Désir

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Chanson nord-américaine sur le désir de la présence de l'aimé.

Le désir est un effort de réduction d'une tension issue d'un sentiment de manque et en ce sens, comme le disait Platon dans Le Banquet, « on ne désire que ce dont on manque ». Quand on a trouvé des objets ou des buts considérés comme une source de satisfaction, on va tendre vers eux. Le désir est tantôt considéré positivement puisque l'on considère l'objet désiré comme source de plaisir ou de contentement, voire de bonheur et tantôt considéré négativement comme une source de souffrance, une forme d'insatisfaction.

D'un point de vue psychologique, le désir est une tendance devenue consciente d'elle-même, qui s'accompagne de la représentation du but à atteindre et souvent d'une volonté de mettre en œuvre des moyens d'atteindre ce but. Le désir est similaire au besoin, car ils sont censés combler un manque. Le besoin faisant quant à lui partie de la pyramide des besoins, alors que le désir n'est qu'inconscient.

Gabriele D'Annunzio[modifier]

Subitement s’offrit à son désir l’image de la Foscarina empoisonnée par l’art, chargée d’expérience voluptueuse, ayant le goût de la maturité et de la corruption dans sa bouche éloquente, ayant l’aridité de la vaine fièvre dans ses mains qui avaient exprimé le suc des fruits fallacieux, gardant les vestiges de cent masques sur ce visage qui avait simulé la fureur des passions mortelles. C’était ainsi que se la représentait son désir ; et il palpitait à la pensée que, tout à l’heure, il la verrait émerger de la foule comme de l’élément dont elle était l’esclave, et qu’il puiserait dans le regard de cette femme l’ivresse nécessaire.
  • Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 28


Pour arriver à elle, pour jouir d’elle, le désir de l’aimé devait traverser toute cette ombre qu’il croyait faite d’innombrables amours inconnues, et, par cette méprise outrageante, il devait se contaminer, se corrompre, s’aigrir, devenir cruel, se changer peut-être en dégoût. Toujours cette ombre devait exciter en lui l’instinct de férocité bestiale qui se cachait au fond de sa sensualité puissante.
  • Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. II. L'empire du silence, p. 501


Ingrid Astier, Petit éloge de la nuit, 2014[modifier]

J’aime écouter les hommes parler de leur désir. Alors j’ai l’impression d’ausculter leurs nuits. Non pas leurs nuits temporelles mais leur nuit profonde, celle qui parle entre deux silences.


François Cheng[modifier]

Le dit de Tianyi, 1998[modifier]

La chair était triste et la parole grelottante. Et par ailleurs, comment ne pas se laisser entraîner à l’une de ces orgies collectives chez quelque peintre parvenu, où le déguisement et la nudité, obligatoires, s’ingéniaient à inventer des jeux cruels et vains, où le désir, lamentablement rétréci, s’empoisonnait et pourrissait à vue d’œil…


Quand reviennent les âmes errantes, 2012[modifier]

Peuvent-ils être comblés, les désirs humains ? Voici, en fin de compte, ma crainte. Quand parle le corps humain, le corps seul, y a-t-il jamais une limite ? De quoi est-il permis à l’homme de jouir ? Que lui est-il donné de supporter ? L’homme déchiré verra-t-il sa déchirure toujours plus béante ? L’amour passion n’est-il pas quelquefois plus violent que la mort ?


J. M. Coetzee[modifier]

(...) n'y a-t-il pas autre chose à faire du désir que de chercher à posséder l'objet désiré, dans un projet nécessairement vain, puisque sa réalisation ne peut aboutir qu'à l'annihilation de ce que l'on désire ? (...) « Sais-tu comment je me sens, Anna ? Comme un grand vide, un vide rempli d'une grande absence, une absence qui est un désir d'être remplie, d'être nourrie. Mais en même temps je sais que rien ne m'emplira, parce que la première condition de la vie est de toujours désirer, sans quoi la vie s'arrêterait. C'est un principe vital que d'être toujours insatisfait. La satisfaction ne satisfait pas. Seules les pierres ne désirent rien. Et qui sait ? peut-être y a-t-il dans les pierres des trous que nous n'avons jamais découverts. »
  • Au cœur de ce pays, J. M. Coetzee (trad. Sophie Mayoux), éd. Le Serpent à Plumes, coll. « Motifs », 1999  (ISBN 2-84261-116-0), p. 185-186


Marcel Jouhandeau[modifier]

Un jour vient où vous manque une seule chose et ce n'est pas l'objet de votre désir, c'est le désir.


Irène Némirovsky[modifier]

Mme Mimi, pressée, rebroussait chemin, suivie par la fillette, tête basse. Il semblait à Ada que tous la regardaient et se moquaient d'elle. Son visage prit une expression si singulière, concentrée et douloureuse, que Mme Mimi s'en aperçut et s'arrêta.

– Ada, dit-elle, il ne faut pas désirer si fort.
– Madame, je ne peux pas faire autrement.
– Il faut avoir plus de détachement dans le cœur. Soyez envers la vie comme un créancier généreux et non comme un usurier avide.

– Je ne peux pas faire autrement, répéta Ada.


Jean-Christophe Rufin[modifier]

Amélie reconnaissait bien là l'effet du charme irrésistible de Marie-Virginie. Ce qu'elle dégageait ne relevait pas du sexe mais en avait la force. Elle suscitait un désir puissant qui ne prenait pas la forme d'une union des corps mais qui se déployait dans l'ordre de l'esprit. Le plaisir que l'on recherchait avec elle, c'était celui que l'on pouvait lui procurer en comblant ses attentes, en répondant à ses espoirs, en calmant ses doutes.


Renée Vivien[modifier]

Elle ne craignait point la Mort aux yeux chastes, aux mains graves, elle ne craignait que l’Amour qui ravage l’esprit et la chair. Blanche comme l’écume sur le gris des rochers, elle songeait que les Dieux cléments, en la livrant virginale à la Mort virginale, lui épargnaient les rancœurs et les souillures de l’implacable Érôs.
  • La Dame à la Louve, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemaire, 1904, Blanche comme l'Ecume, p. 206


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