Conversation

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Rembrandt — 1641 (détails d'une œuvre)

Une conversation est échange de propos entre deux personnes ou plus.

Gabriele d'Annunzio[modifier]

Il parlait avec un fluide abandon, car il voyait l’esprit de la femme attentive se faire concave comme un calice pour recevoir cette onde et voulait le remplir jusqu’au bord. Une félicité spirituelle de plus en plus limpide se répandait en lui
  • Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 14


Paul Auster[modifier]

Leur conversation était devenue l'un de ces échanges fous et elliptiques qui s'épanouissent entre deux personnes en train de flirter dans une soirée, une série d'énigmes, de coq-à-l'âne et d'assauts de mots d'esprit. Le truc consiste à ne rien livrer de soi, de façon aussi élégante et aussi détournée que possible, à faire rire son interlocuteur, à se montrer subtil.
  • Leviathan, Paul Auster (trad. Christine Le Bœuf), éd. Le livre de Poche, 1993, p. 151


Jules Barbey d'Aurevilly[modifier]

Avec l’esprit et les manières de son nom, la baronne de Mascranny a fait de son salon une espèce de Coblentz délicieux où s’est réfugiée la conversation d’autrefois, la dernière gloire de l’esprit français, forcé d’émigrer devant les mœurs utilitaires et occupées de notre temps. C’est là que chaque soir, jusqu’à ce qu’il se taise tout à fait, il chante divinement son chant du cygne. Là, comme dans les rares maisons de Paris où l’on a conservé les grandes traditions de la causerie, on ne carre guère de phrases, et le monologue est à peu près inconnu. Rien n’y rappelle l’article du journal et le discours politique, ces deux moules si vulgaires de la pensée, au dix-neuvième siècle.


Antoine Bello[modifier]

Un philosophe a dit un jour que la conversation est une invention destinée à empêcher l'homme de penser. C'est aussi un moyen infaillible de découvrir ce qu'il cherche à cacher.
  • Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet, Antoine Bello, éd. Folio, 2012, p. 115


Cicéron[modifier]

Il faut faire (…) attention au moment où la conversation peut cesser de plaire, et comme on a pris son temps pour la commencer, le prendre pour la finir.
  • Traité des devoirs (44 av. J.C.), Cicéron (trad. Gallon La-Bastide), éd. Victor Lecou, 1850, p. 112


Octave Gréard[modifier]

Le besoin de s’assembler pour s’entretenir est un besoin propre à l’esprit français. Mme de Staël l’a excellemment remarqué : en France, à Paris surtout, la parole n’est pas seulement, comme ailleurs, une manière de se communiquer ses idées, ses sentiments, ses affaires ; « c’est un instrument dont on aime à jouer, qui ranime les esprits comme font chez d’autres peuples la musique et les liqueurs fortes » ; et, à l’appui de cette observation, elle raconte, d’après Volney, que des Français, émigrés pendant la Révolution et établis en Amérique pour y fonder une colonie, quittaient toutes leurs occupations pour aller causer à la ville, c’est-à-dire à la Nouvelle-Orléans, qui n’était pas à moins de six cents lieues de leur demeure. Dans la société reposée et lettrée du dix-septième siècle, ce plaisir était devenu le premier des plaisirs et un art supérieur.
  • L'éducation des femmes par les femmes (1885), Octave Gréard, éd. Hachette et cie, 1889, Madame Lambert, p. 206


Joseph Joubert[modifier]

Une conversation ingénieuse avec un homme est un unisson ; avec une femme, c’est une harmonie, un concert. Vous sortez satisfait de l’une ; vous sortez de l’autre enchanté.


Il faut savoir entrer dans les idées des autres et savoir en sortir, comme il faut savoir sortir des siennes et y rentrer.


L’attention de celui qui écoute sert d’accompagnement, dans la musique du discours.


Il devient réellement insupportable de converser avec des hommes qui n’ont, dans le cerveau, que des cases où tout est pris, et où rien d’extérieur ne peut entrer. Ayons le cœur et l’esprit hospitaliers.


La Rochefoucauld[modifier]

Une des choses qui font que l'on trouve si peu de gens qui paraissent raisonnables et agréables dans la conversation, c'est qu'il n'y a presque personne qui ne pense plutôt à ce qu'il veut dire qu'à répondre précisément à ce qu'on lui dit. Les plus habiles et les plus complaisants se contentent de montrer seulement une mine attentive, au même temps que l'on voit dans leurs yeux et dans leur esprit un égarement pour ce qu'on leur dit, et une précipitation pour retourner à ce qu'ils veulent dire.


Bien écouter et bien répondre est une des plus grandes perfections que l'on puisse avoir dans la conversation.


Michel de Montaigne[modifier]

Le silence et la modestie sont qualités très commodes à la conversation.


Anaïs Nin[modifier]

Nos conversations sont merveilleuses, du théâtre à deux, non des duels, mais de fulgurantes illuminations de chacun. Je peux servir de déclencheur à certaines de ses pensées encore imprécises. Il élargit ma propre pensée. Je le fais prendre feu. Il me change en eau. Il y a un mouvement constant entre nous.
  • Henry et June — Les cahiers secrets (1986), Anaïs Nin (trad. Béatrice Commengé), éd. Stock, 2007  (ISBN 978-2-234-05990-0), Août (1932), p. 268


Ruth Rendell[modifier]

Lorsque nous croyons que notre interlocuteur nous écoute, en fait, il est peut-être tout simplement en train de réfléchir à ce qu’il va dire ensuite.
  • Jeux de mains, Ruth Rendell (trad. Isabelle Tripault), éd. Calmann-Lévy, 1999, p. 249


Philip Roth[modifier]

Mon Dieu! Le langage est une forme de communication! La conversation n'est pas qu'un simple échange de feux croisés où l'on canarde et où l'on se fait canarder! Où il faut plonger à plat ventre pour sauver sa peau et ne penser qu'à tuer! Les mots ne sont pas seulement des bombes et des balles, - non, ce sont des petits cadeaux, chargés de signification!
  • À propos de sa première fin de semaine au sein d'une famille goy.
  • Portnoy et son complexe, Philip Roth, éd. folio, 1973, p. 320


Saint Evremond[modifier]

Le premier mérite auprès des dames c'est d'aimer ; le second est d'entrer dans les confidences de leurs inclinations ; le troisième, de faire valoir ingénieusement tout ce qu'elles ont d'aimable. […] Dans leur conversation songez bien à ne les tenir jamais indifférentes : leur âme est ennemie de cette langueur.
  • « A M. le Maréchal de Créqui » (1671), dans Œuvres mêlées de Saint Evremond, Saint-Evremond, éd. Les Grands Classiques Illustrés, ~1935?, p. 286


Oscar Wilde[modifier]

Une conversation devrait toucher à tout, mais ne devrait se concentrer sur rien.
  • (en) Conversation should touch everything, but should concetrate itself on nothing
  • (en) The Portable Oscar Wilde, Oscar Wilde (trad. Wikiquote), éd. Penguin, 1981  (ISBN 0140150935), p. 91


A revoir[modifier]

André Breton, L'Amour fou, 1937[modifier]

La conversation qui, tant que ma trop belle interlocutrice est demeurée assise en face de moi, glissait sans obstacle d'un sujet à l'autre, n'effleure plus maintenant que le masque des choses. Je me sens avec effroi la conduire à sombrer malgré moi dans l'artificiel. J'en suis réduit à m'arrêter de temps à autre pour immobiliser devant moi le visage que je ne puis supporter plus longtemps de voir s'offrir de profil


Anaïs Nin, Henry et June — Les cahiers secrets, 1986[modifier]

Sa conversation, essentiellement inconsciente, serait très révélatrice pour un analyste, mais je suis incapable d'analyse. Ce sont surtout des mensonges. Pour elle, tout ce qu'elle imagine devient réalité. Mais que construit-elle avec tant de soin ? Essaie-t-elle de gonfler, de fortifier, de glorifier sa personnalité ? Dans la douce chaleur de mon admiration, elle s'épanouit.
  • Henry et June — Les cahiers secrets (1986), Anaïs Nin (trad. Béatrice Commengé), éd. Stock, 2007  (ISBN 978-2-234-05990-0), Janvier (1932), p. 33


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