Foi

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Le concept de foi est le plus souvent rattaché aux religions où il désigne la conviction en la véracité d'un ensemble de croyances. Dans le langage courant, le mot peut aussi désigner, plus simplement, une très forte confiance.

Philosophie[modifier]

[...] S'il y a quelque chose que dieu hait, c'est les insoumis et ceux qui savent ; il n'aime que les dociles et les ignorants. C'est la condition première et sublime de la foi. [...] Je ne comprends pas donc je crois.


Littérature[modifier]

Essai[modifier]

Gilbert Keith Chesterton, La Chose, 1929[modifier]

Il serait bien plus vrai de dire que la foi rend à un homme son corps, son âme, sa raison, sa volonté et même sa vie. Il serait encore plus vrai de dire que l'homme qui a accueilli la foi accueille toutes les anciennes fonctions humaines que toutes les autres philosophies lui ont déjà retirées. Il serait plus proche de la réalité d'affirmer qui lui seul connaîtra la liberté, lui seul aura une volonté, parce que lui seul croira au libre arbitre ; lui seul aura une raison dans la mesure où le doute ultime dénie toute raison comme toute autorité ; lui seul pourra vraiment agir, puisque l'action est menée envers une fin. Il est du moins assez probable que tout ce désespoir brutal et sans avenir de l'intellect fera de lui pour finir le seul citoyen capable de marcher et de parler dans une ville de paralytiques.


Gilbert Keith Chesterton, Saint Thomas du Créateur, 1933[modifier]

Seule sur la terre, élevée au-dessus de toutes les roues et libérée de tous les tourbillons de la terre se tient la foi de saint Thomas. Elle s'appuie sur une métaphysique plus savante que celle de l'Orient, et déploie une splendeur qui surpasse celle du paganisme. Elle est absolument unique dans son assertion que la vie est une aventure qui vaut la peine d'être vécue, qui possède un grand commencement et une grande fin. Elle s'enracine dans la joie primordiale d'un Dieu créateur et s'épanouit dans le bonheur éternel du genre humain. Elle s'ouvre sur le chœur colossal où les enfants du Très-Haut entonnent des chants d'allégresse et s'achève en une fraternité mystique, mystérieusement annoncée en des termes qui dansent dans l'esprit comme un air antique : « Car il prendra ses délices avec les enfants des hommes»


Ghislain de Diesbach, Petit dictionnaire des idées mal reçues, 2007[modifier]

La foi religieuse est remplacée un peu partout par la crédulité en toute sorte de sectes et tel qui ne croit pas en Dieu se fie aux oracles d’une cartomancienne, à commencer, dit-on, par beaucoup d’hommes politiques.


Hélie de Saint Marc, Les sentinelles du soir, 1999[modifier]

Vous cherchez ce qui est déjà en vous, Hélie. N'attendez pas d'embrasement final, où toutes les pièces du puzzle se mettront soudain en place comme par enchantement. Comme une toile tissée jour après jour, vous êtes la suite de vos actes. Avec vos camarades de déportation, vous avez supporté l'insupportable. Au combat, vous avez avancé sous le feu. Vous avez aimé. La foi, ce n'est rien d'autre : faire confiance, avancer dans la nuit, basculer dans l'instant suivant comme vous sautiez en parachute. Ce sont des choses très concrètes.


Gustave Thibon, L’ignorance étoilée, 1974[modifier]

Foi, fanatisme et scepticisme. Rien de grand ne se fait sans la foi. Mais quelle foi ? « La foi sauve, donc elle ment », disait Nietzsche. La vrai foi n’est ni un refuge ni un bouclier, c’est un élan intérieur, une confiance nue qui nous donne le courage d’affronter, sans vêtement et sans arme, le mystère de notre origine et de notre fin. Ce n’est pas la négation, c’est le dépassement du doute.
Le fanatique va de l’avant grâce aux œillères de ses convictions étroites qui le préservent du doute ; le sceptique n’a pas d’illusions mais, doutant de tout, il n’avance pas ; le vrai croyant doute et il avance quand même : il marche sur son propre doute. La foi n’est pas un stupéfiant qui nous rend insensibles aux morsures du doute, c’est un tonique qui nous les fait à la fois éprouver plus vivement et dominer. La foi et le doute se prêtent mutuellement des forces : la foi creuse le doute et le doute purifie la foi.


Entretiens[modifier]

René Girard, L'Herne, Simone Weil, 2014[modifier]

A vrai dire, je pense que c'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles Simone Weil n'est pas à la mode actuellement, parce qu'elle se situe au sens contraire du fidéisme contemporain. Ainsi des gens comme Maurice Clavel, derrière Foucault, un certain Kantisme, proclament que la foi se défend malgré tous les savoirs. Chez Simone Weil, la qualité de sa foi et son intellectualisme apparaissent d'une puissance absolument gigantesque. D'aucuns ont l'impression que cette attitude est dépassée. À mon avis, non. Simone Weil pourrait constituer une ressource prodigieuse face à ce fidéisme.

  • Simone Weil, Cahier dirigé par Emmanuel Gabellieri et François l'Yvonnet, éd. Éditions de l'Herne, 2014  (ISBN 978-2-8519-7174-6), p. 28


Poésie[modifier]

Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, 1912[modifier]

La foi que j'aime le mieux, dit Dieu, c'est l'espérance.
  • Le Porche du mystère de la deuxième vertu, Charles Péguy, éd. Gallimard, coll. « NRF », 1941, p. 15


Roman[modifier]

André Breton, L'Amour fou, 1937[modifier]

J'en suis quitte brusquement avec ces représentations antérieures qui menaçaient tout à l'heure de me réduire, je me sens libérée de ces liens qui me faisaient croire encore à l'impossibilité de me dépouiller, sur le plan affectif, de mon personnage de la veille. Que ce rideau d'ombres s'écarte et que je me laisse conduire sans crainte vers la lumière ! Tourne, sol, et toi, grande nuit, chasse de mon cœur tout ce qui n'est pas la foi en mon étoile nouvelle !


James Joyce, Ulysse, 1922[modifier]

Les enfants veulent toujours jeter des choses dans la mer. Ont la foi. Le pain jeté sur les eaux. Et ceci ? Un bout de bois.


Éric-Emmanuel Schmitt, La Nuit de feu, 2015[modifier]

Lors de la nuit au Sahara, je n'ai rien appris, j'ai cru.
Pour évoquer sa foi, l'homme moderne doit se montrer rigoureux. Si on me demande « Dieu existe-t-il ? », je réponds : « Je ne sais pas » car, philosophiquement, je demeure agnostique, unique parti tenable avec la seule raison. Cependant, j'ajoute : « Je crois que oui. » La croyance se distingue radicalement de la science. Je ne les confondrai pas. Ce que je sais n'est pas ce que je crois. Et ce que je crois n'est pas ce que je sais.


Sociologie et Histoire[modifier]

Quand la foi se fait tolérante pour les autres fois, c'est qu'elle est en perte de vitesse. Un croyant sincère et conséquent ne peut admettre qu'une autre vérité que la sienne puisse être vraie, qu'un autre Dieu puisse coexister au sien. Puisque sa vérité est La Vérité... Un croyant ne peut être qu'intolérant, ou alors il est incohérent... Quiconque n'est pas fanatique ne croit pas vraiment.
  • Coup de sang (1922), François Cavanna, éd. Belfond, 1991, p. 96


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