Patrick Edlinger

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Patrick Edlinger (15 juin 1960 — 16 novembre 2012) était un alpiniste français.

Citations[modifier]

Opéra vertical, 1982[modifier]

On a beaucoup de falaises calcaires mais elles sont toujours assez courtes. Mais là, en plus de la difficulté technique, y'a 200 mètres entre les champs. Et faire des équilibres précaires sur des petits grattons à 200 mètres du sol, ça n'a plus rien à voir.
  • Patrick Edlinger, Opéra vertical (1982), écrit par Jean-Paul Janssen


Pour moi dans l'escalade, c'est pas uniquement passer ; c'est la manière dont je passe parce que agripper sur des prises et tirer, c'est relativement facile. Mais le faire en donnant une impression de légèreté et de façon esthétique, je pense que c'est d'autant plus joli. Alors c'est certain que les gens qui ne connaissent pas l'escalade ont l'impression que c'est facile parce qu'ils nous voient passer en courant alors qu'en fait c'est des équilibre précaires, très précis sur de toutes petites prises, un enchaînement de mouvements qui faut pas louper.
  • Patrick Edlinger, Opéra vertical (1982), écrit par Jean-Paul Janssen


L'escalade libre c'est passer une voie avec uniquement les prises du rocher. Les pitons ou les [goulots] qui sont en places, tu te mousquetonnes, tu passes ton mousqueton et ta corde, c'est en cas de sécurité mais elle ne t'aide pas. Et après tu as le libre en solo, c'est-à-dire, tu peux le pratiquer soit tout seul en t'auto-assurant avec c'te corde, soit en solo intégral. Pour moi c'est sans corde, et surtout sans mousqueton, sans rien.
  • Patrick Edlinger, Opéra vertical (1982), écrit par Jean-Paul Janssen


La Vie au bout des doigts, 1983[modifier]

L'escalade libre peut se faire aussi bien encordé qu'en solo c'est à dire que tu prends aucun corps artificiel et tu utilises uniquement les prises du rocher. Et le solo, alors le solo c'est enfin pour moi c'est l'escalade suprême c'est à dire que tu as aucun moyen d'aide, tu passes en libre et sans aucun assurage. Il faut avoir une super concentration et le moindre faux mouvement ou équilibre ou si tes bras tétanisent bon c'est la chute quoi.
  • Patrick Edlinger, La Vie au bout des doigts (1983), écrit par Jean-Paul Janssen


Ce qui est le plus important d'après moi aussi en escalade c'est quand même la façon dont tu passes. Le but c'est pas de passer un passage crispé sur des prises de se tirer, ça n'a aucun intérêt si tu veux. L'intérêt c'est justement d'essayer d'être le plus esthétique le plus harmonieux possible. En fait c'est une expression corporelle au même titre que la danse ; sauf que la chorégraphie est dictée par les prises : c'est l'opéra vertical.
  • Patrick Edlinger, La Vie au bout des doigts (1983), écrit par Jean-Paul Janssen


Tu peux pas disons prévoir quelques jours à l'avance te dire « tel jour je vais faire du solo », c'est impossible. Tu grimpes une journée et y'a un moment où tu t'sens très bien, moralement, physiquement ; et ce jour là bon bah tu passes au pied d'une voie et tu as envie de la faire en solo et tu l'as fait en solo. C'est une chose qui se commande pas en fait, ça c'est un besoin que tu ressens et quand tu ressens ce besoin, tu y vas.
  • Patrick Edlinger, La Vie au bout des doigts (1983), écrit par Jean-Paul Janssen


Le gaz, c'est le vide. C'est la hauteur à laquelle tu te situes sur une paroi et qui fait qu'en bas y'a du gaz, bah y'a du vide. Voilà. Et c'est beaucoup plus difficile parce qu'au niveau concentration, tu n'as plus du tout la notion des équilibres, et plus la même notion d'engagement. Surtout quand tu es en solo dans une paroi qui est très haute, tu sais très bien que tu n'as pas de point de repos, de vire à proximité. Et sur le plan moral c'est beaucoup plus dur de te concentrer en sachant que tu es complètement engagé.
  • Patrick Edlinger, La Vie au bout des doigts (1983), écrit par Jean-Paul Janssen


Ce qui est intéressant en solo c'est le fait que ta vie soit en danger. Ça motive ta concentration. C'est normal je pense qu'on ait peur ; c'est d'ailleurs ce qui t'attire si tu veux. Tu as une notion de peur qui rentre en jeu c'est certain. Et c'qu'est plaisant c'est d'arriver à la dominer. Quand tu es en solo de toutes façons il faut faire abstraction complète du gaz. C'est à dire tu n'y penses absolument plus. Tu es tellement concentré par tes mouvements par le fait de faire aucune erreur que le gaz tu n'y penses absolument plus. Tu y penses uniquement quand tu es encordé, tu t'arrêtes à un relais, ou en solo quand tu te reposes, là tu prends conscience disons de l'élément dans lequel tu es, du vide qu'il y a. Mais sinon c'est un truc qui faut faire abstraction complètement ouais. Ça te bloque, tu arrives pas à faire des mouvements très dur. Mais ce qui est grisant justement c'est le fait de savoir qu'y a cette ambiance là, derrière et qui fait que volontairement on se met dans c't'ambiance ; c'est sûr que ça a plus d'engagement, plus d'intérêt.
  • Patrick Edlinger, La Vie au bout des doigts (1983), écrit par Jean-Paul Janssen


Pour moi l'escalade c'est pas un sport, j'y consacre tout mon temps et c'est un mode de vie. J'arrive à retrouver tous les besoins qu'on peut avoir, si tu veux, en tant qu'être humain. Tu vas faire une voie très dure, tu auras le plaisir justement de l'expression corporelle, la défonce physique, qui fait qu'en fait ça va te créer de petits besoins. Tu vas apprécier en sortant d'une voie un verre d'eau… un sandwich. Et bon, ça c'est intéressant à l'époque à laquelle on vit d'avoir de petits besoins je crois. Tu as une prise de conscience au niveau des plaisirs simples en fait, qui suffisent très bien pour pouvoir vivre.
  • Patrick Edlinger, La Vie au bout des doigts (1983), écrit par Jean-Paul Janssen