Protagoras (Platon)

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Pour le sophiste, voir Protagoras. 

Début du Protagoras dans le codex Clarkianus 39 (fin du IXe siècle).

Le Protagoras est un dialogue de Platon.

Citations[modifier]

L’ami : D’où viens-tu, Socrate ? Sans doute de la chasse à la beauté d’Alcibiade ? Je l’ai vu justement avant-hier et, c’est vrai, j’ai trouvé que c’était encore un bel homme. Mais un homme, Socrate, soit dit entre nous, avec déjà toute cette barbe qui lui pousse au menton !
Socrate : Et alors ? N’es-tu pas toi-même un admirateur d’Homère, qui a dit que le plus bel âge était celui de la première barbe, c’est-à-dire précisément l’âge d’Alcibiade ?
  • Début du dialogue.
  • Protagoras, Platon (trad. Frédérique Ildefonse), éd. Flammarion, coll. « GF », 1997  (ISBN 978-2-0807-0761-1), 309a-b, p. 67


Socrate à Hippocrate : [T]u t’apprêtes à confier le soin de ton âme à un homme qui est, comme tu dis, un sophiste. Mais ce que peut bien être un sophiste, cela m’étonnerait que tu le saches. Et si tu l’ignores, tu ne sais pas à qui tu confies ton âme, ni si c’est une bonne ou une mauvaise chose.
  • À propos de Protagoras qui vient d’arriver à Athènes.
  • Protagoras, Platon (trad. Frédérique Ildefonse), éd. Flammarion, coll. « GF », 1997  (ISBN 978-2-0807-0761-1), 312b-c, p. 73


Protagoras : Mon enseignement porte sur la manière de bien délibérer dans les affaires privées, savoir comment administrer au mieux sa propre maison, ainsi que, dans les affaires de la cité, savoir comment devenir le plus à même de les traiter, en actes comme en paroles.

Socrate : Est-ce que je te suis bien ? […] Tu m’as l’air de parler de l’art politique et de t’engager à faire des hommes de bons citoyens.

Protagoras : C’est tout à fait, Socrate, […], l’engagement que je prends.
  • Protagoras, Platon (trad. Frédérique Ildefonse), éd. Flammarion, coll. « GF », 1997  (ISBN 978-2-0807-0761-1), 318e-319a, p. 82


Socrate : [L]orsqu’il faut décider de l’administration de la cité, on voit se lever indifféremment pour donner un conseil charpentier, forgeron, cordonnier, grossiste, armateur, riche et pauvre, noble et roturier, et personne pourtant ne leur reproche, […], de s’aviser de donner des conseils, sans rien avoir appris d’aucune source et sans avoir eu aucun maître ; il est donc manifeste qu’ils considèrent qu’il n’y a pas là matière à enseignement.
  • Protagoras, Platon (trad. Frédérique Ildefonse), éd. Flammarion, coll. « GF », 1997  (ISBN 978-2-0807-0761-1), 319c-d, p. 83


Protagoras : Personne, […], ne châtie un coupable en ne tenant compte, pour tout motif, que de la faute commise, à moins de s’abandonner, comme une bête sauvage, à la vengeance de manière totalement irrationnelle ; celui qui entreprend de châtier rationnellement ne se venge pas d’une injustice passée — car ce qui est fait est fait —, mais il châtie en vue de l’avenir, pour dissuader le coupable, ou quiconque aura assisté au châtiment, de commettre une nouvelle injustice ; et penser cela revient à penser que la vertu peut s’enseigner, puisque c’est pour dissuader qu’il châtie.
  • Protagoras, Platon (trad. Frédérique Ildefonse), éd. Flammarion, coll. « GF », 1997  (ISBN 978-2-0807-0761-1), 324a-b, p. 89


Protagoras : [E]xactement comme les maîtres d’écriture esquissent avec leur stylet le tracé des lettres pour les enfants qui ne savent pas écrire, puis leur remettent la tablette et les contraignent à écrire en suivant l’esquisse des lettres, la cité trace l’esquisse des lois, qui sont les découvertes des bons législateurs de jadis, et contraint chacun, qu’il commande ou qu’il soit commandé, à vivre en les respectant ; […].
  • Protagoras, Platon (trad. Frédérique Ildefonse), éd. Flammarion, coll. « GF », 1997  (ISBN 978-2-0807-0761-1), 326d, p. 92


Protagoras : [S]onge à présent que l’homme qui te paraît le plus injuste de tous ceux qui ont été élevés parmi des hommes soumis à des lois serait encore juste, et compétent en la matière, s’il fallait le comparer à des hommes qui n’auraient ni éducation, ni tribunaux, ni lois, et qui n’auraient été contraints d’aucune manière de se soucier de la vertu, mais seraient de vrais sauvages, du genre de ceux que le poète Phérécrate a mis en scène l’année dernière aux Lénéennes.
  • Protagoras, Platon (trad. Frédérique Ildefonse), éd. Flammarion, coll. « GF », 1997  (ISBN 978-2-0807-0761-1), 327c-d, p. 94


Socrate : Protagoras, il se trouve que j’ai une mauvaise mémoire, et si quelqu’un me tient un long discours, j’en viens à oublier ce dont il parle. Si j’étais un peu sourd, tu penserais qu’il me faut parler plus fort qu’aux autres, si tu voulais discuter avec moi ; eh bien, de la même manière, puisque tu es tombé sur quelqu’un qui a une mauvaise mémoire, condense tes réponses et fais-les plus courtes, si tu veux que je te suive.
  • Protagoras, Platon (trad. Frédérique Ildefonse), éd. Flammarion, coll. « GF », 1997  (ISBN 978-2-0807-0761-1), 334c-d, p. 104


Hippias : Vous qui êtes ici présents, […], je pense personnellement que vous êtes tous des parents, des proches et des concitoyens non pas selon la loi, mais selon la nature ; le semblable, par nature, est parent du semblable, alors que la loi, ce tyran des hommes, impose de force bien des choses contre nature.
  • Protagoras, Platon (trad. Frédérique Ildefonse), éd. Flammarion, coll. « GF », 1997  (ISBN 978-2-0807-0761-1), 337c-d, p. 108