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Marguerite Burnat-Provins

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.
Marguerite Burnat-Provins vers 1908.
Autoportrait vers 1900.

Marguerite Burnat-Provins, née à Arras le et morte à Grasse le , est une écrivaine et peintre franco-suisse.

Citations

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Le Livre pour toi, 1907

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Je t’aime

Personne ne m’a appris ce mot. Je l’ai senti venir des profondeurs de ma chair, monter de mon sang à mes lèvres et s’envoler vers ta jeunesse et la force féconde qui est en toi.


Ni le pinceau le plus habile à fixer nos images mortelles, ni le génial ciseau qui fait surgir la vie du Paros indifférent, ne rendront jamais pour moi la minute de surhumaine beauté où, comme un jeune dieu, contre mon épaule, tu sommeillais.
  • Le Livre pour toi, Marguerite Burnat-Provins, éd. Sansot et Cie, 1907, partie Tandis que tu reposais sur mon bras, p. 53-54 (texte intégral sur Wikisource)


Tu ne me diras pas : Non.

Souviens-toi que j’ai baisé tes lèvres, afin qu’il ne leur échappe que des paroles de douceur.

Tu ne laisseras pas monter la colère dans tes yeux.

Souviens-toi que j’ai baisé tes paupières, pour que ton regard soit une caresse sur le mien.

Tu ne lèveras pas le doigt qui me menace.

Souviens-toi que j’ai baisé tes mains, afin qu’elles ne retiennent que des gestes de tendresse.


Les mots que tu m’as dits sont des oiseaux jaseurs qui tournent autour de ma tête.

Quelquefois, l’un d’eux, le plus tendre, revient vers ma bouche où tes lèvres l’avaient posé ; je le sens doux comme la plume, troublant comme un baiser, et lentement, il descend au fond de mon cœur pour s’y nicher.
  • Le Livre pour toi, Marguerite Brunat-Provins, éd. Sansot et Cie, 1907, partie Les mots que tu m’as dits sont des oiseaux jaseurs, p. 101 (texte intégral sur Wikisource)


Sylvius, tant que le cornouiller au tronc noir restera debout, nos âmes vivront dans cet abri de verdure où nous nous sommes aimés, elles fleuriront avec les roses et se pencheront sur les bordures épaisses des buis.

[...] Il y aura là encore des nids et de confiants oiseaux dont les amours ne seront point troublées.

Mais nous, Sylvius, où serons-nous ?

  • Le Livre pour toi, Marguerite Brunat-Provins, éd. Sansot et Cie, 1907, partie Avant de m’en aller vers d’autres contrées, p. 141-142 (texte intégral sur Wikisource)


Et je l’admire au cours des heures, le fleuve divers et magnifique, mais cette onde ignorante, qui passe si près de ta demeure, ne me dit rien de toi. Quand tu traverses le pont lointain qui tremble, elle ne t’entend pas, quand tu la regardes, elle ne te voit pas.

Est-ce ainsi, ô Sylvius, qu’un jour mon souvenir glissera sur ton cœur fatigué ?

Ou bien, comme la pierre fidèle que le ciseau pénètre et rend éloquente, garderas-tu l’empreinte à tout jamais ?

  • Le Livre pour toi, Marguerite Brunat-Provins, éd. Sansot et Cie, 1907, partie Maintenant de longues distances nous séparent, p. 143-144 (texte intégral sur Wikisource)


L’automne s’éloigne comme une femme douloureuse qui a perdu tout ce qu’elle aime.

J’ai vu le convoi des dernières feuilles sur les chemins ternis, et l’hiver vient poser ses mains froides sur mes joues.

Ô route longue, ô solitude, vide des soirs…

  • Le Livre pour toi, Marguerite Brunat-Provins, éd. Sansot et Cie, 1907, partie L’automne s’éloigne comme une femme douloureuse, p. 183 (texte intégral sur Wikisource)


Lorsque j’aurai quitté la robe poudreuse du voyage, je me tiendrai devant toi.

Je déposerai dans tes mains mes seins roidis par le désir : ils te menaceront de leurs deux pointes brunes.

  • Le Livre pour toi, Marguerite Brunat-Provins, éd. Sansot et Cie, 1907, partie Lorsque j’aurai quitté la robe poudreuse du voyage, p. 185 (texte intégral sur Wikisource)


La séparation, ô Sylvius, n’est-ce pas la muraille inflexible qui cache le jardin ?

Mais, au jour du revoir, une porte s’ouvre et l’enclos renaît et le tulipier fleurit, même au cœur du plus âpre hiver.

  • Le Livre pour toi, Marguerite Burnat-Provins, éd. Sansot et Cie, 1907, partie Dans un coin de cette place, p. 197 (texte intégral sur Wikisource)


Mais notre amour survit comme un éclatant perce-neige ; éternel, il sourit quand tout est désolé.
  • Le Livre pour toi, Marguerite Burnat-Provins, éd. Sansot et Cie, 1907, partie Ma maison abandonnée s’est engourdie dans la froidure., p. 203 (texte intégral sur Wikisource)


Citations sur

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Extraordinaire créature d'ailleurs, élève et modèle de Benjamin Constant; elle a l'air d'une créole et de vivre sous un cocotier, et elle est Flamande.
  • Description de Marguerite Burnat-Provins par André Gide dans une lettre à Francis Jammes, datant du 5 mai 1905
  • Cahiers Francis Jammes, Association Francis Jammes, éd. Association Francis Jammes (Orthez), 1er janvier 2016, p. 61 (lire en ligne)


Tout ce qui pouvait concourir à faire donner à la gravure sur bois son maximum de rendement, et aussi à produire un beau livre, s'est trouvé réuni par une suite de circonstances très exceptionnelles, lorsqu'il n'y a pas bien longtemps une artiste française, Mme Marguerite Burnat-Provins, s'avisa de publier ses Petits Tableaux valaisans. Le résultat mérite qu'on s'y arrête.
  • Sur l'ouvrage Petits Tableaux valaisans, salué dans le monde des imprimeurs pour sa typographie, avec 130 aquarelles gravées sur bois et imprimées en 260 tons différents
  • « Un art qui doit renaître », Henri Malot, le Mercure de France, 16 juillet 1910, p. 284 (lire en ligne)


Mme Burnat-Provins, née à Arras, la ville aux somptueuses architectures, est une Flamande de bonne race; elle appartient incontestablement à la lignée des grands artistes dont ce sol généreux fut prodige. [...]elle a démontré une fois de plus que la nature est la source d'inspiration inépuisable où l'artiste doit se retremper s'il veut rester original et varié, acquérir toute sa puissance et grandir sans cesse.
  • « Un art qui doit renaître », Henri Malot, le Mercure de France, 16 juillet 1910, p. 287 (lire en ligne)


De fait, les années suisses de Burnat-Provins ont coïncidé avec ses plus grandes réussites artistiques, fruits d’une rencontre avec une terre d’élection, et avec le bonheur. Passionnée, passionnelle, l’écrivain n’a laissé personne indifférent dans la Suisse romande du début du XXe siècle, où elle a fait figure d’objet de curiosité ou de fascination.


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