Cri

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Cri d'indépendance — Ernest Slingeneyer (1881)

Un cri est un son aigu produit par la voix.

Littérature[modifier]

Critique[modifier]

Manifeste[modifier]

Tristan Tzara, Dada n°3, 1918[modifier]

Que chaque homme crie : il y a un grand travail destructif, négatif à accomplir. Balayer, nettoyer. La propreté de l'individu s'affirme après l'état de folie, de folie agressive, complète, d'un monde laissé entre les mains des bandits, qui se déchirent et détruisent les siècles. Sans but ni dessein, sans organisation : la folie indomptable, la décomposition.
  • Les surréalistes — Une génération entre le rêve et l'action (1991), Jean-Luc Rispail, éd. Gallimard, coll. « Découverte Gallimard Littérature », 2000  (ISBN 2-07-053140-6), chap. Témoignages et documents, Dada, 3 décembre 1918, p. 131


Nouvelle[modifier]

Vladimir Nabokov, Le Mot, 1923[modifier]

Mon Dieu ! L'aube hivernale verdit à la fenêtre, et je ne me souviens pas de ce que j'ai crié...
  • « Le Mot », Vladimir Nabokov (trad. Bernard Kreise), Le Magazine Littéraire, nº 495, Mars 2010, p. 11


Poésie[modifier]

Paul Éluard[modifier]

Tous les cris qui s'acharnent à briser les mots
Et qui creusent la bouche et qui creusent les yeux

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1929), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Seconde nature, V. En l'honneur des muets, p. 181


Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958[modifier]

Pierre de soleil

[...] en t'éveillant tu as crié comme un oiseau
et tu es tombée sans fin, brisée et blanche,
de toi il n'est rien resté que ton cri.

  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Benjamin Péret), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie IV. PIERRE DE SOLEIL (1957), p. 168


Eugène Guillevic, Sphère, 1963[modifier]

Envers les puits la lune
Avait de la pitié

Mais entre les bois
Les prés criaient

Et par la lumière de la lune
Revenaient leurs cris

  • « Chemin », dans Sphère, Guillevic, éd. Gallimard, 1963, p. 9


Prose poétique[modifier]

André Breton/Philippe Soupault, Les Champs Magnétiques, 1919[modifier]

Lorsque les grands oiseaux prennent leur vol pour toujours, ils partent sans un cri et le ciel strié ne résonne plus de leur appel. Ils passent au dessus des lacs, des marais fertiles ; leurs ailes écartent les nuages trop langoureux. Il ne nous est même plus permis de nous asseoir : immédiatement, des rires s'élèvent et il nous faut crier bien haut tous nos péchés.


Belles nuits d'août, adorables crépuscules marins, nous nous moquons de vous ! L'eau de Javel et les lignes de nos mains dirigeront le monde. Chimie mentale de nos projets, vous êtes plus forte que ces cris d'agonie et que les voix enrouées des usines !


André Breton, Poisson soluble, 1924[modifier]

Je ne suis pas perdu pour toi : je suis seulement à l'écart de ce qui te ressemble, dans les hautes mers, là où l'oiseau nommé Crève-Cœur pousse son cri qui élève les pommeaux de glace dont les astres du jour sont la garde brisée.


Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958[modifier]

Travaux du poète

Parfois une lueur vivace croise l'obscurité, un coup d'aile vert, écaillé. C'est le Cri, qui sort un moment dans l'air, respire et plonge à nouveau dans les profondeurs.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — X, p. 56


Majuscule

Crête-cri de l'aube qui flambe. Premier œuf, premier coup de bec, cou coupé, allégresse !
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Aigle ou Soleil ? — Majuscule, p. 90


Être naturel

Plumes de colère ou quartiers de joie, éblouissements, décisions imprévues, toujours précises et coupantes, les verts — ils amassent les sucs, avant de le crier, ils mâchent bien leur cri, froid et qui scintille dans leur épaisseur.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Aigle ou Soleil ? — Être naturel — I, p. 104


Joyce Mansour, Dolman le maléfique, 1961[modifier]

Il apprit le langage des aliments savants, la texture des soies de l'Orient, le vol des oiseaux les plus intrépides, la pensée des sages, la mode de digestion des volcans. Et il se lassa. Il se lassa des femmes, des paysages semés de guerriers aux cris de chats, des insectes, de lui-même, du reste. Il tenta bien de ranimer son enthousiasme défaillant par toutes sortes de perversions persuasives mais la délicate ampleur de son libre pénis était dorénavant sans saveur pour lui.
  • « Dolman le maléfique », Joyce Mansour, La Brèche, nº 1, Octobre 1961, p. 49


Roman[modifier]

Charles Robert Maturin, Melmoth — L'homme errant, 1820[modifier]

Un temps viendra où, par ennui, vous éprouverez autant de désir d'entendre ces cris qu'ils vous inspirent aujourd'hui d'horreur ; vous guetterez le délire de votre voisin, comme vous feriez d'une représentation théâtrale. Tout sentiment d'humanité sera éteint en vous ; les fureurs de ces misérables seront à la fois pour vous une torture et un divertissement.


Gabriele D'Annunzio, Le Feu, 1900[modifier]

Une clameur nouvelle, plus forte et plus longue, s’éleva d’entre les deux tutélaires colonnes de granit, pendant que la barque royale abordait à la Piazzetta noire de peuple. Quand le bruit cessait, la foule épaisse avait des remous ; et les galeries du Palais des Doges s’emplissaient d’une rumeur confuse, pareille au bourdonnement illusoire qui anime les volutes des conques marines. Puis, tout à coup, la clameur rejaillissait dans l’air limpide, montait se briser contre la légère forêt marmoréenne, franchissait les têtes des hautes statues, atteignait les pinacles et les croix, se dispersait dans le lointain crépusculaire.
  • Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 3


James Joyce, Ulysse, 1922[modifier]

Seul. Un seul amour. Un seul espoir. Un terme à mes alarmes. Martha, note de poitrine, reviens.
Re-viens !
Cela s'essorait, oiseau, vol planant, célère, cri pur, essor d'orbe d'argent qui bondit serein, s'accélère, se soutient, près de moi, ne le filez pas trop longtemps, du souffle, il a du souffle à vivre, vieux, s'essorant haut, resplendissant dans le haut, enflammé couronné, haut dans la symbolique fulgurance, haut de l'étreinte éthérée, haut, de la vaste et haute irradiation où partout tout s'essore toutautour dutour du tout sansfinnicessecessecesse.


Anne F. Garréta, La Décomposition, 1999[modifier]

Tel nom lu sur une tombe autrefois ne contient pas entre ses syllabes le souffle rapide et le cri perçant qui se fit le jour de son imposition baptismale.
  • La Décomposition, Anne F. Garréta, éd. Grasset (Le Livre de Poche), 1999, p. 91


Tonino Benacquista, Le serrurier volant, 2009[modifier]

Une victime, c'est un peu le contraire d'un rebelle. On n'aime pas entendre parler des victimes. Elles sont le miroir d'une mauvaise conscience, leur douleur est gênante, et leur cri insupportable.
  • Le serrurier volant, Tonino Benacquista, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2009, p. 120-121


Anne Calife sous le nom de Anne Colmerauer, La déferlante, 2003[modifier]

Les wagons s’ébranlent. Je ferme les yeux pour sentir le mouvement lent du wagon m'arracher l' œsophage, l'estomac. Sur le quai est resté ma bouche grande ouverte en un cri.
  • La déferlante, Anne Calife, éd. Balland,2003, réédition Menthol House, 2003  (ISBN 2-7158-1436-4), p. 13


Musique[modifier]

Critique[modifier]

Claude Debussy, Monsieur Croche et autres écrits, 1901-1914[modifier]

On ne « flirte » pas à l'Opéra ; on crie très fort des mots incompréhensibles.
  • Monsieur Croche et autres écrits (1901-1914), Claude Debussy, éd. Gallimard, 1987, p. 60