Michel Tournier

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Michel Tournier (2005).

Michel Tournier est un écrivain français né à Paris le 19 décembre 1924 et mort à Choisel le 18 janvier 2016 (91 ans).

Œuvres[modifier]

Vendredi ou les Limbes du Pacifique, 1967[modifier]

La nudité est un luxe que seul l'homme chaudement entouré par la multitude de ses semblables peut s'offrir sans danger.
  • Vendredi ou les Limbes du Pacifique, Michel Tournier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1967  (ISBN 2070369595), p. 30


Il s'avisa ainsi qu'autrui est pour nous un puissant facteur de distraction, non seulement parce qu'il nous dérange sans cesse et nous arrache à notre pensée actuelle, mais aussi parce que la seule possibilité de sa survenue jette une vague lueur sur un univers d'objets situés en marge de notre attention, mais capable à tout instant d'en devenir le centre.
  • Vendredi ou les Limbes du Pacifique, Michel Tournier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1967  (ISBN 2070369595), p. 36


Procréer, c'est susciter la génération suivante qui innocemment, mais inexorablement, repousse la précédente au néant. [...] L'enfant envoie ses géniteurs au rebut, aussi naturellement qu'il a accepté d'eux ce qu'il lui fallait pour pousser. Dès lors il est vrai que l'instinct qui incline les sexes l'un vers l'autre est un instinct de mort.
  • Vendredi ou les Limbes du Pacifique, Michel Tournier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1967  (ISBN 2070369595), p. 131


Celui qui tue une truie anéantit sa descendance jusqu'à la millième génération. Celui qui dépense une pièce de cinq shilling assassine des monceaux de livres sterling.
  • Vendredi ou les Limbes du Pacifique, Michel Tournier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1967  (ISBN 2070369595), p. 140


Le Roi des aulnes, 1970[modifier]

Voir le recueil de citations : Le Roi des aulnes

Le Vent Paraclet, 1977[modifier]

Il est bien vrai de dire qu'aujourd'hui aucun homme n'aimerait comme il aime, si Goethe n'avait pas écrit son Werther.
  • Le Vent Paraclet, Michel Tournier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977, p. 193


Mon propos n'est pas d'innover dans la forme, mais de faire passer au contraire dans une forme aussi traditionnelle, préservée et rassurante que possible une matière ne possédant aucune de ces qualités.
  • Le Vent Paraclet, Michel Tournier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977, p. 195


Car la vraie critique doit être créatrice et « voir » dans l'œuvre des richesses qui y sont indiscutablement, mais que l'auteur n'y avait pas mises. Proposition paradoxale si l'on s'en tient à l'idée habituelle d'un auteur « créant » l'œuvre, c'est-à-dire la sortant de lui-même, comme une poupée gigogne en expulse une autre plus petite qui était dans son ventre. Mais elle prend au contraire tout son sens si l'on accepte le principe souvent illustré dans cet essai d'une autogenèse de l'œuvre dont l'auteur ne serait lui-même que le sous-produit.
  • Le Vent Paraclet, Michel Tournier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977, p. 210


Vendredi ou la Vie sauvage, 1977[modifier]

— Voyez-vous, dit-il, l’avantage des tempêtes, c’est qu’elles vous libèrent de tout souci. Contre les éléments déchaînés, il n’y a rien à faire. Alors on ne fait rien. On s’en remet au destin.
  • Vendredi ou la Vie sauvage, Michel Tournier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977  (ISBN 2-07-038004-1), p. 11


Le Vol du vampire, 1981[modifier]

La fameuse tour d'ivoire de l'écrivain est en vérité une tour de lancement.
  • Le Vol du vampire, Michel Tournier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1981  (ISBN 2-07-032858-9), p. 12


Un livre écrit, mais non lu, n'existe pas pleinement. Il ne possède qu'une demi-existence. C'est une virtualité, un être exsangue, vide, malheureux qui s'épuise dans un appel à l'aide pour exister.
  • Phrases introduisant la comparaison entre le livre et le vampire : comme un vampire se nourrit du sang de sa victime, un livre se nourrit de l'imagination de la personne qui le lit.
  • Le Vol du vampire, Michel Tournier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1981  (ISBN 2-07-032858-9), p. 12


Non, ce roman n'est pas une histoire de cloportes racontée par un entomologiste. Certes il y a du gris, il y a de la cendre. Mais sous cette cendre, quel feu ardent et secret ! Ce n'est certes pas un livre de flammes et de stridences. Flaubert sait trop ce qu'est la France, la Normandie bocagère en ce milieu du XIXe siècle. Mais le voile de médiocrité qui recouvre tout laisse praître par de larges déchirures des abîmes noirs et dorés.
  • Le Vol du vampire (1951), Michel Tournier, éd. Gallimard, coll. « Folio essais », 1994  (ISBN 2-07-032858-9), Une mystique étouffée : Madame Bovary, p. 156


On diminue hypocritement un auteur en faisant un cas excessif de la plus modeste de ses œuvres.
  • Réflexion inspirée par certaines critiques dithyrambiques de Trois Contes de Gustave Flaubert.
  • Le Vol du vampire (1951), Michel Tournier, éd. Gallimard, coll. « Folio essais », 1994  (ISBN 2-07-032858-9), Nécessité et liberté dans les Trois Contes de Flaubert, p. 166


La Goutte d'or, 1985[modifier]

La prodigalité est le seul luxe des pauvres.
  • La Goutte d’or (1985), Michel Tournier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1987  (ISBN 2-07-037908-6), p. 109


Un Arabe riche et puissant, les Français supportent pas ça. […] Non, Un Arabe, ça doit rester pauvre. Les Français sont charitables avec les pauvres Arabes, surtout les Français de gauche. Et ça leur fait tellement plaisir de se sentir charitables !
  • La Goutte d’or (1985), Michel Tournier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1987  (ISBN 2-07-037908-6), p. 123


L’effigie est verrou, l’idole prison, la figure serrure. Une seule clef peut faire tomber ces chaînes : le signe. L’image est toujours rétrospective. C’est un miroir tourné vers le passé.
  • La Goutte d’or (1985), Michel Tournier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1987  (ISBN 2-07-037908-6), p. 201


   En vérité, l’image est bien l’opium de l’Occident. Le signe est esprit, l’image est matière. La calligraphie est l’algèbre de l’âme tracée par l’organe le plus spiritualisé du corps, sa main droite. Elle est la célébration de l’invisible par le visible.
  • La Goutte d’or (1985), Michel Tournier, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1987  (ISBN 2-07-037908-6), p. 202


Interviews[modifier]

C'est un processus courant : les êtres jeunes et vierges peuvent avoir un certain dégoût, mêlé de curiosité, à l'égard de l'érotisme et de la sexualité. Et puis ça se transforme peu à peu en une véritable passion.
  • Michel Tournier, Comment l'entendez-vous ?, Claude Maupomé, France Musique, 25 décembre 1980


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