Hunter S. Thompson

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Hunter Stockton Thompson (1989)

Hunter Stockton Thompson est un reporter et écrivain américain, né en 1939 (certaines sources indiquent : 1937 du fait qu'Hunter a menti sur son âge pour pouvoir rentrer plus tôt dans une rédaction) à Louisville (Kentucky) et mort le 20 février 2005 à Aspen, Colorado.

Las Vegas parano (Fear and Loathing in Las Vegas: A Savage Journey to the Heart of the American Dream), 1972[modifier]

   Étranges souvenirs par cette nerveuse nuit à Las Vegas. Cinq ans après ? Six ? Ça fait l'effet d'une vie entière, ou au moins d'une Grande Époque — le genre de point culminant qui ne revient jamais. San Francisco autour de 1965 constituait un espace-temps tout à fait particulier où se trouver. Peut-être que ça signifiait quelque chose. Peut-être pas, à longue échéance... mais aucune explication, aucun mélange de mots ou de musique ou de souvenirs ne peut restituer le sens qu'on avait de se savoir là et vivant dans ce coin du temps et de l'univers. Quel qu'en ait été le sens...


   Il y avait de la dinguerie dans toutes les directions, à n'importe quelle heure. Si pas de l'autre côté de la baie, alors en traversant le Golden Gate ou en descendant la 101 sur Los Altos ou La Honda... On pouvait faire naître des étincelles partout. Il y avait un fantastique sens universel que tout ce que nous faisions était bien, d'être en train de gagner...


   Seigneur Dieu à Quatre Pattes ! Y a-t-il un prêtre dans cette taverne ? Je veux me confesser ! Je ne suis qu'un salaud de pécheur ! Véniel, mortel, charnel, mineur ou majeur — quel que soit le nom que tu lui donnes, Seigneur... Je suis coupable !
   Mais daigne m'accorder une toute dernière faveur : avant de lâcher le couperet, donne-moi rien que cinq heures de plus pour foncer à mort ; laisse-moi seulement me débarasser de cette saloperie de bagnole et me tirer de cet horrible désert.
   Et c'est vraiment pas te demander le bout du monde, Seigneur, car l'ultime et incroyable vérité est que je ne suis pas coupable. Tout ce que j'ai fait, c'est de prendre tes salades au sérieux et t'as vu où ça m'a mené ? Mes instincts chrétiens primitifs ont fait de moi un criminel.


Correspondance[modifier]

1955[modifier]

Aussi laisserons-nous le lecteur répondre à cette question: qui est le plus heureux, l'homme qui aura bravé la tempête de la vie et vécu, ou celui qui sera resté en sécurité sur la berge et se sera contenté d'exister?


1956[modifier]

J'ai été obligé d'arrêter la cigarette lorsque ma consommation quotidienne a dépassé le seuil fatidique des trois paquets par jour; j'en suis désormais à deux paquets de tabac à pipe par jour. En outre, et sans la moindre exagération, je bois une vingtaine de tasses de café par tranche de vingt-quatre heures et dors environ cinq heures par nuit. Bien entendu, je suis nerveux comme un chat la plupart du temps, d'humeur désagréable, voire massacrante. J'adopte ici une attitude arrogante pour ne pas dire rébarbative qui tient la plupart des crétins à bonne distance.
  • Lettre datée du 22 septembre 1956 adressée à Gerald "Ching" Tyrell


Il semble de plus en plus évident que l'O.N.U. va se fendre d'une "protestation" lamentable et totalement inefficace, qui sera suivie d'une piteuse "condamnation" de l'invasion soviétique. En un sens, je me demande si une protestation de la police pourrait empêcher les gens de braquer des banques. Je vois d'ici les gros titres: "Des bandits dévalisent quatre banques - la municipalité procède à un vote en guise de protestation"
  • Lettre datée du 3 novembre 1956 adressée à Henry Stites (suite à l'annonce de l'invasion de la Hongrie par les chars soviétique, N.D.L.R.)


1958[modifier]

J'ai suivi quelques cours d'écriture à Columbia pendant mon temps libre, ai énormément appris sur la manière dont se mènent les affaires journalistiques, jusqu'à éprouver désormais un saint mépris pour le métier. Je pense pour ma part qu'il est fort dommage qu'un secteur potentiellement aussi dynamique soit entre les mains de nazes, de vauriens et de pisse-copies frappés de myopies et d'apathie, bouffis de satisfaction, généralement confits dans un marais de médiocrité stagnante. Si c'est ce à quoi vous essayez d'échapper avec le Sun, alors il me semble que j'aimerais travailler pour vous.
  • Lettre datée du 1er octobre 1958 adressée à Jack Scott du Vancouver Sun (il s'agit en effet d'une lettre de motivation écrite en état d'ébriété, N.D.L.R.)


1959[modifier]

Il me semble que le rôle, le devoir, l'obligation, et en effet le seul choix de l'écrivain, aujourd'hui, est de mourir de faim, aussi honorablement et avec autant de panache que possible.



Votre lettre était mignonne comme tout, l'ami, et votre interprétation tout à fait typique de ces imbéciles à qui l'on doit la pourriture sèche de la presse américaine, mais ce n'est pas parce que vous ne m'invitez pas que je ne vais pas venir dans votre coin. Une fois que j'y serai, faites-moi penser à, premièrement, vous latter les dents à coup de pied et, deuxièmement, à vous carrer une plaque de bronze bien profond dans l'intestin grêle.
  • Lettre datée du 30 août 1959 adressée à William J. Kennedy (Kennedy était alors rédacteur en chef du San Juan Star à Porto Rico, et dut d'abord répondre par refus à la demande d'embauche de Thompson, dans laquelle il faisait allusion à une conception du journalisme de Joseph Pulitzer dont un extrait est reproduit sur une plaque de bronze figurant sur la tour du Times à New York. Kennedy répondra par une proposition dans une lettre qu'il signera "Intestinalement vôtre, William J. Kennedy". La correspondance entre les deux hommes durera plus de quarante ans, N.D.L.R.)


1960[modifier]

Si vous pensez ne pas être en mesure de faire suivre mon mot et mon manuscrit à McKee, merci de me renvoyer l'ensemble, et je m'en chargerai personnellement. Si cela devait arriver, vous ne manqueriez pas de trouver incessamment dans votre boîte aux lettres un paquet d'oursins. Pour en tirer pleinement satisfaction: en prendre un dans chaque main, serrer bien fort.


Maintenant je comprends les suicides du Golden Gate. [...]La ville est en fait un prolongement d'Alcatraz; une fois qu'on y est arrivé, il n'y a pas d'autres possibilités de revenir sur ses pas. Et le genre d'individu qui a fui jusqu'à San Francisco n'a pas le courage - ou le temps - de tout recommencer à zéro. Alors on essaye de tirer le meilleur parti du choix malheureux qu'on a fait; on supporte le plus longtemps possible, on picole suffisamment pour contenir la souffrance liée à la déception et à la frustration - et ensuite, si ça fait encore mal, on saute.


1961[modifier]

Vous trouverez ci-joints les 20 cents que vous aura coûté la réexpédition de tout le tralala. Je ne tiens pas à avoir l'impression de vous devoir quoi que ce soit parce que j'ai bien l'intention, le jour où je vous croiserai, de vous refaire le portrait et d'éparpiller vos ratiches sur la Cinquième Avenue. Il me semble que nous vivons une époque où les agents comme vous n'auront plus d'autre fonction que de servir de punching-balls.


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