Mauprat (roman)

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Bernard Mauprat, encore enfant, est emmené au château de la Roche-Mauprat. Illustration de le Blant gravée par H. Toussaint pour une réédition de 'Mauprat chez Calmann Lévy en 1887.

Mauprat est un roman historique publié par la romancière française George Sand en 1837. L'histoire se déroule pour la majeure partie dans le Berry à l'aube de la Révolution française au XVIIIe siècle. Il relate l'histoire d'un jeune garçon issu d'une famille de seigneurs cruels, les Mauprat, qui échappe peu à peu à son lourd héritage familial grâce à l'amour qu'il éprouve pour sa cousine, nettement plus civilisée que lui. L'œuvre recèle plusieurs aspects : si Mauprat est avant tout un roman d'amour et une histoire de famille, c'est aussi un roman d'éducation, une fable philosophique et un manifeste féminin.

Citations[modifier]

C'est que, dans mon enfance, j'ai placé le nom de Mauprat entre ceux de Cartouche et de la Barbe-Bleue, et qu'il m'est souvent arrivé alors de confondre, dans mes rêves effrayants, les légendes surannées de l'Ogre et du Croquemitaine avec les faits tout récents qui ont donné une sinistre illustration, dans notre province, à cette famille des Mauprat.
  • Mauprat (1837), George Sand, éd. Gallimard, 1981, Prologue, p. 36


Le vieux Mauprat était un animal perfide et carnassier qui tenait le milieu entre le loup-cervier et le renard.
  • Mauprat (1837), George Sand, éd. Gallimard, 1981, chapitre 2, p. 50


Il était bon pour vous d'apprendre par vous-même ce que c'est que d'être une fois la victime.
  • Patience, à Bernard Mauprat.
  • Mauprat (1837), George Sand, éd. Gallimard, 1981, chapitre 4, p. 73


Patience ! patience ! un temps n'est peut-être pas si loin où les manants ne couperont aux nobles ni les jarrets ni les oreilles, mais la tête et la bourse...
  • Le philosophe Patience à Bernard Mauprat. George Sand situe l'intrigue de Mauprat peu de temps avant la Révolution française.
  • Mauprat (1837), George Sand, éd. Gallimard, 1981, chapitre 5, p. 81


Depuis que je sais qu'il est permis à l'homme, sans dégrader sa raison, de peupler l'univers et de l'expliquer avec ses rêves, je vis tout entier dans la contemplation de l'univers ; et quand la vue des misères et des forfaits de la société brise mon coeur et soulève ma raison, je me rejette dans mes rêves ; je me dis que, puisque tous les hommes se sont entendus pour aimer l'oeuvre divine, ils s'entendront aussi un jour les uns les autres. Je m'imagine que, de père en fils, les éducations vont en se perfectionnant.
  • Paroles de Patience, philosophe autodidacte.
  • Mauprat (1837), George Sand, éd. Gallimard, 1981, chapitre 10, p. 158


Pauvres gens que nous sommes ! ajoutait Patience; on ne nous défend ni l'excès du travail physique, ni celui du vin, ni aucune des débauches qui peuvent détruire notre intelligence. Il y a des gens qui peuvent payer cher le travail des bras, afin que les pauvres, pour satisfaire leur famille, travaillent au-delà de leurs forces; il y a des cabarets et d'autres lieux plus dangereux encore où le gouvernement prélève, dit-on, ses bénéfices; il y a aussi des prêtres qui montent en chaire pour nous dire ce que nous devons au seigneur de notre village, et jamais ce que notre seigneur nous doit. Il n'y a pas d'écoles où l'on nous enseigne nos droits, où l'on nous apprenne à distinguer nos vrais et honnêtes besoins des besoins honteux et funestes, où l'on nous dise enfin à quoi nous pouvons et devons penser quand nous avons sué tout le jour au profit d'autrui, et quand nous sommes assis le soir au seuil de nos cabanes à regarder les étoiles rouges sortir de l'horizon.
  • Mauprat (1837), George Sand, éd. Gallimard, 1981, chapitre 10, p. 159


Il y a dans les premiers frimas quelque chose qui rappelle à l'homme la prochaine dispersion des éléments de son être.
  • Mauprat (1837), George Sand, éd. Gallimard, 1981, chapitre 17, p. 285


Nous étions deux caractères d'exception, il nous fallait des amours héroïques ; les choses ordinaires nous eussent rendus méchants l'un et l'autre.
  • Edmée à propos de sa relation avec Bernard Mauprat.
  • Mauprat (1837), George Sand, éd. Gallimard, 1981, chapitre 29, p. 428


Elle fut la seule femme que j'aimai ; jamais aucune autre n'attira mon regard et ne connut l'étreinte de ma main. Je suis ainsi fait ; ce que j'aime, je l'aime éternellement, dans le passé, dans le présent, dans l'avenir.
  • Bernard Mauprat à propos d'Edmée.
  • Mauprat (1837), George Sand, éd. Gallimard, 1981, chapitre 30, p. 431


S'il y a quelque chose de bon et d'utile dans ce récit, profitez-en, jeunes gens. Souhaitez d'avoir un conseiller franc, un ami sévère ; et n'aimez pas celui qui vous flatte, mais celui qui vous corrige. Ne croyez pas trop à la phrénologie ; car j'ai la bosse du meurtre très développée, et, comme disait Edmée dans ses jours de gaieté mélancolique, on tue de naissance dans notre famille. Ne croyez pas à la fatalité, ou du moins n'exhortez personne a s'y abandonner. Voilà la morale de mon histoire.
  • Extrait de la conclusion de Bernard Mauprat au récit de sa vie à la fin du roman.
  • Mauprat (1837), George Sand, éd. Gallimard, 1981, chapitre 30, p. 432


Ne croyez à aucune fatalité absolue et nécessaire, mes enfants, et cependant admettez une part d'entraînement dans nos instincts, dans nos facultés, dans les impressions qui ont entouré notre berceau, les premiers spectacles qui ont frappé notre enfance ; en un mot, dans tout ce monde extérieur qui a présidé au développement de notre âme. Admettez que nous ne sommes pas toujours absolument libres de choisir entre le bien et le mal si vous voulez être indulgents pour les coupables, c'est-à-dire juste comme le ciel ; car il y a beaucoup de miséricordes dans les jugements de Dieu, autrement sa justice serait incomplète.
  • Extrait de la conclusion de Bernard Mauprat au récit de sa vie à la fin du roman.
  • Mauprat (1837), George Sand, éd. Gallimard, 1981, chapitre 30, p. 433


En attendant qu'on ait résolu le problème d'une éducation commune à tous, et cependant appropriée à chacun, attachez-vous à vous corriger les uns les autres. Vous me demandez comment ? Ma réponse sera courte : en vous aimant les uns les autres. - C'est ainsi que les moeurs agissant sur les lois, vous en viendrez à supprimer la plus odieuse et la plus impie de toutes, la loi du talion, la peine de mort, qui n'est autre chose que la consécration du principe de la fatalité, puisqu'elle suppose le coupable incorrigible et le ciel implacable.
  • Extrait de la conclusion de Bernard Mauprat au récit de sa vie à la fin du roman.
  • Mauprat (1837), George Sand, éd. Gallimard, 1981, chapitre 30, p. 434


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