard, avez-vous remarqué ?
  • « Le prince ouvrier », dans Table d’hôtes, Daniel Boulanger, éd. Gallimard, 1982, p. 121


Philippe Djian, Lent dehors, 1991

Ma classe ressemblait à une cité engloutie, peuplée de fantômes et de carcasses piquant du nez dans un courant d'eau tiède.


Certaines avaient de belles paires de fesses, de jolies poitrines. Elles avaient des cris clairs, des dents blanches, des poses étudiées. Les garçons les observaient comme du bétail et souriaient aux obscénités qu'ils échangeaient. Ils avaient des yeux vifs, des dents blanches, des manières brutales. Ce qu'ils partageaient, les uns et les autres, ce qu'évoquait leur visage, était la cruauté et l'ennui.


Fred Vargas, L'armée Furieuse, 2011

Ici, c'est comme partout, il y a beaucoup de têtes creuses qui ont vite fait de se remplir de n'importe quoi, si possible du pire. C'est ce que tout le monde préfère, le pire. On s'ennuie tellement.
  • L'armée Furieuse, Fred Vargas, éd. Viviane Hamy, 2011, p. 76


Philosophie

Marcel Conche, Confessions d’un philosophe. Réponses à André Comte-Sponville, 2003

Le grand bonheur est toujours extraordinaire et impréparé ; on ne peut ni le choisir ni l’organiser. Quant au petit bonheur courant, je n’y vois qu’ennui et promesse d’ennui.
  • Confessions d’un philosophe. Réponses à André Comte-Sponville, Marcel Conche, éd. Albin Michel, coll. « Biblio Essais », 2003  (ISBN 2-253-13100-8), p. 154


Alain Jay, Quel ennui !, 2007

Dans la perspective chrétienne, l'ennui est un passe-temps de reptile.
  • Quel ennui !, Alain Jay, éd. L'Harmattan, 2007, p. 54


L'analogie entre l'ennui et le sommeil, qui culmine dans la sieste, ne vaut précisément qu'à titre d'analogie. () De fait ils diffèrent, et par un point essentiel : dormir suppose de s'abandonner, alors que l'ennui est une résistance. Passive, certes, mais résistance tout de même.
  • Quel ennui !, Alain Jay, éd. L'Harmattan, 2007, p. 90


L'ennui est la veille d'une conscience solitaire.
  • Quel ennui !, Alain Jay, éd. L'Harmattan, 2007, p. 91


Qu'est-ce que l'insomnie en effet sinon un ennui agacé de petites lanières en cuir pour autant d'ennuis diurnes particuliers remontant à la surface des draps ?
  • Quel ennui !, Alain Jay, éd. L'Harmattan, 2007, p. 91


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