Hervé Le Bras

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Hervé Le Bras (2016).

Hervé Le Bras, né le , est un démographe français.

Ouvrages[modifier]

L'Invention de la France, 1981[modifier]

La France ne contient pas un peuple mais cent, qui diffèrent par la conception de la vie et de la mort, par le système de parenté, par l'attitude face au travail ou à la violence. Du point de vue de l'anthropologie, la France ne devrait pas exister. La plupart des nations d'Europe et du monde, grandes ou petites — Angleterre, Allemagne, Russie, Japon, Suède, Irlande, Pologne par exemple — ne sont d'une certaine façon, que des systèmes originels et homogènes, tribus anciennes et minuscules, démesurément gonflées par mille ans d'expansion démographique, pour atteindre aujourd'hui l'échelle de nation. Des pays comme l'Inde, la Yougoslavie, l'Espagne sont, au contraire, absolument hétérogènes, juxtapositions de peuples n'ayant pas réalisé leur unité linguistique et administrative. […] La France […] n'a pas été fondée par aucun peuple particulier. Elle porte le nom d'un groupe germanique, parle une langue dérivée du latin, avec un fort accent gaulois nous disent les linguistes. Elle fut inventée par une communauté de peuples. Plus que tout autre nation au monde, elle est un défi vivant aux déterminations ethniques et culturelles.
  • L'Invention de la France, Hervé Le Bras et Emmanuel Todd, éd. Hachette, 1981, p. 25


Le Démon des origines, 1998[modifier]

Dans une société, certains domaines doivent être exclus de l’investigation scientifique. L’origine étrangère des Français en est un cas : sans y voir « des choses cachées depuis l’origine du monde », comme René Girard, on peut penser que toute société se construit autour d’un secret ou d’un mystère qui sert de pivot à son activité visible, publique et officielle.
  • Le Démon des origines : Démographie et extrême droite, Hervé Le Bras, éd. de l’Aube, coll. « Monde en cours », 1998  (ISBN 2-87678-418-1), p. 232


L'Âge des migrations, 2017[modifier]

L'émigration des Français n'est guère perçue par l'opinion à cause d'un mot magique, celui d'« expatrié ». Autant les étrangers qui s'installent en France sont considérés comme des immigrés susceptibles de rester indéfiniment, autant les Français partis s'installer à l'étranger sont censés revenir tôt ou tard. Pour la France ils ne sont pas des immigrés dans leur pays d'accueil, mais des expatriés, toujours rattachés à la France. Leur migration ne peut qu'être temporaire, pense-t-on à tort.
  • L'Âge des migrations, Hervé Le Bras, éd. Autrement, 2017, p. 55


Malaise dans l'identité, 2017[modifier]

Le grand remplacement en cours n'est donc pas celui d'une race par une autre, mais la généralisation du métissage, ce qui procure une plus grande diversité biologique et une meilleure chance de survie à l'espèce humaine. Si l'identité de la France devait être décrite en termes biologiques, ce serait par le métissage.
  • Malaise dans l'identité, Hervé Le Bras, éd. Actes Sud, 2017, p. 20


Sommes-nous submergés ?, 2020[modifier]

L'imaginaire de l'immigration est peuplé d'invasions, celle des Francs qui passent le Rhin glacé à l'hiver 406, des Arabes que Charles Martel aurait stoppés à Poitiers en 732, celles plus anciennes des Huns, des Romains, des Gaulois même qui venaient de l'Est, celle des homo sapiens venus d'Afrique qui ont supplanté les Néandertaliens. La réalité est plus prosaïque. À part les premiers agriculteurs issus du Proche-Orient, dont la vague d'avancée a lentement atteint la France il y a 8 000 ans, et les nomades Yamnas venus des plaines russes et sibériennes il y a environ 6 000 ans, aucune trace importante d'apports plus récents n'est discernable dans le patrimoine génétique des Français, si ce n'est celui des migrations récentes, c'est-à-dire de celles qui se sont développées à partir de la fin du XIXe siècle.
  • Sommes-nous submergés ?, Hervé Le Bras, éd. L'AUBE, 2020, p. 22


Articles[modifier]

Sur le peuplement de la France[modifier]

On sait aujourd'hui que les ancêtres des Français sont des agriculteurs venus du Proche-Orient, arrivés il y a six mille ans.
  • « Enquête sur le peuplement de la France », Hervé Le Bras, L'Histoire, nº 326, Décembre 2007, p. 42


Au cours de cette révolution néolithique, entre 4000 et 2500 ans av. J.-C., le territoire de notre pays a vu sa population passer approximativement de 50.000 à 5 millions de personnes. […] Au regard de ce phénomène, les apports ultérieurs, ceux qui ont nourri l'imaginaire des « grandes invasions », ont sans doute été modestes. Les Germains, les fameux Francs, les Huns, les Maures, les Wisigoths qui sont entrés en Gaule, formaient des bandes de quelques dizaines de milliers d'hommes, dont le nombre était grossi par la peur qu'ils inspiraient. […] Le regain actuel d'interrogations sur les origines doit beaucoup aux vagues d'immigration qui se sont succédé depuis le XIXe siècle. […] Ils ont dépassé les 2 millions durant l'entre-deux-guerre, puis les 3 millions à partir de 1975. Le véritable apport à la population française n'est donc pas celui des Gaulois, des Basques, des Francs, des Wisigoths ou des Sarrasins, maintenant largement disséminé dans toute la population mais celui de ces nouveaux acteurs.
  • « Enquête sur le peuplement de la France », Hervé Le Bras, L'Histoire, nº 326, Décembre 2007, p. 47-49


Interviews[modifier]

Sur le grand remplacement[modifier]

On peut dire effectivement que la population française d’origine va être remplacée par une population mixte. Mais ce n’est pas ce que dit le grand remplacement, qui pense qu’on va être remplacé par d’autres, différents de nous. Le grand remplacement, effectivement, c’est celui de Français de plusieurs générations par des Français qui ont du sang étranger, par le métissage.
  • « Hervé Le Bras : “Parler d’identité nationale est un moyen d’exclusion” », propos recueillis par Maïwenn Raynaudon-Kerzerho, 20 minutes, 5 avril 2017 (lire en ligne)


Sur les immigrés et les expatriés[modifier]

La France est schizophrène. Elle appelle immigrés les étrangers qui viennent en France et expatriés les Français qui partent au Canada ! Le mot expatrié semble indiquer que la France perd des personnes très éduquées, contrairement à celles qui entrent… Les Français qui partent ont certes en moyenne un capital culturel plus important que les immigrés qui arrivent, mais la différence est faible. Disons que les médecins spécialisés français partent et des médecins généralistes étrangers arrivent. Il y a aujourd’hui un circuit mondial des professions qualifiées, pour l’ingénieur comme pour le cuisinier ou l’électricien. Il se passe à l’échelle des pays ce qui se passe pour les entreprises : les personnes compétentes vont chercher celui ou celle qui offre le maximum d’avantages.
  • « “La France est schizophrène”, estime Hervé le Bras (Ehess) », propos recueillis par Pascal Gateaud et Cécile Maillard, L'Usine nouvelle, 22 mars 2018 (lire en ligne)


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