Ludwig Wittgenstein

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Wittgenstein en 1920

Ludwig Wittgenstein (Vienne, 26 avril 1889 - Cambridge, 9 avril 1951) est un philosophe autrichien puis britannique.

Citations[modifier]

Carnets 1914-1916[modifier]

En un certain sens, nous ne devons pas pouvoir nous tromper en logique. C’est ce qui est déjà partiellement exprimé dans la phrase : la logique doit prendre soin d’elle-même. C’est là une connaissance exceptionnellement importante et profonde.
  • Carnets, 1914-1916, Ludwig Wittgenstein (trad. G.G. Granger), éd. Gallimard, 1971  (ISBN 2-07-074772-7), p. 23-24


Comment est-il compatible avec la tâche de la philosophie que la logique doive prendre soin d’elle-même ? Si nous demandons, par exemple : tel fait est-il de la forme sujet-prédicat, il faut bien que nous sachions ce que nous entendons par « forme sujet-prédicat ». Il faut que nous sachions si, en tout état de cause, une telle forme existe. Comment pouvons-nous le savoir ? «  Par les signes ! » Mais comment ? Nous n’avons en effet aucun signe ayant cette forme.
  • 3.9.14.
  • Cartnets, 1914-1916, Ludwig Wittgenstein (trad. G.G. Granger), éd. Gallimard, 1971  (ISBN 2-07-074772-7), p. 24-25


À l’arrière-plan de nos pensées, vraies ou fausses, demeure toujours un fond obscur, que nous ne pourrons mettre au jour et formuler comme pensée que plus tard.
  • 8.12.14
  • Carnets, 1914-1916, Ludwig Wittgenstein (trad. G.G. Granger), éd. Gallimard, 1997  (ISBN 2-07-074772-7), p. 80


Les thèmes musicaux sont en un certain sens des propositions. La connaissance de la nature de la logique conduira par là à la connaissance de la nature de la musique.
  • 7.2.15.
  • Carnets, 1914-1916, Ludwig Wittgenstein (trad. G.G. Granger), éd. Gallimard, 1997  (ISBN 2-07-074772-7), p. 86


Ma difficulté n’est rien qu’une difficulté – énorme – d’expression.
  • 8.3.15.
  • Carnets, 1914-1916, Ludwig Wittgenstein (trad. G.G. Granger), éd. Gallimard, 1971  (ISBN 2-07-074772-7), p. 88


L’image peut remplacer une description.
  • 27.3.15.
  • Carnets, 1914-1916, Ludwig Wittgenstein (trad. G.G. Granger), éd. Gallimard, 1971  (ISBN 2-07-074772-7), p. 88


Les frontières de mon langage signifient les frontières de mon monde.
  • Carnets, 1914-1916, Ludwig Wittgenstein (trad. G.G. Granger), éd. Gallimard, 1997  (ISBN 2-07-074772-7), p. 102


La tendance vers le Mystique vient de ce que la science laisse nos désirs insatisfaits. Nous sentons que, lors même que toutes les questions scientifiques possibles sont résolues, notre problème n’est pas encore abordé. À vrai dire, il n’y a justement plus alors de questions, et c’est précisément cela qui constitue la réponse.
  • Carnets, 1914-1916, Ludwig Wittgenstein (trad. G.G. Granger), éd. Gallimard, 1997  (ISBN 2-07-074772-7), p. 105


Voici le grand problème autour duquel tourne tout ce que j’écris : y a-t-il a priori un ordre dans le monde, et si oui, en quoi consiste-t-il ? Tu regardes à travers le brouillard et tu es ainsi capable de te persuader que le but est déjà tout près. Mais voici que le brouillard se dissipe, et le but n’est toujours pas en vue !
  • 1.6.15.
  • Carnets, 1914-1916, Ludwig Wittgenstein (trad. G.G. Granger), éd. Gallimard, 1997  (ISBN 2-07-074772-7), p. 109


Tractatus logico-philosophicus[modifier]

Voir le recueil de citations : Tractatus logico-philosophicus

Remarques philosophiques[modifier]

Le sens d’une question, c’est la méthode pour y répondre. […] Dis-moi comment tu cherches et je te dirai ce que tu cherches.
  • Remarques philosophiques, Ludwig Wittgenstein, éd. Gallimard, 1984  (ISBN 2-07-070226-X), chap. III, § 27, p. 66


L’arithmétique ne parle pas des nombres, mais elle travaille avec des nombres.
  • Remarques philosophiques, Ludwig Wittgenstein, éd. Gallimard, 1984  (ISBN 2-07-070226-X), chap. X, § 109, p. 125


Le caractère illimité de l’espace visuel a son maximum de clarté lorsque nous ne voyons rien, dans l’obscurité complète.
  • Remarques philosophiques, Ludwig Wittgenstein, éd. Gallimard, 1984  (ISBN 2-07-070226-X), chap. XXI, § 224, p. 268


Cahier bleu[modifier]

Les jeux de langage sont les formes de langage par lesquelles un enfant commence à utiliser les mots. L'étude des jeux de langage est l'étude de formes primitives du langage, ou de langages primitifs
  • Cahier bleu (1958), Ludwig Wittgenstein (trad. Marc Goldber, Jérôme Sackur), éd. Gallimard, 1996  (ISBN 2-07-077243-8), p. 56


Imaginons que nous devions ranger les livres d’une bibliothèque. Au début, les livres sont pêle-mêle sur le plancher. Il y a alors de nombreuses façons de les trier et de les mettre à leur place. […] nous pourrions ramasser quelques livres sur le plancher et les aligner sur une étagère, simplement pour indiquer que ces livres devraient aller ensemble dans cet ordre. Au cours du rangement de la bibliothèque, cette rangée toute entière devra changer de place. […] certaines des plus grandes réussites de la philosophie seraient simplement comparables au fait de ramasser quelques livres qui semblaient aller ensemble pour les mettre sur différentes étagères ; leur position n’ayant rien de définitif, sinon qu’ils ne traînent plus les uns à cotés des autres. Libre au spectateur qui ne connaît pas la difficulté de ce travail de penser que dans ce cas on n’a strictement rien fait. – En philosophie, la difficulté est de ne pas dire plus que ce que nous savons. Par exemple, voir que lorsque nous avons mis deux livres ensemble dans le bon ordre, nous ne les avons pas mis pour autant à leur emplacement définitif
  • Le Cahier bleu et le Cahier brun, Ludwig Wittgenstein (trad. Marc Goldber, Jérôme Sackur), éd. Gallimard, 2004  (ISBN 978-2-07-077243-8), p. 93-94


Remarques sur les fondements des mathématiques[modifier]

Le mathématicien ne découvre pas, il invente.
  • Remarques sur les fondements des mathématiques, Ludwig Wittgenstein (trad. Marie-Anne Lescourret), éd. Gallimard, 1984  (ISBN 2-07-021693-4), chap. Première partie (1937-1938), p. 94, § 168


En philosophie il est toujours bon de répondre à une question par une autre question. Car la réponse à une question philosophique peut facilement être fausse ; ce n’est pas le cas si on l’évite par une autre question.
  • Remarques sur les fondements des mathématiques, Ludwig Wittgenstein (trad. Marie-Anne Lescourret), éd. Gallimard, 1984  (ISBN 2-07-021693-4), chap. Troisième partie (1939-1940), p. 140, § 5


Le philosophe doit se tourner et s’orienter de telle sorte qu’il frôle les problèmes mathématiques sans courir vers aucun – qui devrait être résolu avant qu’il puisse continuer. Son travail est en quelque sorte paresse mathématique.
  • Remarques sur les fondements des mathématiques, Ludwig Wittgenstein (trad. Marie-Anne Lescourret), éd. Gallimard, 1984  (ISBN 2-07-021693-4), chap. Cinquième partie (1942-1944), p. 252, § 52


Ma tâche est d’attaquer la logique russellienne non de l’intérieur mais de l’extérieur. C’est-à-dire : non pas de l’attaquer d’un point de vue mathématique – sinon je ferais des mathématiques –, mais de m’en prendre à sa position, sa fonction. Ma tâche n’est pas de parler de la démonstration de Gödel, par exemple, mais de l’esquiver dans mon discours.
  • Remarques sur les fondements des mathématiques, Ludwig Wittgenstein (trad. Marie-Anne Lescourret), éd. Gallimard, 1984  (ISBN 2-07-021693-4), chap. Septième partie (1941 et 1944), p. 307, § 19


Aussi étrange que cela paraisse, ma tâche concernant le théorème de Gödel consiste uniquement à mettre au clair ce que signifie en mathématiques une proposition comme : « en admettant que l’on puisse prouver cela ».
  • Remarques sur les fondements des mathématiques, Ludwig Wittgenstein (trad. Marie-Anne Lescourret), éd. Gallimard, 1984  (ISBN 2-07-021693-4), chap. Septième partie (1941 et 1944), p. 311, § 22


Les mathématiques sont un phénomène anthropologique.
  • Remarques sur les fondements des mathématiques, Ludwig Wittgenstein (trad. Marie-Anne Lescourret), éd. Gallimard, 1984  (ISBN 2-07-021693-4), chap. Septième partie (1941 et 1944), p. 318, § 33


Études préparatoires à la seconde partie des Recherches philosophiques[modifier]

Les taches du mur : je m’amuse à y voir des visages. Non pour étudier la nature de l’aspect, mais parce que ces formes, et le destin qui me conduit de l’une à l’autre, m’intéressent. Certains aspects ressurgissent toujours, d’autres disparaissent, et parfois je 'fixe le mur comme un aveugle'.
  • Études préparatoires à la seconde partie des Recherches philosophiques, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. T.E.R, 1985  (ISBN 2-905670-16-9), p. 170, § 480


Le progrès de la science est-il utile à la philosophie ? Certainement. Les réalités découvertes facilitent pour le philosophe la tâche d’imaginer les possibilités.
  • Variante : « Pour les philosophes, les réalités sont autant de possibilités. »
  • Études préparatoires à la seconde partie des Recherches philosophiques, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. T.E.R, 1985  (ISBN 2-905670-16-9), p. 270, § 807


Recherches philosophiques[modifier]

Donner des ordres, et agir d’après des ordres - Décrire un objet en fonction de ce qu’on voit, ou à partir des mesures que l’on prend - Produire un objet d’après une description (dessin) - Rapporter un événement - Faire des conjectures au sujet d’un événement - Établir une hypothèse et l’examiner - Représenter par des tableaux et des diagrammes les résultats d’une expériences - Inventer une histoire ; et la lire. Jouer du théâtre - Chanter des comptines - Résoudre des énigmes - Faire une plaisanterie ; la raconter - Résoudre un problème d’arithmétique appliquée - Traduire d’une langue dans une autre - Solliciter, remercier, maudire, saluer, prier..
  • Recherches philosophiques (1953), Ludwig Wittgenstein (trad. Françoise Dastur, Maurice Élie, Jean-Luc Gautero, Dominique Janicaud, Élisabeth Rigal), éd. Gallimard, 2005  (ISBN 978-2-07-075852-4), partie I, p. 39-40, § 23


La philosophie est un combat contre l'ensorcellement de notre entendement par les ressources de notre langage.
  • Recherches philosophiques (1953), Ludwig Wittgenstein (trad. Françoise Dastur, Maurice Élie, Jean-Luc Gautero, Dominique Janicaud, Élisabeth Rigal), éd. Gallimard, 2005  (ISBN 978-2-07-075852-4), partie I, p. 84, § 109


La philosophie se contente de placer toute chose devant nous, sans rien expliquer ni déduire. – Comme tout est là, offert à la vue, il n’y a rien à expliquer.
  • Recherches philosophiques (1953), Ludwig Wittgenstein (trad. Françoise Dastur, Maurice Élie, Jean-Luc Gautero, Dominique Janicaud, Élisabeth Rigal), éd. Gallimard, 2005  (ISBN 978-2-07-075852-4), partie I, p. 88, § 126


La clarté à laquelle nous aspirons est en effet une clarté totale. Mais cela veut seulement dire que les problèmes philosophiques doivent totalement disparaître. La véritable découverte est celle qui me donne la capacité de cesser de philosopher quand je le veux. – Elle est celle qui apporte la paix à la philosophie, de sorte que celle-ci n’est plus tourmentée par des questions qui la mettent elle-même en question.
  • Recherches philosophiques (1953), Ludwig Wittgenstein (trad. Françoise Dastur, Maurice Élie, Jean-Luc Gautero, Dominique Janicaud, Élisabeth Rigal), éd. Gallimard, 2005  (ISBN 978-2-07-075852-4), partie I, p. 89, § 133


Le langage est un labyrinthe de chemins. Tu arrives à un tel endroit par un certain côté, et tu t’y reconnais ; tu arrives au même endroit par un autre côté, et tu ne t’y reconnais plus.
  • Recherches philosophiques (1953), Ludwig Wittgenstein (trad. Françoise Dastur, Maurice Élie, Jean-Luc Gautero, Dominique Janicaud, Élisabeth Rigal), éd. Gallimard, 2005  (ISBN 978-2-07-075852-4), partie I, p. 127, § 203


Dieu, s’il avait regardé dans nos âmes, n’aurait pas pu y voir de qui nous parlions.
  • Recherches philosophiques (1953), Ludwig Wittgenstein (trad. Françoise Dastur, Maurice Élie, Jean-Luc Gautero, Dominique Janicaud, Élisabeth Rigal), éd. Gallimard, 2005  (ISBN 978-2-07-075852-4), partie II, chap. xi, p. 305


Quand bien même un lion saurait parler, nous ne pourrions le comprendre.
  • Recherches philosophiques (1953), Ludwig Wittgenstein (trad. Françoise Dastur, Maurice Élie, Jean-Luc Gautero, Dominique Janicaud, Élisabeth Rigal), éd. Gallimard, 2005  (ISBN 978-2-07-075852-4), partie II, chap. xi, p. 313


De la certitude[modifier]

Le langage n'est pas issu d'un raisonnement.
  • De la certitude, Ludwig Wittgenstein, éd. Gallimard, coll. « Tel », 1987, p. 115


Remarques sur les couleurs[modifier]

Dans tout problème philosophique sérieux l’incertitude descend jusqu’aux racines. Il faut toujours s’attendre à apprendre quelque chose d’entièrement nouveau.
  • I, 15.
  • Remarques sur les couleurs, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. TER, 1983, p. 10


Si l’on nous demande : "Que signifient les mots 'rouge', 'bleu', 'noir', 'blanc' ?", nous pouvons bien entendu montrer immédiatement des choses qui ont de telles couleurs – mais notre capacité à expliquer la signification de ces mots ne va pas plus loin !
  • I, 68.
  • Remarques sur les couleurs, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. TER, 1983, p. 17


En philosophie il faut toujours demander : "Comment devons-nous considérer ce problème pour qu’il devienne soluble ?"
  • II, 11.
  • Remarques sur les couleurs, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. TER, 1983, p. 21


Remarques mêlées[modifier]

Avec un sac à dos bourré de philosophie, ce n’est que lentement que je puis gravir la montagne de la mathématique.
  • 1929
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 52


La différence entre un bon et un mauvais architecte consiste aujourd'hui en ceci, que le dernier cède à toutes les tentations, tandis que l’architecte authentique leur résiste.
  • 1930
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 54


Chaque phrase que j’écris vise toujours déjà le tout, donc toujours à nouveau la même chose, et toutes ne sont pour ainsi dire que des aspects d’un objet considéré sous des angles différents.
  • 1930
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 59


Le penseur ressemble fort à un dessinateur qui voudrait reproduire tous les rapports des choses entre elles.
  • 1931
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 65


L’indicible (ce qui m’apparaît plein de mystère et que je ne suis pas cabable d’exprimer) forme peut-être la toile de fond à laquelle ce que je puis exprimer doit de recevoir une signification.
  • 1931
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 71


Le travail en philosophie – comme, à beaucoup d’égards, le travail en architecture – est avant tout un travail sur soi-même. C’est travailler à une conception propre. À la façon dont on voit les choses. (Et à ce que l’on attend d’elles.)
  • 1931
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 71


Je pense en fait avec la plume. Car ma tête bien souvent ne sait rien de ce que ma main écrit.
  • 1931
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 71


Je dois être simplement le miroir dans lequel mon lecteur voit sa propre pensée, avec toutes ses difformités, et par le secours duquel il puisse la redresser.
  • 1931
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 73


Il est difficile en art de dire quelque chose d’aussi bon que… ne rien dire.
  • 1932-1934
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 79


Je crois avoir bien saisi dans son ensemble ma position à l’égard de la philosophie, quand j’ai dit : La philosophie, on devrait, au fond, ne l’écrire qu’en poèmes (nur ditchen). Cela doit montrer, me semble-t-il, jusqu’où ma pensée appartient au présent, à l’avenir ou au passé. Car je me suis reconnu du même coup comme quelqu’un qui n’est pas tout à fait capable de ce dont il souhaite être capable.
  • 1933-1934
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 81


L’étrange ressemblance d’une recherche philosophique (surtout peut-être en mathématiques) avec une recherche esthétique. (Par exemple, ce qui ne va pas dans tel vêtement, ce qui serait seyant, etc.).
  • 1936
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 82


L’idée de Freud : Dans la folie, la serrure n’est pas brisée, elle est seulement changée ; la vieille clef ne peut plus l’ouvrir, mais une clef qui aurait une autre forme le pourrait.
  • 1938
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 94


En philosophie, celui qui gagne la course est celui qui est capable de courir le plus lentement. Ou encore : celui qui atteint le but en dernier.
  • 1938
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 95


Se faire psychanalyser, c’est un peu comme manger à l’arbre de la connaissance. La connaissance ainsi acquise nous pose des problèmes éthiques (nouveaux) ; mais elle n’apporte rien à leur résolution.
  • 1939
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 95


Le mathématicien (Pascal) qui admire la beauté d’un théorème de la théorie des nombres ; on dirait qu’il admire une beauté de la nature. Il est admirable de voir, dit-il, quelles magnifiques propriétés les nombres possèdent. Comme s’il admirait la régularité d’une sorte de cristal.
  • 1942
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 103


Un homme est prisonnier dans une chambre, dont la porte pourtant n’est pas verrouillée, si celle-ci s’ouvre vers le dedans et qu’il ne lui vient pas à l’idée de tirer au lui de pousser.
  • 1942
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 104


Rentrant chez moi, je m’attendais à une surprise. Mais il n’y avait pas de surprise à mon intention. Aussi, bien entendu, ai-je été surpris.
  • environ 1944
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 108


C’est comme si je m’étais perdu et que je demandais à quelqu’un le chemin de la maison. Il répond qu’il va m’y conduire et prend avec moi un chemin aisé, plein d’agréments ; soudain le chemin s’interrompt. Mon ami dit alors : « Tout ce que tu as à faire maintenant est de trouver à partir d’ici le chemin de la maison. »
  • environ 1945
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 110


Oui, une clef peut rester pour toujours là où le maître l’a posée et ne jamais être employée à ouvrir le verrou pour lequel il l’a forgée.
  • 1946
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 120


Il arrive qu’une phrase ne puisse être comprise que si on la lit avec le rythme voulu. Toutes mes phrases sont à lire lentement.
  • 1947
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 123


Les questions scientifiques peuvent m’intéresser, elles ne peuvent jamais me captiver réellement. Seules le peuvent les questions conceptuelles et esthétiques. La solution des problèmes scientifiques m’est au fond indifférente ; mais il n’en va pas de même pour les deux autres sortes de questions.
  • 1949
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 153


Les philosophes devraient se saluer entre eux ainsi : « Prends ton temps ! »
  • 1949
  • Remarques mêlées, Ludwig Wittgenstein (trad. Gérard Granel), éd. Flammarion, 2002  (ISBN 2-08-070815-5), p. 153


Conférence sur l’éthique[modifier]

Avant d’aborder le sujet proprement dit, qu’il me soit permis de faire quelques remarques préliminaires. je sens que je vais avoir de grande difficultés à vous communiquer ce que je pense et je crois possible d’atténuer quelques-unes de ces difficultés en vous les exposant d’emblée. La première, que j’ai à peine besoin de mentionner, c’est que l’anglais n’est pas ma langue maternelle et que de ce fait mon expression manque souvent de la précision et de la finesse qui seraient requisses lorsque l’on traite de sujet difficile. Tout ce que je puis faire est de vous demander de rendre ma tache plus facile en essayant de saisir ce que je veux dire, en dépit des fautes dont je me rendrais sans cesse coupable à l’encontre de la grammaire anglaise.
  • Conférence sur l’éthique suivi de Note sur des conversations avec Wittgenstein, Ludwig Wittgenstein, réalisé par Julien Jimenez, éd. Folio plus, 03/2008, p. 7


[…] c’est à dire une conférence destinée à vous faire croire que vous comprenez quelque chose qu’en fait vous ne comprenez pas - et de satisfaire à ce que je crois être l’un des désirs les plus bas de nos contemporains, cette curiosité superficielle qui porte sur les toutes dernières découvertes des sciences.
  • Conférence sur l’éthique suivi de Note sur des conversations avec Wittgenstein, Ludwig Wittgenstein, réalisé par Julien Jimenez, éd. Folio plus, 03/2008, p. 8


Remarques sur Le Rameau d'or[modifier]

Ludwig Wittgenstein dans ses Remarques sur Le Rameau d'or de Frazer

IL FAUT COMMENCER PAR L’ERREUR et lui substituer la vérité.

C'est-à-dire qu'il faut découvrir la source d'erreur, sans quoi entendre la vérité ne nous sert à rien. Elle ne peut pénétrer lorsque quelque chose d’autre occupe sa place.
Pour persuader quelqu’un de la vérité, il ne suffit pas de constater la vérité, il faut trouver le chemin qui mène de l’erreur à la vérité.

Il faut sans cesse que je me plonge dans l’eau du doute.
  • « Remarques sur Le Rameau d’Or de Frazer », Wittgenstein (trad. Jean Lacoste), Agone, nº 23, 2000, p. 13 (lire en ligne)


Correspondance[modifier]

Lettres, rencontres, souvenirs[modifier]

Je travaille à peu près assidûment et je souhaite être meilleur et plus intelligent, ce qui est une seule et même chose.
  • 31 mars 1917
  • Lettres, rencontres, souvenirs, Ludwig Wittgenstein, Paul Engelmann, éd. Éditions de l'éclat, coll. « Philosophie imaginaire », 2010, p. 29


Il en est ainsi : si on ne cherche pas à exprimer l'inexprimable, alors rien n'est perdu. L'inexprimable est plutôt – inexprimablement – contenu dans l'exprimé !
  • 9 avril 1917
  • Lettres, rencontres, souvenirs, Ludwig Wittgenstein, Paul Engelmann, éd. Éditions de l'éclat, coll. « Philosophie imaginaire », 2010, p. 33


[…] il en est ainsi, nous dormons. […] Notre vie est comme un rêve. Dans les meilleures heures, nous nous éveillons juste assez pour reconnaître que nous rêvons. Mais la plupart du temps nous dormons d'un sommeil profond. Je ne peux pas me réveiller moi-même ! Je m'y efforce, le corps que j'ai en rêve se meut, mais mon corps réel ne bouge pas. Il en est malheureusement ainsi.
  • 9 avril 1917
  • Lettres, rencontres, souvenirs, Ludwig Wittgenstein, Paul Engelmann, éd. Éditions de l'éclat, coll. « Philosophie imaginaire », 2010, p. 33


Je mène une vie vraiment très heureuse ! Sauf aux moments où elle est diablement malheureuse.
  • 9 octobre 1918
  • Lettres, rencontres, souvenirs, Ludwig Wittgenstein, Paul Engelmann, éd. Éditions de l'éclat, coll. « Philosophie imaginaire », 2010, p. 51


Citations rapportées[modifier]

Wittgenstein : Tu sais, j’aurais voulu écrire une œuvre philosophique qui fut exclusivement composée de blagues.

Keynes : Pourquoi ne l’as-tu pas fait ?

wittgenstein : Hélas, je n’avais pas le sens de l’humour.
  • Citation (apocryphe) tirée de Wittgenstein, de Derek Jarman, British Film Institute, London, 1993, p. 140.


De ce qu'à moi, ou à tout le monde, il en semble ainsi, il ne s'ensuit pas qu'il en est ainsi. Mais ce que l'on peut fort bien se demander, c'est s'il y a un sens à en douter.


J’aimerais redire sans cesse : je contrôle les livres d’affaires des mathématiciens ; les processus mentaux, joies, dépressions, instincts des gens d’affaires, aussi importants qu’ils soient à d’autres égards, je ne m’en soucie pas.
  • Ludwig Wittgenstein, Grammaire philosophique, traduit de l’allemand par Marie-Anne Lescourret, Gallimard, Paris, 1980, p. 301.
  • Essais IV, Jacques Bouveresse, éd. Agone, 2004, chap. II-Pourquoi pas des philosophes ?, p. 35-67 (texte en ligne)


Un jour, quelqu’un lui dit qu’il trouvait l’innocence enfantine de G.E. More tout à son honneur ; Wittgenstein protesta. « Je ne comprends pas ce que cela veut dire, dit-il, car il ne s’agit pas de l’innocence d’un enfant. L’innocence dont vous parlez n’est pas celle pour laquelle un homme lutte, mais celle qui naît de l’absence naturelle de tentation ».
  • Le devoir de génie[1], Ray Monk, éd. Éditions Flammarion, 2009, p. 15


Un jour, sa sœur lui dit dans une lettre qu'il était un grand philosophe. Il répondit : « dis que je suis un chercheur de vérité, et je serai satisfait. »
  • Le devoir de génie, Ray Monk, éd. Éditions Flammarion, 2009, p. 15


Dites-leur que j’ai eu une vie merveilleuse.
  • Le devoir de génie, Ray Monk, éd. Éditions Flammarion, 2009, p. 648


À la question :« Que signifient les mots rouge, bleu, noir, blanc ? », nous pouvons bien entendu montrer immédiatement des choses qui sont de telles couleurs. Mais notre capacité à expliquer la signification de ces mots ne va pas plus loin.
  • Remarques sur les couleurs/Bemerkungen über die Farben, 1, 68


Citations sur Ludwig Wittgenstein[modifier]

Jacques Bouveresse[modifier]

Wittgenstein considérait que, « dans la course de la philosophie, gagne celui qui peut courir le plus lentement ; ou : celui qui atteint le but le dernier » ; et il suggérait que « le salut des philosophes entre eux devrait être : “Donnez-vous du temps” [Lass dir Zeit] ».
  • Ludwig Wittgenstein, Remarques mêlées, traduit de l’allemand par Gérard Granel, Flammarion GF, 1984/2002, p. 153.
  • Essais IV, Jacques Bouveresse, éd. Agone, 2004, chap. II-Pourquoi pas des philosophes ?, p. 42


Maurice Drury[modifier]

Dans l’une des premières conversations que j’ai eus avec Wittgenstein, il m’avait dit : « La philosophie s’apparente à l’ouverture d’un coffre au moyen d’une serrure à combinaison, chacun des petits ajustements du mécanisme semble n’aboutir à rien ; ce n’est que lorsque tout est en place que la porte s’ouvre ». Dans le Livre bleu, il compare la philosophie au fait de devoir ranger des livres en désordre dans une bibliothèque ; il faut faire de nombreux changements de moindre importance avant de parvenir au classement final.
  • Conversations avec Wittgenstein, Maurice Drury (trad. Jean-Pierre Cometti), éd. PUF, 2002  (ISBN 2-13-051558-4), chap. Quelques notes sur mes conversations avec Wittgenstein, p. 49


Gilles Gaston Granger[modifier]

Wittgenstein commence aujourd’hui à être connu parmi nous. On peut se risquer à prédire qu’il le sera bientôt davantage. Dans ce cas, l’attrait qu’il exercera sans doute devrait naitre de l’exceptionnelle conjonction d’un rationalisme radical et dévastateur, et d’un sentiment vif et profond des limites de la pensée, l’un et l’autre s’exerçant, non pas à vrai dire sur un monde d’être et d’événements mais sur l’univers du langage. Par quoi il ne sera pas trop mal aisé de tirer de Wittgenstein une philosophie à la mode. Il y’a mieux à faire cependant; et d’abord, le bien lire, car c’est un penseur obscur et laborieux, malgré certains bonheurs dans son style.


On chercherait donc en vain dans ce « Journal » les traces d’une aventure profane, un écho de « ce qui a lieu ». Mais les mouvement de l’esprit y paraissent, la vivacité d’un caractère prompt à se contester soi-même, à se proposer comme défi des hypothèses hasardeuses, à s’exalter d’une trouvaille, à invoquer aussi, mais pour l’exorciser sans doute, le démon du découragement. Rien, toutefois, qui ne risque de laisser déçu l’amateur de psychologie.
  • Cartnets, 1914-1916, Ludwig Wittgenstein (trad. G.G. Granger), éd. Gallimard, 1971  (ISBN 2-07-074772-7), p. 8-9


Norman Malcolm[modifier]

Ray Monk[modifier]

Aussi vaste que puisse être l’intérêt que suscite Wittgenstein, un fossé regrettable sépare ceux qui étudient son œuvre sans s’intéresser à sa vie, et ceux qui trouvent sa vie fascinante mais son œuvre incompréhensible.
  • Ludwig Wittgenstein : le devoir de génie, Ray Monk, éd. Flammarion, 2009  (ISBN 978-2-0802-0522-3), chap. Introduction, p. 9


« Pourquoi dire la vérité quand il est préférable de mentir ? » Telle est la première interrogation philosophique émanant de Ludwig Wittgenstein qui nous soit parvenue. […] En un sens, cet épisode est caractéristique de sa vie. À la différence d’un Bertrand Russell, qui se tourna vers la philosophie dans l’espoir de découvrir des certitudes là où il ne percevait que des doutes, Wittgenstein y fut conduit par une tendance compulsive à se poser ce genre de questions. En quelque sorte, c’est la philosophie qui est venue à lui, et non l’inverse.
  • Ludwig Wittgenstein : le devoir de génie, Ray Monk, éd. Flammarion, 2009  (ISBN 978-2-0802-0522-3), chap. I. Le laboratoire de l’autodestruction, p. 13


La vie de Wittgenstein ressemble à une interminable bataille avec sa propre nature. Même quand il arrivait à accomplir quelque chose, c’était toujours avec le sentiment qu’il l’avait fait en dépit de lui-même. Sa réalisation ultime serait un dépassement total de soi qui rendrait toute philosophie inutile.
  • Ludwig Wittgenstein : le devoir de génie, Ray Monk, éd. Flammarion, 2009  (ISBN 978-2-0802-0522-3), chap. I. Le laboratoire de l’autodestruction, p. 14


Bertrand Russell[modifier]

Wittgenstein, qui savait jongler avec les raffinements de la métaphysique aussi intelligemment que Pascal jonglait avec les hexagones et Tolstoï avec les empereurs, s’abaissa, renonçant à ses talents, devant le sens commun comme Tolstoï s’était abaissé devant les paysans, – par un mouvement identique d’orgueil. J’ai admiré le Tractatus de Wittgenstein, mais non ses œuvres ultérieures, qui me semblaient comporter un renoncement à ce que son talent avait de meilleur, renoncement très semblable à celui de Pascal ou de Tolstoï.
  • Histoire de mes idées philosophiques, Bertrand Russell (trad. George Auclair), éd. Gallimard, 1988  (ISBN 2-07-071474-8), chap. XVIII. Réponses aux critiques, p. 268-269


Le premier Wittgenstein, que je connaissais intimement, se consacrait passionnément et intensément à la réflexion, c’était un homme profondondement averti des problèmes difficiles dont comme lui je sentais l’importance, et doué (c’est au moins ce que je pensais) d’un véritable génie philosophique. Le dernier Wittgenstein, au contraire, paraît s’être lassé de réfléchir sérieusement et avoir inventé une doctrine qui rendrait inutile l’activité philosophique. Je ne peux croire un instant qu’une doctrine qui engendre la paresse soit vraie. Cependant, je comprends que je nourris contre elle une prévention irrésistible : si elle est vraie, la philosophie sert, au mieux, de faible auxiliaire aux lexicographes et est, au pis, un divertissement pour oisifs à l’heure du thé.
  • « Philosophical Analysis », Hibbert Journal, 1956, vol. 54.
  • Histoire de mes idées philosophiques, Bertrand Russell (trad. George Auclair), éd. Gallimard, 1988  (ISBN 2-07-071474-8), chap. XVIII. Réponses aux critiques, p. 271


C’est peut-être le plus parfait exemple que j’aie jamais connu du génie, tel qu’on le conçoit traditionnellement : passionné, profond, intense et dominateur. Il avait une espèce de pureté que je n’ai jamais vue égalée, sauf par G. E. Moore.
  • Autobiographie 1914-1944, Bertrand Russell (trad. Michel Berveiller), éd. Stock, 1969, chap. II., p. 115


« Pensez-vous que je sois un parfait crétin ? – Pourquoi tenez-vous tant à le savoir ?, répliquai-je. – Parce que, dit-il, si je le suis, je me ferai aéronaute; mais si je ne le suis pas, je me ferai philosophe. » Alors je lui répondis : « Mon cher ami, je ne sais pas si vous êtes, ou non, un parfait crétin, mais si vous voulez m’écrire un petit mémoire pendant les vacances sur n’importe quel sujet de philosophie qui vous intéresse, je le lirai et je vous dirai. » Il le fit et m’apporta son travail au début du semestre suivant. À peine en eus-je lu la première phrase, j’eus la conviction qu’il était un homme de génie; je l’assurai donc qu’il ne fallait pour rien au monde qu’il entrât dans l’aviation.
  • Autobiographie 1914-1944, Bertrand Russell (trad. Michel Berveiller), éd. Stock, 1969, chap. II., p. 115


Georg Henrik von Wright[modifier]

Référence[modifier]

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