J. M. G. Le Clézio

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Le Clézio en 2008

J. M. G. Le Clézio — de son nom complet Jean-Marie Gustave Le Clézio[1] — né le 13 avril 1940, est un écrivain français lauréat du Prix Nobel de littérature 2008. Il connaît le succès dès la publication de son premier roman, Le Procès-verbal, lequel lui vaut le Prix Renaudot en 1963. C'est à partir de 1980, avec la parution de Désert, qu'il reçoit la consécration de ses pairs (Grand prix de littérature Paul-Morand) autant que du public. L'Académie Nobel reconnaît en Le Clézio un « écrivain des nouveaux départs, de l’aventure poétique et de l’extase sensuelle ».

Le Procès-verbal, 1963[modifier]

« Oui, Stuart Engstrand [...] Il n'est pas bien connu ici, et aux USA, on le considère un peu comme un type qui écrit pour le peuple, non ? Mais moi je trouve que c'est bon ; il écrit des trucs simples. Il raconte des histoires simples. Des types qui ont envie de belles filles, et qui se marient avec elles. Et comme elles sont belles, ça ne marche pas très bien. Mais les types sont des durs, pas comme ici. Alors ils finissent toujours par avoir raison. »
  • Le Procès-verbal, J.M.G. Le Clézio, éd. Gallimard, coll. « Le Chemin », 1963, p. 40


Quand on a vu un noyé, une fois, à peine retiré de l'eau, encore couché sur la route, on n'a pas grand-chose à ajouter. Surtout quand on a compris pourquoi il y a des gens qui se noient, certains jours. Le reste ne compte pas. Qu'il pleuve ou qu'il fasse beau temps, que ce soit un enfant ou un homme, ou une femme nue avec un collier de diamants, etc., cela indiffère. C'est l'espèce de décor d'un drame permanent. Mais quand on n'a pas compris, par exemple. Quand on se laisse distraire par les détails qui semblent justifier l'événement, lui donner une réalité, mais qui n'en sont que la mise en scène ; alors, il y a beaucoup à dire. Ils s'arrêtent, descendent de leurs automobiles, et les voilà qui entrent en jeu. Au lieu de voir, ils composent. Ils se lamentent. Ils prennent parti pour l'un, ou pour l'autre. Ils élucubrent et écrivent des poèmes.
  • Le Procès-verbal, J.M.G. Le Clézio, éd. Gallimard, coll. « Le Chemin », 1963, p. 122


[I]l y a une sorte de Dieu qui habite chacun d'eux tour à tour, et qui les appelle à Lui, à l'heure qu'Il a choisie, pour les faire vivre en ce qu'ils n'ont jamais été jusqu'alors, des hommes morts.
  • Le Procès-verbal, J.M.G. Le Clézio, éd. Gallimard, coll. « Le Chemin », 1963, p. 129


L'on est pris dans la stupeur des soirées d'enfance, comme dans de la glu ; et l'on se noie au milieu du brouillard, après quelque repas, en face d'une assiette décorée de houx, étrangement vide, où traînent encore des plaques de potage. Puis viendra le temps des berceaux, et l'on meurt étouffé dans les langes, suffoquant de petitesse et de rage.
  • Le Procès-verbal, J.M.G. Le Clézio, éd. Gallimard, coll. « Le Chemin », 1963, p. 247


L'Extase matérielle, 1967[modifier]

Il y a un indicible bonheur à savoir tout ce qui en l'homme est exact. Cette vérité qui n'aboutit pas, car elle ne peut que rester relative, est sans doute le plus exigeant, le plus harassant des bonheurs.
  • L'Extase matérielle, J.M.G. Le Clézio, éd. Gallimard, 1967, p. 72


L'Inconnu sur la terre, 1978[modifier]

Écrire seulement sur les choses qu'on aime. Écrire pour lier ensemble, pour rassembler les morceaux de la beauté, et ensuite recomposer, reconstruire cette beauté. Alors les arbres qui sont les mots, les rochers, l'eau, les étincelles de lumière qui sont dans les mots, ils s'allument, ils brillent à nouveau, ils sont purs, ils s'élancent, ils dansent !
  • L'inconnu sur la terre, J.M.G. Le Clézio, éd. Gallimard, coll. « Le chemin », 1978  (ISBN 2-07-029822-1), p. 10


Désert, 1980[modifier]

Ils sont apparus, comme dans un rêve, au sommet de la dune, à demi cachés par la brume de sable que leurs pieds soulevaient.
  • Désert (1980), J.M.G. Le Clézio, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2000  (ISBN 2-07-037670-2), p. 7


Il n’y avait rien d’autre sur la terre, rien, ni personne. Ils étaient nés du désert, aucun autre chemin ne pouvait les conduire. Ils ne disaient rien. Ils ne voulaient rien.
  • Désert (1980), J.M.G. Le Clézio, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2000  (ISBN 2-07-037670-2), p. 8


C’était comme s’il n’y avait pas de noms, ici, comme s’il n’y avait pas de paroles. Le désert lavait tout dans son vent, effaçait tout. Les hommes avaient la liberté de l’espace dans leur regard, leur peau était pareille au métal.
  • Désert (1980), J.M.G. Le Clézio, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2000  (ISBN 2-07-037670-2), p. 13


Les hommes savaient bien que le désert ne voulait pas d’eux : alors ils marchaient sans s’arrêter, sur les chemins que d’autres pieds avaient déjà parcourus, pour trouver autre chose.
  • Désert (1980), J.M.G. Le Clézio, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2000  (ISBN 2-07-037670-2), p. 13


Les garçons apprenaient à marcher, à parler, à chasser et à combattre, simplement pour apprendre à mourir sur le sable.
  • Désert (1980), J.M.G. Le Clézio, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2000  (ISBN 2-07-037670-2), p. 25


Les jours sont tous les jours les mêmes, ici, dans la Cité, et parfois on n’est pas bien sûr du jour qu’on est en train de vivre. C’est un temps déjà ancien, et c’est comme s’il n’y avait rien d'écrit, rien de sûr. Personne d’ailleurs ne pense vraiment à cela, ici, personne ne se demande vraiment qui il est.
  • Désert (1980), J.M.G. Le Clézio, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2000  (ISBN 2-07-037670-2), p. 115


Il y a les jours qui ne sont pas comme les autres, les jours de fête, et c’est un peu pour ces jours-là qu’on vit, qu’on attend, qu’on espère.
  • Désert (1980), J.M.G. Le Clézio, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2000  (ISBN 2-07-037670-2), p. 166


Il y a des jours qui sont plus longs que les autres, parce qu’on a faim.
  • Désert (1980), J.M.G. Le Clézio, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2000  (ISBN 2-07-037670-2), p. 185


Une nouvelle philosophie de l'homme, 1987[modifier]

Aujourd'hui, il est temps de reconnaître tout ce que les sociétés amérindiennes ont à nous dire. Il est temps que soit reconnu leur droit à être des peuples indépendants et maîtres de leur avenir. Et il est plus que temps pour nous, prisonniers de notre civilisation de violence, d'entendre l'enseignement des peuples amérindiens, parmi les plus démunis et les plus vrais du monde.
  • Une nouvelle philosophie de l'homme (1987), J.M.G. Le Clézio, éd. Survival International, coll. « Les nouvelles de Survival », 2008  (ISBN 1154-1210[à vérifier : ISBN invalide]), p. 3


Diego et Frida, 1993[modifier]


Les vrais chefs-d’œuvre ne changent pas, ne vieillissent pas. Aujourd’hui, dans un monde qui a connu tant de désillusions, alors que la beauté des cultures amérindiennes est quotidiennement bafouée par l’uniforme laideur des empires marchands, les images que nous ont laissées Diego et Frida – images d’amour, de recherche de la vérité, où la sensualité se mêle toujours à la souffrance – restent aussi fortes, aussi nécessaires.


La souffrance d’être différente est la véritable formation de Frida.


Articles, Divers[modifier]

La fonction d'un musée devrait être non pas de nous montrer des choses, mais de nous faire voir par elles, de nous mesurer aux objets exposés.
  • « Le Clézio:"Je suis un indigné de l'Afrique" », Interview par Valérie Marin la Meslée, Le Point, nº 2041, 27 Octobre 2011, p. 100


A la question "Pourquoi écrivez vous?", la plus belle réponse à mes yeux est celle que fit Pa Kin:"Parce que la belle vie est trop courte." J'avais trouvé cela merveilleux, car écrire, c'est vivre d'autres vies, ajouter des vies à la belle vie, qui n'est plus si courte que ça...
  • « Le Clézio:"Je suis un indigné de l'Afrique" », Interview par Valérie Marin la Meslée, Le Point, nº 2041, 27 Octobre 2011, p. 101


Le visage de l'antisémitisme est aujourd'hui celui de l'islamophobie, la propagande utilise les mêmes termes, les mêmes slogans, les mêmes obsessions: l'invasion des étrangers, la perte des repères chrétiens, la pureté de la race. Ces thèmes, ces obsessions sont exploités par une partie de la classe politique, et par un nombre grandissant d'intellectuels et d'artistes. Leurs arguments sont sans valeur. Ils se nourrissent de mensonges et de peurs, ils élaborent des théories fumeuses dont l'auteur le plus connu est Samuel Huntington. Tout cela est marqué par une considérable quantité d'insignifiance. Insignifiance parce que cette idéologie est vide de sens, qu'elle ne véhicule que la pensée la plus banale, et ne s'alimente que des instincts les plus vides. Mais cette insignifiance est dangereuse. Elle peut parfois, comme dans le cas de Breivik, devenir une pathologie.


Notes et références[modifier]

  1. L'intéressé utilise avec constance, depuis sa première œuvre publiée en 1963, cf. notice bibliographique du Procès-verbal dans le catalogue général de la Bibliothèque nationale de France, un nom de plume composé des initiales de ses prénoms et de son nom de famille non abrégé. Ce nom de plume est fréquemment typographié sans espace entre les initiales des prénoms, et ne comporte jamais de trait d'union entre les deux premières initiales, alors que les deux prénoms correspondants sont reliés par un trait d'union, dans leur forme non abrégée.

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