Fou

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.

Un fou peut désigner un malade mental ou par extension une personne idiote, une pièce du jeu d'échec, un oiseau marin, ou encore le bouffon d'un roi.

Cinéma[modifier]

George Lucas, Star Wars : épisode IV - Un nouvel espoir, 1977[modifier]

Obi-Wan Kenobi : Qui est le plus fou des deux ? Le fou, ou le fou qui le suit ?
  • Alec Guiness, Star Wars : épisode IV - Un nouvel espoir (1977), écrit par George Lucas


Enseignement[modifier]

Cours de littérature européenne[modifier]

Vladimir Nabokov, Littératures, 1941-1958[modifier]

Les fous ne sont fous que parce qu'ils ont profondément et imprudemment démantelé un monde familier, mais n'ont pas le pouvoir – ou ont perdu le pouvoir – d'en créer un nouveau aussi harmonieux que l'ancien.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, L'Art de la littérature et le bon sens, p. 491


Littérature[modifier]

Nouvelle[modifier]

Renée Vivien, La Dame à la Louve, 1904[modifier]

La Dame à la Louve

On a de drôles d’idées à ces moments-là, tout de même… Moi, un très honnête garçon, en somme, estimé de tout le monde, excepté de quelques jaloux, aimé même de quelques-unes, me reprocher aussi amèrement une existence qui ne fut ni pire ni meilleure que celle de tout le monde !… Je dus avoir une passagère folie. Nous étions tous un peu fous, du reste…
  • La Dame à la Louve, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemaire, 1904, La Dame à la louve, p. 18


Charles Bukowski, Nouveaux contes de la folie ordinaire, 1967[modifier]

Notes sur la peste

La peste fréquente votre lieu de travail, quel qu'il soit. Je suis la proie des pestes. J'ai travaillé dans une boîte où il y avait un type qui ne parlait à personne depuis quinze ans. Le lendemain de mon arrivée, il m'a parlé pendant trente-cinq minutes. Il était complètement cinglé.


Poésie[modifier]

Joyce Mansour, Le Désir du désir sans fin, 1963[modifier]

Je sais que sous le pont
Tes yeux fous se sont noyés
Notre-Dame entrebâille ses savantes cuisses gothiques
Plus puissantes et plus fières
Qu'échafauds et belladones
Elles enferment ton roux visage.

  • « Le désir du désir sans fin », Joyce Mansour, La Brèche, nº 5, Octobre 1963, p. 6


Prose poétique[modifier]

Francis Picabia, Dactylocoque, 1922[modifier]

Je n'aime pas les faux passagers de la vie, les femmes qui croisent leurs jambes comme les hommes croisent leurs bras, je n'aime pas le renversement du programme, les mois pénibles, une étoffe de soie que l'ongle écorche, le maquillage, prendre un taxi, une porte d'entrée ; mais les fous, l'avenue Henri Martin, minuit, l'eau froide, sont mes amis.
  • « Dactylocoque », Francis Picabia, Littérature Nouvelle Série, nº 7, Décembre 1922, p. 10


Robert Desnos, La liberté ou l'amour !, 1927[modifier]

La nuit s’en va abandonnant sur le lit individuel un bouquet de nénuphars. Au matin, le gardien voit le bouquet. Il questionne le fou qui ne répond pas et dès lors, aux bras de la camisole de force, le malheureux ne sortira plus de sa cellule.


Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958[modifier]

Être naturel

Le fou écarte les barreaux de l'espace et saute en lui-même. Il disparaît d'emblée en s'avalant.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Aigle ou Soleil ? — Être naturel — II, p. 105


Roman[modifier]

Lewis Caroll, Alice au pays des merveilles, 1865[modifier]

— Et comment savez-vous que vous êtes fou ?
— Pour commencer, est-ce que tu m'accordes qu'un chien n'est pas fou ?
— Sans doute.
— Eh bien, vois-tu, un chien gronde lorsqu'il est en colère, et remue la queue lorsqu'il est content. Or, moi, je gronde quand je suis content, et je remue la queue quand je suis en colère. Donc, je suis fou.
— Moi j'appelle ça ronronner, pas gronder.
— Appelle ça comme tu voudras [...].


Jean Giono, Le Hussard sur le toit, 1951[modifier]

J'ai peur que tu ne fasses pas de folies. Cela n'empêche ni la gravité, ni la mélancolie, ni la solitude : ces trois gourmandises de ton caractère. Tu peux être grave et fou, qui empêche ? Tu peux être tout ce que tu veux et fou en surplus, mais il faut être fou, mon enfant. Regarde autour de toi le nombre sans cesse grandissant de gens qui se prennent au sérieux. Outre qu'ils se donnent un ridicule irrémédiable devant les esprits semblables au mien, ils se font une vie dangereusement constipée. Ils sont exactement comme si, à la fois, ils se bourraient de tripes qui relâchent et de nèfles du Japon qui resserrent. Ils gonflent, gonflent, puis ils éclatent et ça sent mauvais pour tout le monde.

  • Lettre de la mère d'Angelo à son fils
  • Le Hussard sur le toit (1977), Jean Giono, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1993  (ISBN 2-07-010882-1), t. IV, chap. IX, p. 437, 438


Frank Herbert, La Mort blanche, 1983[modifier]

On ne peut pas raisonner avec un fou.


Biographie[modifier]

Salvador Dalí, Journal d’un génie adolescent, 1964[modifier]

L’unique différence entre un fou et moi, c’est que moi je ne suis pas fou.
  • Journal d’un génie adolescent, Salvador Dalí, éd. La Table ronde, 1964, p. 21


Essai[modifier]

Gilbert Keith Chesterton, Orthodoxie, 1908[modifier]

Le fou n'est pas un homme qui a perdu la raison. Le fou est un homme qui a tout perdu sauf sa raison.


Psychanalyse[modifier]

Alberto Eiguer, Le Pervers narcissique et son complice, 1989[modifier]

Le Champ de la perversion narcissique

Racamier insiste sur la perversion de la pensée dans les familles des schizophrènes, consistant dans une ambiguïté insoutenable, une logique « élastique » qui se plie et se déplie aux contingences externes comme le reflet de ces mêmes inter-relations (pseudo-mutuelles et superficielles), dont les membres de la famille ont une perception contradictoire ou paradoxale. Ils se disent solidaires et unis, alors qu'ils ne le sont pas. La logique paradoxale offre un camouflage parfait à la perversion narcissique [...]. Si par hasard leur véracité est mise en doute par quelqu'un, celui-ci pourrait se voir désigné comme fou.
  • Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989  (ISBN 2 10 002843 X), partie I. Le Champ de la perversion narcissique, chap. Définition et description générale, Séduction narcissique, p. 26


Psychologie[modifier]

Paul-Claude Racamier, Les Schizophrènes, 1980[modifier]

Préambule et divertimento

[...] lancés comme nous sommes dans les méandres des paradoxes, irons-nous en voyage au sud de l'Italie, à Élée, aujourd'hui Velia, dans un paysage merveilleusement virgilien d'oliviers et de lauriers-roses, jadis fréquenté par Énée un des premiers armateurs grecs à la recherche d'un siège social en Italie entre le cap Palinuro où il perdit son pilote, et le cap Leucosie, où il rejoignit une starlette, ou une nymphe, qui l'attendait dans une vaste propriété aujourd'hui privée ? A Élée nous retrouverions Parménide, qui aimait l'éternité, et surtout Zénon, champion des apories et des paradoxes, Zénon qui avait installé une fabrique de flèches n'atteignant jamais leur cible mobile, et qui organisait des courses entre lièvres et tortues, que nul ne gagnait jamais. Faut-il être fou, faut-il être schizophrène pour assurer qu'on peut arrêter le temps avec sa tête ! Alors, schizo, Zénon ? Freud disait à peu près que les philosophies sont les délires des bien-portants et vous vous rappelez que j'ai pris soin de distinguer la folie de la psychose. Irons-nous cependant penser que, dirigée ainsi qu'elle l'était par des gens comme Parménide et Zénon, Élée était une cité folle ? Eh bien pas du tout. Je me suis laissé dire que nulle part aux temps antiques la démocratie n'a mieux réussi qu'à Élée ce qui donne à penser que mieux vaut penser les paradoxes, mieux vaut certes les penser, que les semer comme peaux de bananes sous les semelles de ses congénères, comme il en est qui aiment à le faire.


Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, Les Perversions sexuelles et narcissiques, 2005[modifier]

Histoire des perversions

A côté de l'avènement des Lumières et de la Raison, le XVIIe siècle français est marqué par une tentative d'exclusion de ce qui ne correspond pas à la raison et la morale sociale. Cette politique du Grand Renfermement vise tous les indésirables : mendiants, vagabonds, voleurs, fous, simples d'esprits, débauchés et filles de joie sont réunis dans des lieux de détention (Hôpitaux Généraux) où la question du médical et du soin est secondaire. Petit à petit la médecine s'introduit dans ces prisons où le péché, la folie, la misère et la dangerosité des pauvres sont imaginairement et matériellement associés. Il y a bien une différence entre ces catégories (folie et débauche ne sont pas synonymes), mais elles sont associées dans des représentations négatives. La folie, comme Foucault l'a relevé, est pensée comme synonyme de Déraison, menace intérieure à la Raison, et provenant de l'animalité perverse.
  • Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005  (ISBN 2-200-34042-7), partie I. Histoire des perversions, chap. 1. Avant la psychiatrie, p. 14


Vous pouvez également consulter les articles suivants sur les autres projets Wikimédia :