OuLiPo

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L'OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle) est un groupement d'écrivains créé en 1960 autour de Raymond Queneau. Son but est d'étudier les contraintes littéraires, d'en développer de nouvelles et, bien sûr, d'écrire des textes obéissant à ces contraintes.

Peut également s'écrire : Oulipo, orthographe choisie, par commodité, pour la catégorie où l'on retrouvera les écrivains oulipiens (dont les principaux, Georges Perec et Raymond Queneau).

La présente page propose des citations extraites d'ouvrages collectifs sur l'Oulipo, ou concerne des auteurs trop peu publiés pour avoir une page à part dans le site. Des citations de textes d'esprit oulipien mais non écrits par les membres du groupe peuvent également y trouver place.

Citations[modifier]

Le changement de genre littéraire peut prendre la forme d'une amplification (…) ou d'une réduction : alors c'est l'exemple du Cid réduit à un sonnet par G. Fourest. On pourrait encore le concentrer en le réduisant à son dernier vers :

Qu'il est joli garçon l'assassin de papa !

  • À propos de « traductions ».
  • Atlas de littérature potentielle, Oulipo, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1981, p. 151


Monovocalismes[modifier]

What a man !

Smart à falzar d'alpaga nacarat, frac à rabats, brassard à la Franz Hals, chapka d'astrakan à glands à la Cranach, bas blancs, gants blancs, grand crachat d'apparat à strass, raglan afghan à falbalas, Andras MacAdam, mâchant d'agaçants partagas, ayant à dada l'art d'Allan Ladd, cavala dans la pampa.

Passant par là, pas par hasard, marchant à grands pas, bras ballants, Armand d'Artagnan, crack pas bancal, as à la San A., l'agrafa.

  • Monovocalisme en A
  • « What a man », Georges Perec, dans Atlas de littérature potentielle, Oulipo, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1981, p. 214-215



                        S'exercer

S'exercer, c'est tenter ces vers, les révérer;
C'est penser et tester le verbe de l'enchère.
Détecte les déchets de l'échec délétère,
Cesse de regretter et de désespérer.

  • Monovocalisme en E
  • « S'exercer », Olivier Salon, dans Anthologie de l'OuLiPo, Marcel Bénabou et Paul Fournel (dir.), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 2009, p. 705


"Génitifs"[modifier]

La dent de sagesse de Verlaine
  • « Génitifs », Georges Perec, dans Atlas de littérature potentielle, Oulipo, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1981, p. 258


La dame de pique de la Mirandole

Une vie de château de sable

  • « Génitifs », Jacques Roubaud, dans Atlas de littérature potentielle, Oulipo, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1981, p. 258


Mort aux vaches et au champ d'honneur

Attention à la marche ou crève

  • « Génitifs », Georges Perec, dans Atlas de littérature potentielle, Oulipo, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1981, p. 259


La Divine comédie humaine

  • « Génitifs », Jacques Roubaud, dans Atlas de littérature potentielle, Oulipo, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1981, p. 259


Animaux-Valises[modifier]

L'OKAPIE

Ôte donc okapie ton képi, ton chapeau, ta kippa, belle okapie, OK ? Décapote-toi; mets ta cape au piquet et claque-nous tes airs de pipeau, tes airs d'époque, tes airs de pacotille qui clapotent comme des bécots. Pendant qu'on picore, papilles picotantes, les coquilles opaques de coco, les colchiques aux cols chics et le kapok à picots qu'on pique à Pâques à Vladivostok contre quelques kopecks. On t'écoute tout ébaubis, porcs-épics pires qu'au Pecq (…)
Qui donc est l'okapie qui claque à nos képis?

  • « L'Okapie », Jacques Roubaud et Olivier Salon, dans Anthologie de l'OuLiPo, Marcel Bénabou et Paul Fournel (dir.), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 2009, p. 304-305


LE HOMARILYNMONROE

Le homarilynmonroe
fait jouer dans les courants
la pourpre des volants
de sa robe corail.
(…)
On l'attrape facilement
en faisant briller un diamant,
le crustacé sous somnifère.

Au jour de votre anniversaire,
Dégustez un homarilynmonroe
que vous aurez mis au frigo,
quoique certains l'aiment chaud.


  • « Le homarilynmonroe », Hervé Le Tellier, dans Anthologie de l'OuLiPo, Marcel Bénabou et Paul Fournel (dir.), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 2009, p. 308-309


Sollicitudes[modifier]

L'arche est prête. Rien ne se passe.
Les animaux, ça les agace.
Et le patron boit du Gaillac
Avec ce gros bovin maniaque
Qui ne veut pas prendre sa place.
Qu'a Noé ? Qu'a Yak ?

Le pauvre Caboudin ne voit pas le bout d'un
Pied quand il marche...oh zut ! Le voilà qui boude, hein!
Qu'a Caboudin ?

  • « Sollicitudes », Jacques Roubaud et Olivier Salon, dans Anthologie de l'OuLiPo, Marcel Bénabou et Paul Fournel (dir.), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 2009, p. 480-482


Ces fleurettes fanées, ces moches pâquerettes
Risquent de desservir ton amour pour Annette.
Qu'ont tes fleurettes ?

L'électricité sort à vif de par tes nerfs.
Que t'arrive-t-il, toi que j'ai vu débonnaire?
Qu'a tes nerfs?

Ce singulier paraît singulier, partenaire,
Voyons ce que contient notre bon dictionnaire.
Qu'ont tes nerfs ?

  • « Sollicitudes », Jacques Roubaud et Olivier Salon, dans Anthologie de l'OuLiPo, Marcel Bénabou et Paul Fournel (dir.), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 2009, p. 484-485


La rien que la toute là[modifier]

Poème qui n'utilise ni substantif, ni verbe, ni adjectif.


Vous vous vous, parce que nul dont ce aucune
Quand de ce (pour avec) et ce pourquoi jamais;
Seulement le et les et déjà si quand nous
Au et contre ces qui d'où vous aussi vous des.
(...)

  • « La rien que la toute là », François Le Lionnais, dans Anthologie de l'OuLiPo, Marcel Bénabou et Paul Fournel (dir.), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 2009, p. 665


A quoi tu penses ?[modifier]

A quoi tu penses ?
Je pense que je suis souvent sexuellement attiré par des femmes que je n'oserais jamais présenter à mes amis.
A quoi tu penses ?
Je pense que dans les quinze secondes où l'on partage un ascenseur avec une jolie femme, il est presque impossible de lui faire la démonstration de son intelligence, de son charme et de son humour
A quoi tu penses ?
Je pense que « se réveiller la nuit et habituer ses yeux à la pénombre » pourrait être une définition de la vie.
A quoi tu penses ?
Je pense que, lorsque je suis confronté à un décolleté généreux, je dépense une énergie démesurée pour fixer la femme dans les yeux, alors que peut-être, ça ne la dérangerait pas trop que je regarde ses seins.
A quoi tu penses ?
Je pense qu'il est certains journaux qu'on ne cite jamais sans omettre de précise discrètement qu'on les a lus chez le coiffeur ou chez le médecin.
A quoi tu penses ?
Je pense que le problème des dictionnaires de synonymes, c'est qu'il n'y a jamais de synonymes, et pourtant j'en ai deux.

  • « A quoi tu penses ? », Hervé Le Tellier, dans Anthologie de l'OuLiPo, Marcel Bénabou et Paul Fournel (dir.), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 2009, p. 356-361


Textes d'autres provenances[modifier]

...mais utilisant les mêmes contraintes ou schémas.
Autrement dit, l'OuLiPo sans l'OuLiPo, ou encore, selon la définition des oulipiens, les "plagiats par anticipation" (pour Victor Hugo, par exemple)

Je préfère partir plutôt que d'entendre ça plutôt que d'être sourd.
  • Voir ci-dessus "Génitifs"
  • Raymond Loyer, La Classe américaine (1993), écrit par Michel Hazanavicius, Dominique Mezerette


Les noirs ont le rythme dans la peau, la peau sur les os et les os dans le nez.
  • Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des biens nantis, Pierre Desproges, éd. Seuil, 1985, Noms propres, lettre A, p. 70


 : MARAT : Le jour où Marat mourra, il n’y aura plus de Paris, et le jour où Paris périra, il n’y aura plus de République.
  • Quatrevingt-treize (1874), Victor Hugo, éd. Seuil, coll. « L'Intégrale », 1963, partie II (« À Paris »), chap. I (« La Convention »), livre troisième (« La Convention »), p. 471 (texte intégral sur Wikisource)


                       Beaux objets (ébauches de hochets)


Bagues bègues à cailloux caillés
Gourde kurde
Guitare targui
(…)

Blasphème, blesse-femme
Bleuets blutés
(...)
Brume chromée , où bramaient le crime et le drame
Burnes brunes
(...)
Cher chapeau de peau de chat...
Chier riche.
Choéphore, l'écho est fort !
Cil : fil vil.
Cœur creux, givre frigide.
Copuler saouls sous la coupole.
Courroux du corps, cuirasse du cœur.
(…)
Duel éludé : accalmie amicale.
Du lin du Nil, les lianes de l'aine.
(…)
Ecureuil écroué.
Edifice de dix fesses (équilibre lubrique, artifice de fricatrices).
En chair et en os, en air et en chose...
(…)
Gibier de gibet, potentat de potence !
Girl sur le gril. Angora de l'orage.
Glaive, au vol d'aigle gelé, englué dans l'hiver.

  • « Beaux objets (ébauches de hochets) », Michel Leiris, dans La poésie française d'humour, Claude Michel Cluny (dir.), éd. Poésie 1 (n°13), 1970, p. 451-453


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