Félix-Antoine Savard

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Félix-Antoine Savard.

Félix-Antoine Savard (31 août 189624 août 1982) est un prêtre et homme de lettres québécois associé au nationalisme canadien-français. Son premier roman, Menaud, maître-draveur (1937), évoque la résistance à l'égard de l'« envahisseur » anglo-saxon, de même qu'il exalte la liberté et l'amour du pays. Cette œuvre, la plus connue de Savard, lui vaudra les honneurs de l'Académie française en 1938. L'Abatis (1944) lui méritera quant à lui la médaille Lorne Pierce en 1945.

Menaud, maître-draveur (1937)[modifier]

Menaud, maître-draveur est l'œuvre maîtresse de Félix-Antoine Savard.
Nous avions apporté dans nos poitrines le cœur des hommes de notre pays, vaillant et vif, aussi prompt à la pitié qu'au rire, le cœur le plus humain de tous les cœurs humains : il n'a pas changé. Nous avons marqué un plan du continent nouveau, de Gaspé à Montréal, de Saint-Jean-d'Iberville à l'Ungava, en disant : Ici toutes les choses que nous avons apportées avec nous, notre culte, notre langue, nos vertus et jusqu'à nos faiblesses deviennent des choses sacrées, intangibles et qui devront demeurer jusqu'à la fin.      — Louis Hémon
  • Menaud, maître-draveur (1937), Félix-Antoine Savard, éd. Fides, coll. « Bibliothèque québécoise », 1992, p. 23


Tout cela rappelait que les pères avaient été, d'un océan à l'autre, et même dans tous les périls, les plus gais des hommes, les fidèles échos de ce monde sonore, les amants passionnés de cette nature aux belles images sans cesse renouvelées, à laquelle, tous, dans la plaine, sur la rivière ou la montagne, dans la neige ou les joailleries du printemps, ils avaient chanté une chanson d'amour et un hymne de liberté.
  • Menaud, maître-draveur (1937), Félix-Antoine Savard, éd. Fides, coll. « Bibliothèque québécoise », 1992, p. 42-43


Les paysans avaient appris de la terre la sagesse lente et calme, la volonté tenace de parvenir, la patience des lentes germinations, la joie des explosions généreuses de vie […] Les coureurs des bois, eux, avaient conquis sur la forêt elle-même leur hardiesse au milieu des périls, leur endurance à la misère, leur ingéniosité dans tous les besoins. Ils s'étaient fait une âme semblable à l'âme des bois, farouche, jalouse, éprise de liberté ; ils s'étaient taillé un amour à la mesure des grands espaces. Ils avaient tous, depuis les lointaines et prodigieuses randonnées des leurs, dans le passé, un orgueil de caste et comme un droit d'aînesse sur le sédentaire des champs.
  • Menaud, maître-draveur (1937), Félix-Antoine Savard, éd. Fides, coll. « Bibliothèque québécoise », 1992, p. 80


[T]ransmettre son nom, son sang, ce n'est pas cela qui contente le cœur ; mais, dans la chair qui vient de soi, sentir battre les mêmes amours, voir des pas devenir le prolongement de ses pas, voilà le désir qui fait vivre quand on regarde ses enfants.
  • Menaud, maître-draveur (1937), Félix-Antoine Savard, éd. Fides, coll. « Bibliothèque québécoise », 1992, p. 103