Yasmina Reza

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Yasmina Reza
Yasmina Reza en 2016

Yasmina Reza est une femme de lettres et actrice française, née le 1er mai 1959 à Paris.

L'aube le soir ou la nuit[modifier]

De toute façon vous l'inventerez. Les écrivains ont en commun avec les tyrans de plier le monde à leur désir.
  • L'aube le soir ou la nuit, Yasmina Reza, éd. Flammarion, 2007  (ISBN 9782081209169), p. 9


Nulle part[modifier]

Je ne regrette que des temps et des lieux ignorés, je suis capable des plus violentes nostalgies pour des espaces où je ne suis allée.
  • Nulle part, Yasmina Reza, éd. Le Livre de Poche (éd. originale: Albin Michel), 2007 (éd. originale: 2005)  (ISBN 978-2-253-12134-3), p. 65


Hammerklaviert[modifier]

Pourquoi suis-je attachée à ce livre et pas elle ?

Parce que moi je connais sa valeur dans le temps. Je connais l'extension du livre. Le livre est passé et avenir. (…) Le livre est déjà cruel, il est déjà perte, déjà il raconte un monde envolé.

Chaque jour il me blessera davantage. Chaque jour, il me dira que nous ne sommes plus.
  • À propos d'un livre « composé » avec sa fille deux ou trois ans auparavant.


Que veut Dieu ? Dieu se cache et veut qu'on le cherche. Telle est la réponse juive à cette question. Où se cache-t-Il ? Nous le savons aussi : hors de la malédiction du temps. Cachette infernale et injuste qui fait prendre en grippe son locataire (…)


Lucette était laide, timide, coiffée par une raie centrale et deux barrettes de pauvre, sa voix était rêche.

(…)

Qui l'eût dit ? Qui eût dit au temps des boulettes de papier, des mains rougeaudes, qu'une femme allait surgir de cette désespérance ?


Il en va de la pensée et des sentiments comme de l'ADN. Cette chaîne qui est supposée nous définir en propre et dont les revues nous dessinent volontiers le curieux collier. Les êtres qui nous touchent sont autant d'éléments constitutifs et nous renvoient à d'autres, qui nous renvoient à d'autres, fictifs, réels, aperçus ou aimés la vie durant.


Alta sourit de joie, de toutes ses dents ou plutôt de toutes ses « non-dents ». Car c'est sur ce sujet que je veux écrire : le sourire fabuleux, bouleversant de l'édentée. (…)
Il y a dans ce sourire si éphémère, si court dans le temps, une telle fragilité, une si grande indifférence à la séduction, une telle offrande de soi dans sa misère, dans son inaccomplissement, une telle grâce en somme. Rien ne dit autant le peu, le reste, le fugitif que l'éclat déraisonnable de cette couronne chaotique.
  • Hammerklavier, Yasmina Reza, éd. Albin Michel, 1997  (ISBN 2-226-09477-6), p. 69-70


Quelle chance d'avoir connu ce public. Quel bonheur d'avoir connu ce temps béni de la non-participation. Un temps où il n'était question que de recevoir, en toute simplicité et en toute honnêteté – peut-être la plus noble attitude – un temps où il ne s'agissait pas de s'exprimer, de prouver, d'être un soi bruyant et apparent. Où que nous allions aujourd'hui, me dis-je, les gens applaudissent sur la dernière note. Aucun silence. Pas une seconde de retrait. Vite, applaudir. Vite, se manifester, vite en être, en dire, énoncer à tue-tête son si important verdict. Et chacun (…) d'être si fier d'appartenir à cette ignoble communauté, l'ignoble et nouvelle communauté du public averti, intelligent, les « haut de gamme » de l'humanité, (…), ceux qui en sont et qui savent, qui ont leurs élus et leurs damnés.
  • Hammerklavier, Yasmina Reza, éd. Albin Michel, 1997  (ISBN 2-226-09477-6), p. 86-87


Babylone[modifier]

Dès qu'on met le pied sur terre, il faut renoncer à toute idée de permanence.


On fait tous ça un jour, homme ou femme. On se pavane au bras de quelqu'un comme si on était seul au monde à avoir décroché le gros lot.


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