Morale

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La Morale est un ensemble de règles de conduite, de relations sociales, qu'une société se donne et qui varient selon la culture, les croyances, les conditions de vie et les besoins de la société.

Littérature[modifier]

Essai[modifier]

Léon Bloy, Sur la tombe de Huysmans, 1913[modifier]

Huysmans et son dernier Livre

Une occasion superbe de baver se présente inopinément. Que la multitude des visqueux soit dans l’allégresse ! Le nouveau livre de Huysmans, En Rade, vient de paraître.
Cet artiste fut beaucoup traîné dans les ordures et conspué royalement dès son début. On se souvient encore de l’ouragan de salive et du compissement procellaire de toutes les presses à l’apparition de Marthe et des Sœurs Vatard. Les traditionnelles archives du bégueulisme et de la pudicité sociale dont la critique des journaux est l’immaculée chambellane furent, en ces temps-là, vidées de leurs trésors, et la besogne de vitupérer ce romancier fut si copieuse, que la clef des sacrées chancelleries de l’indignation, qui se vert-de-grisait auparavant dans les dos des fonctionnaires fut jetée au rancart. Ce fut un débordement fluvial d’humeurs pudibondes, une éruption de pus moral, une évacuation exanthémateuse des fluides blanchâtres de la vertu !

  • Sur la tombe de Huysmans, Léon Bloy, éd. Paris, coll. « Collection des Curiosités littéraires », 1913, Avant la Conversion : Huysmans et son dernier Livre, p. 23


Nouvelle[modifier]

Renée Vivien, La Dame à la Louve, 1904[modifier]

Brune comme une Noisette

Nous n’avons pas de morale, dans les grands bois. Seulement, elle était réfractaire à l’amour. Il y a beaucoup de femmes qui ont instinctivement horreur du mâle. Ce n’est pas qu’elle eût pour moi une haine profonde. Elle m’avait voué au contraire une affection fraternelle.
  • La Dame à la Louve, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemaire, 1904, Brune comme une Noisette, p. 149


Poésie[modifier]

Arthur Rimbaud, Une saison en enfer, 1873[modifier]

La morale est la faiblesse de la cervelle.


Robert Desnos, Rrose Sélavy, 1922[modifier]

Morts férus de morale votre tribu attend-elle toujours un tribunal ?
  • « Rrose Sélavy », Robert Desnos, Littérature Nouvelle Série, nº 7, Décembre 1922, p. 19


Prose poétique[modifier]

René Char, Fureur et mystère, 1948[modifier]

Le Requin et la mouette

Quand je dis : j'ai levé la loi, j'ai franchi la morale, j'ai maillé le cœur, ce n'est pas pour me donner raison devant ce pèse-néant dont la rumeur étend sa palme au delà de ma persuasion. Mais rien de ce qui m'a vu vivre et agir jusqu'ici n'est témoin alentour. Mon épaule peut bien sommeiller, ma jeunesse accourir. C'est de cela seul qu'il faut tirer richesse immédiate et opérante.
  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie LE POEME PULVERISE (1945-1947), Le Requin et la mouette, p. 190


Roman[modifier]

Léon Tolstoï, Résurrection, 1899[modifier]

En Nekhludov, comme en tout homme, il y avait deux hommes. Il y avait l’homme moral, disposé à ne chercher son bien que dans le bien des autres ; et il y avait l'homme animal, ne cherchant que son bien individuel et prêt à sacrifier pour lui le bien du monde entier.


Marie d'Agoult, Nélida, 1866[modifier]

L'opinion établie semble tout naturellement l'opinion respectable, et les intelligences les plus fermes se défient d'elles-mêmes lorsqu'elles se sentent portées à franchir le cercle tracé par des mots aussi solennels que ceux de religion, de famille, d'honneur : mots trois fois saints, à l'abri desquels le monde a su placer les choses les moins dignes de vénération et de sacrifice.


Renée Dunan, La Culotte en jersey de soi, 1923[modifier]

— Mais, amie, rens-toi compte que normal pour moi veut dire coutumier, faisant la trame de l'existence, et non pas admissible moralement.
— Il est certain que nous ne pouvons plus tenir aucun compte des morales à cette heure ; quand toutes les civilisations croulent ou vont crouler.


Isaac Asimov, Les Robots et l'Empire, 1985[modifier]

Il est certainement préférable que celui qui était immoral apprenne la morale dans l'adversité plutôt que celui qui était moral oublie sa morale dans la prospérité.


Philosophie[modifier]

Friedrich Engels, Anti-Dühring, 1878[modifier]

Dès l'instant où la propriété privée des objets mobiliers s'était développée, il fallait bien que toutes les sociétés où cette propriété privée prévalait eussent en commun le commandement moral : tu ne voleras point. Est-ce que par là ce commandement devient un commandement moral éternel ? Nullement. Dans une société où les motifs de vol sont éliminés, où par conséquent, à la longue, les vols ne peuvent être commis que par des aliénés, comme on rirait du prédicateur de morale qui voudrait proclamer solennellement la vérité éternelle : Tu ne voleras point !
  • Anti-Dühring, Friedrich Engels (trad. Emile Bottigelli), éd. Éditions sociales, 1971, chap. IX. La morale et le droit. Vérités éternelles, p. 123


Friedrich Nietzsche, Le Crépuscule des idoles, 1906[modifier]

Nous autres immoralistes, au contraire, nous avons largement ouvert notre cœur à toute espèce de compréhension, d’intelligibilité et d’approbation.


Psychologie[modifier]

Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, Les Perversions sexuelles et narcissiques, 2005[modifier]

Histoire des perversions

A côté de l'avènement des Lumières et de la Raison, le XVIIe siècle français est marqué par une tentative d'exclusion de ce qui ne correspond pas à la raison et la morale sociale. Cette politique du Grand Renfermement vise tous les indésirables : mendiants, vagabonds, voleurs, fous, simples d'esprits, débauchés et filles de joie sont réunis dans des lieux de détention (Hôpitaux Généraux) où la question du médical et du soin est secondaire. Petit à petit la médecine s'introduit dans ces prisons où le péché, la folie, la misère et la dangerosité des pauvres sont imaginairement et matériellement associés. Il y a bien une différence entre ces catégories (folie et débauche ne sont pas synonymes), mais elles sont associées dans des représentations négatives. La folie, comme Foucault l'a relevé, est pensée comme synonyme de Déraison, menace intérieure à la Raison, et provenant de l'animalité perverse.
  • Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005  (ISBN 2-200-34042-7), partie I. Histoire des perversions, chap. 1. Avant la psychiatrie, p. 14


Théologie[modifier]

Joseph Ratzinger, L'Esprit de la liturgie, 2000[modifier]

Une justice sans morale devient injustice ; de même qu'une morale et une justice qui ne font pas référence à Dieu dégradent l'homme, parce qu'elles le privent de sa mesure la plus exigeante, de ses possibilités les plus hautes, en lui barrant le regard sur l'infini et l'éternel. Cette apparente libération soumet l'homme à la dictature des majorités régnantes, à des mesures humaines arbitraires, qui finalement ne peuvent que lui faire violence.
  • L'Esprit de la liturgie (2000), Joseph Ratzinger (trad. Génia Català), éd. Ad Solem, 2001, p. 17


Science[modifier]

Richard Stallman, Manifeste GNU, 1985[modifier]

Le paradigme de la concurrence est une course : en récompensant le vainqueur, nous encourageons tout le monde à courir plus vite. Mais si les coureurs sont obsédés par la victoire, ils risquent de trouver d'autres stratégies comme celle d'agresser les autres concurrents [...] Les logiciels propriétaires ou secrets sont l'équivalent moral de coureurs qui en viennent aux mains [...] Ce que l'arbitre devrait faire, c'est séparer les combattants et pénaliser les coureurs dès qu'ils font mine de se battre.


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