« Charles Dantzig » : différence entre les versions
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{{Citation|citation=Si un auteur est généralement un petit peu moins bien que son livre, c'est que, au moment où il l'écrivait, il était plus complet. Il avait convoqué son moi idéal, ses talents, ses ruses, ses élans, il affrontait des obstacles dont les héros de romans courtois n'ont pas idée. Il s'élevait. Revenu à terre, il prend un repos nécessaire, car personne ne pourrait supporter ces tensions en permanence, envoyant tout ce personnel en vacances, et se retrouve seul, avec un air de vieux maître d'hôtel fourbu dans un château abandonné.}} |
{{Citation|citation=Si un auteur est généralement un petit peu moins bien que son livre, c'est que, au moment où il l'écrivait, il était plus complet. Il avait convoqué son moi idéal, ses talents, ses ruses, ses élans, il affrontait des obstacles dont les héros de romans courtois n'ont pas idée. Il s'élevait. Revenu à terre, il prend un repos nécessaire, car personne ne pourrait supporter ces tensions en permanence, envoyant tout ce personnel en vacances, et se retrouve seul, avec un air de vieux maître d'hôtel fourbu dans un château abandonné.}} |
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{{réf Livre|auteur=Charles Dantzig|titre=Dictionnaire égoïste de la littérature française|éditeur=Grasset|année=2005|page=53.}} |
{{réf Livre|auteur=Charles Dantzig|titre=Dictionnaire égoïste de la littérature française|éditeur=Grasset|année=2005|page=53.}} |
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Un livre n'est pas fait pour les lecteurs, il n'est même pas fait pour son auteur, il n'est fait pour personne. Il est fait pour être. Un livre fait pour les lecteurs les prends pour un public. |
Un livre n'est pas fait pour les lecteurs, il n'est même pas fait pour son auteur, il n'est fait pour personne. Il est fait pour être. Un livre fait pour les lecteurs les prends pour un public. |
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''Pourquoi lire ?'', Ed Grasset, 2010, p.27 |
''Pourquoi lire ?'', Ed Grasset, 2010, p.27 |
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Et quel atroce caprice est la lecture, atroce pour les auteurs ! Tout ce qui périt de talents par défaut de lecture ! Les bons lecteurs, on devrait les enfermer pour lire ! On leur verserait un salaire et ils ne feraient que ça, sauver la littérature en la lisant ! 24 ans ! |
Et quel atroce caprice est la lecture, atroce pour les auteurs ! Tout ce qui périt de talents par défaut de lecture ! Les bons lecteurs, on devrait les enfermer pour lire ! On leur verserait un salaire et ils ne feraient que ça, sauver la littérature en la lisant ! 24 ans ! |
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''Pourquoi Lire ?'', Ed Grasset, 2010, p.28 |
''Pourquoi Lire ?'', Ed Grasset, 2010, p.28 |
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Ce n'est pas nous dans les livres qui nous font juger que les livres sont bons, c'est le talent. Ce n'est pas aux personnages, aux idée qu'on veut ressembler. On veut ressembler au talent. |
Ce n'est pas nous dans les livres qui nous font juger que les livres sont bons, c'est le talent. Ce n'est pas aux personnages, aux idée qu'on veut ressembler. On veut ressembler au talent. |
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''Pourquoi lire ?'', Ed Grasset, 2010, p.29 |
''Pourquoi lire ?'', Ed Grasset, 2010, p.29 |
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On ne lit pas un livre pour une histoire, on lit un livre pour danser avec son auteur. |
On ne lit pas un livre pour une histoire, on lit un livre pour danser avec son auteur. |
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''Pourquoi lire ?'', Ed Grasset, 2010, p.46 |
''Pourquoi lire ?'', Ed Grasset, 2010, p.46 |
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La seule question à se poser devant un chef, c'est : ferait-il brûler la bibliothèque d'Alexandrie ? Si on ne pense pas à le faire, c'est qu'il est bonasse et rien à craindre. Si on y pense, c'est c'est qu'il y a des soupçons sur sa vulgarité. |
La seule question à se poser devant un chef, c'est : ferait-il brûler la bibliothèque d'Alexandrie ? Si on ne pense pas à le faire, c'est qu'il est bonasse et rien à craindre. Si on y pense, c'est c'est qu'il y a des soupçons sur sa vulgarité. |
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''Pourquoi lire ?'', Ed Grasset, 2010, p.57 |
''Pourquoi lire ?'', Ed Grasset, 2010, p.57 |
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Oui, on lit par protestation contre la vie. La vie est très mal faite. On y rencontre sans arrêt des gens inutiles. Elle est pleine de redites. Ses paysages sont interminables. Si elle se présentait chez un éditeur, la vie serait refusée. |
Oui, on lit par protestation contre la vie. La vie est très mal faite. On y rencontre sans arrêt des gens inutiles. Elle est pleine de redites. Ses paysages sont interminables. Si elle se présentait chez un éditeur, la vie serait refusée. |
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''Pourquoi Lire ?'', Ed Grasset, 2010, p. 107 |
''Pourquoi Lire ?'', Ed Grasset, 2010, p. 107 |
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Lire est déraisonnable. Il y a des choses bien plus importantes, disent les importants. C'est vrai. Et, le sachant, nous continuons en sifflotant ces lectures qui nous privent de la gloriole et de la fortunette. |
Lire est déraisonnable. Il y a des choses bien plus importantes, disent les importants. C'est vrai. Et, le sachant, nous continuons en sifflotant ces lectures qui nous privent de la gloriole et de la fortunette. |
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''''Pourquoi Lire?'', Ed Grasset, 2010, p. 134 |
''''Pourquoi Lire?'', Ed Grasset, 2010, p. 134 |
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Ah, ce que j'aurai pu aimer les livres. Leur forme, leur odeur, leur promesse. Et pourtant, quelle forme banale, et parfois quelle odeur déplaisante, quelle déception. Tant pis. Car enfin, de cet objet somme toute si commun, noir sur blanc, mouche sur laid, surgit, d'autres fois, un monde. Et voilà pourquoi la lecture n'est pas contre la vie. Elle est la vie, une vie plus sérieuse, moins violente, moins frivole, plus durable, plus orgueilleuse, moins vaniteuse, avec souvent toutes les faiblesses de l'orgueil, la timidité, le silence, la reculade. Elle maintient, dans l'utilitarisme du monde, du détachement en faveur de la pensée. |
Ah, ce que j'aurai pu aimer les livres. Leur forme, leur odeur, leur promesse. Et pourtant, quelle forme banale, et parfois quelle odeur déplaisante, quelle déception. Tant pis. Car enfin, de cet objet somme toute si commun, noir sur blanc, mouche sur laid, surgit, d'autres fois, un monde. Et voilà pourquoi la lecture n'est pas contre la vie. Elle est la vie, une vie plus sérieuse, moins violente, moins frivole, plus durable, plus orgueilleuse, moins vaniteuse, avec souvent toutes les faiblesses de l'orgueil, la timidité, le silence, la reculade. Elle maintient, dans l'utilitarisme du monde, du détachement en faveur de la pensée. |
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''Pourquoi lire ?'', Ed Grasset, 2010, p.241 |
''Pourquoi lire ?'', Ed Grasset, 2010, p.241 |
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Et quand l'objet en papier aura disparu, pour la satisfaction douloureuse des amers qui diront: je l'avais prédit, nous répondrons : et alors ? Nous ne lisons plus sur les rouleaux de Rome, seuls quelques érudits savent qu'ils ont existé, et la littérature romaine demeure, en partie. Plus noirs que ces amers, on dira que l'informatisation servira encore mieux les puissants, qui pourront ranger l'humanité dans des appartements toujours plus petits, puisque plus besoin de bibliothèque et tout dans iPad, et que, un jour quand cela sera réduit à un tout petit point rouge, il clignotera fébrilement, puis hoquetant de moins en moins, |
Et quand l'objet en papier aura disparu, pour la satisfaction douloureuse des amers qui diront: je l'avais prédit, nous répondrons : et alors ? Nous ne lisons plus sur les rouleaux de Rome, seuls quelques érudits savent qu'ils ont existé, et la littérature romaine demeure, en partie. Plus noirs que ces amers, on dira que l'informatisation servira encore mieux les puissants, qui pourront ranger l'humanité dans des appartements toujours plus petits, puisque plus besoin de bibliothèque et tout dans iPad, et que, un jour quand cela sera réduit à un tout petit point rouge, il clignotera fébrilement, puis hoquetant de moins en moins, |
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Ne lisant plus, l'humanité sera ramenée à l'état naturel, parmi les animaux. Le tyran universel, inculte, sympathique, doux, sourira sur l'écran en couleurs qui surplombera la terre. |
Ne lisant plus, l'humanité sera ramenée à l'état naturel, parmi les animaux. Le tyran universel, inculte, sympathique, doux, sourira sur l'écran en couleurs qui surplombera la terre. |
Version du 11 novembre 2010 à 21:47
Charles Dantzig est un écrivain français, de son vrai nom Patrick Lefebvre, né à Tarbes le 7 octobre 1961.
Essais
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 13.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 18.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 23.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 26-27.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 31.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 31.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 31.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 31-32.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 32.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 33.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 33.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 33.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 37.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 40.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 42.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 47.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 53.
Un livre n'est pas fait pour les lecteurs, il n'est même pas fait pour son auteur, il n'est fait pour personne. Il est fait pour être. Un livre fait pour les lecteurs les prends pour un public.
Pourquoi lire ?, Ed Grasset, 2010, p.27
Et quel atroce caprice est la lecture, atroce pour les auteurs ! Tout ce qui périt de talents par défaut de lecture ! Les bons lecteurs, on devrait les enfermer pour lire ! On leur verserait un salaire et ils ne feraient que ça, sauver la littérature en la lisant ! 24 ans !
Pourquoi Lire ?, Ed Grasset, 2010, p.28
Ce n'est pas nous dans les livres qui nous font juger que les livres sont bons, c'est le talent. Ce n'est pas aux personnages, aux idée qu'on veut ressembler. On veut ressembler au talent.
Pourquoi lire ?, Ed Grasset, 2010, p.29
On ne lit pas un livre pour une histoire, on lit un livre pour danser avec son auteur.
Pourquoi lire ?, Ed Grasset, 2010, p.46
La seule question à se poser devant un chef, c'est : ferait-il brûler la bibliothèque d'Alexandrie ? Si on ne pense pas à le faire, c'est qu'il est bonasse et rien à craindre. Si on y pense, c'est c'est qu'il y a des soupçons sur sa vulgarité.
Pourquoi lire ?, Ed Grasset, 2010, p.57
Oui, on lit par protestation contre la vie. La vie est très mal faite. On y rencontre sans arrêt des gens inutiles. Elle est pleine de redites. Ses paysages sont interminables. Si elle se présentait chez un éditeur, la vie serait refusée.
Pourquoi Lire ?, Ed Grasset, 2010, p. 107
Lire est déraisonnable. Il y a des choses bien plus importantes, disent les importants. C'est vrai. Et, le sachant, nous continuons en sifflotant ces lectures qui nous privent de la gloriole et de la fortunette.
''Pourquoi Lire?, Ed Grasset, 2010, p. 134
Ah, ce que j'aurai pu aimer les livres. Leur forme, leur odeur, leur promesse. Et pourtant, quelle forme banale, et parfois quelle odeur déplaisante, quelle déception. Tant pis. Car enfin, de cet objet somme toute si commun, noir sur blanc, mouche sur laid, surgit, d'autres fois, un monde. Et voilà pourquoi la lecture n'est pas contre la vie. Elle est la vie, une vie plus sérieuse, moins violente, moins frivole, plus durable, plus orgueilleuse, moins vaniteuse, avec souvent toutes les faiblesses de l'orgueil, la timidité, le silence, la reculade. Elle maintient, dans l'utilitarisme du monde, du détachement en faveur de la pensée.
Pourquoi lire ?, Ed Grasset, 2010, p.241
Et quand l'objet en papier aura disparu, pour la satisfaction douloureuse des amers qui diront: je l'avais prédit, nous répondrons : et alors ? Nous ne lisons plus sur les rouleaux de Rome, seuls quelques érudits savent qu'ils ont existé, et la littérature romaine demeure, en partie. Plus noirs que ces amers, on dira que l'informatisation servira encore mieux les puissants, qui pourront ranger l'humanité dans des appartements toujours plus petits, puisque plus besoin de bibliothèque et tout dans iPad, et que, un jour quand cela sera réduit à un tout petit point rouge, il clignotera fébrilement, puis hoquetant de moins en moins, il, s'éteindra.
Ne lisant plus, l'humanité sera ramenée à l'état naturel, parmi les animaux. Le tyran universel, inculte, sympathique, doux, sourira sur l'écran en couleurs qui surplombera la terre.
Pourquoi lire ?, Ed Grasset, 2010, p. 244
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