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== ''Dictionnaire égoïste de la littérature française'', 2005 ==
== ''Dictionnaire égoïste de la littérature française'', 2005 ==

{{Citation|citation=Une défectuosité de l’outil engendre la virtuosité de l’ouvrier.}}
{{réf Livre|auteur=Charles Dantzig|titre=Dictionnaire égoïste de la littérature française|éditeur=Grasset|année=2005|page=11}}


{{Citation|citation=Rien n'éloigne plus d'un écrivain que ses ennemis, si ce n'est ses admirateurs. Compagnie en rangs serrés, arme à l'épaule, elle monte la garde en chantant : ''Gloi-rà-not'grantôm ! - Gloi-rà-not'grandtôm !'' Et si l'on s'approche trop ils grognent, chiens de garde protégeant l'os qui leur donne de l'existence.}}
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{{Citation|citation=Sans doute faut-il être nonagénaire et gaga pour apprécier le ''Finnegans Wake'' de Joyce.}}
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{{Citation|citation=De fait, ce sont les lectures des adultes qu’on devrait surveiller. On les abandonne comme des chiens aux grandes vacances au bord de l’autoroute, et ils avancent, désespérés, hâves, frôlant les murs pour éviter la pluie, avec des épaules d’hyène et des inquiétudes de loup, dérobant le premier os de Danielle Steel ou de Marc Levy qui dépasse d’une poubelle. Nonchalants, les éditeurs les tirent.}}
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{{Citation|citation=Selon les époques, les artistes sont considérés comme de la domesticité de luxe ou comme le luxe de la domesticité.}}
{{Citation|citation=Selon les époques, les artistes sont considérés comme de la domesticité de luxe ou comme le luxe de la domesticité.}}

Version du 8 janvier 2011 à 19:41

Charles Dantzig est un écrivain français, de son vrai nom Patrick Lefebvre, né à Tarbes le 7 octobre 1961.

Dictionnaire égoïste de la littérature française, 2005

Une défectuosité de l’outil engendre la virtuosité de l’ouvrier.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 11


Rien n'éloigne plus d'un écrivain que ses ennemis, si ce n'est ses admirateurs. Compagnie en rangs serrés, arme à l'épaule, elle monte la garde en chantant : Gloi-rà-not'grantôm ! - Gloi-rà-not'grandtôm ! Et si l'on s'approche trop ils grognent, chiens de garde protégeant l'os qui leur donne de l'existence.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 13.


Sans doute faut-il être nonagénaire et gaga pour apprécier le Finnegans Wake de Joyce.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 16


De fait, ce sont les lectures des adultes qu’on devrait surveiller. On les abandonne comme des chiens aux grandes vacances au bord de l’autoroute, et ils avancent, désespérés, hâves, frôlant les murs pour éviter la pluie, avec des épaules d’hyène et des inquiétudes de loup, dérobant le premier os de Danielle Steel ou de Marc Levy qui dépasse d’une poubelle. Nonchalants, les éditeurs les tirent.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 17


Selon les époques, les artistes sont considérés comme de la domesticité de luxe ou comme le luxe de la domesticité.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 18.


[Proust] a découvert, puis admis la contradiction entre le dire et le faire. Les hommes sont autres qu'ils ne le disent. Et après ? Cette autre idée de soi est un élément du moi, sa part idéaliste, qui cherche à excuser ses petitesses réalistes. Ce livre nous donne une impression d'immense indulgence. Il y a sur la lune une mer de la Sérénité, A la recherche du temps perdu est la mer de l'Indulgence. Les hommes sont imparfaits, mais ce sont les hommes. Comme tout grand roman, A la recherche du temps perdu n'est pas moraliste. Il comprend tout. Il admet tout. L'homme n'est pas un ennemi.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 23.


A la recherche du temps perdu n'est pas un roman hâtif, et c'est sa qualité. Proust est un entrepreneur texan qui ne quitte pas ses hectares sans en avoir sucé le maximum de pétrole. Et ses personnages, grands derricks noirs, se dressent à perte de vue dans nos imaginations.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 26-27.


La moitié de la gloire de Baudelaire vient, non de ses grands vers, mais de ce qu'il n'est jamais content.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 31.


Un moraliste devrait assumer sa posture de tueur méprisant : une phrase, une balle, on rengaine.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 31.


L'aigre est une variété de l'amer. [...] L'aigreur est la supériorité du stérile.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 31.


Selon les grincheux, nous vivons en décadence. Comme si la décadence n'était pas là depuis le premier jour de la vie. Chassé du paradis, Adam errait en grommelant : "Tout fout le camp." Avant c'était mieux. Après ce sera mieux. Pauvre présent ! Pauvre présent toujours injurié, présent qui est nous, présent qui n'arrive jamais à se débarrasser du chewing-gum du passé et devant qui on agite en permanence le papier brillant de l'avenir, pauvre présent, tu trouves le moyen d'admirer ceux qui t'injurient.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 31-32.


L'amour est un espoir. De là sa nuance de bassesse. Seulement, c'est un espoir envers soi-même, de pouvoir être assez bien pour plaire, etc. De là sa nuance de hauteur.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 32.


Les femmes deviennent amoureuses espérant introduire du romanesque dans leur vie. Ayant constaté que cela a surtout introduit des emmerdements, elles lisent des romans.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 33.


L'amour est le seul sujet sur lequel on puisse écrire n'importe quoi, car l'amour est n'importe quoi. C'est une qualité.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 33.


Quand il y a querelle entre les Anciens et les Modernes, choisissez les Modernes : c'est vous.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 33.


Il y a quelque chose de putassier chez Apollinaire, putassier comme peut l'être un enfant. Il a le génie du câlinage. Comme on se laisse charmer par ce serveur de pizzeria déposant l'assiette d'un geste rond avec un regard langoureux pour la cliente !
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 37.


Les plus grands inventeurs ne sont pas les plus diplômés, car l'érudition blase ou paralyse.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 40.


Colette ressemblait à un renard. C'est bien sa seule absence de ruse.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 42.


Aragon est l'écrivain qui n'a jamais ri.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 47.


Si un auteur est généralement un petit peu moins bien que son livre, c'est que, au moment où il l'écrivait, il était plus complet. Il avait convoqué son moi idéal, ses talents, ses ruses, ses élans, il affrontait des obstacles dont les héros de romans courtois n'ont pas idée. Il s'élevait. Revenu à terre, il prend un repos nécessaire, car personne ne pourrait supporter ces tensions en permanence, envoyant tout ce personnel en vacances, et se retrouve seul, avec un air de vieux maître d'hôtel fourbu dans un château abandonné.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 53.


Pourquoi lire, 2010

Un livre n'est pas fait pour les lecteurs, il n'est même pas fait pour son auteur, il n'est fait pour personne. Il est fait pour être. Un livre fait pour les lecteurs les prends pour un public.
  • Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 27


Et quel atroce caprice est la lecture, atroce pour les auteurs ! Tout ce qui périt de talents par défaut de lecture ! Les bons lecteurs, on devrait les enfermer pour lire ! On leur verserait un salaire et ils ne feraient que ça, sauver la littérature en la lisant ! 24 ans !
  • Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 28


Ce n'est pas nous dans les livres qui nous font juger que les livres sont bons, c'est le talent. Ce n'est pas aux personnages, aux idée qu'on veut ressembler. On veut ressembler au talent.
  • Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 29


On ne lit pas un livre pour une histoire, on lit un livre pour danser avec son auteur.
  • Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 46


La seule question à se poser devant un chef, c'est : ferait-il brûler la bibliothèque d'Alexandrie ? Si on ne pense pas à le faire, c'est qu'il est bonasse et rien à craindre. Si on y pense, c'est qu'il y a des soupçons sur sa vulgarité.
  • Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 57


Oui, on lit par protestation contre la vie. La vie est très mal faite. On y rencontre sans arrêt des gens inutiles. Elle est pleine de redites. Ses paysages sont interminables. Si elle se présentait chez un éditeur, la vie serait refusée.
  • Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 107


Lire est déraisonnable. Il y a des choses bien plus importantes, disent les importants. C'est vrai. Et, le sachant, nous continuons en sifflotant ces lectures qui nous privent de la gloriole et de la fortunette.
  • Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 134


Ah, ce que j'aurai pu aimer les livres. Leur forme, leur odeur, leur promesse. Et pourtant, quelle forme banale, et parfois quelle odeur déplaisante, quelle déception. Tant pis. Car enfin, de cet objet somme toute si commun, noir sur blanc, mouche sur laid, surgit, d'autres fois, un monde. Et voilà pourquoi la lecture n'est pas contre la vie. Elle est la vie, une vie plus sérieuse, moins violente, moins frivole, plus durable, plus orgueilleuse, moins vaniteuse, avec souvent toutes les faiblesses de l'orgueil, la timidité, le silence, la reculade. Elle maintient, dans l'utilitarisme du monde, du détachement en faveur de la pensée.
  • Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 241


Et quand l'objet en papier aura disparu, pour la satisfaction douloureuse des amers qui diront : je l'avais prédit, nous répondrons : et alors ? Nous ne lisons plus sur les rouleaux de Rome, seuls quelques érudits savent qu'ils ont existé, et la littérature romaine demeure, en partie. Plus noirs que ces amers, on dira que l'informatisation servira encore mieux les puissants, qui pourront ranger l'humanité dans des appartements toujours plus petits, puisque plus besoin de bibliothèque et tout dans iPad, et que, un jour quand cela sera réduit à un tout petit point rouge, il clignotera fébrilement, puis hoquetant de moins en moins, il, s'éteindra.

Ne lisant plus, l'humanité sera ramenée à l'état naturel, parmi les animaux. Le tyran universel, inculte, sympathique, doux, sourira sur l'écran en couleurs qui surplombera la terre.
  • Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 244


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