Postmodernisme (philosophie)

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La philosophie postmoderne fait suite au structuralisme dans les années 1960. Elle prend de l'ampleur après 1968 aux USA où on la désigne comme « French Theory ». Elle revient en France sous une forme politique et militante de la lutte contre les discriminations de minorités disparates et hétérogènes en déniant la lutte des classes et en occultant les mouvements progressistes ou « Modernes ».

Les travaux qualifiés de postmodernes (post-structuralisme, déconstruction, multiculturalisme, anti-humanisme, anti-historicisme (relativisme), gender studies…) rompent en général avec le règne du sujet et de la raison, et les traditions philosophiques et idéologiques européennes héritées du Siècle des Lumières, comme la quête d'un système rationnel universel qu'on trouve dans le kantisme ou l'hégélianisme.

Sur le post-structualisme[modifier]

Émile Jalley[modifier]

Le travail qu’a fait en définitive à partir de 1960 le nouveau structuralisme [post-structuralisme] des Lévi-Strauss, Foucault, Althusser, Deleuze, Derrida, a consisté pour l’essentiel à confirmer la mort de Dieu (Nietzsche) et la fin de la métaphysique (Heidegger), en envoyant paître du même coup de balai la dialectique, l’histoire, l’humanisme, et aussi la « psychologie ».
  • La Réforme du collège, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 139


En France, c’est le travail de sape acharné de l’école structuraliste des années 1960 (Lévi-Strauss, Foucault, Deleuze, Derrida) contre l’existentialisme sartrien et l’ensemble des concepts qui lui étaient liés, qui a préparé le vide culturel où s’est engouffrée progressivement l’idéologie française à partir des années 1980.
  • La Réforme du collège, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 108


C’est cela qu’a été le structuralisme : la paix tranquille et résignée des grands cimetières, même emplis de verdure à l’américaine, ouverts à la méditation des gestionnaires de tous ordres.
  • La Réforme du collège, Émile Jalley, éd. L'Harmattan, 2015, p. 109


Sur la déconstruction[modifier]

Renaud Garcia[modifier]

La critique sociale contemporaine [postmoderne], dans les discours et les pratiques, a effectivement pris ce tour foucaldien, marqué par la prolifération, le surgissement imprévisible de nouveaux motifs de discrimination, d'exclusion, de « stigmatisation » ou « d'invisibilisation », pour reprendre des termes et néologismes devenus lieux communs. Il faudrait ainsi se réjouir d'une société qui a de moins en moins honte de son pluralisme, et qui inscrit son devenir dans la fragilité et l'instabilité. Or, cette valorisation de la dissémination à son envers, élevé désormais […] au rang de catégorie de pensée et d'action : 'l'essentialisme'. Un « essentialiste » serait ennemi de la pluralité, donc un partisan de l'ordre, puis de la totalité sociale, et enfin un nostalgique d'un monde stabilisé autour de références partagées et immuables. De l'essentialisme à la réaction, il y aurait donc qu'un pas, qu'une critique digne de ce nom devrait s'éviter de franchir.

[…] En posant la question des finalités de la déconstruction, il s'agit d'interroger ce geste critique, qui ouvre à la prolifération indéfinie des luttes, du point de vue de ses effets à la fois sur le fonctionnement réel du système capitaliste, et sur les gens qui seraient les plus susceptibles de formuler de sérieux griefs à l'égard de ce système. La pensée de la déconstruction, tournée vers le progrès des mœurs et l'affirmation de subjectivités libérées des pesanteurs des normes, connaît certes un franc succès chez les intellectuels critiques « de gauche ».

Mais que dire des gens qui, 'a priori', sont placés dans des conditions matérielles et symboliques telles qu'ils auraient un intérêt radical à un changement de systèmes ? Que penser des pauvres, des ouvriers délocalisés, des petits employés, de la jeunesse au chômage, des cadres pris dans la dynamique de la performance du travail, et plus largement de tous les salariés enferrés dans le cycle mortifère surtravail-consommation-surtravail — toutes catégories de personnes qui éprouve de plein fouet, autant physiquement que psychiquement, la violence de l'organisation capitaliste de la société ? […]
  • Le Désert de la critique — Déconstruction et politique, Renaud Garcia, éd. L'Échappé, coll. « Versus », 2015, p. 24-25


Dans la géographie[modifier]

La géographie française a tout à gagner à prendre en compte, d’une façon ou d’une autre, les apports du postmodernisme. Toute la géographie ? Il ne s’agit pas de prétendre que les spécialistes de l’analyse spatiale devraient davantage s’inspirer de Derrida. Rien ne leur interdit en revanche de s’emparer des nouveaux objets mis en avant par les postmodernistes. L’analyse spatiale peut les éclairer d’une autre façon, et elle-même tirer profit de l’élargissement de son champ. Quant à la géographie sociale et culturelle, dont le renouvellement récent passe par une meilleure prise en compte de l’acteur et des représentations, et par une intégration des théories sociales, elle ne peut que bénéficier d’une confrontation au postmodernisme, avec qui elle a nombre de préoccupations en partage.
  • Conclusion d'une tribune commune avec Jean-François Staszak analysant le peu d'intérêt de la géographie française pour le courant postmoderniste de la géographie américaine.
  • « Que faire de la géographie postmoderniste ? », Béatrice Collignon et Jean-François Staszak, L'Information géographique, nº 2004/1, 2004, p. 19 (lire en ligne)