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Disparition forcée

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Une disparition forcée est un crime contre l'humanité dont l'auteur est un État ou une organisation qui agit avec le soutien ou la complicité d'un État. L'État à l'origine ou complice du fait nie toute implication dans la disparition de la victime, ce qui empêche tout recours devant un tribunal.

Dessin de presse représentant un militaire tenant dans la main gauche une paire de cisailles ensanglantées et dans la main droite une silhouette en pointillés menottée.
Dessin du caricaturiste brésilien Carlos Latuff

Droit international

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L'être humain est transformé en non-être[1].
  • Au colloque de Paris Janvier-Février 1981, propos de Niall MacDermot
Un homme en costume-cravate, aux cheveux blancs portant des lunettes prononce un discours devant un pupitre garni de fleurs.
Le juriste britannique Niall MacDermot en 1989.
  • Le Refus de l'oubli, Collectif, éd. Berger-Levrault, 1982  (ISBN 2-701-30466-0), p. 35


Jusqu'à quel point les activités d'un chef d'État ou de gouvernement peuvent-elles être couverte par l'immunité ?
  • Plaidoyer en faveur de extradition du Général Pinochet vers l'Espagne, Mars 1999, Londres, dans Pinochet : Le Procès de la dictature en France, Éditions Toute Latitude, Paris, ISBN 978-2-352-82021-5, page 83, paru 2009, Christopher Greenwood (propos de), Jack Forton (Propos rapportés par).


Le 29 mars 1974, quelques mois après le coup d'État, les familles de 131 disparus, dont celle de Georges Klein, présentent devant la cour d'appel de Santiago , un recours d'habeas corpus obligeant en principe les polices à présenter une personne détenue devant un juge. Il faut attendre huit mois pour que le recours soit... rejeté : «Ces personnes n'existent pas dans le registre des prisonniers détenus».
  • Pinochet : Le procès de la dictature en France, Jac Forton, éd. Éditions Toute Latitude, 2009  (ISBN 978-2-352-82021-5), p. 147


Les États parties à la présente Convention s'engagent à adopter, dans le respect de leurs procédures constitutionnelles, les mesures législatives nécessaires pour qualifier le délit de disparition forcée des personnes et pour le sanctionner d'une peine appropriée, proportionnelle à son extrême gravité. Ce délit est considéré comme continu ou permanent tant que la destination de la victime où le lieu ou elle se trouve n'ont pas été déterminés.


En 1992, avec l’adoption par l’Assemblée générale de l’ONU de la « Déclaration sur la protection des personnes contre les disparitions forcées », apparaissent les premières normes prohibant les amnisties ou mesures analogues.
  • « Impunité et droit international : Quelques réflexions historico-juridiques sur la lutte contre l’impunité. », Federico Andreu-Guzman, Mouvements, nº n° 53, mars-mai 2008, p. 58 (lire en ligne)


Sans la vérité sur le sort d'un proche et sans justice, le cycle du mal perdure, fracturant les sociétés pendant des générations.
  • « Disparitions forcées : l'ONU appelle à lutter contre l'impunité », Volker Türk (Propos de), ONU INFO, 2 avril 2025 (lire en ligne)


Lutte contre les disparitions forcées

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Nous [Les Mères de la Place de Mai] n’acceptons pas qu’un prix soit donné à la vie... [nous] refusons les réparations économiques et affirmons que seule la vie vaut la vie… ce qu’il faut réparer avec la justice ne peut pas se réparer avec de l’argent... Nous refusons les hommages posthumes. Nous refusons les plaques et les monuments parce que cela revient à enterrer les morts... Les hommages posthumes servent uniquement à ce que ceux qui garantissent l’impunité puissent aujourd’hui se laver les mains.
  • Traduction de Patricia Naftali
  • « Le « droit à la vérité » à l’épreuve de ses mobilisations en Amérique latine : entre ressource et contrainte. », Patricia Naftali, Revue interdisciplinaire d’études juridiques., nº 2, 2015, p. 152

Limites de la lutte contre les disparitions forcées

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Femme aux cheveux roux, en tailleur vert lisant un discours devant un pupitre.
Sihem Bensedrine, Présidente de la CVR Instance vérité et dignité en Tunisie.
La mise en place de CVR (Commission de vérité et de réconciliation) traduit le plus souvent, de La part des gouvernements, l’absence de volonté politique pour traduire en justice les responsables présumés des violations des droits de l’homme. Les CVR vont d’ailleurs le plus souvent de pair avec des amnisties de fait ou de droit.
  • « Le « droit à la vérité » à l’épreuve de ses mobilisations en Amérique latine : entre ressource et contrainte. », Patricia Naftali, Revue interdisciplinaire d’études juridiques., nº 2, 2015, p. 154


Sur le phénomène dans le monde

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En Afrique

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Le contre-terrorisme ne se contente pas de menées parallèles à l'armée et à l'administration. Il s'infiltre dans l'armée et dans l'administration. Sous prétexte d'efficacité, il affiche dans ses actes le mépris de la vie humaine. Trop de «fuyards» sont abattus au cours de «corvées de bois». Trop de «disparus» sont la conclusion d'un interrogatoire «poussé». Des hommes sont arrêtés au mépris même des pouvoirs spéciaux, sans que les autorités le sachent. Des hommes relaxés par les tribunaux civils ou militaires sont réinternés au sortir du tribunal.


Je suis resté les yeux bandés, les mains menottées, coupé du monde. Ma famille ne savait pas si j'étais vivant ou mort. Je me sentais à peine une personne. Ni nom, ni identité. J'étais l'expression de plus rien. Juste quelque chose de vivant qui respirait, mais plus rien d'humain.
  • citation rapportée d'un militant sahraoui, disparu au Maroc.
  • « Ni vivre, ni mourir : disparaître ! », Carole Vann, La Liberté, nº 134, 10 mars 2005, p. 12 (lire en ligne)


Alpha Condé réprimait les manifestations de rue et persécutait ses opposants. Mais il n’a pas fermé les médias, n’a pas interdit le Front national pour la défense de la Constitution [mouvement de la société civile opposé à la junte] et il n’y avait pas non plus ces mystérieuses disparitions de personnalités que l’on observe aujourd’hui.
  • « Tierno Monénembo, écrivain : « Depuis la dictature de Sekou Touré, la Guinée n’a jamais connu une telle vague de répression » », Tierno Monénembo (propos de), Victor Avendaño (propos recueillis par), Le Monde, 30 décembre 2024 (lire en ligne)


En Amérique

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II est ordonné de placer sous stricte surveillance permanente ces individus qui feront l'objet, au moment voulu, de mesures utilisant quelque moyen que ce soit, allant jusqu'à les faire disparaître.
  • Ordre écrit émanant d'un officier du Commandement d'infanterie de la garde nationale de Zacatecoluca (Salvador), en date du 11 mars 1988.
  • Rapport du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, Collectif, éd. Conseil économique et social des Nations Unies, 1989, 117, p. 32 (lire en ligne)


- Parlons des arrestations. Vous leur appreniez quoi aux stagiaires ?
- Je leur apprenais comment procéder intelligemment à des arrestations ciblées. Elles ne doivent pas êtres effectuées par n'importe qui et à n'importe quelle heure. Il faut savoir monter une équipe qui procèdera au travail discrètement ou pas suivant le but recherché.
- Et après vous appreniez quoi à vos élèves ?
- Eh bien les méthodes pour faire parler les gens...


Portrait noir et blanc d'un général de l'armée brésilienne, au front légèrement dégarni, protant des lunettes aux verres légèrement fumés.
Chef des services secrets depuis 1974, João Figueiredo devient président du Brésil en 1978.
Une fois par exemple, nous nous sommes faits tirer les oreilles par le ministère des affaires étrangères parce qu'un citoyen français avait disparu au Brésil. [...] Je dis à l'ambassadeur que le seul qui pourrait nous renseigner c'est Figueiredo et je lui propose, tout simplement, de l'inviter à diner à l'ambassade pour lui poser carrément la question.
À la fin du repas, l'ambassadeur, qui a fait tout de même bonne figure, expose le problème au patron des services secrets brésiliens. [...] Figueiredo répond que si le jeune français est en Argentine, ce ne sont pas les Brésiliens qui pourront le retrouver. [...] Il se peut que les Tupamaros aient fait un coup de main, ici ou là, dans lequel le Français a été arrêté. Qui sait ? il est peut-être mort. [...]
Je lui pose donc carrément la question :
«Est ce que vous avez supprimé le Français ?
- Pas exactement !»
Il n'en dit pas plus ce soir là.
  • Je n'ai pas tout dit, Général Aussaresses (propos de), Jean-Charles Deniaux (propos recueillis par), éd. Éditions du Rocher, 2008  (ISBN 978-2-268-06514-4), chap. Professeur Aussaresses, le camp d'entraînement des dictateurs, p. 152-154


Il y a quelque chose de pourri dans ce Brésil. Ils ont essayé de faire passer mon mari pour un drogué alors qu'il avait un casier vierge.
  • Témoignage de la veuve d'un maçon disparu
  • « Brésil : veuve Courage », Nicolas Bourcier, Le Monde, 13 janvier 2014 (lire en ligne)


La marine, sous ses ordres, avait avait démontré un savoir-faire redoutable dans la torture et la disparition des corps suppliciés que les hélicoptères larguaient, dans l'océan Pacifique, à portée de jumelles de Valparaiso.
Un groupe de manifestants portent une banderole où on peut lire Le Chili, un pays torturé
Manifestation contre la torture à Santiago, au Chili en 1987.


Mais enfin, vous ne comprenez vraiment rien, c'est terrible, vous êtes plus têtu qu'une mule, ce qu'il faut, c'est EFFACER. E.F.F.A.C.E.R. Dire qu'il ne s'est rien passé. Pour aller de l'avant, il faut effacer toute cette période. On efface et il n'y a plus rien à oublier.


Quelques années auparavant, il (Augusto Pinochet) avait souri quand lors de travaux dans le cimetière de Santiago, on avait découvert que certaines tombes comprenaient plusieurs corps. Des torturés à mort avaient été glissés dans des tombes occupées, ni vu ni connu.


En Europe

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Soudain, un vacarme incroyable réveille les habitants. Les chars, le véhicules blindés de transport de troupes et les camions de l'armée fédérale déboulent dans Alkhan Yourt. Des dizaines et des dizaines de soldats courent partout en hurlant. C'est une opération de nettoyage[2].
Les villageois se posent tous la même question : qui sera désigné terroriste pour remplir les quotas d'un empire en pleine régression stalinienne ? Qui aura la chance de rester chez soi ? Combien disparaitront aujourd'hui ?
  • Rafle du printemps 2000, quelques mois après les massacres de Alkhan Yourt, en Tchétchénie, du .


Impact psychologique et social

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Le Groupe a aussi appelé l'attention sur le vaste cercle de victimes que fait une disparition. Les membres de la famille immédiate et autres proches ou personnes à charge en subissent en effet directement les conséquences : en ayant en effet à faire face non seulement à l'angoisse provoquée par l'incertitude sur le sort de leur parent, de leur enfant ou de leur conjoint, mais souvent aussi à des difficultés économiques et à un isolement social qui s'ajoutent à leur détresse. Psychiquement, les enfants sont durement éprouvés, parfois même brisés.
  • (en) Rapport du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, Collectif, éd. ONU, 1990, E/CN.4/1990/13 n°339, p. 89 (lire en ligne)


Pour la famille, le disparu n'est ni en enfer ni au paradis, ni mort, ni vivant, il est dans les limbes. [...] C'est le seul délit, où les proches sont aussi considérés comme victimes, vues les souffrances qui leur sont infligées.
  • propos du juriste colombien Frederico Andreu-Guzman.
  • « Ni vivre, ni mourir : disparaître ! », Carole Vann (propos collectés par), La Liberté, nº 134, 10 mars 2005, p. 12 (lire en ligne)


Dans la culture

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François Buloz, Le Château Saint-Ange, souvenirs d’un prisonnier politique sous le pontificat de Grégoire XVI, (1858)

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Donjon circulaire entouré d'une haute muraille
Le château Saint-Ange, prison politique de la papauté jusqu'au XIXe siècle.
Un soir, en rentrant chez moi, je fus arrêté dans le corridor de ma maison par deux sbires déguisés qui, à la lueur d’une lanterne sourde, me donnèrent à lire un ordre de l’assesseur du gouvernement. Cet ordre leur enjoignait de s’emparer de ma personne et de me déposer à la prison du palais Madame. [...] Suivi par mes deux sbires, je me dirigeai vers la place de Saint-Apollinaire, je traversai le cirque agonal, et en deux minutes je me rendis au palais du gouvernement. J’y étais attendu, car je fus reçu par d’autres agens supérieurs qui me conduisirent dans une petite cellule donnant sur la seconde cour du palais. [...] On me demanda si j’avais besoin de quelque chose ; sur ma réponse négative, on ferma la porte et on me laissa seul avec moi-même, c’est-à-dire seul avec les tourmens et les tristes fantômes qui tiennent surtout compagnie à un pauvre prisonnier la première nuit de sa détention.
Mes amis, ma famille et Séraphine[3] restèrent une semaine sans entendre parler de moi, à ce point qu’on commençait à pleurer ma mort. Le gouvernement se décida enfin à rompre le silence et à avouer ma détention pour cause politique.
  • « Le Château Saint-Ange, souvenirs d’un prisonnier politique sous le pontificat de Grégoire XVI », François Buloz, Revue des deux mondes, nº 2ème période tome 16, juillet-Août 1858, p. 174-175 (texte intégral sur Wikisource)


George Orwell, 1984 (1949)

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Un rideau de fer de magasin sur lequel on a graffé 1984 George Orwell à la peinture bleue. Au premier plan sur la droite des jeunes femmes assises à même le sol, habillées en vêtement d'été savourent des cornets de glaces.
Graffiti place Georges Orwell à Barcelonne.
La petite femme rousse peinait, un jour dans l'autre, à chercher dans la presse et à éliminer les noms des gens qui avaient été vaporisés[4] et qui étaient, par conséquent, considérés comme n'ayant jamais existé. Il y a là un certain à-propos puisque son propre mari, deux ans plus tôt, avait été vaporisé.
  • 1984, Georges Orwell (trad. Amélie Audiberti), éd. France loisirs, 1984  (ISBN 2-7242-2084-6), p. 59


Les gens qui avaient encouru le déplaisir du Parti disparaissaient simplement et on n'entendait plus jamais parler d'eux. On n'avait jamais le moindre indice sur ce qui leur était advenu. Dans quelques cas, ils pouvaient même ne pas être morts.
  • 1984, Georges Orwell (trad. Amélie Audiberti), éd. France loisirs, 1984  (ISBN 2-7242-2084-6), p. 59-60


Les épurations et les vaporisations font nécessairement partie du mécanisme de l'État.
  • 1984, Georges Orwell (trad. Amélie Audiberti), éd. France loisirs, 1984  (ISBN 2-7242-2084-6), p. 60


 - Vous écrivez très élégamment, dit O'Brien. Je ne suis pas seul à le penser. Je parlais récemment à un de vos amis qui est un expert. Son nom m'échappe pour l'instant.
Le cœur de Wintson battit de nouveau douloureusement. Il était inconcevable que cette phrase ne se rapportât pas à Syme. Mais Syme n'était pas seulement mort, il était aboli, il était un non être[5]. Toute référence à lui était mortellement dangereuse.

  • 1984, Georges Orwell (trad. Amélie Audiberti), éd. France loisirs, 1984  (ISBN 2-7242-2084-6), p. 191-192


Des gens disparaissaient, simplement, toujours pendant la nuit. Leurs noms étaient supprimés des registres, tout souvenir de leurs actes était effacé, leur existence était niée, puis oubliée. Ils étaient abolis, rendus au néant. Vaporisés, comme on disait.
  • « La mémoire de George Orwell «vaporisée» comme ses personnages », Jérôme Leroy (citation rapportée par), Le Figaro, 13 septembre 2013 (lire en ligne)


Daniel Balavoine, Frappe avec ta tête, 1983

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photographie noir et blanc d'un jeune homme brun de face en costume-cravate.
Le pianiste Miguel Angel Estrella en 1949

Quand le geôlier vient près de lui
Quand plus personne ne s’inquiète
L’homme que l’on croyait endormi
Frappe avec sa tête

  • Frappe avec ta tête, Daniel Balavoine, Daniel Balavoine, album Loin des yeux de l'Occident (1983 chez Barclay).


Rubén Blades, Desapariciones, 1985

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Où vont les disparus ?
Cherche dans l'eau et dans les buissons.
Et pourquoi est ce qu'ils disparaissent ?
Parce que nous ne sommes pas tous égaux.
Et quand revient le disparu ?
Chaque fois que nos pensées le ramène.
Comment parle-t-on à un disparu ?
Avec l'émotion qui se serre en nous.

  • (es)

    ¿Adónde van los desaparecidos?
    Busca en el agua y en los matorrales.
    ¿Y por qué es que se desaparecen?
    Porque no todos somos iguales.
    ¿Y cuándo vuelve el desaparecido?
    Cada vez que los trae el pensamiento.
    ¿Cómo se le habla al desaparecido?
    Con la emoción apretando por dentro.

  • Desapariciones, Rubén Blades (trad. Wikiquote), Rubén Blades, album Buscando America (1984 chez Elektra Records).


Erika Dietes, Río abajo, 2008

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La photographie, d’ailleurs, n’est que l’ultime étape d’une enquête et d’un long travail de terrain menés par l’artiste. Erika Diettes est allée à la rencontre des victimes dans plusieurs villages de la région d’Antioquia, notamment Granada et la Unión, particulièrement frappés par le phénomène des disparitions forcées. La démarche artistique repose ici sur une écoute bienveillante et solidaire.
  • « Néantisation et lutte contre l’oubli : La représentation de la violence des conflits armés colombiens dans deux œuvres photographiques d’Erika Diettes, Río abajo (2008) et Sudarios (2011) », Emmanuelle Sinardet, Les cahier ALHIM, nº 30, 2015 (lire en ligne)


Jean-Pierre Pécau, Une brève Histoire de l'avenir, 2012

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- Contrairement à ce que vous croyez, tous les cubains ne sont pas des escrocs qui ne pensent qu'à s'enrichir.
- Non, je connais aussi des castristes nostalgiques de Fidel qui ne pensent qu'à se venger.
- Et des flics honnêtes. On m'a demandé de vous transférer sur l'Île des Pins.
- Et qu'est-ce qu'il y a sur l'Île des Pins ?
- Un ancien bagne, pratique pour se débarrasser des gêneurs. On avait même prévu que vous tentiez de vous évader durant le transfert au dessus de la mer, sans parachute...

  • Une brève histoire de l'avenir, Jean-Pierre Pécau, Damien, Jean-Paul Fernandez, éd. Delcourt, 2012  (ISBN 978-2-756-01702-0), t. 3, p. 38-39


Caryl Férey, Mapuche, 2012

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Voir le recueil de citations : Mapuche (roman)
- Aller, va jouer dehors mon petit !
  • Largage d'un corps à la limite des eaux internationales lors d'un vol de la mort.
  • Mapuche, Caryl Férey, éd. Gallimard, coll. « Folio policier », 2012  (ISBN 978-2-070-45297-2), p. 14


Ruben Calderón faisait partie des rescapés.
On l'avait libéré au milieu de la liesse populaire qui avait suivi la victoire de l'équipe nationale lors de la coupe du monde de football, un jour de juillet 1978 sans explications.
Sans doute fallait-il des gens pour raconter les atrocités qui se déroulaient dans les prisons clandestines, et de manière suffisamment convaincante pour refroidir les récalcitrants.
[...] Mais Ruben s'était tu.
Raconter l'ineffable, c'était le revivre, laisser remonter l'angoisse, le chagrin, la douleur, parler, c'était redonner à ses tortionnaires le pouvoir de l'écraser.
  • Mapuche, Caryl Férey, éd. Gallimard, coll. « Folio policier », 2012  (ISBN 978-2-070-45297-2), p. 52


- Calderón, c'est votre vrai nom : comme le poète ?
Le détective fronça les sourcils.
- Vous connaissez ?
[...] L'écrivain avait disparu pendant le Processus, comme Haroldo Conti, Rodolfo Walsh...Torturés, battus, liquidés.
Portrait de 3/4 à l'encre de Chine représentant un homme brun portant des lunettes.
Le journaliste d'investigation et écrivain Rodolfo Walsh (1927-1977).
  • Mapuche, Caryl Férey, éd. Gallimard, coll. « Folio policier », 2012  (ISBN 978-2-070-45297-2), p. 121


- Vous ne savez pas ?
- Quoi ?
- Maria Victoria a été adoptée. Elle et son frère ! Ah ! triompha-t-il. Vous ne le saviez pas ?!
Ruben pâlit à son tour.
- Vous voulez dire que Maria a été adoptée pendant la dictature ?
- Évidemment !
  • Mapuche, Caryl Férey, éd. Gallimard, coll. « Folio policier », 2012  (ISBN 978-2-070-45297-2), p. 186


Endormis au penthotal, chargés dans des camions ou des voitures, bâillonnés, ficelés, encagoulés, les subversifs extraits des prisons clandestines étaient transférés jusqu'au aérodromes de l'armée avant d'être jetés vivants dans le Rio de la Plata [...] On retrouvait parfois des cadavres ligotés sur les côtes uruguayennes, des corps démembrés ou mutilés que les vagues ramenaient selon les humeurs du courant. La tempête de la semaine dernière avait ramené le cadavre de la photographe vers Buenos Aires, comme aux pries heures de la guerre sale.
  • Mapuche, Caryl Férey, éd. Gallimard, coll. « Folio policier », 2012  (ISBN 978-2-070-45297-2), p. 266


Thérésa Révay, Ce parfum rouge, 2024

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- Et ton père, il est mort ?
- Je l'ai longtemps pensé. à l'époque c'et ce qu'on a laissé entendre à ma mère. maintenant, je ne sais plus. C'est pourquoi je suis revenue. Je veux connaître la vérité.

Le rire d'Anya éclate comme un coup de cymbales.
- La vérité ? Tu plaisantes ? J'ai quinze ans et j'ignore encore ce que ce mot veut dire.

  • Ce Parfum rouge, Thérésa Révay, éd. Stock, 2024, p. 168


Le mois dernier, des hommes sont venus sonner chez l'un de ses amis. Ils l'ont accusé d'appartenir à un groupe antisoviétique d'adolescents et ils l'ont embarqué. Ce garçon habitait avec ses parents à notre étage. Des scellés ont été posés sur la porte de leur appartement. On ignore ce qu'est devenue la famille.
  • Ce Parfum rouge, Thérésa Révay, éd. Stock, 2024, p. 318


Le camarade Petrov a eu un empêchement.
  • Ce Parfum rouge, Thérésa Révay, éd. Stock, 2024, p. 345


Walter Salles, Et Je suis toujours là, 2025

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C’est le rôle de la culture : générer de la mémoire, lutter contre l’oubli.
  • au sujet du film dont il est réalisateur
  • « Titre de l’article », Aureliano Tonet (propos recueillis par), Le Monde, 18 janvier 2025 (lire en ligne)


Voir aussi

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Autres articles

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Liens

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Bibliographie

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Notes et références

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  1. Le terme non-être est également utilisé par G. Orwell dans son roman 1984.
  2. En russe, Zatscitska (rafle ou opération de nettoyage)
  3. Prénom de la fiancée du narrateur
  4. Dans son roman, George Orwell ne parle pas de disparition forcée mais de vaporisation, ce qui implique non seulement la disparition physique de l'individu, mais aussi de l'effacer de la mémoire collective.
  5. en italique dans le texte.