Gaule

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Carte de la Gaule et de ses principales régions selon Jules César avant la conquête complète (58 av. J.-C.).

La Gaule (ou les Gaules), en latin Gallia, est le nom donné par les Romains aux territoires peuplés par les Gaulois, territoires qui comprenaient la quasi-totalité de la France actuelle, la Belgique, le Luxembourg, le nord de l'Italie (Gaule cisalpine) et une partie de l'Allemagne.

François Lassus, Gérard Taverdet[modifier]

Notre pays ne s'est jamais appelé la Gaule (mais Gallia, ce qui eût dû aboutir phonétiquement à *Jaille) et nos ancêtres ne se sont jamais appelé les Gaulois, mais Galli, ce qui est autre chose, même si la Troisième République triomphante a pu exporter ces affirmations bien au-delà des étroites limites de l'hexagone ; on rappellera simplement que Gallia est un terme purement latin et que Gaule est d'origine germanique ; le lien Gallia/Gaule est donc un fait d'étymologie « populaire ».
  • Noms de lieux de Franche-Comté, François Lassus et Gérard Taverdet, éd. Christine Bonneton, 1995, chap. Le temps des Séquanes, p. 31


Jean-Louis Brunaux [modifier]

Le pays gaulois, autrement dit la Gaule, n'existe pas en tant que réalité historique. Il s'agit d'une invention tardive, due à César lui-même.


Les Gaulois figurent seulement parmi d'autres dans la multitude de couches de peuplement fort divers (Ligures, Ibères, Latins, Francs et Alamans, Nordiques, Sarrasins...) qui aboutissent à la population du pays à un moment donné.


— Alors les Gaulois seraient vraiment nos ancêtres ?
— Oui, ils le sont, mais seulement parmi d'autres qui sont venus, après eux, s'ajouter à la grande famille à laquelle nous appartenons. Il y a eu les Romains, des peuples nordiques, des Sarrasins ensuite, puis tous les soldats étrangers amenés par les armées conquérantes, Espagnols, Anglais, etc., enfin tous les travailleurs immigrés depuis plus d'un siècle, Italiens, Polonais, Algériens…

  • Les Gaulois expliqués à ma fille (2010), Jean-Louis Brunaux, éd. Seuil, 2010, p. 105


Suzanne Citron[modifier]

Le mythe gaulois fut un mythe porteur, parce que, dans la manipulation du passé par les historiens du XIXe siècle, le « peuple originel » servit de caution historique à la nation « une et indivisible » proclamée par la Révolution.
  • Le mythe national: l'histoire de France revisitée, Suzanne Citron, éd. Éditions de l'Atelier, 2008, p. 197


Auguste Longnon[modifier]

Aussi bien que les Romains proprement dit, les Francs n'entrèrent que pour une bien faible part dans la formation de la nationalité française et les Français se considèrent plus volontiers comme les descendants des Celtes, autrement dit Gaulois, en latin Galli, qui valurent à notre patrie son ancien nom de Gaule, en latin Gallia : c'est là néanmoins une opinion aussi peu justifiée que celle qui nous rattacherait en majorité aux Francs et aux Romains. Comme ceux-ci, en effet, les Celtes sont des conquérants, qui, du VIIe au IIIe siècle avant notre ère, établirent progressivement leur autorité sur les peuples antérieurement établis dans la France actuelle, peuples parmi lesquels on distingue les Ligures aussi bien que les Ibères et qui, eux-mêmes, ainsi que l'a dit un historien récent, "s'étaient superposés sur notre sol aux tribus anonymes des temps néolithiques et paléolithiques".
  • Origine et formation de la nationalité française, Auguste Longnon, éd. Librarie nationale, 1912, p. 11


Charles Seignobos[modifier]

Les manuels scolaires français ont tort d'enseigner aux élèves « Les Gaulois, nos ancêtres, étaient grands et blonds », car ces enfants ne descendent pas des guerriers nordiques, mais des paysans établis plus anciennement. Tout ce qu'on a le droit de leur dire, c'est que leurs ancêtres ont parlé la langue celtique introduite par ces guerriers.
  • Histoire sincère de la nation française (1937), Charles Seignobos, éd. Presses Universitaires de France, 1946, p. 19


Christian Amalvi[modifier]

La plupart des manuels de l'école publique comme ceux de l'école catholique opposent (...) la Gaule idéale, dotée des sacro-saintes frontières naturelles - d'autant plus vénérées qu'en 1871 la France a perdu l'Alsace-Lorraine - à une Gaule réelle sauvage et misérable, qui ne vaut guère mieux que les pays colonisés de l'époque contemporaine.
  • Visions de la Gaule dans les manuels scolaires de la IIIè République
  • De l'art et la manière d'accommoder les héros de l'histoire de France, Christian Amalvi, éd. Albin Michel, 1988, p. 60


La barbarie dans laquelle la Gaule ressort avec d'autant plus de force qu'aux descriptions apitoyées sur l'arriération primitive de nos ancêtres succèdent la découverte émerveillée de la douce France moderne, bénie par le Bon Dieu ou par la République selon les écoles.
  • De l'art et la manière d'accommoder les héros de l'histoire de France, Christian Amalvi, éd. Albin Michel, 1988, p. 60


Le parallèle entre la conquête romaine et le colonialisme relève de l'implicite, sauf chez le bouillant révolutionnaire Gustave Hervé (...) qui construit tout son chapitre sur la Gaule et les Gaulois autour de l'analogie entre l'occupation romaine et la présence française en Afrique et en Algérie (...) : "En somme, nos ancêtres gaulois étaient des sauvages aussi peu avancés que le sont, à l'heure actuelle, beaucoup de nègres en Afrique. (...) Aujourd'hui, quand les soldats français ou anglais se battent contre des nègres africains, ils finissent toujours par les vaincre, car ils ont sur eux l'avantage d'avoir de meilleures armes. De même, les soldats romains qui envahirent la Gaule devaient finir par battre les Gaulois, car ils étaient beaucoup mieux armés" (Gustave Hervé et Gaston Clemendot, Histoire de France : cours élémentaire et moyen, Paris, Bibliothèque d'Éducation, 1904, p.10-13)
  • De l'art et la manière d'accommoder les héros de l'histoire de France, Christian Amalvi, éd. Albin Michel, 1988, p. 64


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