Canular de Taxil

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Le Diable au XIXe siècle, écrit par Léo Taxil en collaboration avec Charles Hacks sous le pseudonyme collectif de Dr Bataille, apport littéraire de l'année 1895 au canular

Le canular de Taxil est un canular littéraire antimaçonnique français. Son auteur, Léo Taxil, souhaitait se venger de la franc-maçonnerie qui l'avait exclu en 1885 pour une affaire de plagiat. Le canular prit fin le 19 avril 1897, où Taxil révéla l'imposture.

À propos du canular[modifier]

Toute cette littérature sur laquelle repose la fable de Diana Vaughan est une entreprise exécutée par la libre-pensée au service d'une spéculation éhontée. Faut-il y voir de plus une manœuvre des loges pour déconsidérer la campagne antimaçonnique et dépister les catholiques ? On l'a cru en Allemagne, mais le mercantillisme suffit à tout expliquer. Il est hors de doute cependant que la franc-maçonnerie en bénéficiera : le doute planera sur les documents authentiques, parce qu'on les a mêlés aux fables stupides d'un faussaire ; et depuis quatre ans que d'activités dépensée en pure perte à poursuivre des chimères, tandis que la vraie franc-maçonnerie continuait au grand jour son activité satanique.


Aussi, nous le dirons franchement, c’est pour nous un mystère, que les récits extravagants de Diana Vaughan n’aient pas suffi pour démasquer l’imposture. Comment a-t-on pu admettre des contes fantastiques qui dépassent les Métamorphoses d’Ovide, des récits tels, on l’a dit avec raison, qu’un enfant de dix ans refuserait d’y croire ?


Les catholiques s'y laissèrent prendre. Ils écoutèrent les histoire à dormir debout que Taxil leur racontait, sans les appuyer sur aucun raisonnement. Bien peu nombreux furent, même parmi les antimaçons plus éclairés d'aujourd'hui, ceux qui ne tombèrent pas dans le piège. Les ecclésiastiques furent les plus complètement mystifiés. Il fallut les cyniques déclarations de Taxil lui-même pour les arracher à leurs illusions. Lorsque l'évidence devint enfin écrasante, l'antimaçonnisme catholique perdit pied. Il se sentit comme noyé sous le ridicule dont il venait de se laisser couvrir. Il y eut alors quelques années pendant lesquelles presque personne n'osa plus s'occuper de la question maçonnique. C'était précisément ce que voulaient les chefs mystérieux de la secte.


L’accueil fait dans tout le monde catholique à l’encyclique Humanum genus lui suggéra l’idée d’exploiter la crédulité, terrain beaucoup plus fertile que l’incrédulité et surtout moins dangereux à cultiver. Un matin, le 24 avril 1885, la lumière inonda soudain son âme ténébreuse. Léo Taxil devint le type accompli du pécheur converti et repentant.
  • À propos de la conversion au catholicisme. de Léo Taxil


Au moment où celle-ci fut oganisée, les chefs secrets de la secte se sentaient en situation de pousser la Maçonnerie au pouvoir; ils avaient résolu de s'emparer, par elle, du gouvernement de la France. Ils crurent utile d'épaissir tout d'abord autour d'eux, par le mensonge, l'obscurité qui devait leur permettre d'exécuter leur envahissement en toute sécurité. C'est dans ce but qu'il imaginèrent l'immense mystification que l'on sait.
  • À propos du Canular de Taxil.


[...] la Franc-Maçonnerie suscita le Frère Léo Taxil, qui feignit de se convertir, qui dupa les éternelles dupes catholiques avec la fable de Diana Vaughan, qui déchaîna ensuite le scandale avec sa Bible amusante, ses Amours de Pie IX, etc.
  • (fr) Le Complot de l'orléanisme et de la franc-maçonnerie, Urbain Gohier, éd. Éditions de l'auteur, 1934, p. 13


On serait tenté de dire que lorsque l’Enfer engloutira cette immonde proie [Léo Taxil], les damnés éprouveront un sentiment de dégoût et que toute cette tourbe de maudits courbera plus bas la tête, sous la confusion d'un avilissement nouveau.
  • Le chanoine Mustel de la Revue catholique de Coutances à propos de Léo Taxil


Aujourd’hui que tout se découvre, j’avoue humblement que mon vieux camarade [Léo Taxil] a le génie de la fumisterie : je ne fus, moi, qu’un écolier près de ce maître admirable !
  • Déclaration de Charles Hacks après le dénouement de l’affaire


Commenter ces étranges révélations serait les affaiblir. Il fallait certes les lassitudes de notre siècle pour imaginer ou rétablir cette religion de l’Archange tombé.


Ah, les joyeuses soirées que j'ai passées avec mes collègues auteurs à tramer de nouvelles intrigues, des perversions inédites de la vérité et de la logique, chacun essayant de surpasser l'autre dans une mystification organisée. Je craignais de mourir de rire à cause de certaines des choses proposées, mais tout s'est bien passé ; il n'y a pas de limite à la bêtise humaine.
  • (en) Ah, the jolly evenings I spent with my fellow authors hatching out new plots, new, unheard of perversions of truth and logic, each trying to outdo the other in organized mystification. I thought I would kill myself laughing at some of the things proposed, but everything went; there is no limit to human stupidity
  • Léo Taxil commente son processus d’écriture.
  • « A halt on the muck rakes », Joe Mitchell Chapple, National Magazine, mai 1906, p. 228 (lire en ligne)


Citations du canular[modifier]

La religion maçonnique doit être, par nous tous, initiés des hautes grades, maintenue dans la pureté de la doctrine luciférienne. Oui, Lucifer est Dieu, et malheureusement Adonaï l’est aussi. Car la loi éternelle est qu’il n’y a pas de splendeur sans ombre, pas de beauté sans laideur, pas de blanc sans noir ; car l’absolu ne peut exister que comme deux ; car les ténèbres sont nécessaires à la lumière pour lui servir de repoussoir, comme le piédestal est nécessaire à la statue, comme le frein à la locomotive. Donc la doctrine du Satanisme est une hérésie ; et la vraie et pure religion philosophique, c’est la croyance en Lucifer, égal d’Adonaï, mais Lucifer Dieu de Lumière et Dieu du Bien, luttant pour l’humanité contre Adonaï Dieu des Ténèbres et Dieu du Mal.
  • Fausse circulaire attribuée à Albert Pike, et datée du 14 juillet 1889. Léo Taxil en a revendiqué la paternité lors de sa conférence à la Société de géographie.
  • (fr) La Femme et l'enfant dans la franc-maçonnerie universelle, Abel Clarin de la Rive, éd. Delhomme et Briguet, 1894, p. 588


La Franc-Maçonnerie est l’œuvre personnelle de Satan, sa religion, son culte, en même temps que sa milice parmi les hommes et son foyer de corruption sur la terre. Le gros de l’armée maçonnique obéit aveuglément aux ordres qu’il reçoit de chefs secrets qu’il ne connaît pas ; les Maîtres eux-mêmes sont loin de se douter que les délibérations de leurs Loges symboliques sont conduites par les hauts grades ; ils croient délibérer, ils ne font que ratifier des résolutions arrêtées d’avance dans les Chapitres et les Aréopages. Et qui les inspire, ces résolutions, si ce n’est l’Esprit du Mal, Lucifer, l’Éblis prétendu Ange de Lumière, que les Chevaliers Kadosch évoquent, avec qui ils sont, par l’effet de leurs exécrables pratiques occultes, en communication directe ?


Car Dieu, c’est sottise et lâcheté, Dieu, c’est hypocrisie et mensonge ; Dieu, c’est tyrannie et misère ; Dieu, c’est le Mal !… Tant que l’humanité s’inclinera devant ton autel, l’humanité, esclave des rois et des prêtres, sera réprouvée ; tant qu’un homme, à ton nom exécré, recevra le serment d’un autre homme, la société sera fondée sur le parjure, la paix et l’amour seront bannis d’entre les mortels… Dieu, retire-toi ! car, dès aujourd’hui, guéris de ta crainte et devenus sages, nous jurons, la main étendue vers ton ciel, que tu n’es que le bourreau de notre raison et le spectre de notre conscience !


La franc-maçonnerie est une sur tout le globe, sous des formes innombrables, mais sous la direction suprême du Souverain Pontife de Charleston. Charleston est la Rome provisoire de la Synagogue de Satan. Le Grand Maître du Suprême Conseil de Charleston est son Pape, le Vicaire de Lucifer sur la terre, aspirant à résider un jour dans la véritable Rome.
  • Reprise des thèses de Léo Taxil par Léon Meurin, archevêque de Port-Louis.
  • (fr) La franc-maçonnerie, synagogue de Satan, Léon Meurin, éd. Victor Retaux et fils, 1893, p. 457-458


Le diable au xixe siècle (Léo Taxil, Charles Hacks)[modifier]

À la dernière de ses séances, […] — la question posée à la pythonisse luciférienne fut :

— Combien de papes succèderont à Léon XIII ?

Et la réponse, en lettres rouges, qui parut sur la chair blanche, fut :

— Neuf, et après eux je règnerai.
  • Oracle diabolique, donné par un serpent écrivant sur le dos de Sophia Walder.


Trois hommes saisirent, au hasard, un des fakirs encore vivants, le hissèrent sur le marbre de l’autel du Baphomet, et là, le grand-maître l’égorgea avec une serpe ritualistique qui lui fut remise ; cela, au milieu d’horribles imprécations. Le sang jaillit et éclaboussa les autres fakirs ainsi que le bouc. Le grand-maître plongea ses doigts dans la blessure et aspergea de sang le Baphomet.


Et, tandis que les serpents sifflaient, dressés sur leur queue,…
Et, tandis que les serpents sifflaient, dressés sur leur queue, les joues gonflées de venin, tandis que le grand-maître récitait les formules de la liturgie satanique, que les crapauds croassaient, et que, sur cet ensemble, la voix des fakirs murés s’entendait, se mêlant aux imprécations et aux blasphèmes, tandis que le bouc secouait encore ses pattes dans un dernier spasme d’agonie, au milieu du temple luciférien, devant le trépied vide, la femme, toujours debout et impassible, regardait son avant-bras qui achevait de rôtir.


Ce fut un duel bizarre où les deux antagonistes se jetaient des sorts l’un à l’autre et se protégeaient au moyen de talismans créés par leur fertile imagination ; Gorgas en était arrivé à se frotter le nombril avec de la cendre de crapaud brûlé vif après administration d’une contrefaçon de baptême.
  • Au sujet de la rivalité entre Albert Pike (rite écossais ancien accepté) et Ferdinand Gorgas (rite de Cerneau), Taxil invente une histoire de sorcellerie.


Il avait en main un grimoire : un gros volume, couvert de signes et d’inscriptions cabalistiques, l’Evangelia Luciferi, bien connu des spirites lucifériens, et qui est relié en peau humaine de supplicié ; et il le lisait, faisant tout le temps des signes de croix à rebours. « Sint nomina Jesu Christi et Mariæ virginæ maledicta, per sanctum et æternum et divinum ignis regnum. […] Ariel, exaudi nos, amen ! Hermès, sis nobis benedictus ! Astaroth, tu es pater noster ! Astarté, tu es alma mater nostra ! Baal-Zeboub, te adoremus ! et Moloch, aia, eia, heu ! eheu ! Amen, vivas et regnas, Lucifer in æternum, alleluia ! »
  • Invocation de démons en latin de cuisine par un médium luciférien.


Asmodée brandissant la queue du lion de saint Marc.
Asmodée, s’adressant gravement à l’assistance, lui fit un récit impossible. À son dire, une terrible bataille venait d’avoir lieu […] Dans la lutte, l’esprit luciférien Nysrock, « daimon du second ordre », avait perdu sa casserole ; mais, par contre, lui, Asmodée, en cherchant à atteindre l’esprit adonaïte Marc, avait tranché la queue du lion qui [lui] sert de monture.


C’est sous l’inspiration directe de Satan que la franc-maçonnerie réclame partout la crémation et voudrait la voir remplacer l’inhumation chrétienne. Mettre le cadavre dans la terre, disent les palladistes, voilà bien pour l’humanité une fin honteuse et répugnante, qu’Adonaï se délecte à prescrire ; « l’odeur de la pourriture plaît au dieu des catholiques »


Mémoires d’une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante (Léo Taxil)[modifier]

La pierre philosophale, c’est moi qui la donne. En veux-tu quelques parcelles, homme avide ? Eh bien, invoque-moi ; forme dans ton cœur la conviction que je suis Dieu, et non seulement Dieu, mais encore le Dieu-Bon, et que le Dieu des chrétiens est le Dieu-Mauvais. Appelle-moi, en murmurant avec amour tous les noms des maudits, des réprouvés. […] Alors je viendrai ; alors, j’apparaîtrai devant toi, et tu te prosterneras à mes pieds, et tu m’adoreras. […] Adore Satan, homme avide, et tu pourras écrire comme Philalèthe : « Je possède la pierre philosophale ; je ne l’ai volée à personne, je la tiens de notre Dieu seul ! »
  • Texte faussement attribué à Thomas Vaughan, Taxil prétendait qu’il était un alchimiste de la Rose-Croix, un sataniste et inspirateur de la Franc-Maçonnerie.


Le Frère Grévy, pour n’être plus maçon actif, ne me bénissait pas moins ; je l’avais encouragé, dès ses premiers pas dans la vie politique ; il m’en était reconnaissant. Souvent, le soir, avant de s’endormir, il pensait à moi et murmurait : « Le dieu des catholiques n’est pas tout-puissant, puisqu’il est sans force contre la Franc-Maçonnerie, dont je suis le mandataire en cette présidence ; mieux vaut travailler pour le Grand Architecte que pour le Sacré-Cœur » ; et il ajoutait : « Grand Architecte de l’Univers, faites que je meure dans la richesse, et je vous promets de toujours vous bien servir. »
  • Dans le récit fictif d’une réunion maçonnique, le diable commente la politique française, révélant que le président français Jules Grévy était un de ses adorateurs.


— Sèche tes larmes, ma bien-aimée, me dit-il ; il ne faut plus songer à cela. Ne cherche pas à comprendre ce qui t’irrite et te désespère. Lucifer, notre Divin Maître, mettra ordre à tout.
Et, ce jour-là, pour me distraire, Asmodée me transporta dans la planète Mars.
  • Asmodée console sa fiancée Diana Vaughan, suite à un conflit avec ses frères palladistes.


Le Palladisme (Domenico Margiotta)[modifier]

Il y a un chant palladique digne d’une considération particulière […] Ce chant est le Gennaïth-Menngog. Un régiment de cuirassiers deviendrait rouge comme une écrevisse en lisant la traduction de ce chant maçonnique superlativement obscène et immoral, qui seul suffirait pour prouver que le Maçonnisme Palladique n’est que de la pornographie opératoire en bonne et due forme.
  • Présentation du Gennaïth-Menngog, une litanie en « hébreu kabbalistique » employée dans les œuvres magiques du Palladium réformé nouveau.
  • (fr) Le palladisme, culte de Satan-Lucifer dans les triangles maçonniques (1895), Domenico Margiotta, éd. Éditions Barruel, 2011, p. 76


Membre de Gog, debout !… Tranche !… Dieu est nu et laboure. Membre de Gog, force de l’enveloppe utérine, je mets en œuvre la lumière : l’enfant du nid palpite de volupté !… Dieu enveloppe l’animal avide, le mâle fidèle, se déployant dans la grotte de gloire. L’obscénité est le sentier de l’honneur.
  • Début du Gennaïth-Menngog, traduit en françis.
  • (fr) Le palladisme, culte de Satan-Lucifer dans les triangles maçonniques (1895), Domenico Margiotta, éd. Éditions Barruel, 2011, p. 81


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