Pulsion

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Une pulsion est définie par Sigmund Freud comme une poussée constante et motrice qui vise à une satisfaction et est le moyen initial de cette satisfaction. Elle désigne plus communément une poussée interne de l'organisme distincte de l'instinct et responsable du travail du psychisme dans lequel elle se fait représenter.

Histoire[modifier]

Marie-Jo Bonnet, Les Relations amoureuses entre les femmes, 1981[modifier]

Pour la lesbienne, l'amour est un risque et une conquête, non une pulsion. C'est un acte gratuit, conscient de ne déboucher sur rien socialement.
  • Les Relations amoureuses entre les femmes (1995), Marie-Jo Bonnet, éd. Odile Jacob, coll. « Poches », 1981, Introduction, p. 12


Littérature[modifier]

Roman[modifier]

Virginia Woolf, Les Vagues, 1952[modifier]

Je vous suis très reconnaissant à vous les hommes en toges noires, et à vous, les morts, de nous avoir guidés, de nous avoir protégés ; et pourtant, le problème demeure. Les différences ne sont pas encore résolues. Les fleurs hochent la tête devant la fenêtre. Je vois des oiseaux sauvages, et des pulsions plus sauvages que les oiseaux les plus sauvages surgissent de mon cœur sauvage. J'ai le regard sauvage ; les lèvres fortement serrées. L'oiseau vole ; la fleur danse ; mais j'entends toujours le fracas sourd et lugubre des vagues ; et la bête enchaînée piaffe sur la plage. Elle piaffe et piaffe.


Psychologie[modifier]

Paul-Claude Racamier, Les Schizophrènes, 1980[modifier]

Les paradoxes des schizophrènes

Tout en réduisant la seconde topique à une plus simple expression, la dépression ne la liquéfie pas comme fait l'accès psychotique, où l'appareil de la psyché semble revenir à l'état de magma originel, en vertu d'une régression structurale qui de toutes les régressions est la plus massive. E. Jacobson estime même qu'en submergeant l'organisation topique de la psyché, cette régression, que j'appelle structurale et qui est déstructurante, ramène les investissements à leur état originel d'indistinction, tant pour leur direction (autre et soi) que pour leur qualité (amour et agressivité). Il y aurait donc au départ d'une psychose aiguë une régression pulsionnelle totale, qui ramènerait le Ça au-delà de toute ambivalence.
  • Les Schizophrènes (1980), Paul-Claude Racamier, éd. Payot & Rivages, coll. « Petite bibliothèque Payot », 2001  (ISBN 978-2-228-89427-2), partie Les paradoxes des schizophrènes, chap. 2. De plusieurs constantes psychotiques, Où l'on oppose l'anticonflictualité des schizophrènes à l'intraconflictualité des névroses, p. 63


Développement précoce, conduisant à la découverte harmonieuse et corrélative de l'Autre et du Je, et à leur installation structurante et conjuguée dans la psyché, résulte évidemment de l'intrication des pulsions narcissiques et antinarcissiques [...]. Non seulement on sait aujourd'hui que le narcissisme poursuit son propre développement (Grunberger, 1971 Kohut, 1971), sous l'influence des stades libidinaux et au contact de l'objet, mais on sait aussi que les investissements narcissiques et objectaux sont intriqués dès l'origine comme ils le sont plus tard et dans la cure (cf. J. Cosnier, 1970), si bien qu'il n'est pas d'investissement de soi qui ne « rapporte » à l'objet, ni d'investissement d'objet ou du monde qui ne rapporte au moi (ou soi, ou self) sa prime narcissique (cf. Racamier, 1963).
La rupture de cette alliance est à l'origine des psychoses.

  • Les Schizophrènes (1980), Paul-Claude Racamier, éd. Payot & Rivages, coll. « Petite bibliothèque Payot », 2001  (ISBN 978-2-228-89427-2), partie Les paradoxes des schizophrènes, chap. 5. De deux ou trois réalités, Où l'on voit le schizophrène aux prises avec l'impossible choix entre son monde et son Moi, p. 99


Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, Les Perversions sexuelles et narcissiques, 2005[modifier]

Caractéristiques des perversions

La perversion correspond à une mise en actes dans laquelle : a) une composante partielle du plaisir préliminaire devient le moteur de l'orgasme et non pas ce qui permet l'augmentation de l'excitation, b) un acte est séparé de son enchaînement et prend la place du tout (le fait de voir le partenaire par exemple). L'acte pervers se caractérise donc par son aspect partiel (par rapport à l'acte sexuel dit normal), aspect que l'on retrouve à propos de l'objet et de la pulsion.
  • Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005  (ISBN 2-200-34042-7), partie II. Caractéristiques des perversions, chap. 2. Critères psychopathologiques, 2.1 Les conceptions freudienne, p. 39


La perversion est en relation avec une fixation exclusive à un mode de satisfaction sexuelle infantile que le sujet devrait dépasser. Tout se passe comme si le pervers ne pouvait atteindre un stade de développement sexuel dans lequel les pulsions sont unifiées et visent un objet sexuel total, c'est-à-dire l'Œdipe dont les effets normativants n'existent pas chez lui. Mais dans certains textes (Pour introduire le narcissisme), Freud évoque la notion de « choix d'objet narcissique » (sur le modèle de soi-même) à propos du pervers.
  • Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005  (ISBN 2-200-34042-7), partie II. Caractéristiques des perversions, chap. 2. Critères psychopathologiques, 2.1 Les conceptions freudienne, p. 39


Sur le plan clinique, le pervers se signale par son absence de conflictualisation apparente, de culpabilité, la faiblesse de l'élaboration psychique (capacité de mettre en mots), la difficulté d'utiliser la parole comme voie de décharge de l'excitation, l'importance de la décharge des pulsions, la mise en acte, le fonctionnement par clivage, le fait que les scénarios de mise en acte sont infiltrés d'éléments de scènes primitives violentes et sadiques où la mère est ressentie comme ayant un rôle actif.
  • Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005  (ISBN 2-200-34042-7), partie II. Caractéristiques des perversions, chap. 3. Invariants psychopathologiques, p. 50